Section 2 : la contagion des crises
financières
Le passage d'un système financier séparé
par des barrières nationales à un système financier global
est à l'origine de l'apparition d'une nouvelle conjoncture
économique appelée globalisation financière, avec des
marchés financiers plus en plus interdépendants à
l'échelle internationale. Dans ce contexte, la
simultanéité des crises financières dans des pays
géographiquement regroupés ou dispersés amène
à s'interroger sur la présence d'un phénomène de
transmission de ces crises d'un marché financier à un autre. Ce
phénomène est souvent nommé la contagion qui
apparaisse désormais comme un facteur explicatif et fatal de la
naissance des crises financières ayant frappés plusieurs pays.
Une contagion se manifeste à travers la propagation des
chocs d'un pays à un autre, par suite on peut la qualifier, l'extension
de déséquilibre d'un marché financier dans un pays
particulier aux autres marchés financiers, des forts co-mouvements des
prix et des quantités à travers les marchés.
Ces derniers sont souvent abusifs par rapport à un niveau ou un
seuil ordinaire qui traduit l'interdépendance normale entre les pays.
Autrement, une forte volatilité de prix des actifs qui
se répand d'un pays en crise à d'autre pays, on les y qualifiera
d'une contagion. En effet, pendent les épisodes de la turbulence
financière, l'alternative de l'augmentation de la volatilité des
prix des actifs sur les marchés financiers internationaux est souvent
adaptée. Généralement, on parle d'un marché
incertain s'il existe une volatilité dans les prix de ses actifs, donc
notre dernière définition peut être ainsi
interprétée comme la propagation de cette incertitude à
travers les marchés financiers.
2.1. Les théories de transmission des crises
D'un point de vue économétrique, et en analysant
les travaux réalisés sur les crises financières, un
conflit entre les résultats des travaux sur ce thème se
manifeste. On a ceux qui montrent l'existence d'un phénomène de
contagion pendant une crise particulière (Kaminsky et Reinhart 1999) et
d'autres qui remettent en cause cet existence en expliquant la transmission des
chocs par les interdépendances normaux entre les pays (Forbes et
Rigobon, 2002, Billio et Pelizzon, 2003).
Ainsi, deux théories se présentent à fin
d'étudier la contagion financière. La première
présume l'importance des liens forts et existants juste avant la crise
et la deuxième s'intéresse à ces liens au moment de cette
crise.
2.1.1. Les théories non contingentes aux crises
Ces théories montrent que les mécanismes des
propagations des crises sont indépendants des moments du
déclanchement des crises. Ces mécanismes, suite à un choc
initial, ne sont pas différents de ceux avant le choc sous
l'hypothèse d'existence permanent des co-mouvements entre les
différents marchés.
Cette première catégorie des théories est
basée sur les fondamentaux de l'économie comme canaux de
transmission. Forbes et Rigobon (2000) distinguent trois canaux
principaux: Le commerce international, la coordination des politiques
monétaires et les chocs aléatoires.
a) Le commerce international
Généralement, l'occurrence d'une crise
financière engendrera la dévaluation du pays à travers une
fusion de deux effets. Cette crise s'accompagne d'une chute des exportations
envers ce pays des principaux partenaires commerciaux et donc une
détérioration de leur balance commerciale comme effet direct.
Elle engendre aussi une détérioration de la
compétitivité des exportations par la pression sur la monnaie du
pays touché comme effet indirect.
Le commerce international joue le rôle le plus
important dans la transmission d'une crise d'un pays à un autre en
cas de dépendance. Cette dernière se justifie par fait que tous
les pays sont extrêmement attachés par les liens réels et
financiers. Glick et Rose (1998) ont montré que les canaux commerciaux
sont significativement supérieurs aux variables macroéconomiques.
Ces liens commerciaux entre les pays intensifient, d'une part, le risque
d'occurrence d'une crise financière à cause des anticipations
auto-réalisatrices et d'autre part, augmentent le risque de
déséquilibre régional à cause des
équilibres multiples.
b) La coordination des politiques
économiques
L'interdépendance entre les différentes
économies mène les pays à suivre une politique similaire
à celle adoptée par le pays touché par une crise. Cette
suivie est plus réaliste dans les unions monétaires ainsi
qu'à l'intérieur des zones de libre échange. Tout choc
à un pays menace l'équilibre de l'union et provoquera des effets
presque instantanés à tous les pays y appartiennent. Chacun
d'entre eux payera, en fin, une partie de coup.
Par exemple, le choix d'une politique de taux
d'intérêt élevé, dont le but de soutenir le taux de
change, va aggraver encore la situation des entreprises largement
endettées. Ces dernières seront trouvés incapables de se
refinancer ou de gérer les opérations d'importation et
d'exportation. Il est clair que la suivie d'une telle politique sans avoirs
objectifs précis générera plusieurs risques qui seront
loin d'être contrôlés (soit le risque d'illiquidité
suite à l'augmentation du taux d'intérêt).
c) Les chocs globaux et les chocs
aléatoires
« Les chocs globaux, communs ou
aléatoires influencent simultanément les fondamentaux de bon
nombres d'économies » Dornbusch (2000).
A ce niveau la croissance économique des certains pays
peut être freiné, une fois ses fondamentaux sont touchés,
à cause d'une augmentation des taux d'intérêts
étrangers et internationaux, la baisse de l'offre des capitaux, les
chocs de liquidités exogènes (par exemple un choc de politique
monétaire) , et la chute de la demande mondiale pour quelques produits
et matières premières comme pour les pays pétroliers
(baisse du prix de pétrole).
Dans ce contexte des chocs communs, Masson (1999) signale que
ces derniers apparaissent comme des facteurs indépendants du
déclanchement des crises. Ces sont les interdépendances
économiques et financières qui sont à l'origine de
transmission des chocs entre les pays. Ainsi, ces canaux se présentent
avant la crise et qui ne peuvent être modifiés au moment du
déclenchement de ladite crise.
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