Partie II : enjeux Bâle II pour les banques
marocaines :
Cas BMCE BANK
L'un des principaux projets de gestion des risques de BMCE
BANK a été l'étude et la préparation de la mise en
oeuvre de la réglementation de Bâle II.
Dans une perspective de s'aligner aux dispositions
internationales en matière de gestion des risques, la banque a
engagé un chantier de mise en conformité avec la future
réglementation sur l'adéquation des fonds propres. Dans ce sens,
la Direction de Gestion Globale des
Risques est l'entité de la banque qui chapeaute le
projet phare de la mise en place d'un système de gestion de risque en
conformité avec les exigences bâloises.
Le comité de Bâle n'ayant ni pouvoir
législatif ni réglementaire, les nouvelles directives sur les
fonds propres à l'échelle internationale ont valeur de
recommandations. Il appartient alors aux différentes banques centrales
de les adapter à leurs juridictions.
Au Maroc, BANK AL MAGHRIB, en tant que banque centrale
nationale, a arrêté les dispositions nécessaires pour
l'application des directives Bâloise dans les banques marocaines et ce,
par l'organisation d'ateliers de travail pour fixer les discrétions
nationales débouchant à la diffusion de plusieurs circulaires
réglementant la gestion des risques.
Dans le cadre des exigences bâloises en matière
de gestion des risques, les banques marocaines ont vu naître de nouveaux
besoins pour mettre en place un nouveau système de gestion du risque de
crédit suivant l'approche standard imposée par Bank Al Maghrib
comme phase préliminaire, avant de passer aux méthodes les plus
avancées.
Le présent rapport traitera alors quelques impacts de
la nouvelle réglementation, notamment sur la segmentation des clients et
leur notation, sur le système d'information, sur la gestion des
garanties et finalement sur le périmètre de consolidation.
Ainsi, le premier chapitre présentera les écarts
entre les apports de Bâle II et la réglementation marocaine en
matière de gestion de risque. Le deuxième chapitre sera
consacré à une analyse des écarts par rapport à
Bâle II, lesdits écarts relevés au niveau de la BMCE
BANK
Chapitre 1.
Présentation des écarts entre les apports
de Bâle II et la réglementation marocaine.
Le comité? de Bâle pour la supervision bancaire a
promulgué en juin 2004 un nouveau dispositif : Convergence
Internationale pour la Mesure des Fonds Propres et Normes de Fonds
Propres « International Convergence Of Capital
Measurement and Capital Standards ». Cet accord est venu en
remplacement au précèdent qui a instauré un ratio
prudentiel minimum dit ratio Cooke, définissant un rapport entre les
fonds propres des banques et les risques de crédit
pondérés selon la nature des opérations. Son objectif
principal était d'améliorer la stabilité du système
financier international par l'introduction d'exigences de fonds propres
applicables à toutes les banques.
L'objet essentiel de Bâle II demeure le renforcement de
la stabilité du système bancaire. La révision
commencée en 1999 vise seulement à combler les lacunes de
Bâle I et à adapter les directives au nouveau contexte des
mutations intervenues sur les marchés financiers.
L'objectif principal est d'abandonner le système de
couverture forfaitaire imposé aux banques pour adopter une
réglementation du capital propre minimal plus complète qui tienne
mieux compte des risques.
Bâle II est alors venu avec une nouvelle structure : Ses
accords reposent sur 3 piliers complémentaires qui devraient garantir le
soutien d'une base optimale de calcul de fonds propres des
établissements bancaires ainsi qu'un renforcement du contrôle tant
qu'interne qu'externe des pratiques d'évaluation des risques.
? Le comité de Bâle sur le contrôle
bancaire, institué en 1974, regroupe les autorités de
surveillance prudentielles et les banques centrales des pays du groupe des Dix
dits G10 (treize pays actuellement). Il est composé de hauts
représentants des autorités de contrôle bancaire et des
banques centrales des pays suivants : Allemagne, Belgique, Canada, Espagne,
Etats-
Unis, France, Italie, Japon, Luxembourg, Pays-Bas,
Royaume-Uni, Suède, et Suisse. Le comité se réunit
généralement à la banque des règlements
internationaux, à Bâle en Suisse, où se trouve son
secrétariat permanent.
