20. L'impact des APE sur
les secteurs agro-
alimentaires
La diminution des taxes à l'import se répercute
sur la production agro-alimentaire malienne de trois façons :
· par l'augmentation de la concurrence des produits
européens sur le marché malien,
· mais aussi par celle des produits européens sur
les marchés de débouché des produits maliens : ceci
concerne au premier chef la viande, largement exportée par le Mali et
qui sera concurrencée chez les clients du Mali par de la viande
importée à prix plus avantageux en provenance de l'UE,
· par l'augmentation de la rentabilité
grâce à l'abaissement du coût des intrants,
C'est par ce dernier point que nous commençons.
20.1 La diminution du coût des intrants
agricoles
On peut chercher à en mesurer l'ampleur et à
discuter de l'utilisation d'un accord de libre échange avec l'UE pour
répondre à une stratégie qui viserait à diminuer
les charges de production. On se réfère alors à la
structure des importations des principaux intrants agricoles.
On considère que tant les produits importés d'UE
que de l'UEMOA supporteraient des droits nuls après l'instauration d'un
APE.
Tableau 48 : baisse possible des prix des intrants par
application de l'APE
|
engrais
|
|
|
|
engrais
|
phosphatés
|
Engrais
|
engrais
|
semences
|
azotés d'UE
|
d'UE et
|
potassiques d'UE
|
composés d'UE
|
légumières d'UE
|
et UEMOA
|
|
et UEMOA
|
et UEMOA
|
et UEMOA
|
|
UEMOA
|
|
|
|
|
valeur actuelle taxée 1
valeur possible hors
|
917 239
|
313
|
55
|
461 812
|
41
|
571 214
|
15
|
847 207
|
688
|
432 671 268
|
DD 1
baisse de prix potentielle
|
839 740
-4,0%
|
103
|
53
|
104 569
-4,3%
|
40
|
321 894
-3,0%
|
15
|
825 917
-0,1%
|
190
|
420 943 836 -2,7%
|
|
Calculs Iram-Great d'après données douanes
2003
20.1.1. Les engrais azotés
La modification de la taxation des engrais azotés
liée à la création du libre échange ferait baisser
le prix des importations enregistrées comme originaires de l'UE de 3,4%
pour un montant d'importations de 880 millions FCFA. Ceci correspond à
un manque à prélever de la part de l'Etat de 40 millions de
FCFA.
Si on considère que nombre des importations
originaires de l'UEMOA ne sont en fait que des réexportations de
produits originaires de l'UE, on pourrait faire baisser le coût des
importations d'engrais de 1,92 miliards FCFA à 1,84 soit un gain pour
les acheteurs d'engrais azotés de 80 millions en réalité,
ce qui correspondrait à une baisse potentielle de 4% du prix pour les
importateurs qui s'approvisionnent dans l'UE ou l'UEMOA.
20.1.2. Les autres engrais et intrants
Ces baisses pourraient être de 4,3% et 3%
respectivement pour les engrais phosphatés et potassiques. La marge de
manoeuvre pour les engrais composés est en revanche très
réduite car les importations sont majoritairement issues de l'UEMOA et
ne supportent donc pas de droit de douane.
Les importations de semences de légumes viennent
à 98% d'Europe avec une valeur de 370 millions. Les droits de douane
correspondant sont de moins de 12 millions. Cette valeur est bien
inférieure à celle de la TVA (45 millions) qui contrairement au
cas des engrais, est appliquée sur les semences.
L'abandon des droits de douane sur les semences permettrait une
baisse de prix de 2,7% pour les importateurs. Si l'Etat renonce de
surcroît à la TVA, le gain serait de 13%.
A condition que cette baisse soit répercutée
sur les producteurs, elle pourrait conduire à un gain de
productivité. Il convient aussi de garder à l'esprit les limites
d'une telle stratégie qui ne concerne que quelques productions
agricoles, en particulier le coton et les légumes
Mais peut-on attribuer un tel bénéfice
potentiel aux APE alors que la fixation du niveau du TEC est du ressort des
Etats de l'UEMOA et que le choix de favoriser l'importation à bas prix
d'intrants non substituables par une production interne est entièrement
entre leurs mains. D'autre part, par exemple pour l'engrais azoté, l'UE
et l'UEMOA ne représentent qu'environ 20% des approvisionnements,
l'essentiel venant de l'Ex-URSS. Une politique discriminatoire favorable aux
importations de l'UE n'aurait donc qu'un faible impact. Il y aurait plus
intérêt à introduire une politique globale en faveur des
intrants que de se cantonner à un régime
préférentiel avec l'UE.
20.2 L'analyse de la baisse de protection sur la
rentabilité et la compétitivité de la production
agro-alimentaire malienne
La méthodologie d'analyse des effets de l'APE sur le
secteur agro-alimentaire diffère de celle utilisée pour le
secteur industriel principalement parce que les différents maillons ou
entreprises qui composent les filières agro-alimentaires sont
étroitement dépendants les uns des autres alors que la
concurrence avec les importations s'exerce la plupart du temps en bout de
chaîne, au niveau du consommateur final. Il est donc nécessaire,
pour évaluer l'impact au niveau de la production primaire -
l'agriculteur ou l'éleveur - d'établir la relation qui le lie au
produit final consommé.
20.2.1 Le cadre analytique
La baisse des droits de douane appliqués aux produits
européens à l'entrée de la CEDEAO auraient certes un
impact sur les recettes douanières, mais aussi sur la concurrence et
donc sur la rentabilité des entreprises. Il faut considérer cette
concurrence à différents niveaux :
· de produit à produit, directement sur le
marché malien. Il s'agit d'analyser, pour les produits européens
arrivant directement sur le marché malien, en quoi ils concurrencent la
production nationale. Sont concernés principalement le sucre, les huiles
et les produits laitiers ;
· de produit à produit, indirectement via les
marchés de débouché des produits maliens. Il s'agit de
considérer ici la perte de marché potentielle pour les produits
maliens liés à un report de la demande des clients traditionnels
du Mali vers des produits européens devenus plus concurrentiels. Sont
ici concernés des produits maliens consommés par ses voisins en
particulier les pays côtiers comme la viande bovine ;
· de produit à un substitut. Il s'agit ici de
prendre en compte les substitutions possibles entre produits maliens et des
produits substituables dont le remplacement n'est pas immédiat, mais
pour lesquels s'exprime une certaine préférence dans la mesure
où les prix en deviennent très attractifs. On inclut ici le
blé et le riz qui sont deux produits de consommation urbaine
principalement (sauf dans les zones de production de riz) et dont le passage de
la consommation de l'un à l'autre n'est que partiellement proportionnel
à leurs prix relatifs.
Dans les cas 1 et 2, on convient que la substitution est
parfaite et que donc à une diminution du prix du bien concurrent
correspond une augmentation des volumes achetés au détriment de
la demande nationale.
Dans le cas 3, la substitution n'est pas parfaite, on peut
considérer par exemple une diminution double du prix pour avoir une
substitution d'une unité de la production locale. Dans le cas de la
production agricole, la difficulté résulte de la distance qui
existe entre le
premier maillon qui est celui de la production et celui sur
lequel s'exerce la demande finale, qui est le niveau du détaillant. La
compréhension de l'impact de la demande sur la production exige donc par
conséquent qu'on s'attelle à la compréhension des
filières dans leur ensemble.
Nous avons réalisé pour les principales
filières des modèles de filière ad'hoc, sur la base de la
bibliographie existante, études de filières, données OMA,
données des douanes pour les volumes du commerce extérieur, en
calant au mieux les données existantes sur une situation de
référence qui correspond aux années 2002-2003.
Le principe de ces modèles de filières est
identique pour toutes les filières.
· Chaque « état » du produit est
identifié ainsi que chaque type d'opérateur qui lui fait subir
une transformation (soit technologique, soit par modification du
conditionnement ou du lieu de vente du produit). On définit ainsi
différents niveaux de transaction du produit. Chacune de ces
transactions est quantifiée. On obtient ainsi une matrice
d'échange entre opérateurs de la filière, matrice qui doit
nous permettre de vérifier la cohérence du bilan
matière.
