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enjeux Bâle deux pour la gestion des risques bancaires: cas BMCE Maroc

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par hamid hamid
école superieure de technlogie de Sale -  2007
  

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Chapitre 2.

Analyse des écarts par rapport à Bâle II : Cas BMCE BANK

Dans le cadre des exigences bâloises en matière de gestion des risques, les banques marocaines ont vu naître de nouveaux besoins pour mettre en place un nouveau système de gestion du risque de crédit suivant l'approche standard imposée par Bank Al Maghrib.

Au sein de la BMCE BANK, la gestion du risque de crédit lié aux entreprises se trouve handicapée par un certain nombre de gaps qui freinent l'application des exigences bâloises dans les meilleures conditions. Ces gaps touchent principalement :

- La segmentation

- La notation

- Le système d'information

- La gestion des garanties

- Le périmètre de consolidation

1- Gaps concernant la segmentation :

Comme mentionné dans la partie concernant la segmentation suivant l'approche standard, on distingue entre quatre catégories de clientèle :

- Les Souverains

- Les Banques

- Les Entreprises ou corporates

- Banques de détail

La réalisation d'une telle segmentation nécessite d'avoir des renseignements qualitatifs et quantitatifs tel que le chiffre d'affaire consolidé pour les groupes d'intérêt économique ou uniquement le chiffre d'affaire individuel.

L'enjeu d'implémentation de la réglementation bâloise nécessite un assainissement des entrepôts de données de la clientèle pour permettre la distinction entre différents segments ainsi que la mise en place d'une centrale de bilan pour l'ensemble de la clientèle.

La contrainte qui se pose à ce niveau est que le chiffre d'affaire individuel et consolidé est généralement non disponible, ce qui empêche de faire la distinction entre les entreprises,

PME/PMI et les professionnels.

Pour le cas marocain, La segmentation retenue est la même que celle apportée par les apports de Bâle. Toutefois la banque centrale a défini quelques précisions concernant les catégories « entreprise », « PME » et « clientèle de détail », comme suit :

· La catégorie « clientèle de détail » ou « Retail » comprend :

Ø Les particuliers,

Ø Les petites entreprises (y compris les professionnels) qui répondent aux deux conditions suivantes :

· Le montant total des autorisations de crédit qui leur est consenti à titre individuel, ou au groupe d'intérêt auquel elles appartiennent, est inférieur ou égal à 1 million de dirhams,

· Le chiffre d'affaires hors taxes individuel, ou celui du groupe d'intérêt auquel elles appartiennent, est inférieur ou égal à 3 millions de dirhams.

Les expositions sur les professionnels dont l'objet est de financer leurs besoins personnels (y compris prêts garantis par un bien immobilier à usage résidentiel), ne peuvent être affectés au portefeuille « clientèle de détail» et/ou à la catégorie spécifique des prêts garantis par un bien immobilier à usage résidentiel que si l'établissement gère, de manière séparée, les comptes du bénéficiaire retraçant les facilités qui lui sont consenties au titre de ses activités professionnelles et celles finançant ses besoins personnels, ainsi que les flux de revenus affectés au remboursement de chacune de ces catégories de concours.

Lorsque l`établissement n'arrive pas à faire cette distinction, toutes les expositions sur le professionnel (qu'elles soient destinées au financement de son activité ou à son usage personnel, y compris sous la forme de prêts garantis par un bien immobilier à usage résidentiel) sont globalisées. La créance sur le professionnel est alors affectée, selon les critères de chiffres d'affaire et d'exposition globale à l'une des catégories suivantes : clientèle de détail, PME ou grande entreprise.

Les crédits consentis à des particuliers pour l'acquisition ou la construction de logements, garantis par hypothèque, ne font pas partie du portefeuille « Retail » et doivent être identifiés dans une catégorie spécifique.

· La catégorie Petite ou Moyenne Entreprise (PME) comprend toute entreprise (y compris les professionnels) dont :

· Le chiffre d'affaires hors taxes individuel, ou celui du groupe d'intérêt auquel elles appartiennent, est supérieur à 3 millions de dirhams et inférieur ou égal à 50 millions de dirhams,

· Le chiffre d'affaires hors taxes individuel, ou celui du groupe d'intérêt auquel elles appartiennent, est inférieur à 3 millions de dirhams et le montant total des autorisations de crédit qui lui est consenti à titre individuel, ou au groupe d'intérêt auquel elle appartient, est supérieur à 1 million de dirhams.