Source:
Credit Suisse Economic & Policy Consulting, Economic Briefing N°
36
Le nouvel accord du comité de Bâle rapproche le
cadre prudentiel et les exigences en fonds propres qui en résultent des
pratiques en vigueur dans l'industrie bancaire pour le pilotage des risques.
Ce dispositif présente en effet deux importantes
finalités :
· Le renforcement de l'égalité des
conditions de concurrence et,
· Un meilleur alignement des exigences des fonds propres
sur les risques sous jacents.
Cette réforme, permettra non seulement de faire
converger le capital réglementaire (souci des autorités de
contrôle) et le capital économique (souci des
établissements) mais aussi, au-delà des exigences de fonds
propres, de poser un véritable cadre prudentiel pour le contrôle
bancaire des prochaines années.
Les règles de Bâle II définissent des
méthodes avec lesquelles les institutions financières peuvent
mesurer leurs risques. Les risques mesurés forment la base de calcul du
montant des fonds propres que l'institution doit mettre en réserve pour
couvrir les pertes potentielles.
Le nouvel accord de Bâle prend en compte les 3 grands
types de risques auxquels sont confrontés les établissements
bancaires :
· Le risque de crédit :
déjà pris en compte dans le ratio Cooke, correspond au risque de
défaut de la contrepartie à laquelle un prêt a
été accordé ;
· Le risque de marché : pris
en compte par les réglementations postérieures au ratio Cooke,
couvre dans le cadre des opérations de marché :
- Le risque de taux ;
- Le risque de change ;
- Le risque de règlement-livraison ;
- Le risque de variation des prix d'actions.
· Le risque opérationnel :
constituant l'une des principales novations du nouvel accord, correspond au
risque inhérent à un défaut de procédure, de
personne, de systèmes d'informations, ou dû à un
élément extérieur pouvant entraîner une perte ou un
déficit d'image.
Le comité de Bâle n'a aucun pouvoir
législatif ou réglementaire. Pour s'appliquer, Bâle II doit
faire l'objet d'une transposition législative ou réglementaire
dans chaque pays. Tout comme
Bâle I, les nouvelles directives sur les fonds propres
à l'échelle internationale ont valeur de recommandations. Il
appartient alors aux différentes banques centrales de les adapter
à leurs juridictions.
Au Maroc, BANK AL MAGHRIB, en tant que banque centrale
nationale, a arrêté les dispositions nécessaires pour
l'application des directives Bâloise dans les banques marocaines et cela,
par l'organisation d'ateliers de travail pour fixer les
discrétions nationales (Transposition législative ou
réglementaire des recommandations bâloises à chaque pays
par sa propre banque centrale.)débouchant à la diffusion de
plusieurs circulaires réglementant la gestion des risques
(opérationnel, de marché et de crédit).
BMCE BANK, après avoir participé au
développement de la réglementation au niveau de la banque
centrale représentée par le département normes et outils,
la Direction de Gestion
Globale des Risques est l'entité qui chapeaute la mise
en place du dispositif Bâle II en matière de gestion des
risques.
1- Gestion du risque de crédit
Le risque de crédit est un des risques les plus
classiques, c'est à la fois le plus redoutable et le plus courant pour
une banque suite à son activité d'octroi de crédit. Le
risque de crédit est lié à l`incapacité du
débiteur à honorer ses échéances et à la
dégradation de la valeur de la créance. C'est également la
perte potentielle qui émane de la détérioration de la
qualité du crédit sur un horizon donné. Autrement dit, une
banque s'expose à un risque de crédit sur tout engagement
vis-à-vis d'un client. Il est généralement le risque le
plus consommateur en fonds propres (environ 70 à 80%).
a- L'apport de Bâle II :
L'ancienne méthode de calcul des fonds propres,
purement forfaitaire, est remplacée par une approche prudentielle plus
fine.