· A cette matrice d'échanges en volumes
correspond une matrice d'échange en prix.
· Un autre tableau détaille pour chaque
opérateur et pour chaque unité vendue par lui les coûts
inhérents à son procès : charges proportionnelles,
amortissements, coûts en main d'oeuvre salariée, taxes. Les
contenus en importation de chacun de ces postes sont estimés. On peut
ainsi calculer la valeur ajoutée directe et indirecte pour chaque
unité de produit transigée par un opérateur.
· Un dernier tableau permet de mettre en relation la
production et la demande nationale avec l'extérieur : les prix CAF y
sont consignés ainsi que tous les coûts et taxes permettant de
mettre en relation l'offre ou la demande étrangère avec le
marché national. Les prix de parité à l'import et à
l'export31 peuvent donc être évalués.
Ces différents tableaux permettent de mettre en
évidence certains ratios sur la position internationale de la
filière (TPE, TPN, CRI)32 et de modéliser les effets
d'une modification des rapports de prix sur le volume global produit par la
filière et donc l'impact sur les différents maillons de la
filière, en supposant que le comportement de chacun des
opérateurs ne change pas33.
20.2.2 Quelle est l'influence de la modification des
droits de douane sur les prix ?
Le prix rendu dans le pays s'exprime de la façon suivante
en fonction du prix CAF :
31 Le prix de parité à l'import est le prix CAF
en devises auquel sont ajoutés tous les coûts (hors taxes et
subventions) d'approche entre le point d'entrée dans le pays et le lieu
de consommation ; le prix de parité à l'exportation est le prix
FAB moins tous les coûts (hors taxes et subventions) d'acheminement entre
le lieu de production et le point de sortie du pays.
32 Les TPE et TPN sont exprimés en valeur absolue (et non
en %) dans les tableaux qui suivent.
33 Cette hypothèse « toutes choses par ailleurs
» est la seule réaliste compte tenu des données disponibles
et de l'ampleur donnée à cette étude. La prise en compte
de la modification de comportement des opérateurs, en particulier des
importateurs qui pourraient profiter des baisses des prix CAF en augmentant
leurs marges est une hypothèse qu'il faudrait avoir à l'esprit
mais que l'on exclut ici en cohérence avec le cadre d'analyse qui
sous-tend la mise en place des APE et qui confère au libéralisme
les vertus d'accroître l'efficacité économique et donc
d'éliminer les positions de rente.
P = PCAF(1+DD+RS+PCS+PC)(1+TVA) + PCAF
(PC+PCS) Avec DD = droit de douane
RS = redevance statistique
PCS = prélèvement compensatoire de
solidarité
PC = prélèvement communautaire
Lors de l'abrogation du droit de douane, le prix rendu dans
le pays baisse donc de PCAF(DD) (1 +TVA). En négligeant le
prélèvement communautaire, on aboutit donc à une variation
relative de dP/P = -DD/(1+DD+RS+PCS).
Selon la catégorie du produit, la variation sera de 4,7
à 16,4%.
Tableau 49 : baisse potentielle des prix avec
suppression des droits de douane
Catégorie
|
1
|
2
|
3
|
DD
|
5%
|
10%
|
20%
|
RS
|
1%
|
1%
|
1%
|
PCS
|
1%
|
1%
|
1%
|
variation
|
-4,7%
|
-8,9%
|
-16,4%
|
|
20.2.3 Les données de prix de
référence pour 2003 :
Les simulations d'impact reposent en partie sur des
comparaisons internationales. Il est donc important de considérer les
conditions réelles de confrontation du secteur agro-alimentaire malien
avec le marché international.
Nous avons extrait du fichier des douanes les valeurs CAF des
principaux achats à l'étranger et avons calculé en
fonction des déclarations en douane le prix unitaire. Ce prix est
très variable selon l'origine et selon le lot importé34.
Tableau 50 : prix CAFdes produits agro-alimentaires
significatifs pour le Mali
Poussins
viande ovine poulet congelé abats de poulet lait en
poudre lait en poudre
lait en poudre semences pomme de terre
tomates oignons
NOMENC 10 chiffres
PAYS
|
POIDS (Kg)
|
VALEURS (FCFA°
|
|
prix unitaire FCFA/kg
|
01
|
05
|
11
|
00
|
90
|
France
|
|
|
117
|
|
1
|
320
|
500
|
11
|
286
|
02
|
04
|
23
|
00
|
00
|
?
|
|
1
|
890
|
|
|
665
|
993
|
|
352
|
02
|
07
|
12
|
00
|
00
|
France
|
|
|
939
|
|
|
373
|
584
|
|
398
|
02
|
07
|
14
|
00
|
00
|
?
|
|
3
|
177
|
|
10
|
308
|
900
|
3
|
245
|
04
|
02
|
21
|
10
|
00
|
France
|
|
587
|
482
|
|
707
|
427
|
424
|
1
|
204
|
04
|
02
|
21
|
10
|
00
|
Pays-Bas
|
|
30
|
000
|
|
31
|
118
|
600
|
1
|
037
|
04
|
02
|
21
|
29
|
00
|
France
|
1
|
723
|
656
|
2
|
144
|
871
|
691
|
1
|
244
|
07
|
01
|
10
|
00
|
00
|
France
|
1
|
057
|
010
|
|
557
|
783
|
385
|
|
528
|
07
|
02
|
00
|
00
|
00
|
Gambie
|
|
1
|
620
|
|
1
|
700
|
999
|
1
|
050
|
07
|
03
|
10
|
00
|
00
|
Senegal
|
|
37
|
750
|
|
3
|
147
|
500
|
|
83
|
|
plantain
blé
maïs
riz blanc riz brisure riz brisure farine de blé
arachide décortiquée huile de palme en bouteille
RCI
huile de palme en bouteille Malaisie huile de palme vrac Cote
d'Ivoire
huile de palme vrac Malaisie
huile de coton brute huile de coton
sucre en poudre UE
sucre en poudre RCI concentré tomates UE
NOMENC 10 chiffres
PAYS
|
POIDS (Kg)
|
VALEURS (FCFA°
|
|
prix unitaire FCFA/kg
|
08
|
03
|
00
|
10
|
00
|
Cote Ivoire
|
2
|
949
|
000
|
|
72
|
608
|
009
|
25
|
10
|
01
|
90
|
00
|
00
|
France
|
24
|
085
|
216
|
2
|
867
|
081
|
514
|
119
|
10
|
05
|
90
|
00
|
00
|
Cote Ivoire
|
|
79
|
600
|
|
1
|
590
|
360
|
20
|
10
|
06
|
30
|
10
|
00
|
Inde
|
62
|
655
|
655
|
8
|
305
|
033
|
483
|
133
|
10
|
06
|
40
|
00
|
00
|
Senegal
|
2
|
192
|
485
|
|
245
|
776
|
505
|
112
|
10
|
06
|
40
|
00
|
00
|
Bresil
|
6
|
124
|
184
|
|
624
|
668
|
612
|
102
|
11
|
01
|
00
|
00
|
00
|
France
|
16
|
891
|
419
|
3
|
385
|
499
|
634
|
200
|
12
|
02
|
20
|
90
|
00
|
Cote Ivoire
|
|
372
|
600
|
|
7
|
379
|
000
|
20
|
15
|
11
|
90
|
10
|
00
|
Cote Ivoire
|
|
27
|
104
|
|
16
|
547
|
800
|
611
|
15
|
11
|
90
|
10
|
00
|
Malaysia
|
|
495
|
792
|
|
158
|
555
|
590
|
320
|
15
|
11
|
90
|
90
|
00
|
Cote Ivoire
|
2
|
200
|
390
|
1
|
038
|
244
|
388
|
472
|
15
|
11
|
90
|
90
|
00
|
Malaysia
|
2
|
005
|
453
|
|
577
|
960
|
913
|
288
|
15
|
12
|
21
|
00
|
00
|
Burkina Faso
|
|
999
|
140
|
|
400
|
520
|
549
|
401
|
15
|
12
|
29
|
00
|
00
|
Burkina Faso
|
2
|
607
|
400
|
1
|
209
|
957
|
886
|
464
|
17
|
01
|
99
|
10
|
00
|
France
|
18
|
944
|
075
|
2
|
463
|
066
|
717
|
130
|
17
|
01
|
99
|
10
|
00
|
Cote Ivoire
|
1
|
960
|
000
|
|
402
|
000
|
000
|
205
|
20
|
02
|
90
|
20
|
00
|
Italie
|
|
709
|
178
|
|
362
|
900
|
656
|
512
|
|
Source : douanes 2003
Ces prix servent de base de référence de prix
internationaux. 20.2.4 Les hypothèses de simulation
Une simulation de l'effet d'une baisse des prix d'importation
est réalisée pour chacun des secteurs productifs agricoles.
