3 Chapitre III
Le but du chapitre III est d'essayer d'approfondir une
réflexion et non de prétendre apporter une solution aux points
critiqués par le chapitre II. Cette réflexion ne change en rien
au modèle de Datar & Alles [1999]' mais elle essaye de
mieux décortiquer le processus de construction de croyance du
manager envers le type de l'auditeur' dans l'espoir de constituer un
premier pas vers un rapprochement du modèle à sa
réalité' pour qu'il puisse être mieux testable
empiriquement.
Par conséquent' et puisque les
mathématiques floues sont celles les plus proches du raisonnement
approximatif humain' nous pensons' à notre
avis' que la subjectivisation de la construction des croyances du
manager' envers le type de l'auditeur' pourrait
être mieux appréhendée' grâce à ces
mathématiques floues.
D'où' le chapitre III compte élaborer
- d'abord un très bref aperçu du subjectivisme tel
que pensé par Shackle G.L.S.'
- puis' un bref aperçu
élémentaire des mathématiques floues -essentiellement la
théorie des sous-ensembles flous- axé sur certaines mesures de
l'incertitude dans l'information'
- ensuite' un approfondissement de la
réflexion sur une construction subjectivisée des croyances du
manager envers le type diligent ou négligent de l'auditeur'
plus précisément par une fusification des composantes de cette
construction de croyances (ces composantes pourraient être choisies au
regard des résultats de certains travaux empiriques touchant à la
réputation de l'auditeur ou à la qualité des travaux
d'audit)'
- enfin' une proposition d'idée encore
embryonnaire d'une recherche empirique de cette construction
subjectivisée de croyances.
L'essentiel de l'apport de ce troisième chapitre est
une prise en compte de VALEURS DE JUGEMENT propres à chaque individu et
inhérentes à toute relation d'audit. Ces valeurs ont
été intentionnellement ignorées au cours de processus de
modélisation -de la relation d'audit- trop abstrait' à
notre avis. L'ébauche de réflexion proposée tente alors de
rendre leur importance originale' à ces valeurs de
jugement' puisque tout « système d'homme » ne peut
fonctionner que par ces valeurs de jugements.
P DE 4
É RECHERCHE
Cette pertinence devrait se mesurer par rapport à une
vision future de la subjectivisation des croyances : l'utilité de la
présente recherche ne peut être appréciée que si
nous plaçons ce travail par rapport à une recherche plus
importante' future' qui puisse approfondir justement
cette réflexion de subjectivisation de croyance et de
décomposition du processus cognitif y relatif' et qui puisse
essayer de la valider empiriquement :
Un meilleur approfondissement de cette réflexion ne
pourrait être effectué que d'une façon beaucoup plus
durable et beaucoup plus sophistiquée que ne l'est la présente
recherche (un cadre de travail de thèse' ou d'un travail de
toute une équipe de chercheurs...).
Un essai de validation empirique de cette ébauche de
réflexion de subjectivisation' par la même'
ne pourrait être effectué dans le cadre d'un simple mémoire
de DEA' car il est d'autant plus compliqué que ne l'est le
processus cognitif de construction des croyances' même
restreint à la seule appréciation de la réputation de
l'auditeur' par un manager quelconque...
Pour cela' le présent mémoire se limite
à ne proposer qu'une ébauche de réflexion' ni
achevée mathématiquement parlant' ni testée
empiriquement parlant.
Commençons' alors' comme
indiqué pour le chapitre I dans notre démarche' par un
exposé de la complexité de la réalité pratique et
scientifique de l'audit :
CHAPITRE I ~7
~
ETAT DES tIEUX DES
EVOtUTIONS DE t'AUDIT ~
UNE RrAtITr COmPtEX E
|
Le but de ce chapitre premier est de montrer que la
réalité pratique de l'audit est complexe. Par conséquent,
les recherches scientifiques qui traitent de l'audit, tout type confondu, n'ont
pas pu contourner cette complexité, même en étant si
variées du point de vue approches, méthodologies,
problématiques, hypothèses. Leurs résultats, d'ailleurs,
sont mitigés...
L'effort, fournit pour construire ce chapitre, est
essentiellement un effort de synthèse; synthèse d'une
réalité pratique, principalement par rapport aux innovations des
Bigs Q8 dans le domaine de l'activité d'audit, et d'une
réalité scientifique, principalement par un positionnement d'une
variété importante de recherches empiriques surtout et de
recherches théoriques, également.
Par conséquent :
m nous définissons d'abord ce que c'est l'audit, par
rapport à une vision utilitaire,
m ensuite, nous donnons un bref aperçu historique de la
pratique d'audit, aperçu axé surtout sur les époques
peu relatées Q9 par les historiens comptables
occidentaux,
m enfin, nous examinons l'évolution, aussi pratique que
scientifique, de ce domaine de l'audit.
7 Un résumé de ce chapitre a fait
l'objet d'une communication à la « journée de l'Expert
Comptable » tenue le 6 Mars 2000 à Sfax.
8 Les Cabinets internationaux Bigs étaient
au nombre de six : Arthur Andersen, Coopers & Lybrand, Deloitte Ross
Tohmatsu, Ernst & Young, KPMG Peat Marwick et Price Waterhouse. Par une
fusion récente entre Coopers et PWH, ils sont devenus cinq. Ils sont
évidemment classés premiers du monde entier selon le
critère du chiffre d'affaires. D'autres réseaux internationaux
existent mais ils manquent de structuration dans leur organisation et de vision
globale dans leurs choix stratégiques par rapport aux bigs. Ce qui
crée et rend durable l'avantage comparatif des bigs autant en termes de
technologies, que de bases de données, de spécialistes et de
structures ou système de recherche (aides financières aux
universités, en contre partie constituant un certain lobbying,
stratégies de recherche...).
9 Ces époques concernent l'ère de
l'empire Musulman (entre 700 et 1500 AD). Cette affirmation que les historiens
occidentaux relatent peu, ignorent, ou nient ces époques, m'a
été suggérée par Pr Ezzamel M., Pr Forester D., Pr
Previtt R, Pr Hernandez E... que je remercie vivement. J'ai eu, en fait,
personnellement l'occasion de participer au 8ème
Congrès International des Historiens Comptables, en Juillet 2000,
à Madrid, et le manque de documentation historique, pour cette question,
m'empêchait d'établir une telle affirmation. Pr Omar A. ZAID, a
aussi contribué à enrichir mes connaissances en ce domaine.
Qu'ils trouvent tous ici l'expression de ma profonde gratitude.
Pour définir l'audit, nous nous basons sur une
définition assez large établie par Porter W.T. et Burton I.C.
[1971] Qlo :
« L'audit est l'examen d'informations par une tierce
personne, autre que celle qui les prépare ou les utilise, avec
l'intention d'établir leur véracité et de faire un rapport
sur le résultat de cet examen avec le désir d'augmenter
l'utilité de l'information pour l'utilisateur »
Cette définition permet de rendre abstraits aussi bien
:
n les parties concernées dans cette relation
d'audit (identité large des demandeurs d'audit, d'auditeurs et
d'audités),
n que l'objet de l'audit (types d'informations :
financières, de gestion, stratégiques, technologiques...)
n que l'issue de l'audit (opinion augmentant
l'utilité de l'information pour son utilisateur).
Une utilité ne peut pas être absolue, elle ne
s'exprime que par rapport à un besoin. Les auteurs ici se sont abstenus
de relativiser cette utilité de l'audit : l'on se demande, alors, par
rapport à quoi l'audit est utile ? :
· à un manque de confiance envers l'audité
(en la personne du dirigeant) ?,
· à un manque pur et simple d'information concernant
certains aspects de la firme auditée (de gestion, technologiques,
environnementaux...) ?,
· ou à un manque d'information utiles à
certains types de décision ? (d'investissement, de négociations
syndicales)...
Si on restreint cette réflexion à l'audit
professionnel comptable, l'essai de Wallace
W.A.(1980] Q11, d'identification des besoins pouvant
être comblés par l'audit, nous pousse à affirmer, qu'il
s'agit de trois types de besoins :
1. un besoin en mécanisme de maîtrise de la
firme,
2. un besoin en production d'informations améliorant les
décisions des utilisateurs du rapport d'audit,
Q 10 Citée et traduite par Bethoux R. et al.
11986, p .21].
Q 11 In Choi F.D.S. & Mueller G.G. 11992, p. 364],
essai trop lié, à notre sens, aux décisions
d'investissement.
3. et un besoin en assurance couvrant les pertes
éventuelles conséquentes à des informations
altérées.