· La catégorie «entreprise » ou « corporate » englobe toutes les entreprises (y compris les professionnels) dont le chiffre d'affaires hors taxes individuel, ou celui du groupe d'intérêt auquel elles appartiennent, est supérieur à 50 millions de dirhams.

2- Gaps concernant la notation :

Suivant les exigences bâloises, les banques auront besoin de notations aussi bien de leurs clients que de leurs garants, selon leur degré de risque, en respectant un certain nombre d'exigences de la notation dressée par la réglementation.

Au Maroc, et pour l'application de l'approche standard, les banques marocaines auront besoin des notations externes des entreprises (à différentier de la notation interne qui est applicable dans le cadre des approche avancées), notations délivrées par des agences reconnues de notation.

Toutefois ces informations ne sont pas disponibles pour différentes raisons :

· D'abord, la plupart des entreprises marocaines ne sont pas notées à l'échelle internationale à l'exception de quelques entreprises cotées en bourse.

· Plus encore, le tissu économique marocain est constitué d'une majorité de PME/PMI ayant une activité modeste au niveau national voir même régional.

Cette contrainte de non disponibilité des notations externes des entreprises constitue un réel handicap pour l'application de l'approche standard au sein des banques marocaines dans la mesure où toutes les entreprises non notées seront pondérées à 100%. Or, une telle pondération peut s'avérer insuffisante pour des entreprises en très mauvaise situation financière et représentant un risque plus grand.

Quant à la notation interne, la BMCE dispose d'un dispositif approprié développé en interne et constitue un vrai outil d'aide à la décision. Toutefois, dans le cadre de l'approche standard, ce dispositif s'avère inutile pour le moment sauf si BMCE BANK opte pour l'application de l'une des deux approches IRB.

3- Impact sur le système d'information

Le premier objectif des réglementations bâloises consiste à contrôler plus finement les activités financières des entreprises. Ces dernières doivent être capables de fournir des données très précises lors d'un audit financier, ce qui signifie également être capables de suivre tout ce qui se passe dans l'entreprise, à travers des processus de traçabilité. Pour obtenir

* cette traçabilité des informations, la direction générale se tourne vers l'informatique qui représente le moyen le plus facile d'automatiser les contrôles dans l'entreprise.

La conduite des projets dans le cadre du Pilier I a fait naître de nouveaux besoins dans les systèmes opérationnels existants. La mise en oeuvre des impacts d'usage amplifie ces réflexions, notamment en méthode IRB. D'ailleurs, certains référentiels tiers ont d'ores et déjà évolué pour stocker des informations spécifiques à la réforme (portefeuille bâlois, données relatives au «défaut Bâle II»). C'est également le cas des applicatifs transactionnels utilisés par les conseillers, qui devront intégrer à terme les éléments de scoring développés pour les notations internes Bâle II. Une interface avec les entrepôts de données réglementaires est probable, afin de disposer de données historiques. Dans certains cas, notamment pour les chargés d'affaires Corporate, une restitution immédiate des paramètres bâlois (PD, LG, EAD,

EL, RWA) est à prévoir. Quant aux ajustements des niveaux de délégations, ils pourraient passer par la création ou la modification de workflows de validation.

Pour les établissements disposant d'un réseau d'agences étendu, de larges opérations de déploiement sont à prévoir, surtout si certains outils sont installés localement. Les systèmes comptables pourront être impactés à leur tour, et ce à plusieurs niveaux : affectation automatique des provisions, consolidation des données bâloises pour l'allocation des fonds propres réglementaires ou encore outils de rapprochement avec les données risques (périmètre local et consolidé).

De plus, les systèmes comptables représentent, pour la plupart des banques, la source principale d'alimentation des dispositifs Bâle II. Ces derniers sont souvent bâtis autour d'un niveau de détail agrégé (compte client). Or, la méthode IRB avancée impose de suivre les encours au niveau de la prestation individuelle, impératif à laquelle les bases comptables doivent se conformer. D'autres évolutions pourront être apportées aux systèmes de reporting risque au jour le jour, et plus globalement, dans les outils susceptibles d'être enrichis par les notions Bâle II afin d'améliorer l'anticipation et la maîtrise du risque.

