Le Cameroun connaît depuis quelques années le
foisonnement des cybercafés privés qui se rencontrent maintenant
à presque tous les coins de rue dans les villes et même les
villages. Ce foisonnement a grandement contribué à la
vulgarisation des TIC dans le pays et permis de réduire
considérablement la fracture numérique. Ces espaces
d'accès à Internet offre un service de proximité aux
populations à des coûts réduits.
Les services offerts par les cybercafés sont
principalement la navigation sur Internet, la messagerie, la messagerie
instantanée, la VoIP et la Webcam. Des services de photocopie, de
secrétariat et de téléphonie sont aussi proposés.
Certains cybercafés offrent également des services de formation
à la bureautique et à l'initiation à Internet. Les usagers
des cybercafés sont également accompagnés (quand ils le
demandent) par les animateurs du centre qui ne sont pas toujours
disposés à offrir ce genre de service qui ne rapporte rien
financièrement.
Comparativement aux EPN (Espaces publics numériques)
en France qui ont pour missions non seulement d'offrir l'accès à
Internet mais aussi d'accompagner, d'initier, de former au TIC avec un
caractère social qui prime sur la recherche de bénéfices,
les cybercafés au Cameroun et même partout en Afrique fonctionne
comme des entreprises à caractère économique. Cet
état de fait est tout à fait normal car en France, les EPN sont
gérés par les communes et reçoivent des subventions alors
que les cybercafés africains sont initié et gérés
par des privés qui se doivent de rentabiliser l'espace non seulement
pour assurer la pérennité du lieux (régler les factures,
payer le personnel, assurer la maintenance des équipements, etc.) et
aussi pour se faire du bénéfice. Il est à noter que les
cybercafés sont globalement les seuls lieux d'accès à
Internet pour le grand public. Malgré leur statut à but lucratif,
ils contribuent efficacement à la réduction de la fracture
numérique dans sa dimension « accès à Internet »
principalement.
Les cybercafés au Cameroun ont connu leurs paroxysmes
avec l'usage d'Internet par les jeunes femmes et certains jeunes hommes pour la
recherche de conjoints étrangers. Ce phénomène a longtemps
été le noeud des usages dans les cybercafés et connus une
médiation internationale. Voir une femme dans un cybercafé
aujourd'hui c'est conclure sans doute qu'elle est à la recherche d'un
conjoint « Blanc ». Il est vrai que les femmes ont été
pendant une période les clientes privilégiées des
cybercafés car pouvant passer des heures et ce chaque jour sur Internet
pour "tchatter" avec leurs correspondants. On constate même certaine qui
ne connaisse aucun autre usage de l'Internet que la recherche de conjoint.
Plusieurs mariages se sont fait grâce à ce canal qu'est Internet.
De plus en plus de jeunes filles voient en Internet le moyen d'échapper
à la pauvreté (ce qui est vrai en général) de la
seule manière qui est de
trouver un mari blanc. Avec la médiation du
phénomène qui a généralement pour
conséquence la prostitution de ces jeunes filles dans les pays du Nord,
il commence à régresser mais persiste toujours. Il faut dire que
ça ne fait pas la joie des cybercafés qui se retrouvent avec une
clientèle réduite.
Beaucoup de cybercafés fonctionnent avec un statut
d'association ou de GIC (Groupe d'intérêts communautaires) mais
dans le seul but d'échapper à la fiscalité.
L'irrégularité de certain (fermetures intempestives)
démontre du statut précaire dans lequel ils vivent ou encore de
la non rentabilité (du moins pas en masse) de l'activité. La
plupart se plaignent de la faiblesse des bénéfices accusant la
multiplicité des points d'accès, la concurrence qui oblige
à réduire les coûts d'accès. Bien que la
réduction de ces coûts avantage les usagers, les cybercafés
quand à eux ne sont pas satisfait à cause des coûts
d'abonnement qui restent élevés et aussi les impôts.
111.1.3 - Les collectivités locales
L'implication des collectivités locales dans la
vulgarisation et l'offre à l'accès à Internet est
très timide. Très peu déjà possède des
équipements informatiques pour leur propre fonctionnement. Les
problèmes que connaissent les communautés locales au Cameroun
concernant les limites des moyens financiers et le manque de compétence
est un réel frein aux activités.
Néanmoins, ces dernières années, les
collectivités locales se sont engagées dans la vulgarisation des
TIC en ouvrant des centres multimédias. Plusieurs communes disposent de
centres multimédia qui offrent principalement l'accès aux
équipements informatiques, la formation en bureautique et parfois en
maintenance informatique et infographie (parfois gratuit ou à
coûts réduits). Ces centres multimédia sont
généralement mis en place grâce à des subventions,
soit de l'Etat, soit grâce à des partenariats avec des
organisations internationales ou des jumelages. C'est le cas de la Commune
d'arrondissement de Yaoundé 2ème qui est la seule
commune d'arrondissement offrant ces services en plus d'un accès
à Internet. D'autres communes rurales comme celle de Dschang (dans la
province de l'Ouest, département de la Menoua) ou de Batcham disposent
également de centres multimédias et envisagent d'y
intégrer l'accès à Internet.