La littérature empirique est encore à un stade
primaire de définition de ces besoins : les concepts de qualité,
d'utilité, de besoins et de réputation d'audit, semblent assez
confondus dans ce type de recherches.
La littérature théorique de l'audit,
résume ces trois points, « toute chose égale par ailleurs
» ! , en un besoin général de confiance et
crédibilité : la théorie de l'agence explique, en
fait, l'existence de l'audit, et par la même le prédit, par un
manque de crédibilité de l'utilisateur de l'opinion d'audit,
envers le sujet d'audit qu'est la firme auditée. Cette entité
économique est, alors, confondue à son dirigeant, ou à son
staff de gestionnaires, ou à sa gouvernance, pour générer
la confiance nécessitée.
Dans la même suite d'idées, l'audit est
considéré comme un marché, ayant une offre et une demande
propres, et l'auditeur en tant qu'agent économique ayant des «
tastes and desires » (préférences -ou goûts- et
désires), ce qui le rend, par la même, sujet à des
incitations de la part d'autres agents économiques bien particuliers.
L'audit est donc un fournisseur de confiance à
l'économie. Il est plus explicitement un système «
garde-fous », c'est à dire qui garde le sujet d'audit de recourir
à des comportements extrêmes, (de fous, au sens d'irrationnels).
La littérature théorique le définit comme un «
mécanisme de crédibilité » :
q « The auditor is usually modeled as a mechanistic
monitor » Melumad & Thoman f1990, p.77],
q «A desire of some type of credibility mechanism is
one possible source of the demand for auditing », Dopuch et al. f1989,
p.99].
Mais est-il réellement un mécanisme ?
l'auditeur est-il réellement un « contrôleur »
mécaniciste Q12 ? Toute la réponse résiderait
entre le mot « système » en tant que « système
d'hommes » et le mot « mécanisme » :
Un système comporterait-il une dimension
supplémentaire
par rapport à la mécanique, prise au sens
physique du terme ? Quelle serait alors cette dimension ?
Q 12 "Mechanistic", mécanistique : provenant
de « mécaniste : vision philosophique qui explique que les lois de
la mécanique dominent toutes les réactions naturelles.
Le présent travail essaye de proposer quelques
éléments de réponse à cette question. Mais au
préalable, essayons de comprendre comment ce
système « garde-fou » produit de la confiance ? :
Le vendeur du service d'audit, l'auditeur, produit,
à travers l'observation de certaines diligences professionnelles, de la
confiance envers certains types d'informations. L'acheteur du service
d'audit est l'agent économique qui bénéficie de cette
confiance pour la conduite de certaines opérations ou relations
économiques. Cet acheteur est parfois le plus défavorisé
informationnellement parlant (et là, il achète l'audit pour
réduire cette asymétrie d'information), ou bien, il est le
plus favorisé en termes de détention d'informations -pertinentes
pour la conduite de certaines opérations économiques- il
achète, alors, le service d'audit pour signaler aux autres agents
ses intentions, afin qu'ils y aient confiance ...
Fréquemment en pratique, l'audit a pour rôle
essentiel de générer de la confiance envers l'émission
d'informations financières (et moins fréquemment envers
l'émission de tout autre type d'information). La réussite de
l'établissement de ce type de confiance, dans toute économie,
dépend de la performance de ce système « garde-fous ».
L'audit, en fait, n'est pas du tout nouveau, mais il était
nécessairement beaucoup plus simple qu'aujourd'hui. Depuis
l'antiquité, les chefs, les gens de décision, savaient que la
seule solution, contre les aléas moraux, est le contrôle ; ce qui
nous amène à parler de l'histoire ancienne de l'audit.
U FEU 'A EN
È 'A e
Selon certains penseurs, l'évolution et la
structuration de la pratique et des concepts d'audit, ne se sont
manifestées que depuis la crise des années 30. Ils affirment
qu'elles sont essentiellement liées à l'évolution du
capitalisme. Soltani B. [1992, p.14], sans noter sa source, et sans remonter
plus haut en histoire, affirme qu' :
« Au 13ème siècle, il existait en
Italie, en France et en Angleterre, des personnes chargées de mettre
en oeuvre des procédures similaires à celles de l'audit.
Cependant, ces procédures avaient bien souvent davantage pour objet la
recherche de fraudes éventuelles ou des erreurs comptables que de
présenter un outil de contrôle de gestion ».
Béthoux et al. [1986, p. 18] avancent aussi que :
« Si des contrôles ont existé dans les
vieilles civilisations (Mésopotamie, Egypte, Rome...), l'audit,
au sens moderne du terme, est lié au développement du capitalisme
industriel et financier. A cet égard, la Grande-Bretagne a joué
un rôle pionnier, dès 1844...par le British Compagny Act...
».
Ils ajoutent :
« L'utilité de l'audit s'est affirmée
progressivement pour ...des raisons structurelles... (dissociation
propriété-gestion à partir des années 20 et
enrichissement progressif des informations financières)... et des
raisons circonstancielles... (désastre financier de 1929 dû
à de l'information trompeuse et les scandales plus récents du
craquement du système bancaire, des difficultés de certaines
grandes entreprises)... ».
Par contre, l'histoire de l'audit, au sens
général du terme, montre qu'il est intimement lié au
phénomène de la délégation, avant même
l'apparition de la séparation entre la gestion et la
propriété d'une affaire, au sens anglo-saxon du terme. En
d'autres termes, certains aspects élémentaires d'audit et de
contrôle interne existaient bien avant les fameux « British Acts
» britanniques, sauf qu'ils étaient, à la limite
ignorés, par la plupart des historiens occidentaux de l'économie
et de la comptabilité M13 :
Brown R.G. [1962] a construit un tableau synthétisant
l'évolution des objectifs d'audit et de ses techniques à travers
cinq siècles. Il affirme, à titre d'exemple, qu'en Egypte
pharaonique, la tenue des « comptes » se faisait au moins par deux
scribes M14... :
PÉ
|
O DE 'A
|
É DES
É
|
I DU Ôl
INTERNE
|
Avant 1500
|
q Détection de fraude
|
Détaillée
|
Non reconnue *
|
1500 -- 1850
|
q Détection de fraude
|
Détaillée
|
Non reconnue
|
1850 -- 1905
|
q Détection de fraude
q Détection d'erreur relatives aux clercs et aux
employés de bureau
|
Principalement détaillée avec quelques
tests
|
Non reconnue
|
1905 -- 1933
|
q Détermination de l'équité des positions
financières rapportées,
q Détection de fraude et d'erreurs
|
Détaillée et tests
|
Reconnaissance légère
|
1933 -- 1940
|
q Détermination de l'équité des positions
financières rapportées,
q Détection de fraude et d'erreurs
|
Tests
|
Éveil d'intérêt
|
1940 --1960
|
q Détermination de l'équité des positions
financières rapportées.
|
Tests
|
Accentuation substantielle
|
|
Tableau 2 : Synthèse d'une Histoire d'Audit
(Source : Brown R.G. [1969,p.697] - traduction libre)
Les découvertes archéologiques des plaques
argileuses sumériennes M15, et de systèmes
d'enregistrement féodaux et des dépenses de guerre, en Rome,
éclaircirent surtout la conception des historiens, en ce qui concerne
les objectifs des dépôts généraux de ces nations et
des aspects financiers de leurs temples... Ces découvertes, d'avant
l'ère de l'Empire Islamique, ont été bien
M13 Un des économistes imminents,
Schumpeter J.A., auteur de la théorie cyclique de l'innovation,
considérait même que l'évolution économique et
scientifique mondiale s'est arrêtée purement et simplement pendant
500 ans (entre 700 et 1200 ad) pour reprendre avec l'écrit de St. Thomas
Aquinas (1225-1274), 'Summa Theologica' ... il ignorait ainsi, pour ne pas dire
niait, tous les effets qu'à eu la civilisation Arabo-musulmane sur
l'évolution occidentale actuelle aussi culturelle, que scientifique,
qu'économique...
M14 Brown R.G. 11969, p.696].
M15 Faites par l'archéologue Denise Schmandt-Besserat, et
datant de la fin du 3ème millénaire Avant J.C. - relaté
dans Mattessich 11972, p.58].
relatées et exploitées dans les recherches
historiques économiques ou comptables occidentales.