Le nouvel accord s'appuie sur la notion centrale de «
défaut » (notion à définir par chaque banque). A la
différence de l'accord de 1988 suivi de la mise en place du ratio Cooke,
le nouvel accord de Bâle permet aux établissements bancaires de
définir la finesse d'évaluation du besoin en Fonds Propres
généré par le risque de crédit en fonction des
caractéristiques du portefeuille. Il propose ainsi trois approches pour
calculer l'exigence en fonds propres réglementaires :
Ø L'approche standard
Ø Les approches de notation interne : l'approche simple
et l'approche complexe.
Le choix de l'une de ces trois méthodes sera à
la discrétion de la banque centrale. Le passage d'une méthode
à l'autre sera possible dans le temps, mais seulement en allant vers une
méthode plus « complexe ».
L'objectif du comité de Bâle est de rendre ainsi
plus avantageuses les méthodes les plus complexes.
- L'approche standard : qui devrait être choisie par la
majorité des établissements bancaires de petite et moyenne
importance, constitue une version révisée de l'accord de
1988, puisqu'elle consiste également en l'application
d'une pondération forfaitaire, mais avec des niveaux de
pondération plus nombreux et donc une catégorisation plus fine
des classes d'actifs.
Son objectif est d'affecter à chaque crédit une
pondération qui correspond au niveau de risque de celui-ci et d'en
déduire le montant de Fonds Propres à mobiliser pour couvrir ce
risque.
Pour cela, il est nécessaire de calculer l'exposition
nette de chaque crédit, c'est à dire de déduire du montant
du crédit les différents éléments atténuant
le risque inhérent tel que :
- Un collatéral (cash, titres)
- Une garantie (hypothèque).
L'approche standard permet d'affecter à chaque
crédit une notation délivrée par :
Ø Les organismes externes de Crédit à
l'exportation pour les emprunteurs souverains ;
Ø Les agences de notations pour les banques et les
entreprises en bénéficiant ;
Ø Une pondération égale à 100%
minimum pour les autres emprunteurs.
Une innovation importante a été introduite pour
les créances en souffrance qui doivent être
pondérées à hauteur de 150% sauf si elles sont
déjà couvertes pour un montant minimal de provisions
spécifiques constituées par les banques.
Une autre évolution majeure réside dans
l'élargissement de l'éventail des sûretés, garanties
et dérivés de crédit qui peuvent être pris en compte
par les banques, c'est ce que le comité de
Bâle appelle les réducteurs du risque de
crédit. Trois catégories d'instruments sont retenues :
· Collatéraux ou sûretés :
espèces ou titres ; c'est une garantie par la détention d'un
instrument transférable, immédiatement négociable et
facilement évaluable.
· Accords de compensation de bilan : c'est la garantie
d'un crédit par un passif, dépôt à terme ou à
vue de la même entité
· Garanties : il peut s'agir d'une hypothèque et
même certains dérivés de crédit sont compris dans
cette catégorie. Les dérivés de crédits reconnus
pour le moment sont limités au nombre de deux et sont assimilés
à des garanties :
· Credit default swap ou option : en cas de survenance du
défaut, l'acheteur livre l'actif de référence ou
reçoit un montant basé sur le taux de recouvrement estimé
de la créance.
· Total return swap : permet d'échanger la
performance économique d'un actif contre une rémunération
fixe sans cession de cet actif.
La segmentation suivant l'approche standard distingue entre 4
catégories de clientèle :
- Les Souverains : Etats et banques centrales
- Les Banques
- Les Entreprises ou corporates
- Les Retails ou banques de détail : prêts aux
petites et moyennes entreprises.
Les expositions sont pondérées selon chaque
catégorie et selon la notation externe correspondante Les expositions
représentent les encours nets de provisions spécifiques.
Exemple : encours brut 100 ; provision pour
dépréciation 40 ; encours net 60 ; sur lequel sera
appliqué le taux de pondération correspondant.
