INTERACTIoN STRATieIQUE a RISQUE J eAUJ IT
Les recherches théoriques, par contre,
présentent un aspect plus homogène. Elles sont moins nombreuses,
moins « dispersées » dans le sens que leur objet
d'étude concerne soit les interactions stratégiques dans
la relation propriétaire-auditeur-dirigeant dans sa globalité,
soit les fondements de l'estimation du risque d'audit.
Il y a, par conséquent, deux domaines principaux de
modélisation d'audit :
1. la modélisation de l'interaction stratégique
dans la relation d'audit,
2. et la modélisation du risque d'audit.
Le présent mémoire conduit à une
discussion du premier domaine de modélisation d'audit; la
modélisation de l'interaction stratégique : dans le sens
que le choix stratégique de tout individu dans cette relation d'audit
(dirigeant, propriétaire, auditeur..., à titre d'exemple)
dépend et influence le choix stratégique des autres. Elle est
essentiellement liée à la théorie des jeux.
Mais, un bref aperçu est donné, dans les
paragraphes qui suivent, sur le second domaine de la modélisation en
audit et son champs d'application : la modélisation du risque
d'audit : son champs d'application concerne les logiciels d'audit (ou audit
informatisé).
Par contre, le domaine de la conceptualisation en audit, qui
est visualisé en marge de la figure n°4 de la page 33, pourrait
avoir un niveau de classification intermédiaire entre le
théorique et la pratique, mais pas entre le théorique et
l'empirique : Le conceptualisme est une philosophie commune à plusieurs
disciplines. C'est une doctrine scolastique qui stipule que le concept a une
réalité distincte du mot qui l'exprime. D'où,
conceptualiser veut dire former des concepts (ou organiser en concepts)
à partir de quelque chose, d'un domaine, d'une idée...
Dans le domaine comptable, le résultat d'une approche
similaire est la constitution d'un cadre conceptuel ayant pour rôle de
guider la pratique comptable. Pour l'audit, les essais abondent au niveau
anglo-saxon beaucoup plus qu'au niveau francophone ou autre. Mais, il n'y a pas
eu finalisation véritable de ces essais pour former un cadre conceptuel.
D'ailleurs, il serait en partie inconcevable de prétendre à la
création d'un cadre conceptuel « réunificateur » en
audit avant celle d'un cadre « réunificateur » de la
comptabilité, objet de vérification de la part de l'audit.
La « vraie » théorie d'audit, scientifique,
réside alors dans la modélisation. Les modélisateurs se
sont intéressés au début (et continuent moins
fréquemment à le faire actuellement) aux interactions
stratégiques de la relation tripartite d'audit. Ces modèles
puisent leur essence dans la quasi-totalité des cas de la théorie
des jeux et de celle des contrats. L'audit dans la théorie des contrats
constitue un moyen pour le principal de contourner les coûts d'agence qui
peuvent se réaliser par le fait de l'agent, étant donnée
l'asymétrie d'information favorisant l'agent par rapport au
principal.
Ensuite, et surtout suite au développement
pratique de l'approche par les risques, les modélisateurs se sont
intéressés (et continuent actuellement à le faire à
un rythme soutenu) aux fondements mathématiques de l'évaluation
du risque d'audit, empruntant certaines représentations de la
théorie des probabilités et de la théorie des croyances et
de l'algorithmique... comparés à la théorie d'aide
à la décision financière (individuelle), ces travaux de
modélisation peuvent être considérés comme une
théorie d'aide à la décision de l'auditeur ou d'audit,
dans le cadre de la planification d'audit ou de l'argumentation de l'opinion
finale de l'auditeur.
AUDIT INFORMATISÉ ET AUDIT INFORMATIQUE : [13
42
Ces recherches, en risque d'audit, trouvent facilement
écho dans le domaine de l'intelligence artificielle : Modéliser
la décision de l'auditeur, revient à structurer tous les
passages par lesquels « circule » cette décision : L'output
est, alors, le développement de logiciels d'audit, plus ou moins
perfectionnés, qui rassemblent essentiellement des questionnaires
d'audit sous un système « à vases communicants » qui a
pour but d'approcher le plus possible la bonne estimation des trois composantes
du risque d'audit Q43 dans l'étape de planification de la
démarche de l'auditeur, et de la bonne réalisation de
l'étape de contrôle final d'audit.
Les logiciels les plus perfectionnés
génèrent une plus fine estimation du risque d'audit. Ces
logiciels sont évidemment développés en interne chez les
Bigs et ne sont pas en vente. Ceux qui se trouvent sur le marché sont
donc moins perfectionnés. La Compagnie Nationale des Commissaires
1[1] 42 Cette sous-section est
inspirée essentiellement de mon cours « d'Audit Informatique »
donné aux étudiants de 4ème année
Sciences Comptables de l'ESC-Sfax. Ce cours est issu essentiellement des
conseils et du cours de Mr Jean-Paul LAMY (expert comptable français,
membre de l'AFAI et enseignant d'audit informatique pour la Maîtrise
--MSTCF- à l'Université de Paris-Dauphine que j'ai
rencontré à Paris). Cette sous-section s'est inspirée
aussi d'une conférence, qui s'est déroulée les 26-27
Février 2001 à l'ESC de Sfax, et qui a fait partie du chapitre
final de ce même cours de l'année universitaire 2000-2001. Cette
conférence a été donnée par un spécialiste
d'Audit Informatique, représentant de PriceWaterHouse-Coopers Tunis. Ma
sincère reconnaissance va à Mr Jean-Paul Lamy, à Mr Ahmed
Belaifa, Partner de PWC et Président du Conseil de l'OECT, à Mr
Lassaâd Borgi de PWC (le conférencier) et à Mr Mohamed
Triki, Directeur de l'ESC-Sfax, pour m'avoir permis et facilité de
telles initiatives. Sans eux, ni le cours d'audit informatique, ni cette sous-
section du présent mémoire n'auraient pu exister.
1[1]43 Risque d'Audit = Risque Inhérent +
Risque de contrôle + Risque de détection.
aux Comptes française, à titre d'exemple, a
notamment conçu et développé un logiciel similaire
Q44. Bien qu'il est commercialisé aussi hors de la France, ce
logiciel souffre de plusieurs lacunes dont la plus importante est l'absence
totale de paramétrage. Mais dans un environnement en perpétuel
changement, la pertinence de l'audit (même informatisé) est remise
en question en permanence :
q Actuellement, les entreprises comptent de plus en plus sur
les « progiciels de gestion intégrés » (PGI), tels les
ERP, les SAP, les JDE, ... pour améliorer leur organisation et
acquérir des atouts par une meilleure gestion de l'information (les
J.D.Edwards sont en train « d'inonder » le secteur hôtelier en
Tunisie, les S.A.P., le secteur bancaire...etc),
q Ces progiciels regroupent les meilleurs atouts pour une
entreprise à travers l'exploitation des « best practices »
dans chaque domaine ou secteur d'activité : ils sont complètement
paramétrables et complètement intégrés (ils ne
gèrent donc, qu'une base de donnée unique).
q Le marché des ERP à titre d'exemple, a
visé d'abord les multinationales, de telle façon qu'actuellement
il est devenu saturé : d'où, toutes les multinationales adoptent
actuellement une organisation dictée par leur progiciels de gestion
intégrés.
q Cette frénésie, dans l'adoption de tels
outils puissants de gestion, est expliquée surtout par
l'avènement du e-business : deux entreprises ayant des systèmes
d'information, complètement informatisés, complètement
intégrés et d'architecture à peu près similaire,
pourraient en tirer un avantage comparatif indéniable grâce
à une communication réciproque à travers les
réseaux du e-business, bien plus, elles constitueront elles-mêmes
un noyau solide et organisé à l'avance de ces réseaux
e-business...
