Avec la libéralisation, c'est toute la vision
stratégique du domaine qui évolue. En 1999, une licence de
téléphonie mobile est attribuée à SCM qui deviendra
en 2002 ORANGE. Au cours de la même année, l'on assiste au retour
du MINPOSTEL dans le budget général de l'Etat.
Le processus de désengagement de l'Etat se
matérialise davantage par la privatisation d'un de ses
démembrements. En effet, CAMTEL Mobile est cédée à
MTN International qui crée MTN Cameroun le 15 février 2000.
Les mutations technologiques qui se sont traduites dans les
années 80 et 90 par la numérisation des réseaux
téléphoniques et l'explosion des télécommunications
par satellite en particulier et des systèmes sans fil en
général, ont ouvert de nouvelles perspectives et engendré
des services et des besoins nouveaux. Les entreprises et les professionnels
désireux de disposer de services modernes voire sur mesure, ne sont plus
satisfaits des services offerts par une administration non performante, lente
à s'adapter et à innover.
C'est dans ce contexte que la réforme du domaine des
télécommunications, décidée le 1er juin
1995 par le Chef de l'Etat, dans une logique globale de restructuration du
système national de production, en vue de stimuler la croissance
économique et de sortir l'économie camerounaise de
l'ornière par le biais des technologies de l'information et de la
communication, atteint ses premiers résultats :
- Les plans quinquennaux définissaient les actions
à entreprendre par les pouvoirs publics en vue de l'amélioration
des conditions de vie des populations. La crise économique aiguë a
entraîné l'abandon de la planification quinquennale qui avait le
désavantage de ne pas permettre des ajustements en fonction de
l'évolution de la conjoncture socio-économique, des contraintes
budgétaires et politiques ;
- Le passage du budget classique de l'Etat au budget par
fonction et l'impérieuse nécessité d'une bonne mise en
oeuvre de la stratégie de réduction de la pauvreté exigent
de disposer des stratégies sectorielles de développement faisant
apparaître clairement les objectifs, les programmes et les projets
prioritaires ainsi que les mécanismes de suivi de leur mise en oeuvre
;
- La politique de réforme du domaine des
télécommunications doit être en phase avec la
stratégie de réduction de la pauvreté.
Compte tenu de ce qui précède, il est prescrit au
domaine des télécommunications trois objectifs essentiels dans le
DSRP, à savoir :
- Offrir des biens et des services de qualité en
quantité suffisante aux consommateurs sur toute l'étendue du
territoire national ;
- Créer des emplois pour les jeunes diplômés
;
- Améliorer l'efficacité et l'efficience des
établissements et entreprises publics du sous- secteur.
La stratégie sectorielle des
télécommunications s'inscrit dans la mouvance du DSRP et de la
déclaration du millénaire, mais aussi dans la dynamique actuelle
de globalisation des échanges. De ce fait, le bilan diagnostic qui suit
la déclaration des OMD est un document qui présente le domaine (y
compris les institutions) tel qu'il est aujourd'hui, avec ses problèmes,
ses atouts, ses handicaps et ses contraintes.
Au total, en décembre 2000, l'on observe plusieurs
évolutions institutionnelles dont les plus significatifs sont :
- Le désengagement total de l'Etat de l'exploitation
des réseaux de téléphonie mobile ouverts au public : deux
licences de téléphonie mobile sont délivrées
à deux opérateurs privés, ORANGE et MTN
- L'installation de nombreux fournisseurs de service Internet
dont la plupart exercent sans autorisation ;
- Le démarrage des activités de l'Agence de
Régulation des Télécommunications (ART) en septembre 1999
;
- La fourniture du service de téléphonie fixe par
CAMTEL pour une période transitoire allant jusqu'à la
libéralisation de ce segment de marché.
Mais tous ces changements sont intervenus sans qu'il y ait
à la base une politique/stratégie explicitée et
appropriée qui sous-tende le développement du sous-secteur. A
titre d'illustration, l'administration chargée des
télécommunications n'a pas eu et n'a pas une réelle
emprise technique sur la privatisation des entreprises publiques du domaine ;
elle participe aux réunions techniques de la commission technique de
privatisation et de liquidation (CTPL) comme toute autre institution
invitée.
La politique sectorielle a pour objet de définir une
vision claire du développement à long terme du secteur. Elle
définit non seulement les grandes orientations et les objectifs
généraux de développement des infrastructures et
réseaux de télécommunications ouverts au public, mais
également ceux de développement d'une industrie viable de
fabrication des équipements et des matériels de
télécommunications ainsi que de production d'une main d'oeuvre
suffisante et qualifiée nécessaire à la
société et à l'économie de l'information et du
savoir.
La stratégie sectorielle de développement quant
à elle est un instrument d'éclairage des choix prioritaires de
développement du secteur en matière d'investissement public dans
un contexte où les ressources publiques disponibles doivent être
rationnellement utilisées.
La réforme du domaine des
télécommunications initiée depuis juin 1995 par le
Gouvernement à travers une restructuration de ses démembrements
et les réalisations subséquentes laissent penser que celui-ci
regorge de potentialités énormes qui sont jusque là
sous-exploitées, surtout s'agissant d'un domaine toujours en
perpétuelle mutation. Près de cinq années après la
mise en oeuvre de la réforme approfondie et détaillée de
la situation actuelle en vue d'une part de dégager, à l'horizon
2015, des objectifs et des axes stratégiques de son développement
et d'autre part, de définir dans le cadre d'une stratégie sous
sectorielle de développement cohérente, ambitieuse et
réaliste, des programmes et des projets prioritaires à
réaliser à court, moyen et long termes.