Elle consiste à considérer une forte
élasticité de la demande nationale par rapport aux prix, ce qui
est une hypothèse classique dans une économie à demande
solvable restreinte. On considère en effet que la demande nationale est
limitée par le pouvoir d'achat et que donc une mise à disposition
de la demande finale de marchandises avec un prix en baisse de X% permet une
augmentation de la demande du même pourcentage (élasticité
constante égale à - 1).
Mais cette demande ne peut, à court terme,
qu'être réalisée par les importations dont la mise à
disposition est beaucoup plus rapide que la production agricole locale,
contrainte par les conditions saisonnières de production. Ce sont donc
les importations qui satisfont le surplus de demande.
On considère en outre que les opérateurs ne
peuvent supporter de baisse supplémentaires des prix et coûts
locaux. Les ajustements de la production nationale se font donc par les
volumes, les débouchés se restreignant. On raisonne donc à
court terme, à prix de la production locale constants.
Cette hypothèse permet de concilier trois tendances
contradictoires :
· sous l'effet de la concurrence des produits
importés, la demande locale se portera préférentiellement
sur les importations, au détriment de la production locale
· la stimulation de la demande sous l'effet de la baisse
des prix peut partiellement profiter à la demande locale qui
augmenterait en volume.
· on peut penser qu'à terme les prix de la
production locale devraient baisser, ce qui impliquerait un ajustement à
la baisse de la production des produits concernés et donc une baisse des
volumes de produits locaux achetés.
Notre hypothèse consiste à tenir compte de la
dynamique de la production à court terme35 :
· augmentation de la demande sur les produits qui
deviennent les moins chers, en l'occurrence les importations
· maintien de la valeur de la consommation finale du
produit
· ajustement de l'offre nationale
Avec ce raisonnement, on peut arriver à une situation
où le gain de pouvoir d'achat (l'économie de dépense des
consommateurs) à partir d'une baisse du coût des importations
permet, pour une dépense constante au niveau de la consommation finale,
un accroissement de la demande pour des produits nationaux. Il n'y a donc pas
systématiquement concomitance de l'augmentation des importations et
baisse de la production nationale, mais possibilité d'augmentation des
importations et de la production nationale grâce à
l'épargne réalisée sur les importations et ceci sans
baisse du prix local.
20.3 L'impact de la baisse des tarifs sur les
filières agro- alimentaires
20.3.1 La filière sucre
La compétitivité
L'Union européenne (27000 tonnes) n'est certes plus le
premier fournisseur du Mali en sucre depuis la montée en puissance du
Brésil (67000 tonnes), toutefois, on sait que le maintien de l'UE dans
les importations maliennes se justifie par une qualité différente
du produit livré, malgré un coût relativement plus
élevé. Le différentiel de prix devra se maintenir si le
Brésil veut maintenir ses parts de marché, ce qui suppose que la
baisse du prix à l'import du sucre européen devrait entrainer une
baisse du prix du sucre brésilien.
On convient donc que la baisse de prix du sucre européen
entraine celle de la moyenne du prix du sucre importé, dans la
même proportion.
35 Soit Pl le prix des produits locaux, Pi le prix des produits
importés, Ql la production locale et I les importations, on pose :
[d(Ql+I)/dPi] x [Pi./(Ql+I)] = -1 (élasticité de la demande par
rapport au prix des imports égale 1)
Pl.Ql+Pi.I = C (consommation finale constante en valeur)
Après la baisse des prix, on pose T = I+Ql+dI+dQl.
Mais on suppose que l'excédent de demande se porte sur les importations
seules. Donc on pose dI=d(Ql+I)=-dPi/Pi(Ql+I). Donc, sachant la constance de la
demande finale, on peut calculer dQl.
Le sucre est en catégorie 3, la baisse attendue est donc
d'environ 16,4%.
La valeur ajoutée de la filière, hors utilisation
industrielle s'élève, selon nos calculs, à 46 milliards de
FCFA.
Tableau 51: compte agrégé de la
filière sucrière
Création de Valeur ajoutée
VA directe VA indirecte impôts imports
|
Mions FCFA prod
|
commercialisation
|
détail
|
export
|
import
|
|
7 389 10 426
2 523 1 635
2 787 3 185
|
4 030
810
630
|
|
1 520 17 704 22 479
|
|
|
|
|
|
|
source Iram-great
Une grande partie de la valeur ajoutée est
créée au niveau de la commercialisation ce qui s'explique par
l'importance des importations dans la consommation. Le sucre produit localement
représente moins de 16% de la consommation nationale. La valeur
ajoutée par hectare de canne est d'environ 1,7 millions de FCFA pour la
production de sucre local ce qui paraît important, mais se justifie par
l'importance du processus de transformation que subit le produit.
Le rapport VA/production est de 0,6, ce qui indique une modeste
contribution de la filière à la création de richesse
nationale avec les ressources utilisées.
Figure 15 : répartition de l'utilisation du
sucre
vente au détail sucre
95%
consommation de
Sucre
industriel transforma teur 5%
répartition de la consommation
(en équivalent produit brut)
2 000 000 000 1 800 000 000 1 600 000 000 1 400 000
000 1 200 000 000 1 000 000 000 800 000 000 600 000 000 400 000
000 200 000 000 0
|
|
|
import prod locale
|
|
Source : iram-Great
L'analyse de la compétitivité internationale,
à partir des calculs en prix de référence conduit à
mettre en évidence la protection dont jouit la production nationale
(TPN=2,1). Grâce à la protection, ce sont l'ensemble des acteurs
concernés par la filière qui bénéficient
d'avantages (TPE = 4,9). Cet avantage est d'ailleurs au prix d'un bilan
économique défavorable : aux prix d'opportunité, la
production de sucre ne serait pas rentable. Le transfert net aux agents
lié à la situation particulière du Mali correspond
à près de 20 milliards de FCFA. Cette politique économique
conduit donc à faire bénéficier les agents
impliqués dans la filière sucre d'un
avantage qui se convertirait en perte en cas d'application des
prix internationaux. En ce sens, la filière n'est pas
compétitive.
Avec un CRI égal à 1,3, on constate que
l'utilisation des ressources domestiques est inférieure à la
valeur créée, ce qui correspond à une perte de richesse
pour le pays par rapport à l'alternative de recourir au marché
international.
Tableau 52 : analyse de la compétitivité
de la filière sucre
Matrice d'analyse des politiques (MAP)
Mions FCFA
Produits BSE BSNE SOLDES
prix de marché
|
75
|
116
|
50
|
072
|
6
|
800
|
18
|
244
|
prix de référence
|
35
|
378
|
30
|
292
|
6
|
552
|
-1
|
465
|
transferts
|
39
|
738
|
19
|
780
|
|
248
|
19
|
710
|
|
Des ratios sur la filière
TPN
|
|
|
|
|
|
2,1
|
TPE
|
|
|
4,9
|
CRI
|
|
|
1,3
|
VA totale
|
46
|
035
|
|
VA totale/Production (taux
d'intégration)
|
|
|
0,6
|
VA production nationale/ha
|
1
|
787
|
313
|
VA/imports
|
|
|
1,6
|
|
L'impact de la baisse du tarif
En appliquant notre méthode de simulation, nous obtenons
pour une baisse de 16% du prix du sucre importé une augmentation des
importations d'environ 30000 tonnes.