Ce marché s'est orienté, maintenant, vers les
PME : ces progiciels de gestion intégrés sont actuellement en
phase finale de conception et de test dans certaines PME. Conçus,
préalablement, pour des structures organisationnelles géantes,
leurs créateurs ne trouveront aucune difficulté à les
« rebâtir » à échelle réduite.
C'est ce qui constitue le défi majeur pour tout
auditeur dans le monde : ces logiciels sont en train de conquérir
sûrement et rapidement toute entreprise. Ils constituent un coût
non négligeable pour l'entreprise certes, mais ce même coût
serait multiplié si l'entreprise choisisse d'opérer, par
elle-même, des changements semblables dans sa structure, son organisation
et son système d'information. Le gain de coût réside dans
le fait que ces progiciels regroupent les bestpractices en termes
d'organisation et de gestion de système d'information.
Q44 MCC (version 3, actuellement) fonctionne sous
logique Windows. Mais, bien que commercialisé en Tunisie, il souffre
d'un manque de paramétrage très important...
Par conséquent, si, dans quelques années, toutes
les PME acquièrent, installent, ces P.G.I., et s'organisent en
conséquence, n'importe quel auditeur devrait impérativement
adopter, en phase préliminaire à sa démarche d'audit et
à sa planification, une approche critique à ces logiciels,
puisqu'ils constituent le noyau, le coeur vivant de la firme. Par
conséquent, l'auditeur doit être apte à le faire : il doit,
impérativement, développer le plus vite possible les
compétences nécessaires à la réalisation de cette
étape d'audit, puis acquérir l'expérience suffisante en ce
domaine gI145.
L'opinion finale d'audit (quel qu'en soit le type : financier,
stratégique, opérationnel...) se basera majoritairement donc, sur
l'analyse de fiabilité de ces systèmes informatiques fonctionnant
à travers les P.G.I., et à un moindre degré, sur tout le
reste des événements touchant de près ou de loin à
l'entreprise auditée, n'importe quelle entreprise auditée.
Pour revenir à la modélisation de la
décision de l'auditeur dans l'appréciation du risque d'audit, il
faut imaginer le futur de l'audit, suite à ces évolutions
informatiques, comme adéquation entre le logiciel d'audit (qui se
base sur la modélisation du risque d'audit pour fonctionner) et ces
logiciels de gestion intégrés (qui se basent sur la
modélisation de la décision de gestion). Évidemment, cette
adéquation n'est opérationnelle que pour tout ce qui touche
à l'aspect automatique, répétitif, mécanique des
actions à auditer. Par contre, les aspects de jugement, qualitatifs,
exceptionnels... ne pourraient être intégrés à ces
logiciels que de façon peu prononcée. Une telle adéquation
serait-elle, alors, possible ? l'important pour l'auditeur est de comprendre le
« comment » pour se préparer en conséquence.
En bref, il s'agit là d'un créneau de
modélisation d'audit, parmi deux, comme il a été
précisé ci- dessus. Le présent mémoire compte,
certes, discuter certains aspects de la modélisation d'audit, mais
seulement de la modélisation qui traite essentiellement de
l'interaction stratégique entre les individus en relation d'audit,
et non de la modélisation qui traite du risque d'audit.
Mais, en fait, qu'est ce qu'un modèle ? et qu'est-ce qu'un
modèle d'interaction stratégique ?
gI145 On peut citer le C.Ob.I.T. (Control
Objectives in Information Technologies) de l'ISACA (Information System Auditing
and Control Association), comme meilleure référence mondialement
reconnue dans le domaine (1) de la formation en audit de la fiabilité
des systèmes informatiques des entreprises et (2) dans la normalisation
de la démarche d'audit en ce domaine.
11;1346 Je tiens ici à remercier vivement Pr
Rick ANTLE, pionnier de la modélisation de l'auditeur en tant qu'agent
économique, pour m'avoir aidée (par e-mail) à
rédiger cette partie délicate sur l'essence de la
modélisation.
Un modèle, est un ensemble de propositions ou
d'équations décrivant, par des formes simplifiées,
quelques aspects de notre expérience. Chaque modèle est
basé sur une théorie qui n'est parfois pas établie
formellement. C'est aussi un élément matériel ou appareil,
un schéma ou procédure, typiquement utilisé dans l'analyse
de systèmes pour prédire les conséquences d'une
série d'action.
POURQUOI MODÉLISER ? :
Les modèles mathématiques sont fort utiles parce
qu'ils aident à mieux orienter le processus déductif du
chercheur : Quand un résultat d'un modèle est prouvé, une
réalité « vraie » est établie. Ce qui constitue
une avance indéniable dans la recherche. Le processus de formulation, et
par la même, d'identification d'un problème, et le processus de
preuve des éléments du modèle, améliorent
essentiellement la compréhension de ce même problème.
« Des idées meilleures se construisent sur les aspects cruciaux
du problème à travers sa modélisation ». La
grande difficulté, après, est de vérifier empiriquement le
modèle. En fait, les biais d'expérimentation sont parfois si
importants qu'ils empêchent purement et simplement l'application du
modèle au monde réel.
LA FALSIFIABILITÉ, UN CERCLE VICIEUX ? :
L'importance des biais d'expérimentation -tels le
manque de données, la non adéquation des variables proxy choisies
aux variables réelles à expliquer, non adéquation de ces
variables proxy due à l'importance du degré d'abstraction du
modèle par rapport à la réalité, etc...- rend
difficile, voire impossible, une vérification complète et
parfaite d'un modèle donné. Or, selon le principe de
falsifiabilité de Poper, une théorie reste vraie «
jusqu'à preuve du contraire », c'est à dire jusqu'à
prouver sa falsification. Comment alors sortir de ce cercle vicieux entre
modèle vrai « en attente » et outils de falsification «
introuvable » ?
Tout modèle est une représentation
incomplète de la réalité, sinon, il ne serait pas «
modèle », il serait description. « Si le modèle
réussit bien à expliquer une réalité, il n'est
pas nécessaire qu'il soit littéralement vrai ». Notre
compréhension de notre monde est incomplète. Le perfectionnement
de cette compréhension dépend surtout de la finesse de l'analyse
du chercheur.
Le travail des chercheurs est alors d'améliorer
cette compréhension et non de « ramasser » une ou des
réalités.