Néanmoins, Les pratiques, certes élémentaires, d'audit ou
de contrôle interne, existant sous l'empire islamique, n'ont
été relatées que récemment :
q Al Nowayri S.A. [environ 1325, p. 273] Q16 écrivait
qu'il fallait recourir à certaines « conduites comptables »
pour éviter les cas d'insuffisance dans les « comptes »
(alaâjz 0 0 0 0 0 )... il relatait ainsi l'existence de
certaines procédures d'audit et de contrôle interne très
élémentaires et notait qu'il s'agissait d'une pratique
existante depuis 200 ans par rapport à son ère.
q Al-Kalkashandy a écrit, en 1390 environ, que durant
l'ère Abbasside (750-847ad), les fonctionnaires comptables, se
spécialisaient sous six catégories, qu'il cite, et que l'une
de
ces catégories englobait la vérification. Les
fonctionnaires vérificateurs, recouraient à des pratiques «
d'oeil nouveau » dans leurs opérations de vérification et il
a énuméré en détail les qualités
personnelles éthiques que devaient revêtir ces fonctionnaires
Q17...
En somme, l'état de l'analyse de l'histoire de l'audit
se présente ainsi pour les périodes d'avant l'an 1500 ad et entre
1500 et 1960 ad. Il est, d'ailleurs, évident que les recherches en
histoire d'audit d'avant le 16ème siècle sont intimement
liées aux recherches en histoire de la comptabilité, en histoire
de l'arithmétique et en histoire des cultures économiques de
toute civilisation. Mais, elles souffrent énormément du manque de
documentation et de preuves historiques Q18.
En ce qui concerne la période de 1960 à nos
jours, les recherches à « but » historique, en audit, se font
plutôt rares Q19 par rapport à d'autres types de recherches en
audit pour cette période précise. A l'opposé de la
période entre la préhistoire et à 1960, il s'avère
peu évident de conduire des recherches historiques globales, car
même si les documents abondent et abondent même trop, les
expériences en audit, quant à elles, sont trop
diversifiées Q20, pour pouvoir être regroupées
sous une même tendance historique. L'unique caractéristique qui
les lient est l'évolution.
Q16 Dans Zaid O.A. [1995, p.79I : «0 0 0 0 00 00 0 00 000 00
0 0 0 »,0000000 , Vol.8.
Q 17 DansZaidO.A.[2000,p.791: «00 0 0 0
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 »,0 0 0 0 0 0 0 0 0 ,1913.
Q18 Pour un approfondissement d'évidences
sur la naissance de l'audit en Italie Vénitienne, voir Zambon S. [20001.
Pour une plus ample revue des recherches comptables historiques d'avant le
XIIIème siècle, voir Mattessich R. [1972, 1996] sur une relecture
comptable des découvertes archéologiques mésopotamiennes
et hindoues, ou aussi Singhvi R.M. [19961 sur des évidences touchant aux
origines Hindous de la comptabilité à partie double, du
système de taxation et d'administration, et aussi Zaid O.A. [20001 sur
des évidences de ressemblances notoires entre écritures
comptables contemporaines et écritures comptables issues de livres
historiques islamiques du XIIIème siècle, en Turquie et du
VIIIème siècle, sous l'Empire Abbasside...
Q19 Voir l'article de Young G.G. [19971 qui relate
l'évolution du concept de responsabilité de l'auditeur durant les
20 dernières années.
Q 20 Par exemple, en Inde contemporaine, certains
auteurs (comme Tremblay et al. [1993], Choi & Mueller [19921) ont
relaté la mise en évidence de la relation entre certaines
pratiques coloniales, qui ont eu un impact considérable sur
l'existence d'une obligation légale de réaliser annuellement un
audit des coûts, et la remarquable évolution actuelle du
contrôle de gestion dans ce pays comparativement...
Certes, beaucoup d'efforts « pragmatiques » ont
été et sont en train de voir le jour, pour faire évoluer
l'audit, pour changer aussi bien son approche que ses techniques, que la
façon de voir de l'auditeur... La façon de faire et de
réfléchir l'audit d'aujourd'hui n'est plus du tout celle d'il y a
même vingt ans. Le rythme même de la conduite d'une mission d'audit
a énormément changé. Mais, ces mêmes efforts ne
cessent de faire face à des obstacles multiples et variés :
institutionnels, légaux, de lobbying, et surtout conceptuels.
Les efforts « scientifiques », quant à eux,
surtout empiriques, accusent une évolution importante depuis quelques
dizaines d'années, mais ils sont, néanmoins,
caractérisés par la dispersion. Nous essayons, dans le
présent chapitre, d'organiser, tant soit peu, ces domaines de recherches
en audit, en les positionnant les uns par rapport aux autres.
Les recherches théoriques, quant à elles, sont
peu dispersées. En fait, elles se subdivisent en deux selon le sujet
d'étude : Expliquer l'interaction entre
auditeur-audité-demandeur d'audit, ou bien expliquer le risque
d'audit (jugement d'audit). Le présent mémoire
s'intéresse à l'interaction en audit. L'interaction de l'auditeur
avec les autres individus de la relation, est modélisée en tant
que mécanisme de crédibilité. Le présent
travail compte, alors, établir une analyse critique de cet aspect
mécaniciste des modèles de la relation d'audit.
Mais avant de procéder à ce positionnement des
recherches scientifiques en audit, nous essayons de synthétiser
l'évolution de la pratique d'audit pour pouvoir espérer donner
une idée, même assez succincte sur la complexité du monde
réel de l'audit et de l'auditeur. Cette synthèse de la pratique
d'audit commence, alors, par un questionnement sur l'utilité
réelle de l'audit tel que institutionnalisé, ici, en Tunisie et
de part le monde :
-- BESOIN DE PAIRE 'A DE
NOS ENTREPRISES
Bien que l'audit soit l'une des activités les plus
importantes de l'expertise comptable, sinon son unique monopole, son
utilité est remise en question depuis une bonne période. Les
premiers à remettre en question l'utilité de ce monopole du
comptable sont les anglo-saxons. C'est, à la limite, sûr qu'ils le
soient, étant donnée la souplesse (légale,
économique...) des structures faisant appel à, ou fonctionnant
à travers, l'audit. Les pays continentaux, tels la France ou
l'Allemagne, trouvent encore du mal à remettre en question cette
utilité, étant donnée la rigidité,
développée dans ce type de pays, de l'environnement de l'audit
(rigidité légale, administrative...).
En effet, chez les anglo-saxons, les déterminants de la
demande du service d'audit sont essentiellement les forces du marché
(telles la bourse, les banques, le fisc...), alors que chez les pays
continentaux, l'audit relève plutôt de la contrainte
légale, subie par un groupe 'restreint' d'entreprises. Ceci explique
l'absence durable d'une réflexion, aussi bien théorique que
pratique, sur l'utilité de l'audit dans ces pays. Néanmoins, la
tendance qui anime la discussion sur cette utilité, dans les pays
anglo-saxons, a récemment atteint ces pays continentaux, mais pour
plutôt remettre en question la rigidité de leur système
d'audit légal.
En Tunisie, le discours des professionnels comptables et celui
du Droit tunisien des sociétés ne convergent pas : En effet, la
nouvelle loi est venue conforter la contrainte légale de l'audit au
regard même des sociétés à responsabilité
limitée. La raison d'être de cette contrainte légale est
que ces dernières, par leur taille ou par leur volume d'activité,
auraient dû plutôt appartenir à la catégorie des
sociétés anonymes, mais pour des motifs financiers ou de
gouvernance, elles ont préféré revêtir la forme
commerciale intermédiaire de sarl, qui dérogeait, auparavant,
à l'obligation d'audit.
L'essence de l'audit, dans sa forme la plus simple, est la
vérification des informations financières en vue d'en certifier
la validité au regard des propriétaires de l'entreprise et
d'assurer l'insignifiance, pour ne pas dire l'inexistence, de tout aléa
moral qui pourrait exister de la part du dirigeant.
Le problème réside dans le fait que la structure
de propriété de la majorité des S.A.R.L. tunisiennes ne
dépasse, presque jamais, le cadre familial, et où le dirigeant en
est, dans la plupart des cas, le plus important propriétaire. Par
conséquent, on ne peut pas parler d'aléa moral du
propriétaire au regard de lui-même ! Ainsi, la raison d'être
même de l'audit n'existe plus.
Pour le cas de la Tunisie, il ne fallait pas contraindre
légalement le propriétaire d'entreprise à recourir
systématiquement à l'audit lors de l'établissement des
états financiers de sa firme, il a fallu plutôt
institutionnaliser la demande de l'audit au regard des vrais utilisateurs
du rapport d'audit. Ce qui veut dire imposer à certains organismes ou
institutions de demander le rapport d'audit aux firmes avec lesquelles ces
institutions et organismes opèrent, et ce essentiellement lors
d'opération économiques nécessitant un haut degré
de confiance.
