Evaluation de l'impact psychologique de la mise en place d'un système d'assurance qualité (ISO9001) sur les travailleurs d'une PME( Télécharger le fichier original )par Eric Trillet Universtié Catholique de Louvain (UCL) - Licence en sciences du travail 2007 |
3.3.1.2 Les règlesLe contrôle s'effectue donc par rapport à des règles. Celles-ci ne sont pas une habitude mais une contrainte. Le contrôle social, activité de la société maintenant les règles luttant contre la déviance... ne se fait pas sans attendre de résistance. Ce qui assure la stabilité des règles n'est pas leur poids, inertie, mais les forces qu'elles mobilisent (stratégie des acteurs qui les utilisent, construisent). Les règles n'ont de sens que parce qu'elles sont rapportées aux fins d'une action commune, elles sont ainsi toujours instrumentales.36(*) Selon Lévy, les règles démontrent donc toujours un caractère arbitraire car elles ne reposent sur aucun argument antérieur susceptible de leur conférer une légitimité ou les expliquer. Cependant ces règles se justifient par leur existence même plutôt que leur contenu car elles permettent les échanges et le travail collectif. Les règles définissent non seulement ce qui est interdit mais aussi ce qui est possible. Elles ne se réfèrent que rarement à des comportements objectivables et mesurables mais à des normes. Leur légitimité repose sur la conviction qu'elles correspondent à des nécessités. Une organisation vivante à pour propriété un travail permanent de recomposition, redéfinition et invention des règles. Comme l'avançait Dejours, c'est une situation où cette dynamique serait figée qui apparaîtrait comme pathologique.37(*) De Munck insiste quant à lui sur la réflexivité des règles, de la norme. « Le système formel n'épuise ni ne condense toutes la séquence réflexive, puisqu'il ne se découpe que comme thématisation dépendante de paradigmes. »38(*) La norme est un résumé sélectif d'apprentissages antérieurs et dans une perspective de l'avenir les règles peuvent être le support de nouveaux apprentissages collectifs. « La norme est ainsi un milieu réflexif collectif. »39(*) 3.3.1.3 Le pouvoirLe contrôle est une forme d'exercice du pouvoir légitimé par les règles. Les règles formelles déterminent la sanction applicable. Les principes de la direction ne sont pas seulement de faux-semblants ou une théorie erronée, mais aussi un outil de gestion efficace. L'informel a sa place pour autant qu'elle ne provoque pas de réaction de la direction. La direction devant respecter les exécutants dont elle a besoin. Le pouvoir est une relation ! Ces deux régulations (formelle et informelle) visent à une cohérence de résultat, une légitimité tirée des finalités de l'organisation.40(*) Le pouvoir peut être vu comme un rapport de force et donc une violence. La légitimation du pouvoir rationnel légal s'effectuant sur base de normes, de règles, il apparaît donc tout aussi arbitraire. La légitimation, fonction d'occultation de ce caractère arbitraire et inégalitaire se réalise par son idéologisation, son intériorisation par les acteurs. L'autorité est ce pouvoir légitimé, lui permettant l'économie de l'usage de la force.41(*) * 36 DELFOSSE C. (2003), Mémoire de fin d'études. * 37 LEVY A. (1997), « Un univers de règles ». * 38 BELIN E., « Normes et médias », in DE MUNCK J. (1999), « L'institution sociale de l'esprit », pp. 99. * 39 DE MUNCK J. (1999), « L'institution sociale de l'esprit », pp. 138-139. * 40 DELFOSSE C. (2003), Mémoire de fin d'études. * 41 VAN DEN HOVE D. (1993), « Pouvoir, autorité et légitimation ». |
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