Compte tenu du surplus dégagé par les
consommateurs, et du faible niveau actuel de la production nationale, ceci ne
devrait pas conduire à une contraction de la demande pour le sucre
local. Grâce aux gains réalisés sur l'achat de sucre, 190
tonnes de sucre local supplémentaires pourraient être
demandés, soit une demande supplémentaire de 0,6%. Cette
augmentation reste négligeable et ne peut pas servir d'argumentation
à une diminution du prix du sucre importé.
Tableau 53: évolution économique de la
filière sucre par application de l'APE
évolution des prix imports -16,4%
évolution de la production nationale 0,6%
évolution de la consommation totale 16,5%
évolution de la valeur ajoutée 7,6%
Source Iram-great
Ce qui est en revanche beaucoup plus significatif est que si
la production nationale devenait beaucoup plus importante - par exemple
jusqu'à produire 170000 tonnes de sucre comme l'ambitionne le projet
Markala -, le rapport entre sucre local et importé changerait
radicalement. La sensibilité de la production nationale au prix des
imports augmenterait considérablement. Pour une baisse de 16,4% du prix
des imports et pour une production de 170000 tonnes (soit 28000 ha
cultivés), et des importations ramenées à 30000 tonnes,
la
baisse de prix du sucre importé aurait une incitation
sur la consommation telle que s'opérerait un report de la demande sur
les imports conduisant à une diminution de la demande de sucre local de
22 mille tonnes, soit une nécessité de réduire la
production de 13%.
On mesure ici, l'importance d'une certaine protection - ou d'une
hausse des cours mondiaux - pour préserver la logique d'investissement
dans le secteur sucrier au Mali.
En résumé, le secteur sucrier
bénéficie d'une protection importante qui conduit à un
transfert important au bénéfice des opérateurs de la
filière et une utilisation des ressources nationales qui n'est pas la
plus efficace au regard des prix internationaux. Il est évident que
cette situation est à lier à la situation du marché
mondial du sucre qui est un marché d'excédent sur des productions
nationales fortement soutenues dans quelques pays exportateurs et qui assurent
la rentabilité des productions.
Augmenter la production malienne accroit la
sensibilité du secteur à une modification des règles
d'insertion dans le marché mondial : de tels investissements ne sont (et
ne devraient être appuyés comme tels par les financiers)
pertinents que s'ils sont accompagnés d'un maintien d'une protection.
20.3.2 La filière maïs
La compétitivité
Les importations portent actuellement sur moins de 1% de la
production nationale en équivalent grain.
Figure 16: répartition de l'utilisation du
maïs
400 000 000
350 000 000
300 000 000
250 000 000
200 000 000
150 000 000
100 000 000
50 000 000
répartition de la consommation
(en équivalent produit brut)
0
import prod locale
autoconso 54%
détaillant farine 34%
consommation de Maïs
détaillant grain 12%
La valeur ajoutée générée par la
filière est estimée à 45 milliards FCFA soit autant que
pour le sucre par exemple.
Tableau 54 : compte agrégé de la
filière maïs
Création de Valeur ajoutée
Mions FCFA
|
prod
|
commercialisatio n
|
détail export
|
import
|
VA directe
|
33 802
|
3 000
|
3 282
|
75
|
VA indirecte
|
4 312
|
822
|
281
|
42
|
impôts
|
|
|
|
20
|
imports
|
2 249
|
1 459
|
414
|
123
|
|
L'essentiel de la valeur ajoutée est créée
au niveau des producteurs, ce qui traduit la faible transformation «
formelle » du produit.
Le rapport entre VA et production (0,91) traduit une forte
valorisation des ressources locales. Tableau 55 : analyse de la
compétitivité de la filière maïs
Matrice d'analyse des
|
politiques (MAP)
Produits BSE
|
|
BSNE
|
|
Mions FCFA SOLDES
|
|
prix de marché
|
49 881 9
|
616
|
11
|
741
|
28
|
523
|
prix de référence
|
30 003 6
|
682
|
11
|
741
|
11
|
580
|
transferts
|
19 877 2
|
934
|
|
|
16
|
944
|
Des ratios sur la filière
|
|
|
|
|
|
|
|
TPN
|
1,66
|
|
|
|
|
|
|
TPE
|
1,73
|
|
|
|
|
|
|
CRI
|
0,50
|
|
|
|
|
|
|
VA totale
|
45 636
|
Mions FCFA
|
|
|
|
|
|
VA totale/Production (taux
d'intégration)
|
0,91
|
|
|
|
|
|
|
VA totale/ha cultivé
|
143 961
|
|
|
|
|
|
|
VA/imports
|
10,75
|
|
|
|
|
|
|
|
Du point de vue de l'insertion internationale, on constate un
certain niveau de protection (TPN = 1,66) qui bénéficie aux
producteurs et à l'ensemble des acteurs de la filière (TPE=1,7).
Les transferts qui en résultent sont d'environ 17 milliards FCFA, soit
près de la moitié de la valeur produite exprimée en prix
internationaux.
Toutefois, le coefficient de ressources interne (CRI=0,5)
exprime une utilisation efficace des ressources nationales et la
création de valeur estimée en prix internationaux : la production
se fait à un coût moindre que l'emploi de ces ressources sur le
marché international. En ce sens, on peut dire que la filière est
compétitive. Aux prix de référence, les acteurs
continueraient à générer de la valeur, mais grâce
à la politique commerciale, ils doublent l'avantage qui leur est
transféré (de 11 à 28 milliards FCFA).
L'impact de la baisse du tarif
Le maïs est classé en catégorie 1 et subit
l'imposition de la TVA. Son entrée sans droit de douane correspondrait
à une baisse de 4,7% du prix du maïs importé.
Les conséquences d'une baisse des prix
d'opportunités du maïs, c'est à dire de la
possibilité de s'approvisionner à faible coût, sont
importantes d'après notre simulation.
La production nationale diminuerait de 4,5%. L'impact sur la
valeur ajoutée serait limité à - 0,2%.
Tableau 56 : évolution économique de la
filière maïs par application de l'APE
évolution des prix imports -4,7%
évolution de la production nationale -4,5%
évolution de la consommation totale 0,5%
évolution de la valeur ajoutée -0,2%
Compte tenu de la part prépondérante de la
production nationale dans la formation de la valeur ajoutée, il en
résulterait une forte variation de la valeur ajoutée au niveau de
la production, de l'ordre de -1,2 milliards FCFA, mais qui serait
compensée par l'augmentation du commerce.
Tableau 57 : modification de la répartition de
la VA de la filière maïs avec l'APE
Création de Valeur ajoutée
Mions FCFA
|
prod
|
commercialisatio n
|
détail
|
export import
|
VA directe
|
32 590
|
3 396
|
3 389
|
475
|
VA indirecte
|
4 171
|
821
|
299
|
266
|
impôts
|
|
|
|
124
|
imports
|
2 177
|
1 459
|
441
|
779
|
|
Les importations passeraient de 3000 à 20000 tonnes, ce
qui induirait une hausse de la facture de 650 millions FCFA, ce qui est
important.
En résumé, on peut dire que ce qui se joue avec
la baisse des tarifs sur le maïs c'est le maintien d'une production
nationale efficace du point de vue de la compétitivité
internationale et le risque d'une explosion de la facture d'importation, sans
avoir en revanche d'impact important sur la création de valeur
ajoutée. Il est clair que du point de vue de la répartition un
tel scénario favoriserait les opérateurs en aval de la
filière.
20.3.3 La filière riz :
La compétitivité
La filière riz est considérée à
plusieurs titres comme stratégique.