En ce qui concerne la science comptable, Mattessich affirme
même qu'elle relève du domaine des sciences sociales et non des
sciences pures. Elle est, en plus, une science appliquée. Mattessich R.
approfondit le raisonnement, dans ce type d'analyse de la science comptable, en
affirmant même qu'il est contradictoire de prétendre
vérifier ses théories sous-jacentes, et les modèles y
relatifs, à travers l'expérimentation, alors que ces
théories elle-mêmes accusent des « zones indéfinies
» M47.
1. « there is fundamental difference between... the
economics (and sociology) of accounting... and accounting as an applied
science,
2. economics of accounting alone cannot explain
rationality ... ».
Mattessich R. V. [1995,p.222]
Ces « zones indéfinies » de Mattessich
reviennent toutes ou presque à des VALEURS DE JUGEMENT, exclusivement
humaines, comme l'utilité, (pour la plus-value, le
bénéfice, la valeur d'échange, la perte...) comme la
rationalité (dans les prises de décisions...). D'où :
IL SERAIT, NORMALEMENT, PLUS LOGIQUE AUX MODÉLISATEURS,
D'APPROFONDIR D'ABORD LA CONSTITUTION ET LA FORMATION DE CES VALEURS DE
JUGEMENT, AVANT D'ENTREPRENDRE DE MODÉLISER LES COMPORTEMENTS OU LES
DÉCISIONS DES INDIVIDUS ÉCONOMIQUES, ET DES PROFESSIONNELS
COMPTABLES (ET LEUR ENTOURAGE) EN PARTICULIER.
D'autre part, l'utilité de l'expérimentation
devient importante surtout lorsqu'elle permet la maîtrise des conditions
de l'expérimentation et de son environnement, ce qui est mis en relief
surtout par les méthodologies de laboratoire et de simulation. Alors que
les études statistiques des données réelles sont surtout
utiles pour procurer au modèle une validité externe, tel le cas
de l'économétrie...
Bref, le processus d'expérimentation actuel, à
notre avis, ne doit pas être pris à part, pour vérifier une
théorie à part. Puisque Williamson O.E. affirme que l'entreprise
est un « nexus of treaties », toutes les théories
économiques, et celles en relation avec l'économie
(psychologie, histoire, sociologie, philosophie,...), doivent être
considérées comme un « nexus of theories » qui
47 Y compris les notions de valeur, de
résultat, de plus-value, l'utilité, la rationalité...
Q48 Si la théorie positive comptable
basée, par exemple sur l'agence, ne réussit pas à
vérifier certains aspects, cela ne veut pas dire qu'elle est fausse,
mais qu'elle devrait peut-être attendre l'avancement d'autres
théories (comme les coûts de transaction, les mathématiques
floues, la psychologie...) pour pouvoir avoir, à travers eux, un regard
différent et donc de meilleures explications, empiriquement mieux
vérifiables.
Q 49 à ne pas confondre prédiction et
prévision !
Q 50 Citation rapportée par Goldstine H. «
the computer from Pascal to Von Neumann » 11972, p. 2971 cité dans
Gonzalez P. 12001, I1. Q51 The New Palgrave : A Dictionary of
Economics 1998 (traduction libre).
Q 52 Par exemple, le « modèle »
sur lequel se base un fermier (l'expert) pour deviner l'occurrence de la pluie,
est un modèle à la fois corrélationnel, puisque pour lui
la nature des nuages et la direction du vent sont corrélées avec
la pluviométrie, et c'est aussi un modèle de jugement, puisqu'il
se base sur un système déductif de jugement qui lui est propre.
Ce critère « de jugement » ou « jugemental » sera le
point focal tout le long de ce travail.
essaye d'avancer des explications du « nexus of treaties
». Le processus empirique actuel pourrait avoir la possibilité
d'être, alors, mieux perçu de ce point de vue là
Q48.
MODÈLES MATHÉMATIQUES ? :
L'on se demanderait peut-être sur la différence
entre modèles économétriques et modèles
mathématiques. Cette différence est de taille : Un modèle
économétrique essaye d'établir à partir de
données statistiques observées et d'outils statistiques
aussi, des relations, quantifiées, qui permettent ensuite la
prévision. Alors que le modèle mathématique est
abstrait. Il ne subit aucun biais dû à l'observation ou
à l'expérimentation, et il sert surtout des objectifs de
compréhension de la réalité, et donc de sa
prédiction Q49... Mais les modèles
mathématiques abstraits subissent parfois des résistances de la
part de certains groupes de chercheurs, sous prétexte de leur
complexité mathématique. Von Neumann J. dit notamment, contre les
tenants de la complexité mathématique de la modélisation
:
« If people do not believe that mathematics is simple, it
is only because they do not realize how complicated life is » Q 50.
Dans le domaine de la modélisation, différents
types de modèles existent Q 51 :
T DE È ET LEURS
ANTINOMIQUES
|
Formel, analytique : formulé par une expression
|
de jugement ou « jugemental » : formé par les
déductions et
|
les estimations faites en principe par un expert dans le
domaineQ 52
|
mathémati ue, un dia ramure, un tableau... q g
|
causal : il reflète une relation de cause à
effet
|
corrélationnel : n'a pas pour objectif de mettre en
évidence
|
une relation causale, mais de mettre en évidence
simplement une relation entre les éléments du modèle
|
|
déterministe : génère une réponse
à la question
|
stochastique : génère la réponse grâce
à une distribution de
|
probabilité -
t (ex les conditions du modèle sont
aléatoires),
partiellement aléatoire, incertain ou non continu
|
posée par le modélisateur grâce à une
« règle »fixe
|
dynamique : décrit le mouvement temporel du
|
statique : décrit ce phénomène pour un
instant donné...
|
phénomène à modéliser
|
|
Tableau 4 : types de modèles et leurs
antinomiques
Si on se demande quel est le « centre
d'intérêt » de tous ces types de modèles,
groupés dans cette taxonomie ? la réponse serait triviale :
« Comprendre comment et pourquoi l'individu agit ainsi en économie
». A vrai dire, ces modèles posent des questionnements beaucoup
plus sur le pourquoi, que sur le comment de ce comportement
économique : Le « pourquoi » établit la relation entre
les agissements de l'individu et son environnement (y compris le passage du
temps).
LE « COMMENT » EST BEAUCOUP PLUS DIFFICILE À
IDENTIFIER PUISQUE RELATIF À DES PHÉNOMÈNES
COGNITIFS ENCORE MAL CONNUS, OU DU MOINS TRÈS PEU EXPLORÉS
PAR LES SCIENCES DE LA PSYCHOLOGIE ET SOCIOLOGIE.
Les modèles mathématiques économiques et
ceux appliqués à l'audit, gagneraient à «
internaliser » ces phénomènes cognitifs pour mieux expliquer
le comportement économique de l'individu.
L'individualisme méthodologique, de
l'école Autrichienne, poursuit un raisonnement semblable quoique non
encore complètement structuré : il met en doute la
capacité de la théorie économique néo-classique
à expliquer, par elle-même, le comportement de l'individu.
