II. Les organismes d'intégration
professionnelle
La loi du 10 juillet 1987 a apporté une grande
innovation, certes en mettant en place l'obligation d'emploi mais aussi en
mettant au centre du dispositif d'insertion professionnelle des personnes
handicapées, une structure chargée de collecter et de
gérer les fonds en vue d'assurer le financement des mesures
d'accompagnement de l'intégration des travailleurs handicapés en
milieu ordinaire de travail. Cette structure c'est l'association nationale pour
la gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes
handicapées (AGEFIPH)28 (A)
Par ailleurs, une structure servant, entre autre,
d'interlocuteur entre l'entreprise et l'AGEFIPH, a été mise en
place, il s'agit du réseau Cap Emploi (B). Celui-ci, nous le verrons,
renforce l'action de l'AGEFIPH sur le terrain. En effet, pour accomplir sa
mission de favoriser l'accès à l'emploi et le maintien au travail
des personnes handicapées, elle dispose de moyens importants à
travers un réseau de partenaires parmi lesquels figure le réseau
Cap Emploi.
A. L'AGEFIPH
26 Qu'il s'agisse du chef d'entreprise lui-même,
des salariés ou des organisations représentatives des
salariés
27 Cf. infra, Chapitre II, paragraphe II
28 AGEFIPH a été créée par
la loi du 13 septembre 1988
COMPOSITION
1:1 Administrée par un Conseil d'administration : il
regroupe l'ensemble des partenaires sociaux et les associations de personnes
handicapées oeuvrant pour l'intégration professionnelle des
personnes ayant un handicap.
1:1 Composée de 4 collèges :
n Collège salariés
n Collège employeurs
n Collège associations
n Collège de personnes qualifiées
![](insertion-maintien-personnes-handicapees-milieu-ordinaire-de-travail17.png)
L'AGEFIPH se situe au coeur du dispositif prévu par la
loi sur l'obligation d'emploi de 1987. Les entreprises qui ne remplissent pas
leur obligation d'emploi de personnes handicapées s'élevant
à 6% de l'effectif de l'entreprise29 sont tenues de verser
à l'AGEFIPH au plus tard le 15 février de « l'année
suivant l'année civile de référence », une
contribution au fonds d'insertion30.
L'AGEFIPH, en effet, encourage les entreprises qui engagent
des personnes handicapées en leur versant une prime31,
l'objectif étant de faire progresser le niveau de l'emploi des personnes
concernées. Le principe est le suivant : l'entreprise va établir
un dossier de subvention auprès de l'AGEFIPH dans lequel elle va lister
un certain nombre de mesures. Depuis quelques années, on observe que ce
sont les entreprises de grande taille qui contribuent le plus à
l'augmentation de l'emploi des personnes handicapées, ce qui n'a pas
été toujours le cas. Ainsi, en 2000, la progression la plus
significative concerne les établissements de plus de 100 salariés
(soit 39%), dans lesquels se réalisent 17 % des embauches
primées32. De plus, concernant l'aménagement des
situations de travail, l'initiative de l'AGEFIPH consiste à transformer
ou à adapter les outils et organisation du travail en vue de faciliter
le maintien dans l'emploi de ces personnes. Il convient de souligner que les
interventions individuelles représentent la grande majorité des
actions. On ne rencontre les aménagements collectifs que très
rarement et en général dans les grandes entreprises
industrielles.
29 Cf. infra, Chapitre II
30 Le montant de la contribution annuelle est
égal pour chacun des « bénéficiaires manquants »
(handicapés que l'entreprise aurait du employer en cas d'embauche
directe) à :
- 500 SMIC (horaire) pour les entreprises comptant au moins 750
salariés
- 400 SMIC (horaire) pour les entreprises comptant de 200
à 749 salariés
- 300 SMIC (horaire) pour les entreprises comptant de 20
à 199 salariés
31 En 2003, cette prime s'élevait à 762
€
32 Cf. Rapport AGEFIPH, op. cit., 40 et suivantes
![](insertion-maintien-personnes-handicapees-milieu-ordinaire-de-travail18.png)
L'AGEFIPH également intervient au niveau de
l'accessibilité des lieux de travail. En effet, elle peut contribuer
à la construction d'une plate-forme élévatrice, d'un
ascenseur ou encore aider à l'aménagement des sanitaires, par
exemple.
Enfin, cette association peut rembourser partiellement
à l'employeur la réduction ou perte de productivité due
à l'embauche ou au maintien d'un travailleur handicapé au sein de
l'entreprise. On parle du principe de compensation, principe qui est
affirmé comme étant un droit par la réforme du 11
février 2005. Il s'agit de la garantie de ressources qui va compenser
cette perte de productivité33. Il convient de noter que
l'AGEFIPH demande une participation financière (80/20) à
l'entreprise malgré ce principe de compensation.
Il faut savoir que toutes les entreprises peuvent
bénéficier des sommes détenues par l'AGEFIPH même
celles qui n'ont pas payé la cotisation34. Les petites
entreprises peuvent donc bénéficier des aides financières
de l'AGEFIPH. L'Etat, quant à lui, ne perçoit pas ces aides
financières et il ne cotise pas non plus.
La réforme du 11 février 2005 vient de mettre en
place une sorte d' « AGEFIPH Etat »35, qui sera un fonds
interministériel pour l'accessibilité des personnes
handicapées. Le principe sera identique à celui de l'AGEFIPH.
Comme nous venons de le voir, l'AGEFIPH joue un rôle
central dans la mise en oeuvre et l'animation du dispositif d'insertion
socioprofessionnelle des personnes atteintes d'un handicap. Mais pour que son
action soit complète et efficace dans l'intérêt bien
compris des personnes handicapées, elle a institué un partenariat
avec un organisme qu'elle soutient financièrement, le réseau Cap
Emploi.
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