La valeur ajoutée créée par la
filière est de l'ordre de 80 milliards FCFA. Les importations
représentent un peu plus de 10% de la production nationale.
Figure 17: répartition de la demande finale en
riz
400 000 000
200 000 000
700 000 000
600 000 000
500 000 000
300 000 000
100 000 000
répartition de la consommation
(en équivalent produit brut)
0
import prod locale
autoconso 47%
consommation de
exportation 6%
conso rurale 7%
Riz
conso urbaine 40%
conso rurale conso urbaine exportation autoconso
La valeur ajoutée est fortement concentrée au
niveau de la production primaire. La valeur ajoutée rapportée
à la valeur de la production est assez élevée (0,73).
Enfin, le riz valorise fortement la terre utilisée pour sa production
Tableau 58 : répartition de la VA de la
filière riz (Mions Fcfa)
Création de Valeur ajoutée
|
prod
|
transformation
|
détail
|
export et
auto- conso
|
import
|
VA directe
|
50 218
|
4 809
|
11 499
|
58
|
|
VA indirecte
|
8 593
|
829
|
1 044
|
|
600
|
impôts
|
|
|
|
|
1 965
|
imports
|
20 721
|
911
|
1 044
|
|
6 200
|
|
L'analyse en comparaison internationale montre un taux de
protection modeste qui confère un certain avantage aux producteurs,
transformateurs et commerçants mais aussi à tous les fournisseurs
de la filière (engrais, décortiqueuses etc.). L'avantage
transféré reste toutefois modeste, inférieur à 10%
du produit exprimé en prix internationaux. Mais surtout, le coût
en ressources internes (0,007) indique une très forte
compétitivité du produit du point de vue international et donc
une valorisation importante des ressources nationales.
Matrice d'analyse des politiques (MAP)
|
Produits
|
BSE
|
BSNE
|
SOLDES
|
prix de marché
|
108
|
493
|
41
|
109
|
4
|
118
|
63
|
266
|
prix de référence
|
94
|
516
|
37
|
353
|
4
|
099
|
53
|
064
|
transferts
|
13
|
977
|
3
|
756
|
|
19
|
10
|
202
|
|
Des ratios sur la filière
TPN
TPE
CRI
VA totale
VA totale/Production (taux
d'intégration)
VA totale/ha cultivé
VA/imports
1,15
1,18
0,07
79 616 Mions FCFA
2,7570
0,73
266 131
Tableau 59 : compétitivité internationale
du riz malien (Mions Fcfa)
Impact des APE :
L'Union européenne n'est pas un concurrent sur le
marché du riz consommé au Mali. Les faibles productions
européennes concernent un créneau très particulier de riz
haut de gamme à prix élevé.
L'APE n'est pas un enjeu pour la production de riz malien
sauf en ce qui concerne l'accès aux moyens de production et la
concurrence accru de substituts possibles au riz.
La réduction des prix des intrants ou du
matériel nécessaire à la transformation du paddy peuvent
encore accroître la productivité, la rentabilité et la
compétitivité internationale du riz.
L'ensemble des transferts sur les biens et services
échangeables et liés à la politique commerciale du Mali ne
sont que de 3,7 milliards FCFA. A supposer que ces tranferts soient
intégralement liés à la protection vis à vis des
intrants originaires de l'UE, on se rend compte que la marge de manoeuvre est
très faible à ce niveau pour accroître la
compétitivité de la filière. Ces 3,7 milliards sont en
effet à rapprocher des 79 milliards actuellement
générés par la filière. Cette possibilité de
faire bénéficier la filière d'un faible avantage sur les
intrants de la filière riz ne peut pas constituer un argument de poids
pour la mise en place de l'APE en faveur de la filière.
En revanche, l'APE pourrait avoir un impact sur la
consommation. Le riz est largement consommé en milieu urbain, à
40%. On peut ainsi craindre que selon le rapport de prix entre farine de
blé, également consommée en ville sous forme de pain, et
riz, ne s'opère une substitution en défaveur de ce dernier. Or
30000 tonnes de farines sont importées, principalement de France.
L'enjeu de la farine ne porte donc pas seulement sur les industries de
minoterie, mais aussi sur une partielle substitution au riz malien. Ces effets
ne sont toutefois pas quantifiables.
20.3.4 La filière oignon
Les importations d'oignons enregistrées par les
douanes sont faibles, de l'ordre de 720 tonnes, principalement originaires de
la sous-région. Toutefois, le prix CAF de ces oignons importé est
bas, de l'ordre de 80 FCFA/kg. Le prix de parité à l'importation
est d'environ 230FCFA/kg, ce qui est inférieur au prix de marché,
mais ne semble pas constituer un argument pour juger de l'absence de
compétitivité de la filière oignon malienne. On peut
supposer en effet que l'oignon produit localement jouit de la part des
consommateurs d'une préférence qui justifie le
différentiel de prix d'avec le produit importé.
Si l'on imaginait de vouloir importer des oignons de pays
non-membres de l'UEMOA le prix rendu au consommateur serait de l'ordre de 270
FCFA/kg, après application du TEC de 20%, ce qui est à peine
compétitif à Bamako. Cet oignon rendu-province serait beaucoup
trop cher.
Figure 18: La consommation d'oignons et
échalottes au mali
répartition de la consommation
(en équivalent produit brut)
200 000 000 150 000 000 100 000 000 50 000 000 0
|
|
|
import prod locale
|
|
La valeur ajoutée créée par la
filière est assez modeste en valeur absolue. Les quantités
importantes de pertes lors du stockage conduisent à une diminution de la
valeur ajoutée par rapport au potentiel. On estime ces pertes à
environ 8 milliards FCFA de valeur ajoutée, en particulier au niveau des
producteurs. En revanche, il faut tenir compte du contenu très
élevé du chiffre d'affaire en valeur ajoutée (91%) et de
la très forte valorisation de la terre qu'induit la filière
oignon (plus de 2 milliards FCFA/ha).
Tableau 60 : répartition de la VA de la
filière oignon (Mions Fcfa)
Création de Valeur ajoutée
|
prod
|
transformation
|
détail export
|
import
|
VA directe
|
9 884
|
2 871
|
3 572
|
2
|
VA indirecte
|
2 707
|
348
|
354
|
10
|
impôts
|
|
|
74
|
9
|
imports
|
951
|
811
|
236
|
56
|
|
La compétitivité
L'analyse du point de vue de la compétitivité
internationale montre des niveaux de protection faibles et un coût en
ressources interne très favorable, ce qui indique une forte valorisation
des ressources nationales et une forte compétitivité.
Tableau 61 : compétitivité
internationale de l'oignon malien (Mions Fcfa)
Matrice d'analyse des politiques (MAP)
|
Produits BSE
|
|
|
BSNE
|
|
SOLDES
|
|
prix de marché
|
|
21 885
|
5
|
465
|
1
|
884
|
14
|
537
|
prix de référence
|
|
18 767
|
4
|
958
|
1
|
883
|
11
|
927
|
transferts
|
|
3 118
|
|
507
|
|
1
|
2
|
610
|
Des ratios sur la filière
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TPN
|
|
1,17
|
|
|
|
|
|
|
|
TPE
|
|
1,19
|
|
|
|
|
|
|
|
CRI
|
|
0,14
|
|
|
|
|
|
|
|
VA totale
|
|
19 831
|
Mions FCFA
|
|
|
|
|
|
|
VA totale/Production (taux
d'intégration)
|
|
0,91
|
|
|
|
|
|
|
|
VA totale/ha cultivé
|
2
|
155 492
|
|
|
|
|
|
|
|
VA/imports
|
|
9,65
|
|
|
|
|
|
|
|
|
L'impact des APE :
Il est peu probable, compte tenu des prix de parité
calculés, de la qualité reconnue des oignons produits localement,
et de la compétitivité du point de vue de la valorisation
internationale, que l'oignon malien soit concurrencé par des
importations européennes. L'APE ne devrait pas constituer de menace pour
la production locale, d'autant plus qu'existent des gisements importants dee
productivité par réduction des pertes à la
conservation.