Ces pondérations sont illustrées comme suit :
Expositions
|
Appréciations
|
|
AAA
à
AA-
|
A+ à
A
|
BBB+
à
BBB-
|
BB+ à
B
|
Moins de
B-
|
Non
No t é
|
Et at s
(Ag enc e s Credi t
Expo r t)
|
0%
|
2 0%
|
5 0%
|
100%
|
150%
|
100%
|
Banques
|
Opt ion 1
|
20%
|
50%
|
100%
|
100%
|
150%
|
100%
|
Option 2 ²
|
20%
(20%)
|
50%
(20%)
|
50%
(20%)
|
100%
(50%)
|
150%
(150%)
|
50%
(20%)
|
Entreprise
|
20%
|
50%
|
100%
|
100%
|
150%
|
100%
|
Détail
|
Immobilier
|
|
|
|
|
|
35%
|
Autres
|
75%
|
Pondérations basées sur celles de l'Etat où
la banque a été agréée, mais une catégorie
moins favorable.
² Pondérations basées sur la
notation de la banque elle-même.
() : Les risques interbancaires à court terme, moins de 3
mois, reçoivent en général une pondération plus
favorable que les pondérations interbancaires habituelles
Exemple
Pondération d'un prêt à une entreprise
· Hypothèses
- Montant : 100 DH
- Notée AAA
· Calcul
|
AAA
à
AA-
|
A+ à
A
|
BBB+
à
BBB-
|
BB+ à
B
|
Moins de
B-
|
Non
No t é
|
Pondération
|
20%
|
50%
|
100%
|
100%
|
150%
|
100%
|
Encours pondérés = 100 DH x 20% = 20 DH
Approches notations internes (NI)
Elles permettent à chaque banque de réaliser ses
propres évaluations du risque de crédit.
Pour ce fait, il est nécessaire de calculer le EAD
(Exposure At Default : encours lors du défaut) et de catégoriser
les tiers constituants le portefeuille.
La différence c'est que l'établissement doit
évaluer son propre coefficient de pondération
(RW) :
RW = PD * LGD
Avec :
PD : La probabilité de
défaut
LGD : La perte encourue en cas de
défaut (Lost Given Default) ou taux de recouvrement du crédit.
Elle est égale au montant de la créance moins les recouvrements
estimés après la défaillance.
On distingue entre deux approches de notation interne : simple
et complexe dites aussi :
- L'approche IRB fondation et,
- L'approche IRB avancée
Appelées ainsi parce qu'elles se basent, sur
l'évaluation du risque sur des systèmes développés
en interne.
La différence entre ces deux approches réside
dans le fait que le taux de recouvrement (LGD) est réglementaire,
déterminé par les autorités, et la probabilité de
défaut (PD) est calculée en interne, pour le cas de l'approche
IRB fondation. Tandis que, pour l'approche IRB avancée, tous les
paramètres sont fixés par les notations internes.
Données de base
|
Approche NI simple
|
Approche NI complexe
|
Probabilité de défaut (PD)
|
Valeurs fournies par la
banque sur la base de ses
propres estimations
|
Valeurs fournies par la
banque sur la base de ses
propres estimations
|
Perte en cas de défaut
(LGD)
|
Valeurs prudentielles établies
par le comité
|
Valeurs fournies par la
banque sur la base de ses
propres estimations
|
Exposition en cas de défaut
(EAD)
|
Valeurs prudentielles établies
par le comité
|
Valeurs fournies par la
banque sur la base de ses
propres estimations
|
Échéance (M)
|
Valeurs prudentielles établies
par le comité ou à la
discrétion de l'autorité
nationale, fournies par la
banque sur la base de ses
propres estimations (en
excluant éventuellement
certaines expositions)
|
Valeurs fournies par la
banque sur la base de ses
propres estimations (en
excluant éventuellement
certaines expositions)
|
b- La réglementation marocaine :
Pour le cas marocain, Bank Al Maghrib a exigé aux
banques une gestion de risque de crédit suivant l'approche standard de
l'accord Bâle II et ce, par les dispositions de la circulaire N°
B3/G/2006 relative aux modalités de calcul des actifs
pondérés au titre du risque de crédit.
Pour la détermination des pondérations, les
banques peuvent utiliser les évaluations effectuées par des
organismes externes d'évaluation du crédit (OEEC) dont la
compétence est reconnue par la Direction de Supervision (DSB) de Bank Al
Maghrib pour le calcul des exigences en fonds propres.