111.1.4 - Les partenaires au développement La
coopération bilatérale
Plusieurs pays développés interviennent dans
les programmes et initiatives de développement des TIC au Cameroun. Dans
ce domaine, la coopération canadienne a su concilier TIC et genre.
- La coopération canadienne
La coopération canadienne a dans sa programmation au
Cameroun, définit sa politique en matière d'égalité
des sexes. Cette politique vise la prise en compte du genre a tous les stades
de projets: de la planification au suivi-évaluation. Dans la mise en
oeuvre de sa politique, plusieurs projets dans le domaine du genre et des TIC
sont mis en place. Le Fonds genre et développement vise la participation
équitable des hommes et des femmes au processus de développement
et les projets innovateurs en TIC et genre sont fortement recommandés.
Il
existe également 2 projets dans le domaine de la
formation en TIC à Douala et à Yaoundé. Ces 2 projets
prennent en compte l'approche genre dans leur planification et dans les
résultats à atteindre.
- L'ambassade du Japon
L'ambassade du Japon à travers le projet TICAD-IT
(Tokyo Initiative Conference for Africa Development- Information Technologie),
gère et loge au sein du PNUD, appuie et finance des initiatives de
développement des TIC au Cameroun.
- La coopération française
La coopération française en partenariat avec le
Ministère de l'enseignement supérieur, développe un projet
d'interconnexion des universités d'Etat. De même, dans le cadre de
leur projet ADEN12 (Appui au désenclavement
numérique), elle mettra en place des points d'accès collectives a
Internet dans les zones dépourvues d'accès à Internet, les
zones rurales de préférence. Le projet a pour objectif de
désenclaver numériquement les zones ne disposant d'aucun
accès à Internet et vise également le développement
de l'usage d'Internet.
- Le British Council
Le British Council a mis en place un programme "Computer aid",
d'appui à l'acquisition des ordinateurs de seconde main venant de la
Grande Bretagne.
La coopération multilatérale
Dès la décision prise par le chef de l'Etat en
1995 de mettre en oeuvre la politique de la réforme du secteur des
télécommunications et de la privatisation des entreprises
publiques de ce secteur vital de la société et de
l'économie de l'information et du savoir, la Banque Mondiale suit et
finance les programmes et les initiatives du Gouvernement, en l'occurrence les
projets SIGIPES (Système intégré de gestion informatique
du personnel de la fonction publique), SIGEFI (Système de gestion des
finances). La coopération multilatérale, à travers
l'ONUDI, l'UIT, le PNUD, la CEA, l'Union Européenne, l'UNESCO et l'IAI,
appuie et développe des projets et programmes de promotion et de
vulgarisation des TIC.
ONUDI: Dans le cadre de sa politique de
développement industriel, l'ONUDI fait des TIC un outil de promotion
industriel. A cet effet, plusieurs initiatives sont menées par elle
à savoir: Technologies avancées de la globalisation, Informations
industrielles, Salon électronique Interactif Permanent des Entreprises
(SELIPE).
L'UIT: L'UIT a appuyé les projets de promotion
du commerce électronique, en l'occurrence celle de l'association des
femmes ingénieurs du Cameroun qui met sur pied un portail commercial
pour la femme africaine. Elle prend part aux travaux d'élaboration de la
stratégie sectorielle des télécommunications et TIC.
L'Union Européenne: L'Union Européenne et
l'UIT mettent en place un centre régional de veille technologique.
L'UNESCO: Il a appuyé le projet de
développement d'un cadre juridique pour la société
de
l'information au Cameroun, projet qui a bénéficié
des ressources du PNUD, et les projets de
12
http://www.africaden.net/rubrique.php3?id
rubrique=1
villages scolaires, des radios communautaires des femmes et des
centres multimédia communautaires.
La CEA: Elle a financé la réalisation du
plan NICI.
Le PNUD: Il a réalisé le projet «
Sustainable Development Networking Programme (SDNP) » qui à travers
l'initiative School Net renforce les capacités des écoles de
formation en mettant a leur disposition des ordinateurs reconditionnés.
Il a appuyé le Salon de création des entreprises et l'initiative
TICAD--IT qui est un projet multibailleurs. Il appuie également
l'élaboration de la politique sectorielle.
L'IAI: L'Institut africaine d'informatique en
partenariat avec le Ministère de la condition féminine, a
lancé l'opération 100 000 femmes formées en informatique
d'ici fin 2005. Il s'agit pour l'IAI, de démystifier l'outil
informatique aux yeux des femmes. Toutes les catégories sociales de
femmes sont visées.