20.3.5 La filière lait
Le lait est le troisième produit agro-alimentaire le
plus importé au Mali. Il vient à près de 90% de l'Union
européenne. Mais le montant du total importé ne doit pas faire
oublier que le lait est principalement auto-consommé et donc en tant que
tel représente une valeur créée considérable pour
le pays. C'est l'ensemble de la valeur ajoutée dont il faut tenir compte
dans une comparaison internationale.
Figure 19: répartition de la consommation de
lait
détail iinformel 32%
détail formel 16%
Consummation Lait
autoconso vaches améliorée s 0%
autoconso vaches traditionne lles 52%
répartition de la consommation (en
tonnes
équivalent produit brut)
140 000
120 000 100 000 80 000 60 000
40 000 20 000
|
|
|
import prod locale
|
|
La valeur ajoutée de la filière lait de
consommation36 est d'environ 45 milliards FCFA selon nos calculs, donc voisine
de celles du sucre ou du riz.
Tableau 62 : répartition de la VA dans la
filière laitière (Mions Fcfa)
Création de Valeur ajoutée
0 prod transformation détail export
import
VA directe
23 973 6 904 4 819
VA indirecte
5 347 1 118 596 139
impôts
1 949
imports
4 289 2 106 389 7 352
Cette filière repose de façon importante sur des
importations (6,6 milliards de poudre en 2003). L'ensemble des importations
liées à la filière représentent plus de 7,3
milliards FCFA. Malgré cela, la valeur ajoutée de la
filière est environ triple des importations.
Rapportée au chiffre d'affaire total, la valeur
ajoutée est assez importante.
Tableau 63 : décomposition des produits de la
filière lait (Mions Fcfa)
Matrice d'analyse des politiques (MAP)
Produits BSE BSNE SOLDES
prix de marché
|
58 981
|
23
|
054
|
1
|
626
|
34
|
301
|
prix de référence
|
53 175
|
19
|
878
|
1
|
614
|
31
|
682
|
transferts
|
5 806
|
3
|
175
|
|
12
|
2
|
618
|
|
La compétitivité internationale
Le lait en poudre n'est taxé qu'à 5% alors que
les produits élaborés à partir de cette même poudre
(yoghurt, fromages) bénéficient d'un tarif de 20%. Il y a donc
manifestement une protection des entreprises de transformation dont ne
jouissent pas les éleveurs.
Globalement, la politique commerciale de la filière
lait de consommation ne garantit guère de transferts aux
opérateurs. On pourrait dire que la filière est « peu
soutenue ». Les transferts ne constituent que 4% de la valeur produite
exprimée en prix d'opportunité.
Tableau 64 : les critères de
compétitivité de la filière lait
Des ratios sur la filière
1,11 1,08
TPN TPE
CRI
VA totale
VA totale/Production (taux d'intégration) VA
totale/tête VA/imports
0,05
44 845 Mions FCFA
0,76
96 857
3,17
La filière jouit en effet d'une faible protection (TPE
et TPN proches de 1). Le coût en ressources internes, proche de 0 indique
une très forte valorisation des ressources nationales et donc un
intérêt collectif à favoriser la production
laitière. La filière lait de consommation est donc
génératrice de forte valeur malgré un investissement et
une politique commerciale qui ne la favorisent guère.
L'impact des APE
Compte tenu de la part prise par le marché internationale
et en particulier européen dans l'approvisionnement en lait, on examine
avec soin les effets probables d'un APE.
Le lait en poudre est classé en catégorie 1 du
TEC.
La simulation réalisée conduit à estimer
un impact important de la baisse du prix de la poudre sur la production locale.
Cette dernière pourrait se contracter de plus de 4%, ce qui conduirait
à une diminution de la valeur ajoutée de la filière de
3%.
L'augmentation des importations pourrait correspondre à
une production de 9000 tonnes de lait frais. La facture d'importation de lait
s'accroîtrait de 2,6 milliards FCFA.
Tableau 65 : Effet de l'APE sur les données
économiques de la filière lait
évolution des prix imports -4,7%
évolution de la production nationale -4,4%
évolution de la consommation totale 1,9%
évolution de la valeur ajoutée -3,0%
Seuls les consommateurs finaux en profiteraient avec une
augmentation possible de leur consommation de 1,9% sans avoir à
dépenser plus qu'actuellement, mais ceci seulement à condition
que la baisse du prix de la poudre soit bien répercutée par les
transformateurs et commerçants.
En définitive, on peut considérer que compte
tenu de l'importance de la production nationale de lait de consommation, de la
création de richesse qu'elle génère, et du peu d'avantages
dont jouissent actuellement les opérateurs, l'APE exige d'eux des
efforts supplémentaires coûteux pour la collectivité. Le
taux actuellement pratiqué ne confère pas de situation de rente
aux producteurs. Il serait peu justifié d'abaisser le niveau du tarif en
vigueur, en tout cas en ce qui concerne la poudre.
20.3.6 La filière bovine
Les viandes sont importées dans l'UEMOA avec des droits
de douane de 20%.
La viande malienne n'a pas tant à craindre les
importations directes de viande au Mali que la perte de marché à
l'export dans les pays côtiers pour lesquels l'importation de viande
européenne pourrait devenir beaucoup plus attractive que la viande
sahélienne à la suite de la diminution du tarif douanier.
Figure 20: Répartition de la demande finale de la
filière bovine
consommation de bovins
exportation Sénégal 9%
exportation Ghana, Togo, Bénin,
Guinée Libéria 3%
exportation RCI 35%
détaillant viande 46%
export cuirs et peaux 7%
70 milliards FCFA sont ainsi créés dont les trois
quarts au niveau de la production. 90% de la valeur de la production est
constituée de valeur ajoutée.
Tableau 66 : répartition de la VA de la
filière bovine (Mions Fcfa)
Création de Valeur ajoutée
|
prod
|
transformation
|
détail
|
export import
|
VA directe
|
52 318
|
5 546
|
3 466
|
4 252
|
VA indirecte
|
910
|
3 909
|
|
|
impôts
|
|
409
|
182
|
|
imports
|
3 640
|
5 055
|
|
|
|
la compétitivité de la filière :
Cette filière fait très peu appel aux
importations. Elle manifeste des taux de protection très faibles et
surtout un coefficient en ressources internes extrêmement bas, ce qui
dénote une très forte valorisation des ressources nationales.
Tableau 67 : les critères de
compétitivité de la filière bovine (Mions
Fcfa)
TPN 1,05
TPE 1,01
CRI 0,02
VA totale 70 992 Mions FCFA
Matrice d'analyse des politiques (mions
FCFA)
|
Produits
|
BSE
|
BSNE
|
SOLDES
|
prix de marché
|
79 687
|
13 513
|
1
|
047
|
65 127
|
prix de référence
|
76 039
|
10 659
|
1
|
047
|
64 333
|
transferts
|
3 648
|
2 855
|
|
|
793
|
|
Des ratios sur la filière
VA totale/Production (taux 0,89
d'intégration)
VA totale/tête
10 299
Il s'agit donc d'une filière qui témoigne d'une
forte compétitivité-prix du point de vue international. La
politique commerciale du Mali est neutre vis à vis du marché
international. Les opérateurs de la filière ne
bénéficient pas d'avantage relativement aux conditions offertes
par le marché mondial (et qui, comme on le sait pour la viande bovine,
est particulièrement distordu par les politiques d'écoulement des
stocks des pays du nord). Aucun transfert n'est octroyé aux acteurs par
le biais de la politique commerciale.
L'impact des APE
Près de 60% de la production et donc de la valeur
ajoutée est réalisée grâce au marché
d'exportation. Le risque principal pour la filière est donc que se
tarisse ce débouché .
Avec une viande taxée à 20% de droit de douane,
l'effet d'un abandon du TEC correspondrait à une diminution de prix de
16,4% à l'entrée dans l'UEMOA.
