II.6.3.3. Plicamycine
La plicamycine est à l'origine un antibiotique qui
possède une propriété hypocalcémiante. Son
mécanisme d'action repose sur l'inhibition de la synthèse d'ARN
dans l'ostéoclaste et interfère avec la différentiation
des précurseurs des ostéoclastes en ostéclastes matures.
La dose recommandée est comprise entre 15 à
25 g·kg-1 en perfusion intraveineuse lente de
4 à 6 heures. La dose peut être répétée
plusieurs fois en respectant un intervalle de 24 à 48 heures. La chute
de la calcémie s'observe dès la 12e heures
après l'initiation du traitement. Le problème majeur de cette
drogue est l'existence de nombreux effets secondaires graves. On note des
hépatites aiguës médicamenteuses chez 20 % des patients, une
néphrotoxicité, une thrombocytémie et un risque de
cellulite en cas d'extravasation. Devant cette toxicité il n'est plus
recommandé d'utiliser cette molécule. (Gucalp
and
all 1992)
II.6.4. Autres traitements
Les glucocorticoïdes sont en général
inactifs contre l'hypercalcémie. Cependant, leur propriété
d'inhiber la croissance du tissu lymphoïde néoplasique dans les
lymphomes ou dans les myélomes justifient leur utilisation. De plus,
leur capacité à agir contre l'effet hypercalcémiant de la
vitamine D en fait un traitement adapté dans les intoxications à
la vitamine D et dans les granulomatoses. La dose recommandée est de 200
à 300 mg d'hydrocortisone intraveineux pendant 3 à 5 jours.
Le phosphore peut diminuer rapidement la calcémie
lorsque celui ci est prescrit en intraveineux mais ce traitement est à
récuser car il entraîne la précipitation de complexes
phosphocalciques qui se déposent dans les vaisseaux sanguins, dans le
rein ou les poumons pouvant engendrer des défaillances organiques
majeures mettant en jeu le pronostic vital.
La dialyse péritonéale ou l'hémodialyse
sont utilisable notamment chez les patients insuffisants rénaux
chroniques. Ces techniques sont très efficaces si on utilise des bains
de dialyse pauvre en calcium. L'hémodialyse est la plus efficace des
deux méthodes puisqu'on peut épurer jusqu'à 6
g·j-1 contre 0,5 à 2 g·j-1 pour la
dialyse péritonéale.
II.6.5. Traitement de l'étiologie
C'est la partie la plus importante du traitement, car cette
correction va permettre d'éviter de façon définitive la
récidive de l'hypercalcémie. Ce traitement repose sur la
parathyroïdectomie qui préviendra d'une crise aiguë ou sur une
éventuelle chimiothérapie en cas de néoplasie. Le
contrôle médicamenteux sert à fournir du temps pour
planifier le traitement de la maladie sous-jacente.
Le maintien de l'homéostasie de la calcémie,
indispensable à la vie, est sous la dépendance de trois hormones
calciotropes: la PTH et le calcitriol hypercalcémiants et la calcitonine
hypocalcémiante. Elles agissent sur les sites d'absorption (grêle)
et d'élimination (rein) mais également au niveau du tissu osseux.
L'hypercalcémie résulte d'un déséquilibre entre les
flux entrants et sortants au niveau
de ces organes. L'hypercalcémie a de multiples
étiologies, mais dans la majorité des cas un interrogatoire et un
dosage de la PTH doivent permettre d'orienter le diagnostic. En dehors de la
crise hypercalcémique, l'anesthésie a peu d'interférences
avec le calcium par contre l'anesthésie doit prendre en compte le
terrain particulier de certains patients (HPT II). Le traitement de
l'hypercalcémie aiguë repose sur l'association de 4 objectifs. La
réhydratation, la diurèse entraînée
compensée, les inhibiteurs de la résorption osseuse et le
traitement de la cause. L'hypercalcémie aiguë interfère avec
la fonction cardiaque et rénale et peut mettre en jeu le pronostic
vital. Son traitement doit donc être instauré le plus rapidement
possible et en réanimation.
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