Il adopte la rationalité limitée de Simon H., mais appelle
à intégrer, par ces théories du comportement, une
composante éthique qui rendrait la théorie
économique plus « humaine ». D'autres courants de cette
même école, appellent à un rejet radical de la
rationalité (illimitée) de l'homo ceconomicus
néo-classique en faveur d'une subjectivisation du comportement
économique, c'est à dire le rendre plus lié aux valeurs
« psychologiques » de jugements, qu'à des modèles
mathématiques mécanicistes U153. A notre
sens, le rôle de la théorie positive, là, serait alors
plutôt d'aider à déterminer ces valeurs psychologiques de
jugement que de s'acharner à vérifier empiriquement des
modèles mathématiques mécanicistes trop abstraits par
rapport à la réalité, puisqu'elle cherche toujours le
« pourquoi » de la chose.
SERAIT-IL ALORS POSSIBLE D'INTEGRER AUX MODÈLES
MÉCANICISTES D'AUDIT DES COMPOSANTES PSYCHOLOGIQUES ADÉQUATES,
QUI PUISSENT AMÉLIORER CES MODÈLES ET LES RENDRE MIEUX TESTABLES
EMPIRIQUEMENT ?
U153 Chambon J-P 11996, chap.IVJ.
L'idée focale de ce travail est, donc, de
réexaminer un modèle d'audit, choisi, pour y identifier la, ou
les, composantes qui sont les plus liées à des valeurs de
jugement, et d'essayer de modifier par exemple leur structure
mathématique, de façon à ce que ces composantes deviennent
déterminables par ces valeurs de jugement mêmes. Les travaux de la
théorie positive pourraient être, ensuite, exploités pour
déterminer de quels valeurs de jugement il s'agit.
Pour mieux expliciter cette idée, nous allons choisir
un modèle d'audit qui à notre sens semble assez
mécaniciste, pour le décortiquer et l'analyser de manière
critique, par rapport aussi bien aux théories économiques que la
théorie des coûts de transaction, que de la rationalité,
que de la théorie des jeux, qu'à certaines observations issues de
la réalité,... ce qui fait l'objet du chapitre II.
Le résultat de cette analyse critique devrait aboutir
à l'identification des composantes du modèle, qui puissent
être sujettes à modification. Le chapitre III proposera alors un
essai de modification de la structure mathématique de ces composantes,
qu'on peut qualifier de « jugementales », par la théorie des
sous-ensembles flous, branche mathématique inventée
essentiellement pour rapprocher la logique mathématique exacte
à la logique humaine approximative.
Procédons, par conséquent, à l'analyse
critique du modèle d'audit de Datar Srikant M. et Alles Michael G. de
1999, et qui est le plus récent en la matière, dans le chapitre
II qui suit :
C~AfrITRE II 44
A~AUSE CRITIovE DE DATAR et AuES f1999
|
Les modèles d'audit peuvent appartenir à chacun
des types cités au chapitre précédent, moyennant quelques
explications : Les modèles de l'interaction stratégique en audit
sont essentiellement des modèles qui essaient d'expliquer le
déroulement de la relation « économique » entre les
personnes ayant recours ou subissant l'audit. Ils sont essentiellement une
application de la théorie des contrats à la relation d'audit.
Ce sont alors des modèles de jeux à deux ou trois joueurs
M54, dont l'équilibre est décrit par la connaissance
des « règles du jeu » (les joueurs, leurs séries
d'actions, leurs ensembles d'informations, leurs stratégies...) et les
frontières tracées par les utilités de chacun des joueurs.
Ces modèles sont alors Q 55 :
F Rdets
|
|
puisque exprimés par des équations
mathématiques et des tableaux de stratégies (forme normale,
stratégique, algébrique...)
|
CAUS.iliS
|
|
puisque l'équilibre n'est atteint que si les relations
causales jouent entre actions et payoffs, dans les séquences du jeu,
pour chaque joueur et entre les joueurs,
|
DÉ
|
|
surtout les premières modélisations, simples,
à information parfaite,
|
S
|
|
autrement dit probabilistes, surtout lorsqu'ils relatent l'effet
du temps (modèles répétitifs et dynamiques),
|
S
|
|
essentiellement les premiers modèles simples à
période unique,
|
D
|
|
Lorsqu'ils sont des jeux séquentiels, à
périodes finies ou infinies.
|
É
|
|
certaines études empiriques essayent, à travers
des variables « proxy », d'établir une relation allant dans le
même sens que les prédictions de la théorie des contrats.
Mais la théorie en elle-même, veut établir une
causalité entre les comportements : l'objectif des modèles de
l'interaction stratégique d'audit n'est pas, alors, d'examiner si une
variable est en relation avec une autre, c'est plutôt l'apanage des
modèles économétriques,
|
i
|
?
|
ce critère est abordé plus amplement dans la suite
de ce travail.
|
Tableau 5 : Topologie des modèles d'audit
La modélisation de l'interaction stratégique en
audit est un courant de recherche strictement théorique. Son objet a
été de résoudre les conflits d'intérêts
existants dans la relation tripartite d'audit. Cette direction de recherche a
commencé vers le début des années 80, à
l'Université de Stanford. En 1980, Antle Rick, a été
pionnier en affirmant que l'auditeur peut être modélisé
comme un agent économique. Il concevait l'auditeur comme un agent
économique à part entière, qui pouvait avoir des
goûts et des désirs : les goûts sont traduits par une
fonction d'utilité, les désirs par les incitations que peut
contenir le contrat établi avec le principal. Alors que les
modèles qui l'ont précédé, concevaient l'audit
comme un acte avec un coût, modélisé en tant que contrainte
imposée au dirigeant par le principal (investisseur, créancier,
actionnaire...).
Q54 Pour les modèles de signaux, ce nombre peut
être beaucoup plus important.
Q55 Inspiré du "The New Palgrave : English
Dictionary of Economics".
Ensuite, Datar Srikant M., en 1985, a exploité la
modélisation du concept de réputation, par Kreps, pour
l'introduire dans un modèle d'audit LU56 et traiter ainsi la
réputation de l'auditeur.
MODÉLISATION D'AUDIT ET THÉORIE DE LA
RÉGLEMENTATION :
Laffont & Tirole [1988, ch.12] examinent les
modèles d'audit dans un cadre de réglementation LU57,
pour étudier l'effet de l'audit sur la force des contrats d'incitation
des firmes réglementées, et pour analyser la collusion entre
auditeur et firme auditée par rapport au régulateur (Etat,
membres du Parlement...).
Rabah L. [1996] examine le rôle de l'audit
(vérification à posteriori) dans la politique de
réglementation : Ce cadre traite les situations d'asymétrie
d'information où un agent, (une firme) en monopole naturel, est
incité par le principal qui est le régulateur (ex : l'Etat) pour
faire certains effort pour augmenter le bien-être social. Il trouve que
l'audit est efficace pour réduire une rente informationnelle de la firme
et l'emmener à fournir l'effort optimal, mais il trouve que la
validité de l'audit est intimement liée à
l'efficacité du système de vérification utilisé,
efficacité en termes de rendements d'échelle non croissants de
l'industrie d'audit. En fait, il exploite un modèle qui impose des
conditions théoriques sur la fonction technologique d'audit, fonction
qui retrace la relation entre le coût de la vérification et la
qualité ou valeur de l'information extraite par la vérification
LU 58.