Ces institutions et organismes peuvent être des banques
dans leur processus de décision
d'octroi de prêt ou autres décisions
financières, ou bien l'administration fiscale dans son processus
de jugement de la validité des informations fiscales,
ou encore la bourse des valeurs mobilières dans son processus
d'introduction des entreprises dans le marché financier ou de gestion de
ses titres...
La Tunisie gagnerait certainement, en plus, à affecter
le choix de l'auditeur au demandeur d'audit, autre que les propriétaires
de la firme à auditer. Ce qui augmenterait considérablement
l'utilité du rapport d'audit et la valeur de l'information qu'il
comporte, surtout lorsqu'une telle institution de l'audit est appliquée
à un tissu économique caractérisé par des
entités dont la gestion sort rarement du cadre familial. Ce qui veut
dire explicitement que ce sont le fisc, la banque, la bourse, les fonds de
placements... qui devraient choisir l'auditeur qui leur inspire le plus de
confiance, lui préciser les limites et objectifs de sa mission envers la
firme avec laquelle ils sont en relation économique ou
administrative.
Institutionnaliser cette demande d'audit veut dire :
conditionner, de façon systématique, la réalisation de
certaines opérations économiques (et non pas les personnes)
à l'octroi d'un rapport d'audit validant des informations cruciales pour
ces mêmes opérations économiques. Actuellement, ce qui est
imposé par la loi, c'est un recours systématique à
l'audit lors de l'établissement des états financiers. A la
limite, on peut dire ici que c'est l'offre de l'audit qui est
institutionnalisée ainsi et qui s'avère souvent peu utile pour la
dynamique économique.
Le discours est tout autre chez les anglo-saxons : la demande
d'audit y est déjà institutionnalisée : Elle
n'obéit qu'aux forces du marché et, donc, elle n'existe que parce
qu'elle est effectivement utile à ses demandeurs. L'audit n'est, par
exemple, obligatoire que pour les firmes qui sont cotées en bourse, ce
qui veut dire que d'autres entreprises, non cotées, et qui peuvent
être de grande taille, ne recourent pas à l'audit
systématique de leurs comptes... Malgré cet état des
choses, ces économies remettent encore en cause l'utilité
de l'audit dans sa forme actuelle :
le fait de certifier la validité d'informations
financières au regard des propriétaires d'entreprises, n'est plus
utile puisque ces mêmes propriétaires arrivent à
connaître le degré réel de validité de ces
informations avant même la réalisation de l'audit (étant en
même temps gestionnaires) et tendent, par la même, à
négliger cette validation. Il s'agit là, de faire évoluer
aussi bien les techniques de l'audit que ses approches,
La certification des informations financières n'est plus
utile, aussi, au regard de propriétaires avides d'informations relatives
à la « bonne » gestion de leur entreprise,
dans un monde des affaires si turbulent. Ces mêmes
propriétaires demandent à ce que l'audit leur fournisse une
information nouvelle. C'est là où réside la
nécessité de faire évoluer la conceptualisation même
de l'audit, pour commencer à y intégrer certaines formes de
conseil financier ou en gestion...
Les efforts de re-conceptualisation, les plus notables, du
côté des grandes structures d'expertise comptable
américaines et anglaises (les Bigs), se sont déjà traduits
par l'introduction de certaines composantes de conseil dans les missions
d'audit, pour permettre la génération d'informations nouvelles et
pertinentes pour tout utilisateur du rapport d'audit, surtout les dirigeants et
les propriétaires.
Mais, vu la frivolité qui a
caractérisé les actions en justice, intentées de
façon arbitraire, aux U.S.A. et au R.U., contre certains auditeurs, le
législateur américain a estimé qu'il valait mieux
restreindre la responsabilité de l'auditeur pour réduire cette
frivolité des utilisateurs du rapport d'audit envers le système
judiciaire. Il a, par conséquent, interdit que les missions d'audit
puissent inclure des composantes relevant de mission de conseil. C'est ce qui a
poussé, fin 1999, ces grandes structures d'audit, après tant
d'efforts et d'investissement de recherche dans l'innovation en audit, à
affecter ces innovations à d'autres structures, autres que leurs
départements d'audit, complètement indépendantes.
C'est ce qui s'est passé durant les six ou sept
dernières années. Comment, alors, ces dernières
innovations d'audit se sont réalisées ? Voici, donc, une
synthèse de l'évolution de la pratique d'audit, depuis l'audit
systématique jusqu'aux dernières innovations des Bigs :
L'AETAT DES LIEUX DE
L'AEVOLUTION
PRATIoUE EN AUDIT
L'évolution de l'audit avait, depuis les vieilles
civilisations, été marquée par une évolution
manifestement accélérée, extensive, et essentiellement
liée à l'évolution du capitalisme :
n extension dans la nature des informations sur
lesquelles il porte (informations financières vers les informations de
gestion et technologiques),
n extension dans ses objectifs (de la
régularité vers l'efficacité...),
n et extension dans ses domaines d'application (secteur
« administratif » ancien, secteur privé, secteur
public...).
E PRIMAIRE DE L4 PRATIQUE 'A e
Depuis la crise des années 30, l'audit usité
était l'audit par les modules : il se basait sur
l'échantillonnage statistique Q21 et sur le découpage de
l'entreprise en cycles, (cycles d'approvisionnement, de production, de vente...
) pour la conduite de la mission. Son défaut était son «
coût d'opportunité », puisqu'il fallait recourir à
l'analyse complète des informations financières, sans pour autant
garantir pouvoir passer en revue tous les risques possibles.
DE L'APPROCHE PAR LES MODULES À L'APPROCHE PAR LES
RISQUES : Le tableau suivant donne un bref aperçu de cette
évolution :
C 'A* e
|
DU É
|
VERS 'A
|
L'Approche :
|
Audit par les modules,
|
Audit par les risques,
|
La Technique :
|
Échantillonnage statistique,
|
Ciblage des tests,
|
L'Objectif inhérent de l'audit :
|
"Full audit" pour la régularité,
|
"Estimation des risques" pour l'efficacité,
|
L'Objectif par rapport au client :
|
Vérifiabilité.
|
Assurance auprès du client.
|
|
Tableau 3 : évolution primaire de la pratique
d'audit
- (Source : Inspiré de Bethoux R. et al. [1986] ).
Déjà, toute cette évolution date d'hier
et l'auditeur d'aujourd'hui devient confronté à une charge,
à une éthique et à une conception de travail tout à
fait différentes de ce qu'il en était hier : l'utilité de
la certification, aussi bien dans son fond que dans sa forme d'aujourd'hui,
devient
Q21 Il y avait un fréquent usage de la loi
des 20-80 : (ex : faire ressortir un échantillon de 20% des factures
ayant 80% de la valeur totale du compte). L'échantillonnage était
ainsi « ciblé », non « au hasard », et la notion de
risque était alors intimement conditionnée au seuil de
signification.
Q23 Accord I.A.S.C.-- I.O.S.C.O. de Juillet 1995,
qui a eu pour effet essentiel le renforcement de l'hégémonie
américaine sur la normalisation comptable internationale.
Q24 Les Cabinets internationaux Bigs
étaient, il y a 10 ans, au nombre de six : Arthur Andersen, Coopers
& Lybrand, Deloitte Ross Tohmatsu, Ernst & Young, KPMG Peat Marwick et
Price Waterhouse. Par une fusion entre Coopers et Price, ils sont devenus cinq.
Ils sont évidemment classés premiers du monde entier selon le
critère du chiffre d'affaire. D'autres réseaux internationaux
existent mais ils manquent de structuration dans leur organisation et de vision
globale dans leurs choix stratégiques par rapport aux bigs. Ce qui
crée et rend durable l'avantage comparatif des bigs autant en termes de
technologies, que de bases de données, de spécialistes et de
structures ou système de recherche (aides financières aux
universités, en contre partie constituant un certain lobbying,
stratégies de recherche...).
contestée. L'approche du travail, en elle-même,
devient contestée puisqu'elle ne répond plus à certains
besoins.