Nous réalisons ici une simulation quelque peu
différente des précédentes, dans la mesure
où l'arbitrage entre demande de produits importés et produits
locaux ne s'opère pas au Mali
mais dans les pays clients du Mali. Faute de pouvoir simuler
le comportement de la demande dans ces pays, on considère qu'un
renchérissement relatif de la viande originaire du Mali de 10% induit
une baisse de la demande pour cette viande de 10%.
Cette perte de part de marché est alors assez lourde de
conséquences. La valeur ajoutée de la filière diminuerait
de près de 6 milliards FCFA soit une baisse de plus de 8%.
Tableau 68 : impact de l'APE sur les données
économiques de la filière bovine
évolution de la production nationale -8,2%
évolution de la valeur ajoutée totale -8,3%
évolution de la valeur des exportations (pertes en
devises) -14,0%
Les conséquences sur la production nationale serait
une perte de débouchés pour 37000 animaux. La production devrait
s'ajuster en diminuant encore le taux d'exploitation du cheptel. Ce taux
devrait passer à 6% des effectifs totaux, ce qui suppose un allongement
de la durée d'engraissement mais surtout un manque à gagner des
éleveurs de 4,3 milliards FCFA.
Du point de vue macro-économique, la perte en devise
serait de 6,6 milliards FCFA sur l'ensemble des exportations soit une chute de
14%.
En définitive, on mesure par l'ampleur des chiffres
évoqués, le risque pour la filière bovine de voir les pays
partenaires au sein de l'UEMOA, adopter une politique de libre accès
pour la viande européenne. On sait que l'offre de viande
européenne sait s'adapter aux conditions de prix local pour livrer des
morceaux sous-valorisés en Europe (quartiers avants, abats). Le TEC
constitue néanmoins un moyen d'assurer un différentiel de prix
sur des éléments incompressibles du prix (fret, frais de
stockage). La conclusion d'un APE doit être attentive à la
solidarité qui s'opère au sein de la zone de manière
à ce que le Mali ne pâtisse pas de choix réalisés
par ses partenaires régionaux pour lesquels la filière bovine ne
représente pas un enjeu économique. Le Mali n'a pas toutes les
clefs du problème entre les mains mais pourrait faire valoir des pertes
et donc des compensations en cas de décision défavorable à
ses intérêts sur la filière bovine.
20.3.7 La filière avicole
La filière avicole malienne n'est certes pas la plus
confrontée à la concurrence internationale parmi les
filières de la CEDEAO. Elle subit toutefois, au travers de l'UEMOA, les
effets indirects d'une politique peu favorable à la filière.
Figure 21 : répartition de la demande finale de
produits avicoles
autocons poulet
54%
consommation
export RCI 2%
poulets
détail poulet 44%
auto conso oeufs 66%
consommation d'oeufs
détail oeuf 34%
La production de poulets reste au Mali avant tout une
production traditionnelle. Le secteur moderne produit une valeur ajoutée
totale égale à 1,75 milliards FCFA sur un total de 69 milliards
pour toute la filière. Il convient de tenir compte de cette production
largement auto- consommée et qui est une des plus grosses contributrices
à la valeur ajoutée agro-alimentaire.
Tableau 69 : répartition de la création de
VA (Mions Fcfa)
Création de Valeur ajoutée Mions
FCFA
VA directe VA indirecte impôts imports
|
prod
|
transformation
|
détail
|
export import
|
|
5 811
1 448
274
|
9 163
139
|
218
|
|
La valeur ajoutée totale de la filière est
principalement concentrée aux échelons de la production. La
valeur ajoutée représente une valeur considérable de la
production compte tenu de la prédominance du système
d'élevage traditionnel à base de résidus
ménagers.
La compétitivité de la filière
La filière a une très forte
compétitivité relativement au marché international. Les
coefficients de protection des producteurs et de tous les acteurs de la
filière sont proches de 1. Le CRI faible indique une très forte
valorisation des ressources utilisées dans la production avicole.
On peut pourtant considérer que la
rémunération de l'activité est inférieure à
ce qu'elle serait dans un cadre international. Ceci résulte de la
relative taxation que subissent les facteurs, ce qui grève la
rentabilité de la production. Nous n'avons pas les moyens de distinguer
ce qu'il en est de la production moderne, mais on peut supposer que ce constat
est particulièrement valable pour lui.
Tableau 70 : les indicateurs de
compétitivité de la filière avicole (Mions
Fcfa)
Matrice d'analyse des politiques (MAP) Mions
FCFA
Produits BSE BSNE SOLDES
prix de marché
|
70
|
311
|
10
|
396
|
3
|
376
|
56
|
540
|
prix de référence
|
70
|
311
|
1
|
172
|
3
|
376
|
65
|
764
|
transferts
|
|
|
9
|
224
|
|
|
-9
|
224
|
|
Des ratios sur la filière
TPN
TPE
CRI
1,00
0,87
0,05
VA totale
VA totale/Production (taux
d'intégration)
VA/imports
69 439 Mions FCFA
79,5964
0,99
Des ratios sur la filière
TPN
|
|
|
|
|
|
|
1,00
|
|
|
|
0,96
|
|
CRI
|
|
|
0,05
|
|
VA totale
|
|
|
8 305
|
Mions FCFA
|
VA totale/Production (taux
d'intégration)
|
|
|
0,87
|
|
VA totale/ha cultivé
|
3
|
460
|
464
|
|
VA/imports
|
|
|
6,6297
|
|
|
L'impact des APE
Actuellement, plus que le prix, on peut considérer que
ce sont les conditions d'acheminement de poulet congelé depuis la
côte vers le Mali qui limitent la concurrence. Les coûts que
généreraient le maintien de la chaîne du froid assurent la
compétitivité du poulet malien.
On peut se demander si la baisse de 20% du tarif du poulet
importé de l'Union européenne dans les pays côtiers ne
provoquera pas la recherche, de la part d'importateurs ivoiriens ou
sénégalais d'opportunités de commercialisation de poulet
congelé vers l'hinterland. La diminution d'environ 100 FCFA par kilo du
coût de revient sur une base prix CAF de 400 FCFA/kg pourrait devenir
incitative et ainsi inverser le flux de marchandise au détriment des
exportations maliennes.
En tout état de cause, on connaît l'état
de marasme actuel des filières avicoles modernes des pays côtiers.
On peut penser que le front de la concurrence des poulets importés
progressera vers le nord du continent.
L'influence sur la production malienne serait très
faible compte tenu du poids de la production auto-consommée
actuellement. La perte du débouché à l'export induirait
une perte de valeur ajoutée d'environ 1%.
Nous nous sommes limités à simuler l'effet de la
baisse des prix des quelques 600 tonnes de poulets qui partent sur la
Côte d'Ivoire par perte de marché dans ce pays.
Tableau 71 : effet de l'APE sur les variables
économiques de la filière avicole
évolution de la production nationale -0,5%
évolution de la valeur ajoutée totale -0,8%
évolution de la valeur des exportations (pertes en
devises) -30,5%
La perte en devise générée par les
exportations serait de 30%.
Un autre effet pour la filière, positif
celui-là, serait un accès amélioré aux intrants de
la part des producteurs. Compte tenu de la taxation subie par les poussins (10%
de droit de douane), l'APE permettrait aux élevages modernes
d'accéder à des intrants moins chers. Il serait toutefois assez
dérisoire de devoir attendre une réforme complète des
relations entre la CEDEAO et l'UE pour que l'UEMOA mette en place une mesure
qui ne peut qu'être favorable aux producteurs de la région.
Enfin, ici encore, ce sera principalement en fonction du
choix des pays côtiers que le destin de la filière avicole moderne
sera scellé. Quelque soit le choix spécifique du Mali quant
à l'APE, les conséquences sur le secteur avicole seront minimes.
Il s'agira d'un enjeu régional.
20.3.8 La filière tomate
La problématique de la filière tomate est
complexe. La production nationale est génératrice d'une valeur
ajoutée modeste de 8 milliards FCFA alors que les importations de
concentré s'élèvent à près d'un milliards.
