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Théorie de la Reconstruction Rationnelle. Programmes de Recherche et Continuité en sciences

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par Julien NTENDO BIASALAMBELE SJ
Faculté de Philosophie St Pierre Canisius, KInshasa - Licence en philosophie 2007
  

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CHAP. II : LA METHODOLOGIE DE PROGRAMMES DE RECHERCHE SCIENTIFIQUES

II.0. Introduction

Notre premier chapitre s'est penché sur la critique lakatosienne du falsificationnisme de Karl R. Popper. Il a démontré la difficulté de penser un quelconque progrès rationnel de la science en termes de conjectures et réfutations, en vertu de l'étroitesse du critère falsificationniste102(*). Au terme de cette analyse, nous avons dégagé, à la suite de Lakatos, une version sophistiquée du falsificationnisme qui pose le problème scientifique en termes d'évaluation objective des séries de théories.

Sur quelles bases peut-on reconnaître le caractère scientifique d'une nouvelle théorie? Quel rôle les vérifications et anomalies jouent-elles dans la rationalité scientifique? Comment le chercheur se positionne-t-il en face des anomalies? Si la science ne progresse pas par accumulation des théories, en quels termes doit-on penser le progrès chez Imre Lakatos? Telles sont les questions que tentera de résoudre ce second chapitre. Il expose le coeur de la méthodologie, fondée sur la dialectique entre une structure théorique de base, (le noyau dur) et une double heuristique ou principes méthodologiques orientant le travail théorique.

Notre chapitre se divise en trois grands moments. Dans un premier moment, nous dégagerons l'exigence d'un développement continu des séries des théories comme un principe majeur de la méthodologie, car elle explique le mieux la dialectique qui définit la science en termes de permanence et de continuité, en lien avec l'épistémologie dialectique de Gaston Bachelard et de la tension essentielle de Thomas Samuel Kuhn. Dans un second moment, nous exposerons le concept et la structure du programme de recherche. Il s'agira ici de préciser le rôle joué par chaque composante de la méthodologie, et de clarifier la relation du chercheur face aux anomalies auxquelles il peut se heurter tout au long du développement de son programme. Enfin, le libéralisme et la tolérance méthodologique sont un aspect non négligeable de la méthodologie. Nous y répondons à la question de l'existence d'un critère objectif d'élimination des programmes de recherches. Tout au long de ce chapitre plusieurs exemples tirés de l'histoire de la physique appuient la réflexion d'Imre Lakatos.

II.1. L'exigence d'une structure continue.

La science ne connaît pas de modèle unique de rationalité. Elle connaît plutôt des rationalités multiples qui se diversifient suivant les disciplines, les époques, les méthodes mises en jeu, les approches individuelles ainsi que selon les contextes socio-culturels. On parlera ainsi des rationalités mathématiques, ou des rationalités sociales. On peut dès lors comprendre que la raison se dit de plusieurs manières.

La méthodologie de programme de recherche est en ce sens une forme de rationalité scientifique. Elle intègre la discussion et la critique rationnelle, l'histoire propre des sciences ainsi que l'exigence d'une structure permanente. Seule cette structure continue peut permettre la reconstruction rationnelle de l'histoire de sciences.

II.1.1. Lakatos : le développement continu de la science à partir du noyau dur

Lakatos est aussi confronté au problème épineux de l'évaluation objective des théories nouvelles face à l'expérimentation et aux théories déjà admises. En guise de solution, et contrairement à Popper et à Kuhn, il intègre les théories dans une compétition où la prédiction de faits nouveaux constitue le critère de démarcation entre la science mature et la science immature. En d'autres termes, en face des anomalies, la méthode lakatosienne n'encourage pas une élimination immédiate du programme de recherche. Celui-ci se maintient par la protection de la structure de base et grâce à des hypothèses auxiliaires qui se confrontent aux réfutations, et par l'adoption d'autres hypothèses qui précisent le cadre formel du programme; ces dernières hypothèses assureraient l'autonomie relative du programme de recherche. L'adjonction des hypothèses est soumise au critère de compatibilité avec la structure de base. Ainsi s'assure une certaine continuité au coeur du programme. Sans cette continuité, aucune reconstruction rationnelle n'est possible.

Lakatos récuse alors toute conception du progrès scientifique en terme d'accumulation des théories. Le progrès suppose une base permanente, le noyau dur, et une série de changements au niveau des hypothèses auxiliaires. Ces changements sont conçus en termes d'une augmentation de contenus théorique et empirique, qui rend le programme compétitif. La méthodologie de programmes de recherches joue donc sur cette dialectique entre continuité et prédiction progressive de faits empiriques. Une telle lecture dialectique des sciences trouve des échos chez Thomas Kuhn et chez Gaston Bachelard.

* 102 Nous avons élargi la critique aux théories justificationnistes et conventionnalistes.

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