CHAPITRE IX ACTEURS, ROLES DANS LA GESTION DES
CONFLITS
Lorsque des liés à l'utilisation des ressources
naturelles surviennent, différents acteurs outre ceux directement
concernés sont impliqués dans les processus de gestion des
conflits.
1- Acteurs, rôles :les acteurs
principaux dans l'arène des conflits sont els éleveurs et les
agriculteurs.
- Les agriculteurs dogon et songhaï sont les premiers
installés dans la zone de ce fait, ils sont les principaux
propriétaires terriens. Il existe aussi de puissants liens entre les
pratiquants du même mode de production de la même famille, d'un
même clan voire de groupes ethniques différents. Ceci est du au
partage des mêmes valeurs et normes. L'entraide entre voisin constitue
une forme courante de coopération aux moments des semis ou des
récoltes.
- Les éleveurs sont pour la plupart du groupe ethnique
peul. Ils sont composés de transhumants et de sédentaires
arrivés en seconde position dans al zone. Les peuls sédentaires
vivent dans des villages tandis que les transhumants campent sur des endroits
précis qui jalonnent al plaine pendant des périodes courtes et
surtout pendant la saison sèche. Ces endroits sont en
général situés à l'écart des villages loin
des propriétés agricoles.
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Les rapports entre les éleveurs et les
agriculteurs varient d'un village à l'autre. Ils sont basés sur
l'échange (troc du lait des peuls contre des céréales).
Ils existent des liens de mariage entre les peuls et les songhaï. Dans la
société dogon le mariage avec les peuls est souvent fait pour
mettre fin aux conflits. Les responsables villageois jouent le rôle de
médiateur entre les différentes communautés en cas de
conflit.
Au niveau de l'administration il est fait appel aux
maires, aux préfets pour la résolution des conflits souvent avec
l'aide des forces de l'ordre en cas d'affrontement entre les
communautés.
- Parmi les acteurs impliqués dans la gestion
des conflits dans le cercle figurent également les projets de
développement locaux à savoir la NEF, le PDI MELM. leur
rôle est lié aux activités de gestion locale des ressources
naturelles. Le rôle de ces projets dans la gestion des conflits est
complexe. D'un côté, ils initient des activités
d'information et d'éducation auprès des communautés pour
la prévention des conflits entre les agriculteurs et les éleveurs
par exemple la délimitation des zones de pâturage et des pistes de
passage, plantation de haies vives pour protéger les exploitations
agricoles. De l'autre, certaines activités, telles que les
aménagements agricoles, les puits peuvent engendrer des
conflits.
Les organisations d'agriculteurs et d'éleveurs
sont rares dans la zone et se préoccupent davantage d'activités
de production ou de tâches plus spécifiques telles que la
vaccination du bétail, les micro- crédits ou les banques
céréalières.
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- Les ressortissants d'une localité ayant
réussi financièrement ou ayant fait carrière dans
l'administration publique influencent les opinions et les prises de
décision dans leur village d'origine. Ils font souvent office de
financiers ou de consultants dans les processus de gestion des conflits.
2- Médiateurs et les stratégies de
gestion des conflits :
Dans la gestion des conflits entre les différents
utilisateurs, les médiateurs interviennent à des niveaux
hiérarchiques différents. Sur une soixantaine de conflits
recensés dans les treize villages exploitants dans al plaine, les
actions de médiations aux différents niveaux ont donné les
résultats suivants
- Sans gestion dans 10 % des cas
- gestion interpersonnelle dans 15 % des cas
- médiation du chef de village dans 60 % des cas
- médiation du juge 15 % des cas
Au niveau local ; la médiation du chef de village
aidée de ses conseillers ou par des institution locales est la plus
impliquée dans la gestion des conflits.
15 % des litiges n'ont pu être résolus au niveau
du village et ont du être transféré au niveau de la
commune, du cercle ou de la région pour faire l'objet d'une
résolution Les conflits qui ont été résolus
à la justice sont essentiellement des litiges de terre sauf dans un seul
cas
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Dans 90 % des cas, les enquêtés
préfèrent une gestion au niveau du village des conflits dans le
souci de préserver les relations sociales. L'appartenance au même
groupe ethnique et la pratique de la même activité
économique joue un rôle important dans la gestion des conflits. La
gestion des conflits strictement aux parties concernées est beaucoup
plus difficile lorsque les deux parties en conflit n'appartiennent pas au
même groupe ethnique ou n'exerce pas le même mode de production.
3- Forces et faiblesses des médiateurs dans la
gestion des conflits
La gestion des conflits directement entre les parties
concernées ou tout au moins au niveau du village semble être la
méthode la plus efficace car elle se fait sans des perturbations
majeures dans les relations sociales et surtout elle n'engage pas beaucoup de
moyens financiers. Donc les agriculteurs, les éleveurs et pasteurs qui
sont plus impliqués sont les principaux responsables de
l'élaboration d'un système efficace de gestion des conflits
liés aux ressources naturelles
La force des autorités villageoises dans la
médiation et la gestion des conflits liés aux ressources
naturelles viennent de leur grande influence et de la confiance que leur
accordent les différents utilisateurs des ressources. L'acceptation des
médiations villageoises, bien qu'il soit le représentant de
l'autorité administratif, s'explique par le fait que le chef de village
et ses conseillers sont d'abord des aînés, des fils du village et
détiennent des savoirs sur les différents mode d'appropriation
des ressources, leur utilisation et surtout sont les dépositaires de
l'historique de l'implantation.
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Aussi leurs faiblesses dans la gestion et la
médiation en cas de conflits dépendent de leur degré de
motivation, de leur appartenance ethnique en bref de leurs
intérêts personnels.
La force des autorités administratives au niveau
du cercle et de la région réside dans le pouvoir
hiérarchique (le poids de l'état) et surtout de l'assistance des
forces de l'ordre.
Aux yeux des communautés de l'état le
recours aux autorités administratives dans la gestion des conflits ne se
présente pas comme une procédure viable. Selon ces derniers les
décisions de l'état manque de transparence et
conséquemment engendre la méfiance envers les services de
l'état. L'état devrait répondre à ce défi
par la mise en place des processus plus transparents de règlement des
conflits. Il se doit garantir l'équité dans l'accès et
l'utilisation des ressources. Il s'agit surtout d'éviter les risques de
commercialisation des conflits liés aux ressources naturelles. Le manque
de proximité en termes d'espace et de temps est perçu par les
communautés comme un problème contraignant. Le manque de moyen a
été fréquemment évoqué par les
autorités administratives, les services techniques, la gendarmerie. Dans
certains cas un manque de carburant rend impossible l'envoi d'une équipe
sur le terrain pour constater des dégâts ou la médiation
entre les protagonistes. Les mutations fréquentes des agents de
l'état constitue un frein à la mise en place et à l'appui
de l'état à une gestion participative et efficace des conflits.
Cette rotation des fonctionnaires de l'état est à l'origine d'un
manque de continuité et de cohérence dans les prises de
décisions.
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