Les organismes externes d'évaluation du crédit
(OEEC) dont les notations peuvent être utilisées par les
établissements pour la détermination des pondérations des
risques sont les
Suivants: Fitch Ratings, Moody's Investors Service et Standard
& Poor's Rating Services.
Les banques ne sont pas autorisées à faire, au
cas par cas, des arbitrages prudentiels entre les évaluations de
plusieurs OEEC pour bénéficier de pondérations plus
favorables.
La segmentation retenue est celle de l'approche standard telle
que proposée par les nouvelles directives bâloises qui distinguent
entre : les Souverains, les banques, les entreprises ou corporates et les
retails. Les pondérations ainsi que la segmentation
détaillée de ces 4 portefeuilles sont détaillées en
Annexe I.
2- Gestion du risque de marché :
Le risque de marché représente le risque
d'incidence négative de fluctuations défavorables de la valeur
des instruments financiers à la suite d'une variation de certains
paramètres du marché, notamment : les taux
d'intérêt, les taux de change, le cours des actions ou le prix des
produits de base ainsi que les écarts de taux du taux de
crédit.
a- L'apport de Bâle II :
Le comité a jugé que, durant ces
dernières années, les banques se sont bien portées face au
risque de marché ; C'est pour cela que les accords de Bâle II
n'ont pas modifié les modalités de quantification de ce risque
telles qu'instituées par l'amendement de 1996 qui offre aux banques la
possibilité de calculer leurs risques de marché selon deux
méthodologies : l'une standardisée et l'autre sur la base de
modèles internes.
L'évaluation du Risque de marché repose en
grande partie sur la mesure effectuée par la banque elle-même de
la valeur en risque ou sur l'approche standardisée du risque de
marché.
Il importe également que l'établissement
effectue des simulations de crise pour évaluer l'adéquation de
ses fonds propres en regard de ses activités de négociation. Les
deux méthodes utilisées restent inchangées, à
savoir :
- L'approche standard
- L'approche des modèles internes
b- La réglementation marocaine
S'agissant des textes prévus par les circulaires de Bank
Al Maghrib, les exigences de fonds propres relatives aux risques de
marché s'appliquent sur une base individuelle et consolidée et
suivant l'approche standard. La gestion du risque de marché revient
à gérer une panoplie de risques liés aux variations du
marché tels : le risque de taux d'intérêt, le risque sur
titres de propriété, le risque de change, le risque sur
matières premières et les risques optionnels.
3- Gestion du risque opérationnel :
Le Risque opérationnel est « le risque de pertes
résultant de carences ou de défaillances attribuables à
des procédures, personnels et systèmes internes ou à des
événements extérieurs».
Définition du comité de Bâle
A l'exclusion du « risque d'atteinte à la
réputation » ou du « risque stratégique », cette
définition recouvre :
A l'exclusion du « risque d'atteinte à la
réputation » ou du « risque stratégique », cette
définition recouvre :
· Les erreurs Humaines.
· Les fraudes et malveillances.
· Les défaillances des systèmes
d'information.
· Les problèmes liés à la gestion du
personnel.
· Les litiges commerciaux, les accidents, incendies,
inondation...
· Le risque opérationnel est
généralement le deuxième risque le plus consommateur en
fonds propres après le risque de crédit.
a- L'apport de Bâle II :
Le risque opérationnel fut la nouveauté de cet
accord. Il est définit pour la première fois comme un risque
à part entière. Les exigences en fond propres concernant ce
risque ont pour vocation de couvrir le potentiel de perte pouvant survenir
d'une défaillance attribuable au facteur humain (Vol, fraude
interne...), au système d'information (Panne du système
informatique...) ou d'événements extérieurs. Outre des
méthodes forfaitaires, les banques auront la possibilité
d'utiliser des modèles internes pour mesurer les risques
opérationnels.
Néanmoins, ces modèles internes devront
satisfaire un ensemble de normes définies par le
Comité de Bâle pour que ceux-ci puissent
effectivement servir de moteur de calcul pour le risque opérationnel.