La modélisation de l'interaction stratégique en
audit dans le domaine la théorie de la réglementation, ne fait
pas l'objet du présent travail, mais des idées
intéressantes peuvent en être tirées (concernant la
fonction technologique d'audit et ses caractéristiques). Ce qui est
focalisé ici c'est l'interaction stratégique qui existe entre
deux « particuliers » : des individus (dirigeant, auditeur,
propriétaire) ou des firmes (firme d'audit, firme auditée, firme
de management...) qui sont non réglementées.
LU56Il s'agit là de la thèse de Ph.D.
de Datar Srikant M., hélas il n'a pas été possible de
l'avoir ni par l'Université de Stanford, ni par son auteur.
LU57 Réglementation se traduit en anglais
par "regulation". Mais cette théorie diffère complètement
de celle de la "régulation" à la française [Fontvieille
L., Boyer...1 : qui étudie l'évolution des économies
à travers les siècles (temps longs) et les déterminants de
cette évolution, notamment la théorie des cycles de Kondratieff,
et la théorie de l'innovation destructrice de Schumpeter :
q L'école de la régulation montre que
l'évolution économique entraîne une modification
nécessaire de l'organisation sociale. Tant que cette nouvelle
organisation sociale n'est pas définie, il y aurait crise pour
détruire l'organisation sociale précédente...
q Alors que la théorie de la réglementation
traite les échanges que fait l'État avec toute autre partie,
l'État devient un simple agent économique comme tout autre et non
pas l'État redistributeur de revenu, injecteur de monnaie, de Keynes.
LU58 Pour une revue des modèles d'audit dans
le cadre de la réglementation, voir Baron et Besanko [19851, Kofman et
Lawarrée [19891, Lewis [19901... Cette branche est née suite aux
études économiques de Kahn [19711 et de Berg et Tschirhart [19881
qui ont montré que les manipulations comptables réduisent la
valeur de l'information sur les coûts et donc l'efficacité du
système de contrôle de gestion de firmes
réglementées.
IE MODÈIE D4A4 112221 44
Le plus récent des modèles d'audit est celui de
Datar Srikant M. et Alles Michael [1999] (DA [1999]) M59. Il propose
comme solution, pour atténuer l'aléa moral entre manager et
propriétaire de firme, l'engagement d'auditeur ayant une bonne
réputation de professionnel diligent.
Le modèle DA [1999] se base alors sur le modèle
de Kreps et Wilson [1982(a)] pour prouver que la réputation est
une solution valide contre l'aléa moral. Néanmoins, le
modèle de DA [1999] ne prend pas la réputation comme
élément exogène, mais plutôt essaie de la rendre
endogène au modèle, pour expliquer mathématiquement
(à l'équilibre) comment et pourquoi se forme la réputation
d'un auditeur.
Le modèle parle de « local reputation » pour
restreindre ce concept à ce que connaît le propriétaire et
le manager sur l'auditeur, (auditeur interne essentiellement qui établit
une relation assez durable, pour que sa construction de réputation soit
possible et opportune) pour se prononcer sur sa réputation et du coup
sur son type, et non pas à ce que connaissent les tierces parties sur
cet auditeur.
Il use enfin du pouvoir de recours à certains types
d'investigation, du propriétaire, pour statuer sur la
réalité de la réputation de l'auditeur en cas de doute
(s'il s'agit d'un auditeur « faible » (ou peu professionnel) qui veut
donner l'impression d'être « fort » (très professionnel)
).
Il propose comme équilibre, celui inventé par
Kreps et Wilson, appelé « équilibre
séquentiellement rationnel » : Le manager essaie à
chaque étape du jeu (c'est un jeu dynamique à périodes
finies), de réviser ses croyances concernant le type de l'auditeur pour
affirmer ou infirmer ses croyances à priori et décider ensuite
comment agir et divulguer sincèrement ou pas le résultat de la
période.
Les caractéristiques du modèle D.A. [1999] sont
résumées dans le tableau suivant :
59 Par un e-mail de son auteur Datar Srikant M.
(Harvard Business School).
CÉ
DU E DA 119991
|
MM CA TI OP/
|
Jeu à trois joueurs
|
Manager, ( + nature), auditeur, et propriétaire (suivant
l'ordre du jeu d'étape).
|
Jeu dynamique [13 60
|
Le jeu d'étape se déroule durant une
période t, mais pour chaque période précédente ou
suivante, le même jeu d'étape se répète mais avec
des données qui peuvent être différentes de celles des
autres étapes, donc, le jeu d'étape est séquentiel et
n'est pas systématiquement et exactement répété.
|
La Réputation de l'auditeur est endogène
|
Elle dépend des stratégies des joueurs et aussi
des états de la nature. Les joueurs, autres que celui qui construit sa
réputation, bénéficient de cette réputation. Les
modèles précédents présentent la réputation
de l'auditeur comme connaissance commune et exogène touchant la richesse
du cabinet ou la qualité des travaux...
|
Versement des Payoffs
|
Se fait à la toute fin du jeu, ce qui incite les joueurs
à comparer le coût d'opportunité émanant de la
construction de réputation avec celui des premières
périodes du jeu.
|
Nature de l'Équilibre
|
Séquentiellement rationnel [13 61: il est
Bayesien parfait mais, en plus, il ne peut traiter que des couples de
stratégies-croyances discrets (non-continus).
|
Tableau 6 : Caractéristiques de DA [1999]
L'information est caractérisée dans le
modèle D.A. [1999] comme suit :
C É m
|
E CATIO N
de Rasmusen [1989, p.51] ( Traduction libre)
|
tm DANS II
MODEM DE D.A.
119991
|
Parfaite
|
Chaque ensemble d'information est un
singleton.
|
Imparfaite : l'action du manager et le type de
|
l'auditeur sont cachés pour l'un et l'autre ainsi que
pour le dernier joueur, le propriétaire.
|
Certaine
|
La nature ne joue pas après le jeu des joueurs
|
Incertaine : la nature joue après le manager.
|
Symétrique
|
Aucun joueur n'a une information différente de celle
des autres joueurs quand il joue, ou aux noeuds finaux.
|
Asymétrique : existence d'aléa moral (impur)
|
|
Complète [13 62
|
La nature ne joue pas en première, sinon, son premier
jeu est observable par tous les joueurs.
|
'
Incomplète : le jeu de la nature n est
|
observable que partiellement par le manager.
|
Tableau 7 : L'information dans DA [1999]
N.B. : Généralement, dans un jeu à
information incomplète, la nature commence le jeu en
sélectionnant le type d'un des joueurs, la plupart des
modélisateurs ne pensent pas que ce mouvement puisse caractériser
le modèle comme un jeu à information incertaine.
[1360 - « Il y a plusieurs sortes de
jeux dynamiques. Les jeux répétés en constituent une forme
très particulière. Un jeu est « dynamique » dès
qu'il comporte plus d'une étape (ex : que les joueurs n'ont pas qu'une
seule action à poser de manière simultanée). Un jeu
répété est un jeu de dimension infinie (comportant un
nombre infini de branches) mais possédant une structure très
régulière : le même jeu (statique ou dynamique -- le jeu
d'étape-) est systématiquement répété et les
payoffs transitoires sont versés à la fin de chaque étape.
