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Indépendance de la banque centrale et croissance économique

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par Nesrine RESSAISSI
faculté des sciences économiques et de gestion de Tunis - maîtrise en sciences économiques 2008
  

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L'INDEPENDANCE DE LA BANQUE CENTRALE : RALENTISSEUR DE CROISSANCE ECONOMIQUE

Introduction :

Le chapitre précédent, malgré qu'il a manqué d'une validation empirique, nous a expliqué comment une banque centrale indépendante peut être favorable à la croissance économique. Mais Rogoff (1985) n'a pas été d'accord avec cette théorie. Il prévoit que lorsqu'on donne une importance plus importante à l'inflation cela peut être au détriment de la croissance économique. En effet une banque centrale indépendante n'a aucun objectif que la stabilité des prix, nous sommes alors en présence du ciblage d'inflation, ce ciblage nécessite une politique monétaire restrictive qui peut être nuisible à la production.

Ce deuxième chapitre sera subdivisé en deux sections. La première section s'intéresse au principe du ciblage d'inflation tout en expliquant l'action d'une banque centrale indépendante dans ce cas. Alors que la deuxième section sera consacrée à l'analyse de la coopération des politiques budgétaire et monétaire dans le cas d'une banque centrale indépendante.

SECTION 1 : l'indépendance de la banque centrale et le ciblage de l'inflation

L'instabilité des prix est source d'incertitude, elle fausse le processus de décision économique et entrave la croissance économique. Généralement, cette instabilité résulte de l'inflation. L'origine de l'inflation est attribuée à l'excès de liquidité, c'est-à-dire qu'il y a trop de monnaie pour trop peu de biens.

Pour maîtriser l'inflation, la banque centrale visait des objectifs intermédiaires de taux de croissance monétaire. Ces objectifs doivent conduire au taux d'inflation souhaité. Bien que cette stratégie ait permis à certains pays de réduire leurs inflations, l'échec répété et l'instabilité persistante de la relation entre la croissance monétaire et l'inflation ont poussé la plupart des pays à cesser de cibler les agrégats monétaires pendant les années 80. Alors, les tentatives des différentes banques centrales et plusieurs recherches se sont concentrées sur la recherche d'une nouvelle variable à cibler et à mettre en place une nouvelle politique visant de maîtriser l'inflation.

A la fin des années 80, de nombreux pays industrialisés suivis par des pays à marché émergent ont commencé à cibler l'inflation. D'où, l'apparition d'une nouvelle politique économique nommée « ciblage d'inflation ».

Dans ce sens, il est nécessaire que la banque centrale soit indépendante pour contrer les anticipations inflationnistes. Barro et Gordon ont montré dans un article de 1982 l'intérêt de l'indépendance pour l'efficacité des politiques monétaires. Au cours de cette section, nous allons présenter le principe de ciblage d'inflation adopté par une banque centrale indépendante.

1-Aspects opérationnels du ciblage de l'inflation :

Le ciblage de l'inflation est un cadre de politique monétaire qui contraint la banque centrale à assurer une faible inflation. Le processus commence normalement par la diffusion d'un communiqué conjoint de la banque centrale et du gouvernement (habituellement le ministère des finances) fixant un objectif explicite à atteindre sur une période donnée par exemple un taux annuel d'inflation de 2 % pendant les deux années à venir. Il incombe ensuite à la banque centrale, qui doit être libre de la manière dont elle règle ses instruments, d'atteindre l'objectif fixé et de publier régulièrement des informations sur ses stratégies et ses décisions.

Ce devoir de transparence contribue à réduire l'incertitude quant aux orientations futures de la politique monétaire tout en renforçant la crédibilité et la responsabilité de la banque centrale.

Le ciblage de l'inflation a été décrit comme un cadre d'application de la politique monétaire en liberté surveillée. Il s'appuie sur des règles, puisque l'adoption de cibles explicites astreint la banque centrale à l'application d'une politique cohérente. Il laisse toutefois en même temps à la banque centrale la liberté de choisir la manière dont elle utilise ses instruments, ce qui lui donne une certaine marge de manoeuvre pour réagir aux éventuels chocs endogènes ou exogènes.

Dans une situation typique de ciblage de l'inflation, la banque centrale règle ses instruments, par exemple les taux d'intérêt, à une date donnée à un niveau qui ramènera l'inflation prévisionnelle, par exemple pendant l'année ou les deux ans qui suivent, à un taux proche de la cible à atteindre.

L'inflation prévisionnelle sert d'objectif intermédiaire ; l'écart à combler entre le taux prévisionnel et le taux cible détermine le choix de l'action à mener. Cette approche prospective est évidemment souhaitable, compte tenu des délais longs et variables qui interviennent entre la modification des instruments monétaires et la matérialisation de ses effets sur l'objectif stratégique ultime. À l'opposé, une approche consistant à réagir à l'inflation passée ou présente constitue par définition une politique à retardement qui accroît le risque de variabilité de l'inflation et de la production.

En pratique, c'est la banque centrale qui décide habituellement

de l'orientation future de la politique monétaire sur la foi des informations fournies par un ensemble d'indicateurs, par exemple les taux d'inflation prévisionnels obtenus à partir de modèles macroéconomiques structuraux, ou de méthodes plus mécaniques, par exemple des analyses d'autorégression vectorielle, et des résultats d'enquêtes sur les anticipations inflationnistes fondées sur le marché.

Les autorités monétaires tiennent également compte de l'évolution de variables monétaires et financières clés comme la monnaie et le crédit, la structure des taux d'intérêt selon les échéances, les prix des actifs et les conditions du marché du travail. Si plus d'un de ces indicateurs donne à penser que l'inflation dépassera probablement la cible, la nécessité de recourir aux instruments devient évidente.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery