Partie 4 : L'effet
des APE sur la
production
Après avoir procédé à
l'évaluation de l'impact des APE sur les recettes fiscales liées
aux importations, il reste à analyser leurs effets possibles sur le
système productif. Avant d'analyser l'impact proprement dit sur la
compétitivité des activités sectorielles, les
modifications de la structure des incitations et de la protection seront
estimées. Au préalable, le système productif sera
présenté dans ses grandes caractéristiques.
18. Le secteur productif
malien
Il s'agit ici de rappeler les structures de production
existantes au Mali en termes d'infrastructures de production et de ressources
humaines. Ce rappel sera suivi de l'examen de la structure du régime
fiscal malien, dans ses taux et dans ses assiettes, lequel régime
constitue une des dimensions de l'environnement général des
entreprises. Enfin, le niveau de performance d'un échantillon
d'entreprises industrielles et agricoles sera présenté et
analysé.
18.1 Evaluation des structures de production
Tout d'abord, il faut rappeler qu'au plan
macro-économique, le Mali a enregistré un taux moyen annuel de
croissance de son PIB de 3.9% sur la période 1991 - 2001, taux
jugé insuffisant pour réduire significativement la
pauvreté et permettre un véritable décollage
économique. Toutefois, depuis la dévaluation du franc CFA en
janvier 1994, le taux de croissance a été relativement plus fort
que pendant la période précédente. Des taux plus
importants encore (plus de 6%) ont été enregistrés au
cours des quatre années qui suivirent la dévaluation, plus
particulièrement en 1995, 1997 et 1999. À partir de 2000, le taux
de croissance a ralenti suite aux difficultés de la filière coton
et de la baisse du cours de l'or, les deux principales exportations du pays.
La structure de la production nationale reste dominée
par l'agriculture. La diminution de la contribution de l'agriculture au PIB
s'est faite au profit des mines (qui passent de 2 % du PIB en 1990 à 11
% en 2001), des BTP (de 4 % à 6 %) et de l'électricité (de
1 à 2 %). La part de ce dernier secteur pourra augmenter encore
davantage avec l'entrée en production du barrage de Manantali depuis la
fin de 2002. Ainsi, au cours de la même période (1990-2001), la
croissance a été essentiellement induite par les mines (taux de
croissance de 22.8 %), l'électricité (7.5 %), les transports et
télécommunications (5.8 %) et les BTP (5.6 %).
Tableau 35 : Structure du PIB
Secteur
|
1990
|
1995
|
2001
|
Agriculture Elevage
|
25% 12%
|
27% 11%
|
20% 11%
|
Pêche
|
1%
|
1%
|
1%
|
Sylviculture et cueillette
|
|
|
|
|
6%
|
6%
|
6%
|
Mines
|
2%
|
2%
|
11%
|
Industrie manufacturière
|
8%
|
7%
|
6%
|
Electricité et eau
|
1%
|
1%
|
2%
|
BTP
|
4%
|
6%
|
6%
|
Commerce
|
1 8%
|
1 8%
|
17%
|
Transport et télécommunication
|
5%
|
5%
|
5%
|
Autres services
|
17%
|
1 6%
|
14%
|
|
Source: DNSI (2003), Comptes économiques du
Mal
En dehors de ces activités primaires (agriculture,
élevage et mines), le secteur productif malien se réduit à
une très faible industrie manufacturière avec des services
industriels tout aussi peu développés. Ainsi, le coton qui
représente environ 8 % du PIB ne connaît qu'une très faible
transformation industrielle (moins de 2 % de la production de fibre). Cette
transformation n'est assurée aujourd'hui que par deux unités
textiles, à savoir la Compagnie malienne des textiles (COMATEX) et
l'unité de filature (FITINA-SA) dont la production est essentiellement
tournée vers l'exportation. L'huilerie cotonnière du Mali
(HUICOMA) assure la transformation de la graine de coton en huile, en savon et
en aliment bétail.
Cette faible transformation industrielle des produits
primaires s'observe également dans la filière bétail
où l'on ne dénombre qu'un abattoir frigorifique à Bamako
pour une capacité de stockage de seulement 25 tonnes et deux
unités de fabrication de produits laitiers, GAM et Mali-Lait. Le
sous-produit peaux et cuirs (environ 2 % de la production de la filière)
est dominé par deux tanneries, TAMALI (pour les grands ruminants) et TAO
(pour les petits ruminants).