INSUFFISANCE DE CETTE ÉVOLUTION :
C'est ce qui est "crié sur les toits" par les
puissances anglo-saxonnes : Lors du dernier congrès mondial de la
profession comptable Q 22, les discours de certains participants, ou
modérateurs, n'ont laissé aucun doute sur le fait que l'audit,
tel qu'il est aujourd'hui dans la majorité des pays du monde, ne doit
plus se limiter à la certification, il doit apporter des informations
nouvelles alors, qu'actuellement, l'auditeur s'abstient à occuper
effectivement ce rôle :
Le discours de la Banque Mondiale, d'ailleurs le plus direct de
l'assistance, prêche aux responsabilités civique et publique des
professionnels comptables :
n Responsabilité civique pour participer dans le
développement des compétences comptables et d'audit de base,
surtout en ce qui concerne le Tiers-Monde et les économies
émergentes qui tendent à modifier radicalement l'aspect
économique du globe,
n Responsabilité publique pour ce qui concerne la
lutte contre la corruption, le blanchissement de l'argent de la drogue, les
crises financières... il devient évident que la corruption est un
problème plutôt économique que politique, et quelque soit
le système politique, « les décisions publiques doivent
faire l'objet d'un examen minutieux de la part du public », les auditeurs
doivent jouer, par conséquent, pleinement leur rôle, en
l'occurrence, être les garants de la « transparence »
(accountability) parce que tout consensus social ne peut se fonder que sur la
« bonne » information,
Le discours de l'O.C.D.E. corrobore celui de la Banque
Mondiale en ce qui concerne la lutte contre la corruption et la fraude, le
rôle que peut jouer l'auditeur et le besoin d'instituer des bureaux
indépendants d'auditeurs pour les instances publiques...,
Q22 Congrès International de la Profession
comptable : « Comptabilité et Société : Servir
l'intérêt public » : Il s'est déroulé à
Paris, les 26-29 Octobre 1997, le prochain se tiendra en l'an 2002 (Source :
Cd-Rom de la CNCC-1997).
Le discours de l'O.I. C.V. consacre l'auditeur « avocat
international de l'obligation de rendre compte », pour protéger
l'intérêt public en favorisant l'amélioration de la
transparence de l'information financière, il prêche aux
côtés de l'I.F.A.C. et de l'I.A.S.C. Q 23, l'urgence de
l'harmonisation des normes comptables internationales et des systèmes de
contrôle des places financières (ainsi que l'encouragement d'une
réelle implication des organes de direction dans l'élaboration
des comptes et le contrôle des systèmes de gestion comptable) pour
éliminer les barrières nationales aux flux d'investissement et
aider à une affectation efficace de l'épargne à
l'investissement à l'échelle mondiale.
L'innovation en audit devient donc une
nécessité
Le problème est que le contrôle par l'audit
ne peut pas être évalué par les parties en jeu :
l'audit doit apporter des informations nouvelles. Mais, ce qui manque, dans le
paysage actuel, c'est la vision globale : l'auditeur apporte un avis sur la
performance financière de l'entreprise par rapport à des
critères comptables (pour lesquels des normes existent et
l'évaluation de l'effort de l'auditeur devient possible) mais non pas
par rapport à des critères économiques, industriels, par
rapport à des critères liés au futur... qui ne
présentent pas de normes pour faciliter cette évaluation d'effort
: c'est exactement là où réside le fameux «
Expectation gap » (l'insatisfaction des attentes) des demandeurs du
service d'audit.
E ACTURIE L Ll PRATIQUE
'A e
Ce souci d'innovation a concerné, en premier lieu, les
grandes firmes anglo-saxonnes d'audit, vu leur niveau de développement
par rapport à celui dans les pays du reste du monde. Il est
évident aussi que les cabinets Bigs Q24 soient les premiers
à pouvoir conduire une telle recherche pratique d'innovation. Ils
disposent des meilleures et des plus importantes bases de données
(constituées à partir des données les plus
détaillées sur la clientèle, des informations de tout
genre), des plus importantes structures de recherches en matière de
comptabilité, d'audit..., des équipes parmi les plus
expérimentées et spécialisées du monde en la
matière et des clients des plus
Q25 Notamment la Tunisie depuis 1993, si on
intègre les rectifications faites...
Q26 S.W.O.T. : Strengths, Weaknesses,
Opportunities and Threats : en français: Forces, Faiblesses,
Opportunités et Menaces, en face de la firme.
importants, variés, et complexes aussi...
Le premier des Bigs à avoir réfléchit et
produit une innovation en audit est « Ernst & Young » : il a
utilisé une approche utilitaire à ces fins. Cette
expérience a débuté voici plus de six ans, a vécu
quelques rectifications, a produit et a diffusé une pratique d'audit qui
diffère en logique et en approche, qui commence récemment
à être maîtrisée par la totalité des membres
du réseau E&Y Q25.
« L'AUDIT INNOVATION » D' ERNST & YOUNG :
En bref, bien qu'il s'agisse d'audit simplement financier, cette
innovation consiste en :
Un découpage de l'entreprise qui se fait par
« process » : Notion proche de celle d'activité, ce
concept de découpage est proche de l'«A.B.M.», activity based
management, en ce sens que dès la prise de connaissances
générales sur l'entreprise à auditer, l'auditeur essaie
d'en construire une vue générale qui ne structure plus
l'entreprise par cycles (approvisionnement, production...) mais la structure
par process. En d'autres termes, ce découpage se fait « sur papier
», il n'est pas demandé au client de l'appliquer, il n'est fait que
pour les besoins de l'audit : (ex : dans l'audit d'une banque, pour
évaluer les risques du process d'octroi de crédit, on
procède par la détermination des structures de la banque qui
concourent à la réalisation de cette « activité
», de la demande exprimée par le client au décaissement de
l'argent, puis on audite toutes les opérations qui touchent à
toutes ces structures à la fois, de l'agence pour la demande de
crédit, au siège pour la commission d'octroi, à l'agence
pour les décaissements, certains risques ont été mieux
maîtrisés ainsi...),
Ensuite, des méthodes de diagnostic
stratégique sont appliquées afin de construire un tableau
SWOT Q26 (pour l'usage du client, ainsi que pour une meilleure conduite des
travaux d'audit et une meilleure maîtrise des bases de données),
à quatre compartiments, qui montre à la fois les forces,
faiblesses, opportunités et menaces de l'entreprise ou auxquels elle
fait face. La construction de ce tableau se fait, tout au long du
déroulement de la mission d'audit, à travers les informations
tirées de cette mission et à travers les informations touchant au
secteur ou à la concurrence... tirées de leur base de
données
globale. Ce tableau augmente l'utilité de l'audit pour
le client puisqu'il apporte une
information supplémentaire par rapport à la
validité des informations financières et augmente
l'utilité de l'auditeur en améliorant l'identification des
risques d'audit et du risque client, par un positionnement de l'entreprise
cliente dans ce tableau,
n Une fois cette phase « stratégique » de la
mission accomplie, l'auditeur applique l'approche par les risques
--conventionnelle- sur ces «process» et exprime, à la fin, son
opinion d'audit sur la validité des informations. Résultat :
l'innovation est que cette nouvelle approche d'audit arrive à mieux
cerner les risques de l'entreprise auditée, ces faits ont
été montré par la courte histoire de cette nouvelle
approche, certains risques n'ont jamais été décelés
auparavant...
n D'autres méthodes, empruntées au
«Reengineering» M27, sont appliquées
simultanément, suite au découpage par process, pour conseiller au
client d'adopter une certaine structuration, par rapport aux besoins de sa
clientèle à lui, il en jugera l'opportunité et
décidera ensuite s'il appliquera la structuration conseillée.
Ainsi, le rapport d'audit contiendrait deux parties nouvelles par
rapport à l'unique opinion conventionnelle sur la validité des
informations : une partie touchant au positionnement du client dans le tableau
swot et une partie qui s'étend vers les informations de gestion et vers
le benchmarking M28.
ANALYSE DE « L'AUDIT INNOVATION » :
Cette innovation a été, en fait,
réalisée :
n par un Big : la possibilité et
l'opportunité d'en faire autant, pour les autres types de cabinets,
semblent peu évidentes, puisque pour la seule constitution de bases de
données performantes, elle nécessite une structuration
internationale proliférante...
n Dans un souci de coût, en premier temps, :
c'est un souci, omniprésent, de rentabiliser la mission d'audit par un
meilleur encadrement des risques et, surtout, pour une meilleure assurance
d'audit final. Cette volonté sous-jacente à l'innovation
vient suite à la frivolité observée, depuis une
bonne période, dans l'environnement anglo-saxon, des actions en justice
intentées contre l'auditeur (bigs) pour négligence
professionnelle. Dans ce genre de situations, le choix (stratégique) des
bigs était d'avouer la négligence, même si ce
n'était pas
M27 Reengineering : une autre façon
d'organiser l'entreprise selon la structure des besoins du client final de
l'entreprise (le consommateur).