Si les chaînes de gestion restent le coeur de l'activité de la banque, le bloc applicatif risques doit se positionner comme support des activités opérationnelles de la banque. Véritable base d'information d'une grande richesse par la granularité, la complétude et la profondeur historique des données stockées, le dispositif Bâle II offrira de nouveaux services aux activités de gestion de la banque.

Un projet de mise en conformité génère généralement trois étapes :

· La première consiste à prendre conscience de l'information à collecter pour être conforme. Il se peut que l'information n'existe pas encore dans le système d'information, et dans ce cas il faudra l'extraire,

· La deuxième étape consiste à récupérer ces informations et,

· La troisième consiste à fournir ces informations à un système chargé de la mise en conformité. C'est en quelque sorte une nouvelle application.

Selon le niveau de maturité du système d'information, ces trois étapes pourront donner lieu à des chantiers très différents.

Ainsi, pour une société au système d'information très structuré, la récupération d'informations s'effectuera en causant le moins d'impact possible sur les applications opérationnelles, afin de ne pas remettre en cause l'existant. Au contraire, des grands groupes profitent de ces chantiers de mise en conformité pour revoir en profondeur leurs processus et les uniformiser pour l'ensemble de leurs filiales par exemple.

Face à ces dépenses, et au risque de multiplication des lois, les directeurs informatiques évitent autant que possible de multiplier les modifications au niveau des applications métiers critiques. Pour autant, les nouvelles informations remontées peuvent parfois servir de nouveaux indicateurs de performance internes, aussi bien que pour les audits externes par la suite. En effet, le fait de contrôler l'information pour les sociétés cotées va leur permettre, d'une part, de mieux assurer la cohérence de la communication de l'entreprise, communication qui joue de manière significative sur le cours de bourse. D'autre part, l'automatisation des processus accélère la génération des chiffres financiers et aide ainsi à mieux répondre aux exigences des organismes de régulation des marchés.

Un autre problème posé par la mise en place du nouvel accord de Bâle dans les banques porte sur le volume et la qualité des données disponibles, sur leur hiérarchisation ainsi que leur utilisation au sein du système d'information. Ceci constitue le chantier le plus lourd sur le risque de crédit. Le travail se complexifie davantage avec la clientèle entreprise pour laquelle il faut tenir compte de données externes.

Aujourd'hui, les banques marocaines disposent d'un minimum de deux ans d'historisation, ce qui est peu pour que les modèles statistiques soient pertinents et c'est d'ailleurs une des raisons qui ont poussé Bank Al Maghrib à imposer l'application de la méthode standard, dans un premier temps, afin de recueillir plus d'informations nécessaires à l'application des méthodes avancées et mettre à profit toutes les données pour calibrer le risque à sa juste valeur.

Cet enjeu est crucial, en particulier dans le cas des grandes banques qui disposent souvent d'un système d'information très hétérogène évoluant depuis des dizaines d'années. Il faudra donc pouvoir transformer les données de leur format d'origine vers un format permettant leur insertion dans la base de données risque.

Ceci dit, l'enjeu en matière des systèmes d'information réside dans la problématique de transformer les données comptables en données de gestion facilitant ainsi la prise de décision en matière des risques de crédit. Collecte, identification, fiabilisation, standardisation des données sont donc un enjeu majeur pour arriver à bâtir une nouvelle stratégie de risque de crédit. Il faut en effet mettre à profit toutes les données pour calibrer le risque à sa juste valeur. L'évolution des réglementations et l'automatisation des procédures administratives font que les systèmes d'informations devront être de plus en plus souples, standard et ouverts

4- Impact sur la gestion des garanties :

Dans le cadre de sa politique de maîtrise de risque, la BMCE BANK a entrepris un grand chantier consistant en la mise en place d'une centrale de garanties. Ce projet est pris par le département risque. Il devra permettre de connaître, d'évaluer et de gérer ce patrimoine de biens, d'une part, et d'assurer un suivi dynamique et opérationnel pour faciliter l'accès à toute information requise par les autres services de la banque, d'autre part.

Ainsi, BMCE BANK veut aligner la gestion de ses garanties sur les contraintes bâloises et des meilleures pratiques. L'objectif principal de ce chantier est d'être en conformité avec l'approche standard (Basé sur des pondérations forfaitaires) et se préparer pour les approches avancées (approche plus exhaustive) en matière des garanties.