En général, dans un jeu dynamique ordinaire, les payoffs peuvent
n'être versés qu'à la toute fin ». Gonzalez P.
120011
- Par un e-mail du 5.11.01, Rasmusen Eric dit à ce
sujet : « A dynamic game is one with moves in sequences. A repeated one
repeats the same moves ».
[1361 Selon Rasmusen E. 11989, p.1101 :
L'équilibre séquentiellement rationnel ne s'applique,
évidemment, qu'aux jeux séquentiels. Il se diffère de
l'équilibre du « backward induction » (récurrence
à rebours ou équilibre en sous-jeu parfait) et de
l'équilibre parfait de « trembling hand » (main tremblante).
Alors que Guerrien B. 11995, p.921 confond complètement équilibre
à main tremblante et équilibre séquentiellement rationnel.
Blume L.E. & Zame W.R. 119941 ont démontré
mathématiquement que les deux équilibres sont
différents.
[1362 Depuis 1967, avec la contribution de John
HARSANYI, la définition de l'information complète a changé
: Avant, un jeu à information complète signifiait que tous les
joueurs avaient connaissance commune de toutes les règles du jeu
(actions propres, actions des autres joueurs, les issues possibles et les gains
y associés, et les motifs des autres joueurs). Les théoriciens
étaient alors incapables de résoudre les jeux à
information incomplète. Harsanyi a alors transformé ces cas en
jeux à information complète mais imparfaite : en leur ajoutant un
joueur fictif, la nature, en début du jeu, pour « perturber »
le système.
Le propriétaire :
Le propriétaire est vaguement définit dans ce
jeu M63. Ses gains en fin du jeu sont passés sous silence.
Ses préférences sont succinctement expliquées... Les
modélisateurs ont agit ainsi afin d'insister plus sur l'interaction
manager-auditeur plus que sur les relations propriétaire-manager et
propriétaire-auditeur. En fait, ce propriétaire de firme ne peut
observer ni les actions du manager (wd, wn), ni celles de l'auditeur (id, in),
ni le résultat réel de son entreprise (xd, xn) M64.
PROPRIÉTAIRE-MANAGER : Au début de chaque
période, il propose un contrat au manager, en l'incitant à
choisir l'action wd, pour maximiser l'occurrence (pd) de bons résultats
(xd). Un aléa moral est supposé exister, de la part du manager,
qui peut seul observer ses propres actions et le résultat réel
conséquent, de la période. A la fin de la période, il
rapporte au
propriétaire un résultat (x d ou xn) qui peut
être non conforme au résultat réel qu'il a observé.
Le
contrat qui lie le propriétaire au manager se base sur le
résultat communiqué par le manager (x d
ou xn), pour que ce dernier reçoit une somme (s) fonction
du résultat rapporté, s ( xi ) / i=d, ou i=n.
PROPRIÉTAIRE-AUDITEUR : Le propriétaire
propose aussi un contrat à l'auditeur (interne) stipulant une
compensation (f)t constante. Le propriétaire a la possibilité
aussi de recourir à une investigation touchant à la
responsabilité de l'auditeur : en d'autres termes, cette investigation
peut découvrir si l'auditeur a été négligent ou pas
dans son travail M65. Le contrat de l'auditeur comporte alors un
paiement de dommages au cas où la négligence de l'auditeur est
confirmée. Mais le coût de l'investigation est tellement
élevé pour le propriétaire, qu'il lui est impossible
d'annuler complètement l'effet de l'aléa moral dans la relation
propriétaire-auditeur, DA [1999, p. 406]. Pour cela, dès qu'il y
a divulgation de résultat désiré par l'auditeur et le
manager, le propriétaire ne recours pas automatiquement à
l'investigation de l'auditeur mais recourt à une stratégie mixte
d'investigation, pondérée par une probabilité O...
Par conséquent, l'utilité du
propriétaire, qui n'a pas été explicitée par
l'article de DA [1999], serait positivement affectée par le
résultat xd de la firme et sa probabilité pd d'occurrence, par
les pénalités à payer par le manager s'il est
découvert par l'auditeur, et par les pénalités à
payer par
l 'auditeur s'il est découvert par le
propriétaire. Elle sera négativement affectée par le
résultat xn
M63 À la page 404 de l'article, Datar et Alles
le perçoivent en tant que « propriétaire » face au
dirigeant, ou bien en tant que « comité de direction » (board
of directors) face à aux dirigeants opérationnels (operating
managers). Les auteurs ne parlent guère de gouvernance.
M64 d = désiré et n =
non-désiré, (par le propriétaire de la firme).
M65 Cette investigation peut prendre la forme de
« revue par les pairs » (Peer Review, bien que les auteurs
eux-mêmes ont avoué la faiblesse de ce système de
contrôle professionnel aux USA...), ou d'action en justice, ou de
comparaison avec l'audit externe...
de la firme, par le salaire s du manager, par les honoraires ft
de l'auditeur et par le coût c d'investigation de l'auditeur.
Le manager :
Si le manager décide de faire l'action
désirée par le propriétaire wd, il affectera ainsi la
probabilité d'occurrence d'un bon résultat de la firme (xd)
pour une période donnée, mais il aurait une
réduction d'utilité due à l'effort fournit, et
vice-versa.
- Cette désutilité est notée :
D(wit) avec i=d ou i=n, et t allant de T à 1, telle que D
(wd) > D (wn) quelque soit t.
- L'utilité du manager par rapport à sa
compensation (s) est de forme VNM, et s'exprime par : Ø(s)
avec Ø'(.)>0 et Ø"(.)<0 à chaque
période t.
- À la fin du jeu, l'utilité totale du manager
s'exprime comme :
T UM=pØ(S)-(wi
- Le manager dispose aussi d'une utilité de
réserve C.IM correspondant à son salaire
d'opportunité, à chaque période,
- Le manager peut, enfin, souffrir d'une
désutilité j9 due à la pénalité
qu'il doit payer si l'investigation du propriétaire
détecte sa divulgation mensongère.
L'auditeur :
Le propriétaire fait recours à l'auditeur
interne pour vérifier la conformité de xi à xi .
L'auditeur doit alors accepter le contrat qui lui stipule des honoraires
(ft) ou « flat fee », dépendants seulement de la
période t et non de l'indice i, donc indépendants de l'action
de l'auditeur, ce qui rejoint l'avis des normes d'expertise comptable
et d'audit sur l'indépendance de l'auditeur du point de vue de
ses honoraires M66.
