A. L'évolution du statut de l'enfant dans
l'histoire en France.
Le moyen âge :
l'enfant abject et sans intérêt.
On peut effectivement distinguer 3 époques très
différentes.
A cette époque la mortalité infantile
était très importante. En effet, les enfants ne pouvant
communiquer et décrire ce qu'ils ressentaient, les médecins ne
cherchaient pas à les soigner. De cette façon les parents ne
cherchaient pas à avoir des sentiments pour les nourrissons qui avaient
une chance de survie très faible.
Il faut aussi préciser qu'à cette époque
l'enfance ne durait que peu d'années. En fait elle s'arrêtait
à partir du moment où l'enfant était capable de
travailler. La vie d'adulte à tous les niveaux (consommation, jeux,
discussions...) commençait donc à partir de sept ans.
La mise en nourrice
L'enfant était à certaines périodes
éloigné très tôt et pour longtemps du foyer
familial. En 1780, sur 21000 enfants nés à Paris 1000 enfants
seulement étaient allaités par leur mère, 1000
allaités par une nourrice à domicile et 19000 envoyés en
nourrice dès la naissance (dont 2 à 3000 dans des banlieues
proche, et les autres dans des régions éloignées).
Certaines nourrices étaient en relation directe avec la famille mais
parfois des messagères « recommanderesses »
faisaient l'intermédiaire : les parents ne savaient alors pas chez
qui résidaient leur enfant et la nourrice ne connaissait pas le nom de
la famille. La durée moyenne de la mise en nourrice était de 4
ans, même si le sevrage s'effectuait au bout de 15 à 20 mois.
Dans les villes, les familles aisées recouraient tout
autant à la mise en nourrice que les familles modestes. Cependant, dans
ce dernier cas, les nourrices, faiblement payées, s'occupaient sans
grand soins des enfants : ils étaient nourris avec ce que l'on
trouvait (des restes de bouillis), emmaillotés de la tête aux
pieds et parfois pendus à un clou au mur pendant des heures. On
utilisait souvent des narcotiques ou de l'eau de vie pour les calmer. Les
enfants souffraient très fréquemment de malnutrition, de manque
d'hygiène sans compter le manque de tendresse. La mortalité
infantile était alors importante : pour 1000 enfants nés
à la moitié du 18ème siècle, il est
estimé que 720 passaient leur première année (on pense que
5% à 15% des enfants décédaient déjà durant
le trajet qui les menait vers leur nourrice) et 574 atteignaient leur
cinquième année. Dans certaines communes, les parents
étaient systématiquement absents lors de l'enterrement de leur
enfant de mois de 5 ans.
Source : Elizabeth Badinter, L'amour en plus, 1980
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