M28 Benchmarking : relatif à tout ce
qui permet la comparaison avec les concurrents dans un souci d'estimation des
performances. En d'autres termes, identifier les « best practices
» = meilleures pratiques d'une entreprise concurrente ou même d'un
autre secteur... et les établir en tant que normes de travail et
d'organisation, ainsi, l'avantage comparatif pourrait être
créé ou soutenu.
exact, juste pour éviter les méfaits de telle
« nouvelle » sur leur réputation et les coûts du
système judiciaire pour prouver leur diligence, ce qui a
encouragé cette frivolité envers les actions en justice,
dans un souci d'une meilleure satisfaction du client,
en second temps, : Suite à l'innovation du « découpage par
process », E&Y a vu opportun de réorganiser l'approche du
travail de l'audit en visant une meilleure utilité de l'output de
l'audit pour le client; ainsi est née l'approche swot. Ce gain en
utilité signifie que les investisseurs deviennent secondaires et que
l'image de la qualité de l'audit doit surtout être
améliorée aux yeux des dirigeants et du gouvernement de
l'entreprise : Pourquoi cela ? parce que l'approche swot permet de mieux
appréhender la gestion de la firme, ce qui augmente l'utilité de
l'audit pour le gouvernement d'entreprise, et en améliorant la gestion,
l'utilité de l'auditeur augmenterait pour les investisseurs actuels et
potentiels, puisque génératrice « d'opportunités
» de gestion, cette innovation étant basée essentiellement
sur une extension de l'audit financier à l'audit
stratégique...
enfin, l'approche du client change à travers l'audit
« plus » : procurer au client un service d'audit stratégique,
sous une forme d'audit financier, constitue purement et simplement une
insertion de mission de conseil dans la mission conventionnelle d'audit.
Ceci n'a été possible que grâce à la structure et
organisation inhérentes à un réseau tel celui des bigs,
qui générait depuis fort longtemps de multiples synergies (en
technologies, en informations et en ressources humaines) telles
l'élaboration et utilisation de banques de données
internationales, complexes et des plus exhaustives, conçues à
travers la longue expérience du réseau, tels le recrutement de
profils de personnels hyper-spécialisés... l'idée
géniale, sous-jacente à cette insertion du conseil dans la plus
simple des formes d'audit, a été celle de «
vulgariser » la production du service de conseil : Étant
coûteux par nature Q 29, mais très convoité par
les décideurs dans les entreprises, ce service, une fois le
réseau parviendrait à le faire 'machinalement', constituerait un
avantage comparatif immense et durable. Même si les autres types de
cabinets d'expertise comptable suivent, E&Y aura profité de l'effet
d'apprentissage et de la part de marché due à une demande
naissante ...
Il faut noter que le réseau Price Waterhouse-Coopers
International est le second à suivre la file
Q29 Mais une partie de ce coût est
déjà « économisée » et
internalisée par E&Y, étant inhérente à sa
structure organisationnelle et à son système d'information :
E&Y n'avait pas à investir dans une nouvelle structuration pour
commencer cette innovation.
des innovateurs en audit. Leur nouvelle approche est
applicable à tous les membres du réseau depuis Septembre 1999.
Globalement, elle comporte les mêmes intuitions que l'approche Ernst
& Young mais en moins structuré.
Néanmoins, les récents changements, dans
l'environnement américain touchant à la réglementation de
la responsabilité légale de l'auditeur, ont bouleversé
l'attitude de ces Bigs envers leur intention innovatrice en audit : Pour
combattre la frivolité envers le recours à la justice contre
l'auditeur, le législateur américain a jugé mieux de
restreindre la responsabilité légale de ce dernier, surtout
envers les firmes cotées en bourse, clientes. Par conséquent,
l'insertion d'activités de conseil dans les missions d'audit devient
interdite par cette même réglementation. Du coup, ces innovations,
après tant d'années de développements et de
rectifications, n'ont plus de raison d'être M30.
E&Y et PW-C ont alors confiné l'exercice de ces innovations dans des
« Départements de Conseil » complètement
indépendants des départements d'Audit.
L'avenir de telles innovations en audit semble alors
aujourd'hui menacé. Évidemment, suite à ces mesures
légales, tous les efforts d'innovation en pratique d'audit ont
été stoppés nets. On se demande, alors, si
l'activité de conseil est le "stimulus" unique de l'utilité de
l'Audit ?
1[1] 30 Bien que certains affirment que
« l'audit innovation » est encore « en vigueur », mais
d'une manière nuancée. En plus, vu le pouvoir de pression qu'ont
ces réseaux, il ne serait pas surprenant de voir, un jour, le
marché américain boursier accepter cette approche d'audit, et
donc toutes les autres bourses par la suite.
i,eiTAT DES i,IEUX DE i,A
RECI-1ERCI-1E
SCIENTIFIQUE EN AUDIT
Soltani B. T1992, p. 15] affirme que :
« Ce n'est qu'à la fin des années 1975 que
sont apparues des recherches académiques de grande envergure sur les
différents aspects de l'audit, notamment aux USA. La plupart de ces
travaux de recherche, et essentiellement ceux effectués par des
investisseurs américains, ont été entrepris avec l'aide
financière, matérielle et logistique des grands cabinets d'audit.
Concernant l'activité de recherche dans les différents domaines
de l'audit en France, très peu d'études ont été
réalisées. Il est évident que les récents
progrès dans le domaine de la recherche en audit sont à
rapprocher de la spectaculaire mutation des marchés des capitaux au
cours des dernières années... »
Pour relier l'évolution pratique à celle
scientifique, on peut affirmer que l'avenir de l'audit réside dans la
recherche en théorie d'audit, en d'autres termes, en modélisant
l'audit. Ce qui veut dire que l'avenir est dans le fait de réussir
à « automatiser », dans les plus petits détails,
l'approche pratique d'audit pour aider au maximum l'auditeur dans sa mission.
Le produit final de ce type de recherche est une amélioration
perpétuelle de la conception de logiciels des plus complexes,
dénommés système-experts d'audit Q31, c'est aussi
une meilleure adéquation entre logiciels de gestion des firmes (tels les
ERP) et les logiciels d'audit surtout dans un environnement e-business... Mais
la recherche scientifique en audit n'est pas seulement la recherche en
théorie d'audit :
Qu'est ce qui existe en matière de recherche
scientifique en audit ? Il faut d'abord avoir à l'esprit que, quand il
s'agit de concepts impliqués dans l'activité humaine, souvent les
innovations pratiques précèdent celles théoriques ou
scientifiques. Le rôle du chercheur en la matière réside,
en principe, dans la théorisation de ces pratiques. C'est ce qui
caractérise fondamentalement la tendance empirique de ce type de
recherche depuis les années 70 à nos jours.
Le caractère positiviste imprègne actuellement
toutes ces de recherche, bien que le défaut majeur du positivisme, pour
expliquer les comportements des agents économiques, est qu'il est
incapable de saisir toutes les variables requises M32.
Les recherches scientifiques en audit présentent alors une
ramification assez développée :
M31 Désormais, les chercheurs dans ce
domaine, ne parlent plus de systèmes-experts pour désigner
l'informatisation d'activité telles l'audit, ou autre. Ils les
désignent plutôt par « Gestion des Connaissances ». Mais
le mot « système-expert » reste d'utilisation très
diffusée dans les milieux professionnels, qui utilisent ces
systèmes.
M32 Mattessich R. V.T1972].
RECHERCHES SCIENTIFIQUES EN AUDIT
Etudes d'Interprétation
Etudes de Réactions
Etudes Diverses
Recherches Empiriques
FALSIFIABILITÉ DE LA THÉORIE D'AUDIT
Etudes des Modèles de Marché
Etudes en Laboratoire
Recherches Comportementales
Qualité d'audit (attributs), Techniques d'audit
,
Réputation d'auditeur : (déterminants,
impacts..), Firmes d'audit : (critères),
Rapport d'audit : (délai, étendue..)...
Modélisation
de l'Interaction Stratégique d'Audit
Théorie des
Contrats
Théorie de l'Utilité
Théorie des Jeux
THÉORIE D'AUDIT
Modèles des Signaux
Modèles de Sélection Adverse
Modèles du Risque Moral
Recherches Théoriques
Modélisation
du Jugement d'Audit
Théorie de la Probabilité Théorie de
l'évidence
Gestion de Connaissances...
CADRES CONCEPTUELS D'AUDIT
Conceptualisation
Figure 3 : Positionnement des Recherches Scientifiques en
Audit
Le schéma ci-dessus conçoit une classification
des recherches scientifiques en audit qui, à notre sens, est
adéquate pour générer une vue synthétique de ce
domaine de la science. L'utilité de cette classification réside
dans la dernière « ligne » du schéma :
- les recherches théoriques sont groupées
pour visualiser les constituants de la théorie d'audit
- celles empiriques sont groupées pour visualiser
les essais de falsification de cette théorie d'audit,
- les recherches conceptuelles, bien que
éparses et timides, constituent un groupe à part : elles se
prêtent plus à une classification normative-pragmatique
qu'à une classification théorique ou empirique : il n'est
même pas concevable d'affirmer qu'il s'agit là de recherches
scientifiques : Pour cela, elles doivent répondre aux critères
d'une recherche scientifique, (validité interne, externe... objectif
scientifique...). Mais, une liaison forte les lie aux recherches
théoriques, surtout pour ce qui touche à l'identification du
risque d'audit et à la fixation du seuil de signification.