Dans son rapport, le comité de Bâle propose trois
approches pour calculer l'exigence en fonds propres réglementaires, par
ordre croissant de complexité et de sensibilité au risque :
approche indicateur de base, approche standardisée et approche de
mesures complexes.
- Approche Indicateur de Base : Purement forfaitaire, elle
consiste à pondérer la moyenne des produits annuels bruts
positifs des trois années par un coefficient æ, fixé par le
comité à 15%.
- Approche standard : les activités de la banque sont
réparties en huit lignes d'activités décrites en
Annexe II. Les revenus bruts de chacune sont un indicateur de
l'activité et donc du risque opérationnel. La charge totale en
fonds propres relatifs au risque opérationnel est égale à
la moyenne, sur 3 ans, du simple cumul de l'exigence en fonds propres de chaque
ligne d'activité pour chaque année pondérée de son
facteur bêta divisé par 3. Néanmoins, lorsque pour une
année donnée la charge en capital est négative, elle sera
prise pour zéro. Le comité a précisé pour chacune
des 8 lignes de métier son facteur bêta
(12%<ß<18%).
- Approches de mesure Avancée (AMC): Selon les AMC,
l'exigence de fonds propres réglementaire équivaut à la
mesure du risque opérationnel produite par le système interne de
la banque, sur la base de critères quantitatifs et qualitatifs. La
banque détermine elle-même ses besoins en fonds propres par des
modèles internes. En ce qui concerne cette « famille »
d'approches, rien n'a été déterminé par le
comité à l'exception des critères pour convaincre les
autorités de l'efficacité de son système
d'évaluation.
b- La réglementation marocaine
Les modalités de calcul des exigences de fonds propres
au titre des risques opérationnels sont définies par la
circulaire B5/G/2006 de Bank Al Maghrib.
Les banques sont tenues de calculer, sur base individuelle et
consolidée, les exigences de fonds propres nécessaires pour la
couverture de leurs risques opérationnels conformément aux
approches décrites. Pour calculer leurs exigences de fonds propres au
titre des risques opérationnels, les banques pourront utiliser l'une des
approches suivantes :
- L'approche indicateur de base,
- L'approche standard
L'approche standard alternative sous réserve de
l'autorisation préalable de Bank Al
Maghrib.
La BMCE a opté pour l'approche indicateur de base
étant la plus simple à mettre en place, tout en préparant
la méthode standard par la mise en place d'une cartographie du risque et
les ventilations de la banque en ligne métier.
Pour l'utilisation de l'approche indicateur de base,
l'exigence de fonds propres au titre des risques opérationnels est
égale à 15% du produit net bancaire moyen des trois
dernières années, calculé sur la base des
déclarations arrêtées à fin décembre de
chaque exercice.
Lorsque, pour une déclaration donnée, le produit
net bancaire est négatif, il n'est pas pris en considération dans
le calcul de la moyenne sur trois ans. Le produit net bancaire moyen est alors
calculé sur la base du nombre d'années pour lesquelles les
produits nets bancaires sont positifs.
La formule de calcul de l'exigence de fonds propres en vertu
de l'approche indicateur de base est la suivante :
KIB = [S (PNB1...n x a)]/n
- KIB = exigence de fonds propres
- PNB1...n = produit net bancaire positif
- n = nombre d'années pour lesquelles le produit net
bancaire est positif au cours des 3 dernières années.
- a = 15 %.
Les établissements de crédit sont tenus
d'élaborer et consigner par écrit des politiques et conditions
spécifiques aux fins de la mise en correspondance («mapping»)
du PNB des lignes de métiers actuellement exercées dans le cadre
standard. Ces conditions doivent être réexaminées et
dûment adaptées en cas d'évolution des activités
commerciales et des risques.
Les banques doivent adresser semestriellement à la
Direction de Supervision Bancaire de
Bank Al Maghrib les cartographies des risques
opérationnels et mis à jour des reportings
détaillés précisant notamment les pertes dues aux
différentes typologies des risques opérationnels et les mesures
prises pour y faire face.
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