La majorité étant du concentré déjà
prêt à la vente au détail. Peu de triple concentré
est acheté.
L'industrie de transformation de tomate ou de concentré
est donc absente du paysage industriel malien. Il existe pourtant un potentiel
pour la tomate locale.
C'est une production qui valorise très bien les
ressources nationales. Elle ne bénéficie pas d'avantage
particulier conféré par une politique commerciale
spécifique. On peut se demander si la progression récente des
surfaces emblavées et les difficultés rencontrées par la
SOCOMA dans l'approvisionnement régulier en tomate ne résultent
pas d'une situation somme toute assez favorable aux producteurs pour qui les
opportunités de vente pour la consommation en frais étaient
satisfaisantes et n'impliquaient pas d'incitation à livrer leur produit
au transformateur. On sait aussi que les conditions de production de l'usine de
conditionnement n'étaient pas favorables : coût de
l'électricité, éloignement des principaux centres de
production de tomate, problèmes d'emballages.
Dans les conditions actuelles, le droit de douane de 20%
accroît donc directement le prix au consommateur de produits de la tomate
sans conséquence immédiate pour le producteur. On peut donc dire
que la réduction de ce prélèvement, en dehors de
considérations fiscales, ne représente pas un enjeu crucial pour
la filière tomate.
20.3.9 Les huiles de consommation
La production d'huile de consommation se limite à
celle de coton depuis l'abandon de la trituration de l'arachide de la part de
HUICOMA. La question de la compétitivité de l'huile d'arachide
était au coeur de ce choix industriel. On estime le différentiel
de prix entre les deux huiles de l'ordre de 500 FCFA par litre sachant que
l'huile de coton peut être vendue sortie usine à moins de 400
FCFA/l.
Actuellement, l'importation d'huile représente une
facture de 5 milliards FCFA mais l'Union européenne ne prend qu'une
faible part dans les livraisons (36% de l'huile de soja, soit environ 80
millions FCFA).
Tableau 72 : comparaison de prix de quelques
importations significatives d'huile
origine
|
Poids (kg)
|
|
valeur
|
|
Prix CAF FCFA/kg
|
Cote Ivoire
|
|
27
|
104
|
|
16
|
547
|
800
|
611
|
Malaysia
|
|
495
|
792
|
|
158
|
555
|
590
|
320
|
Cote Ivoire
|
2
|
200
|
390
|
1
|
038
|
244
|
388
|
472
|
Malaysia
|
2
|
005
|
453
|
|
577
|
960
|
913
|
288
|
Burkina Faso
|
|
999
|
140
|
|
400
|
520
|
549
|
401
|
Burkina Faso
|
2
|
607
|
400
|
1
|
209
|
957
|
886
|
464
|
|
huile de palme en bouteille RCI
huile de palme en bouteille Malaisie
huile de palme vrac Cote d'Ivoire
huile de palme vrac Malaisie
huile de coton brute
huile de coton
Source douanes 2003
Pour le Mali spécifiquement, le commerce avec l'Union
européenne ne constitue donc pas un enjeu particulier pour les huiles si
ce n'est éventuellement à l'exportation. Mais pour cette
dernière éventualité, il faudrait que la PAC soit
suffisamment modifiée pour que l'incitation à la production
européenne d'huiles de colza ou de tournesol soit réduite. Les
vertus nouvellement mises en avant de l'huile de colza37 constituent en outre
un argument commercial qui contribuera à dévaloriser les huiles
d'autres origines que l'UE.
20.3.10 La filière coton
S'agissant d'une filière d'exportation sans
concurrence sur le marché intérieur, la filière coton peut
être concernée par la mise en place d'un APE au niveau
principalement de l'accès aux intrants.
La filière dégage 144 milliards FCFA de valeur
ajoutée, et ceci en dépit de difficultés de
rentabilité du secteur de la transformation du coton graine.
37 Communication commerciale autour des Oméga3.
Tableau 73 : création de VA et
compétitivité de la filière coton (Mions Fcfa)
Création de Valeur ajoutée
|
prod transformation
|
Mions FCFA
détail
|
export import
|
VA directe
|
42 493 35 493
|
25 708
|
-20 297
|
VA indirecte
impôts
|
19 650 34 665
4 288
|
2 401
|
|
imports
|
38 752 38 593
|
2 101
|
|
Des ratios sur la filière
|
|
|
|
|
TPN
|
1,07
|
|
|
|
TPE
|
1,08
|
|
|
|
CRI
|
0,26
|
|
|
|
VA totale
|
144 402
|
Mions FCFA
|
|
|
VA totale/Production (taux d'intégration)
|
0,65
|
|
|
|
VA totale/ha cultivé
|
272 781
|
|
|
|
VA/imports
|
1,8176
|
|
|
|
|
Les intrants (biens échangeables) représentent
une valeur de 136 milliards FCFA qui subissent un certain nombre de
prélèvement sous forme de taxe, que l'on évalue à
environ 7,5 milliards FCFA.
Les seuls intrants aux cultures s'élèvent à
58 milliards FCFA. Les effets des APE :
On peut essayer de simuler en statique - c'est à dire
sans prendre en compte l'effet sur le niveau de production - l'effet d'une
diminution du prix des intrants sur la valeur ajoutée
créée. Toute autre hypothèse serait trop hasardeuse pour
prédire l'effet de levier que pourrait avoir la baisse des coûts
sur l'incitation à produire.
On considère que l'instauration de l'APE aurait un
effet sur le prix de tous les engrais et de la moitié du carburant
utilisé par la filière38. Ces hypothèses visent à
donner une image maximale du bénéfice que pourrait obtenir la
filière de la baisse des droits de douane.
Si on considère que dans le prix payé par les
opérateurs, seulement 80% correspondent au prix de mise à
disposition des intrants de culture (le reste correspondant à des marges
commerciales) et 70% en ce qui concerne les carburants, la diminution du droit
de douane correspondrait à une baisse de respectivement 3,8 et 3,1% des
prix de ces intrants39
Le gain total serait assez faible en comparaison de la valeur
ajoutée globale : il serait de 1,3 milliards FCFA au plus dont environ 1
milliards reviendrait aux producteurs, le reste étant à
répartir entre les différents maillons de la filière. Le
coût en ressources interne s'améliorerait mécaniquement
indiquant une valorisation encore meilleure des ressources nationales.
38 Les chiffres des douanes indiquent pour les carburants une
origine quasi-exclusive des produits de la CEDEAO. Toutefois, dans le
même temps, les produits sont taxés au niveau du TEC, y compris
ceux qui sont importés de pays de l'UEMOA. Ceci laisse entendre qu'il
s'agit la plupart du temps de réexportations
39 se référer au tableau de correspondance entre
DD et prix rendu Bamako.
Tableau 74 : effet de l'APE sur les agrégats
économiques de la filière coton (Mions Fcfa)
Création de Valeur ajoutée
|
prod transformation
|
Mions FCFA
détail
|
export import
|
VA directe
|
43 703 36 008
|
25 801
|
-20 297
|
VA indirecte
impôts
|
19 408 34 511
4 288
|
2 336
|
|
imports
|
37 784 38 232
|
2 073
|
|
Des ratios sur la filière
|
|
|
|
|
TPN
|
1,07
|
|
|
|
TPE
|
0,98
|
|
|
|
CRI
|
0,23
|
|
|
|
VA totale
|
145 758
|
M ions FCFA
|
|
|
VA totale/Production (taux d'intégration)
|
0,65
|
|
|
|
VA totale/ha cultivé
|
275 343
|
|
|
|
VA/imports
|
1,8666
|
|
|
|
|
Mais le faible gain relatif observé pourrait tout
aussi bien être obtenu par des mesures favorables à l'importation
des intrants, au delà de ce que consent déjà le TEC et
donc, sans faire rentrer en ligne de compte l'APE dont les conséquences
sont multiples et bien au delà du seul secteur. Cotonnier.
|