L'unique unité de fabrication de sucre (le complexe
industriel des usines de Dougabougou et de Séribala) produit seulement
30 000 tonnes par transformation de la canne à sucre cultivée
dans les périmètres irrigués de l'Office du Niger ainsi
que 200 hectolitres d'alcool et une faible production de mélasse
utilisée comme sous-produit dans la fabrication d'aliment
bétail.
Le recensement industriel 2001-2002 dénombre 243
entreprises dont 44% dans la seule branche des produits alimentaires et des
boissons.
Tableau 36 : Structure des entreprises industrielles
en 2002 (effectif, millions fcfa, %)
|
Effectif
|
|
Emploi
|
|
Valeur ajoutée
|
|
nombre
|
%
|
nombre
|
%
|
valeur %
|
Industrie extractive
|
7
|
3%
|
836
|
4%
|
82 875
|
34%
|
Alimentaires et boissons
|
108
|
44%
|
7 651
|
36%
|
39 456
|
16%
|
Textile
|
3
|
1%
|
1 391
|
6%
|
2 237
|
1%
|
Edition et imprimerie
|
35
|
14%
|
930
|
4%
|
4 427
|
2%
|
Fabrication de produits chimiques
|
16
|
7%
|
761
|
4%
|
4 312
|
2%
|
Matières plastiques
|
7
|
3%
|
641
|
3%
|
3 323
|
1%
|
Ouvrages en métaux
|
20
|
8%
|
567
|
3%
|
2 341
|
1%
|
Machines et matériels électriques
|
4
|
2%
|
542
|
3%
|
4 304
|
2%
|
Mobilier
|
13
|
5%
|
402
|
2%
|
642
|
0%
|
Autres
|
30
|
12%
|
7 764
|
36%
|
97 456
|
40%
|
Total
|
243
|
100%
|
21 485
|
100%
|
241 373
|
100%
|
|
Source: CPS/Industrie et commerce (2003): Recensement des
unités industrielles 2001-2002, Volume II - Résultats
bruts
On peut estimer à 4.6 millions de personnes la
population active du Mali en 2002, suivant les projections faites à
partir des données du recensement général de 1998. Avec un
taux de travail salarié d'environ 10% (6% pour les femmes et 14% pour
les hommes), il n'y aurait que 460 000 travailleurs salariés,
d'où une prédominance de l'auto emploi (notamment dans
l'agriculture et dans le secteur informel). Ainsi, une importante main-d'oeuvre
reste mobilisable dans de futurs projets d'investissement. A cela, il faut
ajouter les chômeurs qui représenteraient environ 15% de la
population active, notamment des jeunes sans emploi diplômés de
l'Université mais aussi des centres de formation professionnelle dont le
nombre a fortement augmenté suite à l'ouverture du secteur aux
exploitants privés.
En matière d'éducation et
d'alphabétisation, le Mali a fait des progrès appréciables
ces dix dernières années. Ainsi, le taux brut de scolarisation
dans le primaire est passé de 26 % en 1990 à 67 % en 2003 et le
taux net de 21% à 46%. Quant au taux d'alphabétisation des
adultes, il est estimé à 48% en 2003 contre 15% auparavant.
18.2 La fiscalité
La dernière réforme fiscale du Mali est
consacrée par les lois nos 99-011 et 99-012 du 1er
avril 1999 portant modification du code général des impôts.
Elle introduit quelques innovations tout en laissant intactes certaines
dispositions de l'ancien code des impôts de décembre 1995. On y
distingue trois catégories d'impôts directs et deux
catégories d'impôts indirects. À ces deux types
d'impôts (directs et indirects) s'ajoutent les droits d'enregistrement et
la fiscalité de porte. Il faut ajouter que l'actuel Code
général des impôts est en cours de relecture
dans le souci de simplification et d'harmonisation
conformément aux dispositions de l'UEMOA.
Les impôts directs comprennent les impôts sur
revenu, les patentes ou licences et les impôts assimilés aux
impôts directs. En général, les montants payés sont
déterminés par application d'un taux d'imposition sur l'assiette
fiscale, excepté l'impôt synthétique et les taxes sur les
véhicules dont les montants sont forfaitaires.
