2 Chapitre II
Le but du second chapitre est simultanément d'expliquer
et de critiquer' de façon intégrée et
approfondie' un modèle d'audit choisi parmi les plus
récents en la matière; en l'occurrence' le
modèle de DATAR Srikant M. et ALLES Michael Gamini [1999]. L'analyse
critique' objet de ce mémoire' est
condensée dans ce chapitre II :
Ce chapitre avance' exactement' trois
critiques au modèle de Datar & Alles [1999]. Ces trois
critiques' groupées' constituent une remise en
question de la mécanicisité de ce modèle d'audit et
de la modélisation de l'interaction stratégique en
audit' en général' puisque les
modèles de la relation d'audit sont fréquemment de même
type que celui de Datar & Alles.
Ces trois critiques se projettent comme suit
- une 1ère' plutôt
illustrative' met en relief le fait que le modèle est
à information cachée' mais que cette information (le
type de l'auditeur) n'est pas aussi évidente à distinguer en
réalité que ne le suppose le modèle'
puisqu'elle dépend des actions de l'auditeur et Datar & Alles
affirment eux-mêmes que la réalité est que ces actions
d'audit sont un continuum et non distinctes ;
- une seconde critique montre que la rationalité des
joueurs' au sens néoclassique' et leur
opportunisme systématique' représentent à eux
deux' le noyau de la mécanicisité de ce modèle
DA [1999]' le modèle et la théorie des contrats en
général' gagneraient à s'inspirer de la
théorie des coûts de transaction qui se place dans le cadre d'une
rationalité limitée et qui adopte un opportunisme conjectural
(non automatique) des joueurs ;
- enfin une troisième critique' et qui est
la plus importante dans le cadre de ce mémoire' vise
globalement le concept de réputation de l'auditeur'
vis-à-vis du manager' qui est endogène'
relative' évolutive et appliquée au «
comité d'audit ». Mais plus précisément'
cette 3ème critique remet en question la construction des croyances du
manager envers le type (diligent ou négligent) de l'auditeur.
Donc' en général' ces trois
critiques constituent une remise en cause d'une mécanicisité
d'un
modèle d'audit' mais en
particulier' seule la dernière critique de ces trois est
importante vis-à-vis de l'objectif essentiel de ce mémoire :
Puisqu'à notre sens' l'incertitude contenue dans
l'information mise en jeu dans une relation d'audit' est
modélisée probabilistiquement de façon trop
abstraite par rapport à la réalité' cette
troisième critique touchant à la construction des croyances dans
le modèle DA [1999]' permet d'appuyer cette affirmation.
Cette construction de croyances est alors' à
notre sens' vulnérable dans quatre aspects o Les trois
aspects les moins importants des quatre concernent :
- l'exogénéité de la croyance à
priori contradictoire avec l'endogénéité de la
réputation de l'auditeur'
- la difficulté de l'application de la révision
bayesienne au monde réel suite à la difficulté de recenser
exhaustivement toutes les composantes de l'événement objet de la
révision'
- et l'impossibilité de réalisation de la
connaissance commune' entre les joueurs' des croyances de
chacun.
o Reste le quatrième aspect et le plus important pour
le présent travail : il vise à montrer que la théorie de
la probabilité n'est pas adéquate pour traduire la notion de
croyance :
- Nous nous inspirons des pensées de Shackle G.L.S.
pour critiquer la construction probabiliste des croyances dans ce modèle
: la probabilité' même subjective' est
fréquentiste' alors que la croyance est un
phénomène rarement répété' il est
lié à son contexte et à l'état psychique de
l'individu' et d'autre part' elle implique
l'équiprobabilité des choix' qui est en
elle-même une situation trop particulière de la distribution
probabilistique'
- Nous nous inspirons de la théorie de
l'évidence de Shafer G.' pour affirmer qu'une
probabilité subjective' la croyance' n'est pas
apte à différencier entre absence de fait et
méconnaissance du fait' objet de la croyance à
construire par l'individu en relation d'audit.
Bref' toutes ces critiques ne sont'
à des degrés divers' que l'écho d'une remise en
cause éternelle de la pensée économique
néoclassique appliquée à l'audit. Elles ouvrent un «
chantier » trop ambitieux au regard de ce simple travail de mémoire
de DEA.
Le chapitre III' essaye par
conséquent' de focaliser la réflexion sur une seule
de ces trois critiques' en l'occurrence la construction des
croyances du manager envers le type de l'auditeur' en proposant une
ébauche de réflexion sur une éventuelle
subjectivisation du comportement' tel que pensée par
Shackle. Cette ébauche est inachevée' dans le sens que
son intégration au modèle initial s'avère difficile
à conduire dans le cadre limité de ce mémoire de
DEA' puisque problématique à plusieurs points de vues.
Donc' :
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