Par ailleurs d'autres Exigences ont été identifiés à savoir :

- La comptabilisation des garanties en hors bilan

- Le calcul des provisions spécifiques

- Etablir le lien entre les engagements et les garanties

- La valorisation des garanties reçues.

La gestion des garanties en conformité avec les exigences bâloises fait face à plusieurs contraintes, notamment :

- Absence d'une centralisation des garanties et historisation des données

- Non comptabilisation des garanties

- Absence de liens entre les garanties et les expositions.

Pour permettre la modélisation des taux de couverture ainsi que les L.G.D, BMCE BANK propose la catégorisation des collatéraux selon trois types :

- Collatéraux financiers

- Collatéraux personnel

- Autres.

Dans un objectif prudentiel et comptable chaque garantie (ou garanties) doit être liée à, ou aux engagements, qu'elle couvre.

Au préalable la centrale des garanties doit être interfacée avec le référentiel des engagements pour identifier les garanties spécifique (type 1/1), propre (type 1/n) ou globale (type n/n) afin de faciliter l'identification de la valeur de la garantie.

Ø Garantie de type 1/1 : une garantie couvre un seul risque : c'est le cas des contrats

Ø Garantie de type 1/n : une garantie peut couvrir plusieurs risques

Ø Garantie de type n/n : plusieurs garanties couvrant plusieurs risques

Une autre contrainte s'impose, c'est que les garants doivent être noté au même titre que les tiers de la banque d'où la nécessité de déposer des informations sur les garants.

Cette liaison doit être faite aussi bien avec un système de notation interne qu'avec un système de notation externe et cela représente finalement un double contraint vu l'indisponibilité de l'information.

5- Impact sur le périmètre de consolidation

Le Nouvel accord de Bâle sur les fonds propres s'applique sur une base consolidée aux banques à dimension internationale, ce qui permet le mieux de préserver l'intégrité des fonds propres des établissements dotés de filiales en éliminant toute double comptabilisation.

Le champ d'application du Nouvel accord intègre désormais, sur une base totalement consolidée, toute société de portefeuille à la tête d'un groupe bancaire, pour garantir la prise en compte du risque à l'échelle du groupe. Un groupe bancaire désigne un groupe qui exerce des activités à dominance bancaire ; dans certains pays, il peut avoir le statut de banque.

champs d'applications de Bâle II

Le Nouvel accord s'applique aussi à toutes les banques à dimension internationale, à chaque niveau au sein du groupe, également sur une base intégralement consolidée (voir le schéma cidessous).

Une période transitoire de trois ans est prévue pour les pays qui ne sont pas actuellement tenus d'effectuer une consolidation intégrale au niveau intermédiaire.

Dans toute la mesure du possible, l'ensemble des opérations de banque et des autres activités financières concernées menées au sein d'un groupe comportant une banque à dimension internationale sont consolidées. Ainsi, les unités - entités bancaires, entreprises d'investissement (lorsqu'elles sont soumises à une réglementation globalement similaire ou quand leurs activités sur titres sont jugées constituer des activités bancaires) et autres entités financières dans lesquelles il existe une participation majoritaire ou de contrôle devraient en principe faire l'objet d'une consolidation intégrale.

Il est parfois impossible ou peu souhaitable de consolider certaines entreprises d'investissement ou autres entités financières réglementées, notamment dans les cas suivants :

Participation par acquisition d'une créance contractée antérieurement et détenue à titre provisoire ;

Ø Participation soumise à une réglementation différente ;

Ø Exigence légale de non-consolidation aux fins des fonds propres réglementaires.

Il est alors impératif que l'autorité de contrôle bancaire obtienne suffisamment d'informations auprès des responsables de la surveillance de ces entités.

L'impact de la réglementation bâloise sur le périmètre de consolidation se fait particulièrement sentir au niveau des filiales de la société mère. En effet, le nouvel accord stipule que même si ces filiales ne sont pas assujetties aux dispositions bâloises, elles doivent remonter l'information de façon à ce qu'elle soit conforme à la demande de la société consolidant, opérant selon les directives de Bâle II.

Dans ce sens, le périmètre de consolidation de BMCE BANK se présente comme suit :

Filiales du Groupe

BMCE BANK

Banque

D'affaires

Filiales financières spécialisées

Autres

m

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo