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TIC et développement local au cameroun

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par Carine Laure Koudjou Talla
Université Paris X Nanterre - Master2 pro sciences de l'information et de la communication option conception et gestion de projets numériques territoriaux 2007
  

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III - Diagnostic du secteur

Le train de mesures entraîne un accroissement significatif de l'accès aux services de télécommunication et TIC. A titre d'illustrations :

> Les usagers de la téléphonie en général passent de 100 000 environ en l'an 2000 à
2 000 000 environ en 2005, portant ainsi la télé densité globale de 0.67% à 12.3% ;

> Une dorsale en fibre optique est déployée sur le tracé du pipeline Doba-kribi ;

> Un point d'atterrissement du câble sous-marin SAT-3 est ouvert à Douala avec une capacité de 2.5 Gbit/s ;

> Des investissements d'environ 300 Milliards de francs CFA sont réalisés sur les réseaux fixes et mobiles durant la période allant de 1999 à 2004 ;

> Plus de 20 000 emplois directs et indirects sont crées ;

> Plus de 60 fournisseurs d'accès Internet et de services à valeur ajoutée sont présents sur le marché ;

> Le trafic Internet et le nombre d'usagers sont en croissance soutenue.

Il y a cependant lieu de noter qu'au 31 décembre 2004, le Cameroun accuse un retard, au regard des données caractéristiques suivantes :

> Densité téléphonie fixe : 0.7% ;

> Densité téléphonie mobile : 11.73%

> Taux d'utilisateurs de l'Internet : 0.16% de la population.

En effet, à titre de comparaison, on note, en prenant l'exemple de deux pays africains, les données suivantes pour la même période :

Maroc :

> Densité téléphonie fixe : 4.03% ;

> Densité téléphonie mobile : 29.42%

> Taux d'utilisateurs de l'Internet : 1.55% de la population.

Sénégal :

> Densité téléphonie fixe : 2.20% ;

> Densité téléphonie mobile : 12%

> Taux d'utilisateurs de l'Internet : 2.20% de la population.

Le processus de réforme engagé suite à la loi n°98/014 du juillet 1998 régissant les télécommunications au Cameroun montre aujourd'hui ses limites, notamment :

> Une stratégie peu cohérente de développement des télécommunications et des TIC ;

> Un cadre réglementaire inachevé ;

> Une régulation et un suivi à parfaire ;

> Une insuffisance des infrastructures conduisant à un taux de pénétration toujours faible pour les segments de téléphonie fixe, mobile, et de l'Internet et ce notamment en milieu rural ;

> Une insuffisance de ressources financières pour soutenir la mise en place des infrastructures fiables et solides de télécommunications, dont la littérature en la matière souligne qu'en dépit de la libération du secteur, elles sont rarement prises en charge par les opérateurs privés et relèvent donc, de facto, de la souveraineté nationale ;

> Des services de télécommunications dont la qualité et la tarification sont peu incitatifs pour le consommateur, et ne peuvent donc pas favoriser le développement de l'Internet, qui est essentiellement tributaire du coût des télécommunications et de l'accès ;

> Une implication encore faible du secteur privé national et international dans un domaine stratégique et décisif pour le développement du Cameroun ;

> Une attente non comblée en termes de création d'emplois.

Le Cameroun, partie prenante du nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), et qui a souscrit à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) entend mettre en oeuvre toutes les potentialités et opportunités offertes par les TIC pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion. Le préalable incontournable à l'arrimage à la société de l'information est la mise à disposition d'une infrastructure de télécommunications solides et fiable. Le Cameroun entend faire des Télécommunications et les TIC, un moteur essentiel de sa stratégie de développement.

Plusieurs initiatives nationales sont conduites, dans le but d'induire, à partir des télécommunications et TIC, une réponse nationale aux problèmes de développement et de lutte contre la pauvreté auxquels le Cameroun fait face. Pour l'essentiel, on peut relever, s'agissant des activités placées sous l'égide du Ministère de la Programmation, du Plan et de l'Aménagement du Territoire (MINPLAPDAT) et du MINPOSTEL :

> En avril 2003 : l'identification des TIC comme levier dans maints axes d'action dans le DSRP ;

> En août 2004: Le séminaire de validation du diagnostic du domaine des
télécommunications et TIC, avec la participation des partenaires au développement ;

> En Octobre 2004: le séminaire de validation des objectifs et des axes stratégiques du domaine des télécommunications et TIC, avec la participation des partenaires au développement.

Parallèlement à ces activités, plusieurs approches de développement des TIC ont cours au sein d'autres administrations camerounaises. Il s'agit notamment de :

> L'élaboration d'un programme d'action gouvernementale pour la société de l'information et du savoir par le Ministère de la Recherche Scientifique et de l'Innovation ;

> La mise en oeuvre de la stratégie des TIC au sein du Ministère de l'enseignement supérieur ;

> La concrétisation de la stratégie d'intégration des TIC dans la gestion des personnels de l'Etat par le Ministère de la fonction publique et de la réforme administrative, grâce au système informatique de gestion intégrée du personnel de l'Etat et de la solde (SIGIPES).

Ces initiatives nationales sont appuyés par d'autres initiatives extérieures, telle que :

- l'initiative de la commission Economique pour l'Afrique (CEA) portant sur la

définition d'un plan national de l'information et de la communication (plan NICI) ;
- l'initiative du PNUD sur la politique des TIC au Cameroun dans le cadre du Tokyo

International conférence for African Developpement II (TICAD II) ;

- l'appui de l'UIT à l'élaboration de la stratégie sectorielle des TIC au Cameroun ; - l'appui au développement des radios rurales communautaires par l'UNESCO.

Il convient de relever qu'en raison de sa position géographique d'une part, et des opportunités et perspectives que lui ouvrent concomitamment le développement de la fibre optique DobaKribi et la point d'atterrissement du SAT-3 à Douala, le Cameroun peut et doit tirer un avantage conséquent comme carrefour sous-régional en matière de télécommunication. La stratégie nationale des télécommunications et TIC apparaît alors, non seulement comme un instrument de structuration et de planification devant catalyser le rendement de tous les secteurs d'activité de la vie nationale (Administrative, Agriculture, Culture, Commerce, Tourisme, Santé, Education...), mais aussi comme un puissant instrument d'intégration sous- régionale, devant amener le Cameroun à jouer, à court terme, le rôle de Hub de l'Afrique centrale.

Des infrastructures de communications électroniques étendues et efficaces constituent la base de toute économie du savoir. Elles sont appelées à jouer un rôle déterminant pour le développement économique et la réduction de la pauvreté. Elles sont en effet :

> essentielles pour la croissance ;

> nécessaires au développement de la capacité productive de tous les secteurs de l'économie ;

> indispensable à l'arrimage d'un pays à l'économie mondiale ;

> gage de la compétitivité des entreprises et de la pleine efficacité des services de l'Administration publique ;

> gage aussi de la transparence, de la bonne gouvernance, et de la prééminence de l'Etat de droit.

III.1 - Les acteurs de l'offre en TIC

Le secteur des TIC est intensément marqué par les télécommunications. C'est très timidement qu'Internet prend de l'ampleur.

III.1.1 - Les opérateurs d'accès aux télécommunications et à Internet

L'ouverture partielle du secteur des Télécommunications à la compétition opérée par la loi de 1998, a profondément restructuré la marche. Cette évolution a eu une incidente tant dans l'offre des services, les coûts des services que la dynamique du marché. Aujourd'hui, trois opérateurs majeurs se partagent le million deux cent mille abonnes que compte le pays : CAMTEL, opérateur traditionnel, ORANGE et MTN, deux opérateurs du mobile. A côté de ces opérateurs, le Ministère des Postes et Télécommunications, dans sa stratégie sectorielle, a identifie une vingtaine d'acteurs, au statut plus ou moins légaux.

FiMure 2 : Infrastructures' le réseau de transmission

Le marché est caractérisé par deux tendances lourdes : un secteur du fixe en stagnation, et un secteur du mobile très dynamique. A cote des trois opère une multitude de petits acteurs au statut juridique pas toujours très certain. L'évolution de la structure du marché laisse apparaître un secteur du fixe en essoufflement, et un secteur du mobile en pleine expansion.