- L'utilité de l'auditeur Q(ft) est aussi de forme VNM
telle que : Q'(.)>0 et Q''(.)<0 pour chaque période,
- L'auditeur souffre comme le manager d'une
désutilité s'il fait bien son travail. La
désutilité est R(ij) avec R(id)>R(in) (i n'est plus
ici l'indice égal à d ou n, mais plutôt une action
d'audit, et j devient l'indice égal à d ou n),
66 Ici, il faut relativiser l'institution de
l'audit interne à l'environnement socio-économique
américain et anglo-saxon : En fait, en Tunisie, l'auditeur
interne est typiquement un salarié, dépendant de la firme, son
rôle se limite à aider la direction dans ses actions de gestion
et non à vérifier la véracité de ses
rapports. Les normes d'expertise comptable et d'audit anglo-saxonnes
s'appliquent à tout type de comptable, alors que juridiquement
en Tunisie, l'auditeur interne n'a pas les mêmes obligations (surtout de
divulgation) que l'auditeur indépendant...
- L'utilité totale de l'auditeur à la fin du jeu
s'exprime par :
T
UA =P,Q( ft )-
- L'auditeur dispose aussi d'une utilité de
réserve LIA minimale,
- Si l'auditeur s'avère être professionnellement
négligent (après investigation par le
propriétaire), son contrat stipule un paiement de dommages au
propriétaire, ce qui pourrait rendre sa compensation
négative pour une période donnée.
Time-line du modèle :
Le propriétaire compare
<
le rapport du dirigeant x i
Le dirigeant rapporte
au propriétaire avec le rapport
de l'auditeur
un résultat 1i puis
décide d'investiguer
ou pas
L'auditeur rapporte au
propriétaire le résultat
de ses diligences
Le propriétaire paie le
dirigeant et l'auditeur selon le résultat
de l'investigation ou la
conformité des 2 rapports
Le
dirigeant choisit l'action
wi
Le propriétaire propose un
contrat à l'auditeur
basé sur ft constante
et un contrat au dirigeant
basé sur wi
TIME-LINE DU MODÈLE D.A [1999] (JEU
D'ÉTAPE)
i = fd,n1 L'auditeur
choisit l'action ii
Le
dirigeant observe le
résultat xi
Source : Conception personnelle
à partir de
Datar & Alles [1999, pp. 404-8]
L'auditeur "observe"
xi
(s'il a choisit id) ou bien ne
peut pas observer xi
(s'il a choisit in)
Figure 9
HÈ Dl) È
q L'ensemble des actions possibles pour le manager et l'ensemble
des résultats possibles sont les mêmes à chaque
période,
q A noter que le couple des résultats xd et xn
possibles de l'entreprise peuvent représenter une
réalisation parmi d'autres, à partir d'ensembles de valeurs
possibles. Cette a00irmation ne change en rien à l'issue du
jeu, tant que ces ensembles ne soient pas en intersection.
q Les périodes sont finies et indépendantes les
unes des autres, en ce sens que l'action réalisée par le
manager durant une période, n'affecte pas la période suivante,
q Les préférences du propriétaire sont
ordonnées de façon à ce que wd < wn ,
q Les probabilités d'occurrence des résultats
xd et xn, respectivement pd et pn, relati0s à une
période t, sont fonction des actions wd et wn du manager durant la
même période, avec pn<pd ,
q
j : investigation de l'auditeur /propriétaire
w : gestion /manager
X : résultat réel,~X : résultat
rapporté
-d : désiré, -n : non
désiré.
p et è : probabilités ; et ä : croyance.
i : audit/auditeur
M Manager
N Nature
A Auditeur
P Propriétaire
M
wn
~E_IEU D'ÉT4PE
wd
N
N
Xd
Xn
Xn
Xd
Source : Conception personnelle à partir de
Datar & Alles [1999, pp. 402-15]
M
~
M
M
~
M
Xn
Xn
Xd
Xd
~
~
Xd
~
Xd
Xn
~
~
Xn
~
N
N
N
N
N
N
A
A
A
A
A
A
une période t
A
A
A
A
A
A
X
A d
id
id
id
id
id
id
id
id
in in in
in
in in in
in
A X d
X
A d
A Xn
A Xn
X
A d
A Xn
A Xn
X
A d
X
A d
A X d
A Xn
A Xn
A X d
A Xn
A Xn
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
P
P
P
P
P
P
P
P
P
P
P
P
P
P
P
P
J
J
J
J
J
J
J
J J
J
J
J J
J
J J
J J
J J J
J
J
J
ñ
ñ ñ
ñ
ñ ñ
ñ
ñ
Le coût de vérification de la réalité
des efforts de l'auditeur eXcède de loin l'avantage qui en peut
être tiré, le propriétaire ne recourt pas à de tel
contrat,
q Le manager et l'auditeur sont averses strictement au risque,
leurs utilités sont chacune « séparativement
additives »,
q Si l'auditeur n'est pas négligent dans son travail, il
est capable d'observer le résultat réel de la firme,
q La collusion entre manager et auditeur est
écartée par ce modèle, de façon à ce
que l'auditeur divulgue sans biais la réalité des
résultats de son travail de vérification...
F EXTENSIVES DU JEU £ 3
e (pour une seule période)
Il faut, cependant, noter la remarque suivante de Kreps
[1993] Q 67 :
« To every extensive form game there is a corresponding
strategic form game, where we think of the players simultaneously choosing
strategies that they will implement. But a given strategic form game can, in
general, correspond to several different extensive form games. » Kreps
[1993, p. 21].
Ce qui signifie que l'arbre du jeu, ci-dessus
représenté, n'est qu'une des multiples versions qui puissent
visualiser le modèle DA [1999]. Il faut s'assurer, entre autre, de
l'ordre du jeu et des ensembles d'information (simultanément ou
indépendamment) pour chaque joueur. Dans ce jeu, la succession d'actions
se fait ainsi :
- le manager décide de travailler convenablement ou pas,
sachant que s'il gère convenablement la firme, les résultats
seront positivement affectés,
- la nature fixe la réalité des résultats
de la firme, avec une certaine probabilité p,
- le manager décide ensuite de divulguer,
fidèlement ou pas, les résultats de la firme,
- la nature fixe le type de l'auditeur, peu ou très
professionnel, avec une certaine probabilité, ou plutôt on peut
dire que le manager se fait une idée sur le type d'auditeur et
décide d'affecter une croyance -téta- à l'occurrence de
chaque type, qu'il révisera (par la règle de Bayes) à
chaque période,
- l'auditeur entre alors en action, pour décider de
vérifier, convenablement ou pas, les propos du manager.
Généralement, si l'auditeur est très professionnel, et
pour préserver un certain niveau de réputation, il décide
toujours de bien vérifier. Le doute reste lorsque l'auditeur est de type
faible,
- si l'auditeur est diligent, il découvre
sûrement si les rapports du manager sont mensongers ou pas. S'il
n'est pas diligent, il ne peut pas découvrir la réalité
des résultats de la firme,
- En ayant en main les deux rapports, le propriétaire
est en mesure de réagir : si le rapport du manager est
indésirable, il paie les deux joueurs. Si le rapport du dirigeant est
désirable, et que le rapport de l'auditeur est indésirable, il
paie aussi les deux joueurs en pénalisant le manager. Si le rapport de
l'auditeur est désirable, le propriétaire décide, avec une
probabilité q, d'investiguer le type de l'auditeur ou pas (cette
probabilité est due au coût exorbitant de l'investigation).
