SECTION 2 : la corrélation entre l'indice de
l'indépendance de la banque centrale et la croissance économique
:
Selon les
modèles théoriques, l'indépendance de la Banque Centrale
permettrait de limiter l'inflation sans supporter en moyenne de perte de
croissance supplémentaire. Cette caractéristique semble bien
vérifiée pour les pays industrialisés (Graphique
1).
Graphique
1 : indices d'indépendance politique et croissance
moyenne
dans les
années 80 pour les pays industrialisés.
Source :
INSEE
Contrairement aux
prédictions de Rogoff, plusieurs travaux empiriques concluent à
l'inexistence d'une relation tangible entre l'indépendance de la banque
centrale et la croissance économique. Au niveau des pays
industrialisés, le résultat est établi par Grilli,
Masciandro et Tabellini (1991) et Alesina et Summers (1993) qui utilisent comme
indicateur l'indépendance légale (tableau 3). Le même
résultat est démontré sur un échantillon de PVD par
De Haan et Kooi (2000) qui utilisent pour leur part le taux de rotation des
gouverneurs (tableau 4).
Tableau
3 : les indices d'indépendance selon cukierman
(1992)
Source :
INSEE
Tableau
4 :L'indice TOR (De Haan & Kooi ; 2000)
Source:
De Haan & Kooi (2000) Journal of Banking & Finance 24
p 660-661
Une autre étude
intéressante est celle d'Akhand (1998), lequel, dans un
échantillon de 62 pays industrialisés et en voie de
développement, conclut aussi que la relation entre l'indépendance
de la banque centrale et la croissance économique n'est pas
significative. les estimations statistiques entre le taux de croissance du PIB
et la variable d'indépendance de la banque centrale selon une
régression simple.
Equation à estimer
:
Avec C le taux de
croissance moyen qui est la variable dépendante, TOR l'indice
d'indépendance, la variable indépendante, et u
l'erreur. Les résultats obtenus par Akhand sont
représentés dans le tableau 5.
Tableau
5 : le taux de croissance moyen et l'indépendance de la banque
centrale
Source:
H.A.Akhand, "central bank independence and growth ": Canadian
journal of economics, vol 31,1998, pp 303-317.
Le coefficient de
l'indice TOR n'est pas significatif, on peut conclure alors qu'il n'y a pas une
corrélation entre l'indépendance de la banque centrale et le taux
de croissance du PIB.
En effet a
corrélation entre l'indépendance de la banque centrale et la
croissance économique a fait l'objet des anciens travaux pendant la
période de l'entre deux guerres. Un article, élaboré par
Eric DEHAY et Nathalie LEVY rappelle les premières expériences
d'indépendance des banques centrales qui se sont déroulées
au lendemain des périodes de l'Entre-deux-guerres, notamment en
Allemagne, en Autriche, en Bulgarie et en Australie pour trois périodes
(1918-1928, 1923-1932 et 1929-1938). Ils ont étudié dans cet
article la corrélation entre le taux de croissance et l'indice
d'indépendance de la banque centrale.
Les tableaux 6,7 et 8
indiquent les estimations, pour les trois périodes
considérées, des coefficients de l'équation suivante
:
Les tests
économétriques donnent les résultats suivantes:
Tableau
6 : indépendance de la banque centrale et croissance
1918-1928
Source :Eric
Dehay, Nathalie Levy :"l'indépendance de la banque centrale pendant
l'entre deux guerres
Tableau
7 : indépendance de la banque centrale et croissance
1923-1932
Source :Eric
Dehay, Nathalie Levy :"l'indépendance de la banque centrale pendant
l'entre deux guerres
Tableau
8 : indépendance de la banque centrale et croissance
1929-1938
Source :Eric
Dehay, Nathalie Levy :"l'indépendance de la banque centrale pendant
l'entre deux guerres
Aucun des
coefficients associés aux indicateurs de l'indépendance, sauf un,
n'est
statistiquement
significatif. Ces résultats confirment donc, dans leur globalité,
les observations faites dans la plupart des travaux empiriques sur le sujet
puisqu'ils tendent à confirmer l'hypothèse d'une absence de
relation entre indépendance des banques centrales et croissance.
Conclusion
:
Bien qu'il ne contient
pas de la théorie économique, ce chapitre a fait l'objet d'une
étude économétrique assez importante. En effet, il s'agit
d'évaluer la corrélation entre l'indépendance de la banque
centrale avec la croissance économique.
Pour se faire on a
présenté la méthode de conception des différents
indices de Cukierman (1992). Après avoir montré la
méthode de mesure de l'indépendance légale, on a
essayé de présenter la corrélation entre cette mesure de
l'indépendance et le taux de croissance économique selon Dehay et
Levy alors que Akhand (1998) utilise le Turnover du banquier centrale pour la
mesure du degré de l'indépendance de la banque centrale et dans
un deuxième temps, Akhand (1998) a réalisé les tests
empiriques nécessaires pour étudier la corrélation entre
ce dernier et la croissance économique moyenne pour un
échantillon hétérogène de pays en
développement et de pays industrialisés.
les résultats
des tests économétriques élaborés par
différents économistes et pour des périodes assez longue,
prouve que l'indépendance de la banque centrale est souvent n'a aucun
effet sur le niveau de la croissance économique surtout pour les pays
développés, alors que cette relation reste ambiguë pour les
pays en voie de développement.
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