CAMTEL (Cameroun télécommunication), entreprise d'état ayant le monopole sur la téléphonie fixe, est chargée de fournir tout service public de télécommunication national et international et mettre en place les infrastructures et équipements adaptés aux télécommunications nationales et internationale. Elle exploite 3 centres de télécommunication spatiales dont 2 fonctionnels (Yaoundé et douala), plus de 120 réseaux locaux de câbles dont environ 76 réseaux ruraux de raccordement des abonnés a des concentrateurs dont seulement 46 en état de fonctionnement acceptable, 40 centraux téléphoniques locaux dont 30 en technologie électromécanique, d'une station de câble sous-marin d'un débit de 2,5 gbits et d'une station maîtresse pour vsat.

CAMTEL est le seul fournisseur d'accès à Internet officiel. Son infrastructure d'accès à la dorsale Internet est composée de 2 noeuds d'accès internationaux et 4 points de présence pour des capacités de 64kbps et de 1 à 4 mbps. CAMTEL gère les noms de domaine "cm". Le débit total de liaisons de connexion de camnet a la dorsale internationale de l'Internet est de 7mbps. Le Cameroun dispose de 10 à 12 mbps de bande passante de liaison internationale offerte par CAMTEL et les autres FAI (Fournisseurs d'accès à Internet) avec un abattement de 60% sur les communications vers internet.

MTN ET ORANGE sont des entreprises privées, exploitant le réseau des télécommunications mobiles. Elles offrent des services de téléphonie mobile Gsm et commencent à évoluer vers l'offre d'accès à Internet par téléphone portable ou par câble (MTN principalement). Les missions de ces deux exploitants du mobile sont d'établir et d'exploiter un réseau national de téléphonie cellulaire Gsm ouvert au public et fournir au public le service de téléphonie mobile, y compris des services a valeur ajoutée, des services d'équipements terminaux et tout service support.

Parc d'abonnés

L'unité de mesure officielle utilisée par l'UIT pour estimer le service universel est le nombre de lignes de téléphone fixes pour 100 habitants. Avec la stagnation du fixe, et la croissance exponentielle du mobile, peut-être conviendrait-il de réviser pour ce qui est du Cameroun ces mesures pour prendre en considération la contribution significative des services commerciaux offerts par le mobile. Le taux de télé densité de la couverture du fixe est de moins de 0.7%. Les deux opérateurs du mobile ont un taux combiné de plus de 4%. Ce qui hisse la télé densité du secteur a 5%. A la fin de 2004, on peut anticiper de voir le nombre d'utilisateurs du mobile dépasser le million, alors qu'on ne voit comment les abonnés du fixe pourraient excéder les 100.000.

Tableau 2 : Etat de l'industrie des services de télécommunications

Service

Nombre

d'opérateursIexploit

ants de droit
camerounais

Désignation de certains opérateurs et exploitants

Services de

télécommunications entre points fixes

1

CAMTEL

Téléphonie mobile terrestre

2

Orange, MTN

Service mobile par satellite (SMS)

1

CAMTEL (INMARSAT)

Télécommunications mobiles personnelles par satellite (GMPCS)

1

SACONETS sa

Fournisseurs d'accès à

l'Internet

Environ 10 déclarés

CAMTEL, ICCnet,

GLOBALnet, GCnet,

EQUACOM, CYBERIX,

CENADI, ACERFI...

Cybercafés

Environ 450 dénombrés

Près de 400 à Yaoundé et Douala

Réseau radio à ressources

partagées

1 (avec 32 sites de diffusion)

MTN

Distribution des programmes TV par

câble et/ou par ondes

hertziennes

Environ 37 déclarés

Beaucoup

d'exploitants ne sont pas déclarés

Télévision publique

(diffusion

hertzienne)

1 (avec 32 sites de diffusion)

CRTV

Télévision privée locale

Environ 7 déclarés

 
 

Distributeurs des bouquets de programmes

Environ 12 déclarés

 

Radio privée

Environ 51 déclarés

BBC, radio Reine, Radio SIANTOU, RFI,

BBC, Veritas, etc.

Radios rurales

communautaires

Environ 20 déclarés

 
 

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