Plus explicitement, le caractère normatif-pragmatique
relate l'élaboration ou l'application de normes d'audit, alors que le
caractère empirique relate l'expérimentation et
l'hypothétique, enfin, le caractère théorique, en audit,
relate la modélisation mathématique du comportement de l'auditeur
en soi-même ou dans la relation tripartite d'audit.
Figure 4
TYPOLOGIE DES RECHERCHES D'AUDIT
Source : Inspiré du Cours DEA 97-98
|
|
Décrire l'élaboration des normes
|
Pragmatico -normatives
|
|
Décrire l'application des normes
|
|
|
|
Expérimenter réellement
l'hypothèse
|
Empiriques :
|
|
|
|
Modéliser mathématiquement le comportement
de l'auditeur ou de ses partenaires
Théoriques :
Certaines études normatives-pragmatiques peuvent
être qualifiées de scientifiques. Ce sont surtout des
études statistiques de diffusion de certaines pratiques d'audit, ou des
débats entre professionnels et académiciens, ou notamment des
études de pratiques d'audit à un niveau international
Q33...
Les recherches empiriques, de leur côté, englobent
une diversité importante d'études.
Enfin, les recherches théoriques, moins
proliférantes et plus homogènes, du point de vue objectif
d'étude, se focalisent sur les modèles mathématiques
d'interactions stratégiques et de jugement d'audit.
Voici, alors, un bref aperçu des recherches empiriques
pour mieux positionner celles théoriques dans le présent
mémoire :
LES RECHERCHES EMPIRIQUES
Nous adoptons ici, certes avec plusieurs modifications et
surtout des développements, une classification suggérée
par Moizer & Holt [1990] qui subdivise ce type de recherche d'audit en
trois catégories : recherches d' « interprétation »,
recherches de « réaction » et recherches diverses :
MI 33 Dans ce cadre, voir par exemple le
papier de Kinney W.R.Jr f19721 sur les objectifs de l'échantillonnage...
Il existe aussi des études très intéressantes sur les
pratiques internationales d'audit, ou bien sur l'effet culturel en audit...
Voir une revue spécialisée très intéressante pour
ce type de recherches, intitulée « International Journal of
Accounting, Auditing, Education and Research » (à l'I.S.G. de
Bardo).
M RECHERCHES 'É
Ces recherches examinent, en fait, le lien « 1 » du
processus de communication au sens de Libby R. [1979(a)], c'est à dire,
lorsque les «utilisateurs» du rapport d'audit essayent d'en
interpréter le contenu. Elles ont pour objectif de cerner le
processus cognitif d'interprétation et d'en analyser les
composantes.
LE PROCESSUS DE COMMUNICA7ION
Message intentionné par
l'auditeur
|
|
|
|
Perception de l'intention de l'auditeur
par l'utilisateur du message
|
|
Lien 1
|
|
|
|
|
Effets de
la décision conséquente
Réaction de
l'utilisateur à la perception du
message
Lien 2
Source : Libby R. (1979(a), p:100] (Traduction Libre)
Figure 5 : Processus de communication (1)
Les deux méthodologies les plus fréquemment
usitées pour ce type de recherche sont les sondages (que ce soit par
questionnaires envoyés ou par interviews) et les études en
laboratoire (c'est à dire les mêmes sondages mais effectués
en labo, l'équivalent d'un environnement contrôlé mais
irréel).
Les approches utilisées pour analyser le processus
d'interprétation sont M 34 :
n Le test sémantique différentiel,
n le modèle des influences convergentes (ou la
lentille),
n le modèle de la distance géométrique,
n d'autres plus simples, plus usitées mais moins
robustes, sont l'essai de «mesure» de l'opinion du sondé
(interviewé) par l'échelle de Likert ou celle de Thurstone (la
fixation fonctionnelle représente plutôt un obstacle à
l'interprétation)...
LE TEST SÉMANTIQUE DIFFÉRENTIEL :
Les origines du test sémantique différentiel,
ou différenciation sémantique, remontent à 1957. C'est une
méthode qui consiste à concevoir que le sens d'une phrase est
multidimensionnel et chacune de ces dimensions est représentée
par un adjectif «bipolaire» comme : chaud -- froid, bon -- mauvais,
fiable -- non fiable... il suffit de choisir entre ces adjectifs pour
interpréter la phrase M35.
LE MODÈLE DE LA LENTILLE :
Selon ce modèle des « influences convergentes
», le décideur fait face à un éventail d'indices qui
se chevauchent et qui reflètent imparfaitement l'environnement. Par une
combinaison probabiliste de ces indices, le décideur doit arrêter
son jugement : l'environnement est observé par le décideur
M34 Tremblay et al. 119931 les présentent
parmi d'autres comme outils de la comptabilité comportementale.
M35 Holt G. et Moizer P. 11990, p : 1131. Voir aussi
Bailey et al. 119831.
à travers une lentille qui lui fournit des indices
imparfaits M36. Dans certaines expériences en laboratoire, on
conduit la recherche par des discussions entre les sujets invités au
labo et non pas par des questionnaires et interviews en labo. On exploite alors
la convergence des influences mutuelles qu'ils peuvent avoir sur
eux-mêmes pour analyser leurs processus d'interprétation.
LE MODÈLE DE LA DISTANCE GÉOMÉTRIQUE
:
Ce modèle analyse les différences de perception
ou d'interprétation entre différents groupes de sondés, en
déterminant les dimensions sur lesquelles les différents messages
sont proposés dans les divers rapports d'audit et mesure les
différences entre individus et les groupes grâce à des
pondérations différenciées de dimensions (variables) qui
séparent ces rapports M 37. Ce principe trouve plus
d'écho dans les recherches touchant au domaine des choix sociaux.
LES ÉCHELLES DE LIKERT ET DE THURSTONE :
Technique d'évaluation d'attitude, l'échelle de
Likert consiste à poser des questions directes ayant pour but de
connaître l'attitude qu'aurait le répondant au cas où il
subirait une certaine situation précise ou concernant un sujet
précis. L'échelle de Thurstone consiste à rechercher une
vérité absolue et non une opinion ou une attitude, en posant les
mêmes questions mais en demandant une réponse objective et
dénuée de tout jugement personnel.
En réalité, ces instruments d'évaluation
d'attitudes ont été appliqués en premier lieu en
sociologie, en 1929 pour Thurstone et en 1931 pour Likert. Sauf que plusieurs
critiques ont été avancées pour ces deux instruments de
recherche : la critique la plus importante réside dans le manque de
robustesse dû à la différence (composition, culture,
environnement...) entre le groupe test et l'échantillon effectif de
l'étude M38 : Ce groupe « test », en
répondant à un 1er questionnaire (ou questionnaire test), doit en
faire ressortir les éléments incompréhensibles, ou mal
exprimés ou difficiles à y répondre. Ces
éléments sont alors qualifiés d'extrêmes et sont,
par conséquent, éliminés. Dans une seconde étape,
un 2ème questionnaire est alors échafaudé,
épuré des insuffisances du questionnaire test, et envoyé,
par extension, à un large groupe constituant l'échantillon final
d'étude par rapport à la population réelle...
M36 Tremblay et al. 11993, p :1601.
M37 Libby R. 11979 (a), p : 1101.
M38 Schweikart J. A. et O'Connor W. F. 119891.
Les résultats auxquels ont abouti ces recherches
d'interprétation sont mitigés, mais ont eu un impact non
négligeable sur les essais de normalisation de la forme du rapport
d'audit. L'objectif de certaines études consistait à comprendre
le sens donné, à certaines formulations de réserves
dans le rapport d'audit, par les utilisateurs de ce rapport, tels les banquiers
lors de décision de prêt, les investisseurs, les auditeurs
eux-mêmes... D'autres consistaient à présenter aux
sondés (utilisateurs de rapports d'audit) des états financiers
fictifs ou réels et des rapports d'audit relatifs à ces
états et à étudier l'interprétation de ces rapports
d'audit par les sondés à travers leurs décisions (de
prêt, d'investissement...).