Tableau 37 : Le régime des impôts directs
au Mali
Assiette Taux Observations
Impôts sur le revenu
ITS Salaire = 175 000 0%
175 001 600 000 5%
600 001 - 1 200 000 13%
1 200 001 1 800 000 20%
1 800 001 2 400 000 28%
2 400 001 - 3 500 000 34%
Salaire > 3 500 000 40%
|
L'impôt est réduit de :
10 % pour les personnes mariées
2.5% par enfant jusqu'au dixième enfant 10% par enfant
infirme majeur
|
|
IBA Bénéfice agricole 10% Les
sociétés modernes
IRF Montant brut des loyers 10% Immeubles en banco
encaissés nettoyé des charges foncières
(amortissement,
entretiens et grosses réparations) plafonnées
à 40% du loyer
|
15% Immeubles en dur et semi-dur
|
|
IRVM Intérêts sur créance,
dépôt, 9%
cautionnement et compte
courant
Autres revenus de valeur 18%
mobilière
Intérêt, arrérage et autres 13%
produits des obligations
IBIC Bénéfice industriel/commercial 35%
Exploitants individuels et en nom
collectif
35% Sociétés de capitaux (SA et SARL)
IMF Impôt minimum forfaitaire 0.75% En cas de
déficit et tel que IBIC = 1 200
000 fcfa
IS Impôt synthétique 14 700 à 1 200 000 fcfa
Les exploitants dont le chiffre d'affaires
est inférieur ou égal à 30 millions
Contribution des patentes/licences
Assiette Taux Observations
CPL Chiffre d'affaires hors taxes 10 % Droit proportionnel
Chiffre d'affaires hors taxes 44 500 à 1 000 000 fcfa
Droit fixe, fonction de la zone (Bamako,
capitales régionales et autres localités) et du
secteur d'activité
Impôts assimilés aux impôts directs
CF Masse salariale 7.5 % Les contribuables passibles de l'IBIC
ou
de l'IBA
TV 2 6 chevaux 7 000 fcfa
7 9 chevaux 13 000 fcfa
10 - 14 chevaux 32 000 fcfa
15 19 chevaux 50 000 fcfa
20 chevaux et plus 75 000 fcfa
TTR Jusqu'à 16 places 88 000 à 128 000 fcfa
17 35 places 116 000 à 168 000 fcfa
36 - 45 places 174 800 à 253 000 fcfa
Plus de 45 places 230 000 à 326 600 fcfa
Moins de 10 tonnes 133 400 à 188 600 fcfa
10 - 14 tonnes 170 200 à 243 800 fcfa
15 24 tonnes 220 800 à 317 400 fcfa
Plus de 24 tonnes 289 800 à 414 000 fcfa
|
|
|
Source: République du Mali, Code
général des impôts - à jour au 31 décembre
1995 ; Loi 99-0 11 du 1er avril 1999 portant modification du Code
général des impôts.
La principale innovation de la réforme fiscale est
l'harmonisation du taux de TVA à 18 %, à l'exclusion de certains
produits manufacturés qui en sont exempts, par exemple :
· le pain de consommation courante
· les produits pharmaceutiques
· les engrais et autres intrants agricoles
· les livres, les brochures scolaires et la presse
locale
· le matériel agricole.
Les impôts indirects comprennent, à
côté de la TVA, la TAF au taux unique de 15% et l'ISCP dont le
taux varie selon le produit.
Tableau 38 : Le régime des impôts
indirects au Mali
Assiette Taux Observations
TVA Chiffre d'affaires hors taxe 18%
TAF Montant de l'intérêt dû 15%
ISCP Chiffre d'affaires hors taxe 3% Produits miniers
5% Produits et matériel de l'agriculture 10% Boissons
gazeuses et matériel roulant 20% Cola et tabac
50% Sel et boissons alcoolisées
93% Gasoil
128% Essence
Source: République du Mali, Code
général des impôts - à jour au 31 décembre
1995 ; Loi 99-012 du 1er avril 1999 portant modification du Code
général des impôts.
Ce régime fiscal connaît quelques exceptions
d'application sous forme d'incitations fiscales consacrées dans le code
des investissements ou dans le code minier.