L'investigation donnerait un signal r sur le type de l'auditeur et le
propriétaire paiera les deux joueurs avec ou sans
pénalité.
- Enfin, toutes cette succession d'actions sus-citée se
répète T-1 fois.
67 Kreps donne, comme explication, l'exemple suivant : Kreps D.A.
[1993, p. 25, Fig.3.7.(a),(b) & (c) ].
A Strategic form game and three corresponding extensive
form games
Figure 15 : remarque de Kreps sur la forme extensive
En quoi consiste, alors, notre analyse critique du modèle
DA [1999] ? Elle touche, essentiellement, quatre points :
1. l'aléa moral du modèle est impur, mais
il ne doit pas être considéré comme un modèle mixte
d'aléa moral et de sélection adverse, une discussion sur le type
de l'auditeur suit,
2. la théorie des coûts de transaction dit que
l'opportunisme des joueurs peut ne pas être systématique,
alors que la théorie des contrats qui génère ce
modèle dit qu'il est systématique, et sa rationalité
illimitée, substantive,
3. et le plus important est que son concept de
réputation de l'auditeur prête à discussion, surtout au
niveau de la construction des croyances du manager envers le type de
l'auditeur :
MODÈtE D'AtIA MORAt AVEC INFORMATION
CACI-l7E 44
~ÈRE CRITIQUE 44 tE T~E D'AUDITEUR
Comme il est écrit précédemment, les
modèles de l'interaction stratégique d'audit sont une application
de la théorie des contrats à l'audit. La théorie des
contrat (contract theory) est, en fait, souvent confondue à tort
à la théorie d'agence. La théorie des contrats
opérationalise, modélise, l'aléa moral, la
sélection adverse et les signaux dans un cadre de marchandage en
monopole bilatéral, alors qu'elle se suffit à construire dans un
cadre d'agence certains de ses modèles, et non pas tous. Il faut, par
conséquent, différencier entre théorie d'agence (agency
theory) et cadre d'agence (agency settings) : La théorie d'agence
de Jensen et Meckling est l'application de la théorie des contrats
à la finance d'entreprise au sens de Salanié Bernard
M68.
Alors que le cadre d'agence englobe les risques
inhérents à une relation de principal-agent au sens de
Stackelberg LU 69, c'est à dire en confiant tous les
pouvoirs de négociation ou marchandage à un seul agent des deux,
celui le moins informé, dans certains cas et en proposant comme solution
un contrat « conditionnel ». La relation de délégation
ou de mandat sert bien ce paradigme de Stackelberg. La théorie des
contrats repose bien sur le paradigme Principal-agent, mais la
délégation, le mandat, ne sert pas tous les modèles de la
théorie des contrats.
LU68 Pour mieux approfondir ce point, voir «
the Economics of contracts » MIT Press 1997, de Bernard Salanié, et
« An Introduction to the Economics of Information : Incentives and
Contracts » Oxford University Press, 1997 de Ines Macho-Stadler et J.
David Perez-Castrillo.
LU69 Avant même que la théorie des
jeux ne soit née, Heinrich Von Stackelberg, (élève de
Schumpeter J.A.), a inventé ce concept de Principal- Agent, en 1934 dans
« the theory of the market economy », concept qui est devenu
paradigme ensuite. Le Principal est le « leader » de Stackelberg,
c'est l'agent qui propose le contrat (en duopole), qui joue le 1er, et qui est
souvent en position informationnelle inférieure, mais il a, souvent,
tout le pouvoir de négociation. L'autre est appelé Agent, c'est
le « follower » de Stackelberg, et il est le mieux informé
dans cette relation économique (de marchandage en monopole
bilatérale ou en duopole). L'utilité du follower y est un
paramètre qui lorsqu'il
La théorie des contrats n'est pas la théorie
contractuelle comptable de Watts et Zimmermann Q70 : La théorie des
contrats est une approche économique déductive (innovatrice),
alors que la théorie contractuelle comptable utilise une approche
essentiellement positive (empirique) et inductive. Mais une liaison forte les
caractérise puisqu'elles sont pratiquement complémentaires : la
théorie financière d'agence est une théorie
économique qui essaie de donner une solution à l'asymétrie
d'information et à l'opportunisme de l'agent; cette solution c'est
l'établissement d'un contrat qui réduit la rente informationnelle
de l'agent le plus informé. La théorie positive
politicocontractuelle explique la relation entre le type de contrat dans un
cadre d'agence particulier (la rémunération du dirigeant, de
l'employé, des créanciers...) et les choix comptables qui en sont
induits. En d'autres termes, l'une étudie la cause et essaye de
prédire et l'autre étudie la cause et essaye d'expliquer par des
données réelles. La théorie politico-contractuelle
positive de W&Z n'a pas pour objectif de vérifier empiriquement la
théorie des contrats ni d'expliquer si le contrat est la « bonne
» solution ou non, le contrat est « chose acquise » pour elle.
Néanmoins, Belkaoui [1997, p.411 fait cette distinction entre
modèle d'agence (ou principal-agent) et théorie d'agence, mais
prétend que la théorie d'agence est à la base de toutes
les recherches en comptabilité ! en fait, il incluent tout relativisme
contractuel dans le terme « agency », selon ses propres termes.
En somme, la théorie des contrats essaye
d'établir un « pont » entre la théorie pure de la
nouvelle micro-économie et la comptabilité. Ses modèles
mathématiques analytiques sont très diversifiés : ils
peuvent être statiques ou dynamiques, peuvent traiter des contrats
complets ou incomplets et la relation qu'ils étudient peut être
bilatérale ou multilatérale... Cette relation est
généralement établie entre « agent » ou partie
informée, dans le sens qu'elle détient les informations utiles
pour la bonne conduite de l'interaction, et « principal » ou partie
non- informée, celle qui généralement propose le contrat
et devient en position de « Leader de Stackelberg ». Tout l'enjeu,
dans une relation de contrat, se joue sur l'information qui circule entre les
parties. En général, on peut distinguer entre ces contrats par
:
n Ce que fait l'agent (actions),
n Ce que est l'agent (caractéristiques),
et par la forme stratégique du jeu :
n L'initiative appartient au principal,
n L'initiative appartient à l'agent.
On obtient alors les quatre combinaisons de la figure 12 :
varie, décrit la frontière efficace de laquelle est
induit l'équilibre de cette relation économique. [Pensées
économiques, T. II (Stackelberg)]. Q 70
Appelée aussi par Missonier-Piera F. [1997, p.21 « théorie
politico-contractuelle positive ».
Initiative du eu
q
Partie Informée
Partie non-Informée
Signaux
Sélection Adverse
Aléa Moral
(Théorie non modélisée)
Les modèles de signaux (signaling) correspondent aux
situations où l'agent a l'initiative du jeu et où le principal ne
connaît qu'imparfaitement les caractéristiques de l'agent,
q Les modèles de sélection adverse (ou
d'auto-sélection, selon Salanié B.) (adverse selection)
correspondent aux situations où le principal a l'initiative du jeu et
où il ne connaît qu'imparfaitement les caractéristiques de
l'agent,
q Les modèles d'aléa moral (moral hazard)
|