La seconde catégorie des recherches empiriques d'audit
est celle des recherches de « réaction » :
M RECHERCHES DE É
Suite à la publication du rapport d'audit, ces
études examinent les liens « 2 » et « 3 » du
LE PROCESSUS DE COMMUN/CAT/ON
Message intentionné par l'auditeur
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Perception de l'intention de l'auditeur
par l'utilisateur du message
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Effets de
la décision conséquente
Réaction de
l'utilisateur à la perception du
message
Lien 2
Source : Libby R. [1979(a), p:100] (Traduction Libre)
Figure 6 : Processus de communication (2)
processus de communication : c'est à dire la
réaction des utilisateurs de ce genre de rapport et les impacts de cette
réaction sur la décision de
l'utilisateur (d'investissement, de prêt...).
Ces recherches ont pour objectif d'identifier les
éléments sur lesquels se base la décision de l'utilisateur
du rapport d'audit, donc de statuer sur l'utilité du rapport d'audit,
alors que le reste, des types
divers de recherches, essaie de statuer sur l'utilité
de l'audit comme moyen d'assurance de l'information comptable. Elles utilisent
plusieurs types, comme méthodologies, mais, les plus fréquentes
sont le laboratoire et le modèle du marché financier :
LES ÉTUDES EN LABORATOIRE :
C'est l'examen des réactions d'individus
(invités) dans un environnement fictif et contrôlé pour ne
subir qu'un minimum d'interférences et de bruits possibles : en fait,
cette méthodologie est d'application diffuse à toute sorte de
recherche, mais, elle présente une haute fréquence d'utilisation
pour les recherches de réaction. La recherche en labo, consiste à
identifier un contexte de décision, à le reproduire fictivement
de telle sorte que les perturbations que subit le décideur, au moment
exact de la prise de décision, soient minimales, pour ainsi examiner et
identifier les éléments, cause de la décision, et
arriver à mesurer leurs impacts sur cette décision.
Les sujets sont, le plus souvent, des acteurs réels
(vrais banquiers ayant certaines expériences en la matière, vrais
investisseurs, vrais analystes financiers, auditeurs, dirigeants...). Mais,
pour que l'échantillon soit représentatif de la
réalité, il est extrêmement difficile de regrouper ces gens
pour de tels objectifs. Les chercheurs ont, alors, souvent recours à des
financements auprès des Bigs, d'organismes de normalisation ou
d'institutions de recherche... pour motiver ces acteurs à assister
à l'expérience. Ce qui induit un certain lobbying. D'autres, en
manque de ressources, invitent simplement des étudiants afin qu'ils
simulent le rôle d'utilisateurs de rapports d'audit. Évidemment,
l'expérience et les connaissances de ce type de sujet sont
limitées et affectent la robustesse de cette méthodologie. Ils
subissent alors des sondages qui produisent des mesures à analyser au
moyen des tests statistiques ou d'analyse factorielle... On arrive, par cette
méthodologie, à bien isoler les éléments de
décision et leur impact, mais l'irréalité de
l'environnement affecte nécessairement la robustesse du
résultat.
LE MODÈLE DU MARCHÉ :
Ici, l'environnement réel joue pleinement son
rôle, mais, la difficulté réside dans l'isolement des
éléments, objets de l'étude, et de leurs impacts sur la
décision : Cette méthodologie examine le comportement de
modèles mathématiques de marchés financiers,
empruntés à la théorie financière, face à un
événement donné qui touche à l'audit. Souvent,
l'approche des études d'événement est
usitée. L'environnement de l'expérience est non seulement
réel mais aussi objectif. Le problème est qu'il comporte
nécessairement des interférences (ex : informations concomitantes
à la publication du rapport d'audit) Q 39. Le modèle
financier du marché aide le chercheur à évaluer le
rendement «anormal» du portefeuille de la période, qui puisse
être estimé par les investisseurs suite à la divulgation
d'une information précise.
Figure 7 : effet du choix du modèle de marché
sur l'interprétation du rendement anormal des titres
- 40 - 20 0 20 40 days
Event time in trading relative to earnings
announcements
- 40 - 20 0 20 40 days
Event time in trading relative to earnings
announcements
FE3
- 10
- 20
20
10
0
FEi4
Pour visualiser la conséquence du choix d'un certain
modèle de marché, on peut observer ces deux schémas de
l'étude de Foster et al. [19841 qui ont essayé de
démontrer les limites dumodèle «MEDAF».
L'interprétation de l'évolution du rendement
anormal diffère selon ce choix.
39 Chen et Church 119961 étudient la
réaction du marché suite à la divulgation de la
réserve sur la continuité et sa liaison avec la faillite.
-4
-8
abnormal performance indexes for various portfolios
8
4
0
-8 -6 - 4 -2 0 2 4 6 onth relative to annual report announcement
date
good news
bad news
source Bai & Brown [1968, p. 1691
Variable 3
Total sample
Variable 1
Variable 3
Variable 2
Variable 1
Variable 2
Figure 8 : Etude d'évènement
En ce qui concerne les études
d'événement, la date «0» est une date
choisie par le chercheur (et la période, avant et après, sous
forme de «fenêtre») en tant que date où a eu lieu,
effectivement, la divulgation de l'information, elle peut donc différer
de la date de publication du rapport d'audit. Déjà,
l'étude de Ball et Brown [1968] démontre que 85% des informations
contenues dans les états financiers publiés sont
déjà fournies au marché par d'autres moyens (ce qui
alimente le débat sur l'utilité de la publication). Bref, le
choix du modèle affecte les résultats de la recherche ainsi que
le choix de la fenêtre de l'événement.
Ce genre de recherches se base sur la théorie de
«l'efficience informationnelle du marché» M40 :
selon laquelle un marché n'est efficient qu'en évitant, le mieux
possible, l'existence d'une information privilégiée pour des
utilisateurs restreints parce que l'augmentation de la richesse des
utilisateurs privilégiés ne va pas dans le sens de l'optimum de
Pareto M41. Le marché efficient doit réagir de
façon instantanée et non biaisée à l'information
disponible. C'est ce qui démontre la difficulté de conduite de
recherches pareilles sur des marchés boursiers naissants ou
embryonnaires.
~REntmentie Di mue e
La diversité caractérise aussi bien l'objet que la
méthodologie, l'approche, ou la démarche... L'objet peut toucher
aux :
n attributs de la qualité d'audit,
n attributs de l'indépendance de l'auditeur,
n déterminants de la réputation de l'auditeur,
n critères de choix des firmes d'audit par le demandeur
du service d'audit,
M40 Efficience informationnelle différente de
l'efficience de production (organisation de la production) ou de l'efficience
d'échange (domaine des marchés de consommation)...
M41 Axiomes de base de cette efficience :
Disponibilité et gratuité de l'information pour tous les
participants aux transactions, homogénéité des
interprétations des informations par tous les agents, absence de
coûts de transaction....
n utilité de certaines techniques d'audit,
n délai et étendue du rapport d'audit,
n critères de satisfaction des clients des bigs,
n critère de l'importance des honoraires comme indicateur
de qualité d'audit,
n déterminants du changement d'auditeur...
La méthodologie peut toucher aux :
n sondages :
par questionnaire, par interview,
n Laboratoire : (questionnaires, interviews,
débats...),
n usage du modèle du marché efficient,...etc.
On peut, alors, énumérer certains exemples de ces
recherches :
n Etude de Carcello et al. [1992], qui, à partir de
questionnaires envoyés aux 1000 plus grandes entreprises
américaines (classement de «Fortune» n° : 1987),
réussissent à dégager un ensemble d'attributs de
qualité affecté par l'entreprise à son auditeur. Par une
analyse factorielle, les auteurs ont pu faire ressortir les 12 attributs les
plus importants aux yeux de ces firmes, à savoir : l'expérience
de l'équipe d'audit avec le client, le domaine d'expérience de la
firme d'audit, caractéristiques de membres individuels de
l'équipe d'audit...,
n Simon [1997] étudie l'impact de la taille de la firme
d'audit sur la qualité de son audit, perçue par le client,
n Bonner et Lewis [1990] étudient les déterminants
de l'expertise de l'auditeur,
n Mc Kinley et al. [1985] examinent l'influence de la taille et
du type des firmes d'audit sur la décision de prêt,
n Peters [1990] essaye d'élaborer un modèle
cognitif d'estimation de la génération du risque,
n Wilson et Grimlund [1990] examinent l'importance de la
réputation de l'auditeur,
n Bar-Yosef et Livnat [1984] examine la décision de
désignation de l'auditeur en tant que signal de performance de la firme
envers les investisseurs....
1ES RECHERCHES TH~~RIQUES EN AUJ IT 44
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