Le Code des investissements accorde des avantages selon trois
types de régime :
· Régime A pour les entreprises dont
l'investissement est inférieur à 100 millions de francs CFA
- Exonération, pendant les cinq premiers exercices, de
l'IBIC et de la Contribution des Patentes
- Exonération, pendant les cinq premiers exercices, de
l'IRF pour les constructions
nouvelles, délai porté à 10 ans pour les
entreprises de promotion immobilière
· Régime B pour les entreprises dont
l'investissement est supérieur à 100 millions de francs CFA
- Exonération, pendant les huit premiers exercices, de
l'IBIC et de la Contribution des Patentes
- Exonération, pendant les cinq premiers exercices, de
l'IRF pour les constructions
nouvelles, délai porté à 10 ans pour les
entreprises de promotion immobilière
· Régime des zones franches pour les entreprises
tournées principalement vers l'exportation (minimum 80 % de la
production)
- Exonération totale et permanente de tous droits et
taxes liés à l'exercice de leurs activités
Ces avantages spécifiques à la zone I (district
de Bamako) sont renforcés pour les investissements dans les zones II
(les régions de Koulikoro, Sikasso et Ségou) et III (les
régions de Kayes, Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal). Ainsi, pour les
implantations dans ces deux autres zones, les délais
d'exonération de l'IBIC et de la Contribution des Patentes sont
prolongés de deux ans et quatre ans respectivement.
Dans le cas des entreprises privatisées, l'État
et l'investisseur peuvent conclure une convention d'établissement
pouvant accorder d'autres avantages non contenus dans le Code des
investissements.
En règle générale, les
sociétés minières concluent avec l'État des
conventions d'établissement qui exonèrent l'investisseur, pendant
les trois premières années de production, de tout paiement
d'impôt et taxe, à l'exception toutefois des taxes de
délivrance et de renouvellement des permis de recherche, des charges et
contributions sociales, de l'ITS, des vignettes et des droits de timbre sur les
intentions d'importer.
Sur la période 1997-2002, les recettes fiscales ont
représenté 83% des recettes totales de l'Etat et
constituées à 65% d'impôts indirects. La fiscalité
de porte a représenté 15% en moyenne des recettes fiscales de
l'Etat .
Tableau 39 : Structure des recettes
fiscales
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
Croissance annuelle
|
Recettes fiscales dont
|
187
|
847
|
215
|
671
|
217
|
453
|
218
|
801
|
266
|
028
|
154
|
820
|
-3.8%
|
* Impôts directs
|
39
|
544
|
50
|
458
|
41
|
456
|
42
|
060
|
42
|
422
|
28
|
034
|
-6.6%
|
* Impôts indirects
|
118
|
531
|
128
|
551
|
146
|
618
|
142
|
335
|
180
|
496
|
103
|
396
|
-2.7%
|
* Droit de porte
|
28
|
291
|
35
|
376
|
28
|
252
|
32
|
627
|
40
|
314
|
21
|
923
|
-5.0%
|
* Taxes pour services rendus
|
1
|
481
|
1
|
286
|
1
|
127
|
1
|
779
|
2
|
796
|
1
|
467
|
-0.2%
|
Recettes domaniales
|
9
|
757
|
7
|
786
|
12
|
757
|
16
|
442
|
19
|
997
|
9
|
349
|
-0.9%
|
Recette pour services rendus
|
|
627
|
|
646
|
|
382
|
|
343
|
|
817
|
|
371
|
-10.0%
|
Recettes diverses
|
11
|
490
|
8
|
524
|
10
|
660
|
8
|
211
|
6
|
990
|
4
|
150
|
-18.4%
|
Recettes sur exercices antérieurs
|
3
|
688
|
3
|
015
|
4
|
024
|
2
|
930
|
3
|
025
|
1
|
838
|
-13.0%
|
Recettes extraordinaires
|
38
|
257
|
25
|
164
|
|
|
53
|
544
|
|
|
|
|
|
Total budget national
|
251
|
666
|
260
|
806
|
245
|
276
|
300
|
271
|
296
|
857
|
170
|
528
|
-7.5%
|
|
Source: Direction nationale du budget, Divers rapports
On constate une baisse de toutes les sources de recettes de
l'Etat en 2002, année d'un véritable choc fiscal
consécutif au ralentissement de l'activité économique
induite par la crise ivoirienne qui a entraîné une fermeture du
principal corridor Bamako-Abidjan, d'où une baisse subite des
importations de 9.6% en volume. La reprise des importations aux niveaux d'avant
crise s'est opérée grâce à la substitution des axes
Bamako-Conakry, Bamako-Accra et Bamako-Dakar à l'ancien corridor
ivoirien.
18.3 Indicateurs de compétitivité et de
rentabilité
La mesure de la compétitivité offre une vision
du potentiel des entreprises à résister à une
libéralisation du marché. Elle est fondée sur les
coûts d'opportunité des facteurs de production utilisés,
sur les prix du marché local pour les biens non échangeables (tel
que l'électricité, l'eau, etc.) et sur les prix internationaux
(prix FOB à l'exportation ou prix CAF à l'importation) qui
servent d'étalon de référence pour les biens
échangeables (Annexe 3.).
