1.1.3. Les modèles de troisième
génération
Ces modèles de crises sont apparus après la
crise asiatique de 1997-1998 (Pesenti et Tille 2000, Krugman 2001) qui s'est
déclenchée en Juillet 1997 en Thaïlande avec la
dévaluation du Bath thaïlandais. Puis, elle s'est propagée
aux pays émergents de la région asiatique. Ces modèles
sont parfois qualifiés de modèles inter-générations
(Flood et Marin 1999) du fait qu'ils combinent des séquences des
modèles de crises de première et de deuxième
génération. Ils sont caractérisés par
l'imperfection de l'information sur les marchés financiers et par la
fragilité des systèmes bancaires.
Les économies émergentes d'Asie avaient
augmenté la liquidité, expliquée par les fortes
entrées de capitaux, et par conséquent avaient augmenté le
crédit domestique. Or, à cause d'une mauvaise évaluation
du risque de défaut et l'absence de supervision solide par les
autorités, les créances douteuses dans les bilans bancaires ont
considérablement augmenté. Ce qui a provoqué des
restrictions des crédits en raison de l'insolvabilité de
certaines banques et à la chute de la richesse nette d'un très
grand nombre d'emprunteurs.
La crise bancaire s'est transformée par la suite en une
crise de change à cause de l'interruption massive des entrées de
capitaux sous la forme de prêts bancaires à court terme et en
devise. La réduction des capitaux bancaires internationaux et la chute
des réserves de change ont aggravé les déficits courants
et fortement déprécié le taux de change. La charge
réelle de la dette s'est par conséquent augmentée et les
sorties des capitaux se sont accélérées, ce qui a
renforcé les mécanismes de la crise et l'a rendue
inéluctable. C'est en fait le scénario de la crise du bath
thaïlandais, de même que celui de la crise de Won Coréen
(Contamin et lacu 1998) ou de la roupie indonésienne.
C'est dans ce contexte que s'est apparaît le concept de
« crise jumelle ». Celles ci se manifestent par la
combinaison d'une spéculation intense contre la monnaie nationale et une
série de défaillances bancaires. Elles associent une
méfiance à l'égard de la stabilité du taux de
change, et donc du régime de change s'il existe, et de la
liquidité ou de la solvabilité des intermédiaires
bancaires, qui rétroagissent l'une sur l'autre en se consolidant
mutuellement. Les analyses statistiques des crises jumelles menées par
Velasco (1987) suggèrent qu'une crise bancaire entraîne une crise
de change par le biais d'émission excessive de la monnaie nationale,
provoquée par le secours exceptionnel en liquidité que la Banque
centrale apporte au système bancaire pour le stabiliser, comme le montre
le graphique dans la page suivante :
Titre : D'une crise bancaire à une crise de
change
Crise de change
Emission monétaire excessive
Financement du sauvetage (bail out par la banque
centrale)
Crise bancaire
Deux approches, qui tendent à
étudier le contexte macroéconomique et les éléments
sous jacents de la crise financière asiatique dans son ensemble peuvent
être retenues. L'implication des secteurs bancaires et financiers dans la
crise financière a fait l'objet de deux approches : l'aléa
moral et la panique financière.
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