Complémentaire du concept de
compétitivité, la rentabilité mesure la capacité
des entreprises locales à se maintenir en activité, compte tenu
des imperfections du marché concurrentiel et des politiques de
protection et d'incitation. La mesure de la rentabilité est
principalement fondée sur les comptes d'exploitation des entreprises.
La différence d'appréciation entre les deux
concepts renseigne sur le poids des politiques économiques dans la
viabilité des entreprises et donc leur influence sur la solidité,
dans une logique de comparaison internationale, de la base productive
nationale. Cela donne également des indications sur les politiques
à mener en vue d'une meilleure insertion dans l'économie
mondiale. Le rapprochement des prix de marché des prix de
référence rend de plus en plus dépendante la
rentabilité des entreprises nationales de la compétitivité
réelle de la production.
Le lien compétitivité-rentabilité laisse
transparaître 4 cas de figures selon la situation réelle des
entreprises.
|
Cas 1
|
Cas 2
|
Cas 3
|
Cas 4
|
Compétitivité
|
Production compétitive
|
Production compétitive
|
Production non- compétitive
|
Production non- compétitive
|
Rentabilité
|
Production rentable
|
Production non- rentable
|
Production rentable
|
Production non- rentable
|
Interprétation
|
Les entreprises ont
une utilisation
efficace des
ressources
|
Différentes mesures
de politique (taxation des intrants ou des produits),
pénalisent
les entreprises alors que la production est
compétitive selon des critères
internationaux
|
Les politiques
nationales permettent de maintenir une
utilisation non-
efficace des
ressources: des
entreprises ont des situations de rente
|
Le produit n'est pas
concurrentiel selon
des critères
internationaux et ne permet pas d'assurer la viabilité
de l'entreprise.
|
Conséquence en
terme de choix politique
|
Les entreprises sont en mesure de
supporter une plus
grande libéralisation
qui se ferait au bénéfice de la nation
|
Un changement de politique économique
(en particulier
libéralisation) doit
conduire à une meilleure profitabilité des
entreprises
|
On peut questionner l'intérêt de soutenir
des entreprises qui
n'utilisent pas les
ressources de manière efficace.
|
Le soutien de cette production se ferait
sans garantie
d'utilisation efficace
des ressources
(gaspillage)
|
conséquence en
terme de politique économique
|
Recherche de
débouchés pour ce produit.
Risque faible lié à la baisse des tarifs
|
Recherche de
débouchés extérieurs accompagnée
de libéralisation (sur les intrants) qui pourrait
accroître la
rentabilité. Risque
fort pour la baisse de tarif sur le produit
|
Intérêt à la
libéralisation pour inciter à augmenter la
compétitivité, mais risque fort de déclin des
entreprises.
|
Libéralisation accentuera le déclin des
entreprises mais
favorisera l'abandon
d'une production
coûteuse pour la collectivité
|
|
Les produits se trouvant dans les cas 1 et 2 sont sur des
créneaux « porteurs » et méritent donc un
développement. Ceux qui sont dans le cas 2 subissent toutefois des
contraintes qui méritent un aménagement de la politique
économique (allègement de charges, subventions). On prêtera
attention, pour ces deux cas, à ce que la modification du tarif
extérieur ne nuise à la rentabilité des entreprises.
Les produits se trouvant dans les cas 3 et 4
présentent un intérêt économique discutable pour la
collectivité. On doit toutefois tempérer ce jugement en
considérant que les produits considérés ne sont
peut-être pas parfaitement substituables par des biens sur le
marché international ou que des externalités positives n'ont pas
été prises en compte dans la mesure de la
compétitivité.
Le cas 4 ne mérite a priori pas de mesure de «
sauvetage » particulier à moins que ne soient confirmées les
restrictions que nous venons d'évoquer ou que la production soit
justifiée par des considérations non-économiques
(souveraineté alimentaire par exemple).
Pour le cas 3, outre l'erreur possible dans la mesure
défavorable de la compétitivité, il convient de voir si
la rentabilité des entreprises concernées ne résulte pas
d'interventions publiques trop coûteuses ou d'externalités
négatives non prises en compte dans le coût de
production. Il peut alors s'avérer rationnel de
poursuivre de telles productions à condition d'inciter à
l'augmentation de compétitivité des entreprises. A ce titre, une
plus grande libéralisation peut s'avérer salutaire.
|