La structure de la production nationale reste dominée
par l'agriculture. La diminution de la contribution de l'agriculture au PIB
s'est faite au profit des mines (qui passent de 2 % du PIB en 1990 à 11
% en 2001), des BTP (de 4 % à 6 %) et de l'électricité (de
1 à 2 %).
Le recensement industriel 2001-2002 dénombre 243
entreprises dont 44% dans la seule branche des produits alimentaires et des
boissons. On peut estimer à 4.6 millions de personnes la population
active du Mali en 2002, suivant les projections faites à partir des
données du recensement général de 1998. Avec un taux de
travail salarié d'environ 10% (6% pour les femmes et 14% pour les
hommes), il n'y aurait que 460 000 travailleurs salariés, d'où
une prédominance de l'auto-emploi (notamment dans l'agriculture et dans
le secteur informel).
Indicateurs de compétitivité et de
rentabilité
La mesure de la compétitivité offre une
vision du potentiel des entreprises à résister à une
libéralisation du marché. Elle renseigne sur
l'intérêt de la collectivité nationale à la
poursuite d'une activité productive donnée. Elle est
fondée sur les coûts d'opportunité des facteurs de
production utilisés et sur les prix internationaux qui servent
d'étalon de référence pour des comparaisons. Cette mesure
est complémentaire de celle de la rentabilité des
entreprises qui
mesure la capacité du pays à maintenir une
activité productive créatrice de richesse compte tenu des
imperfections du marché concurrentiel et des politiques de protection et
d'incitation. Cette mesure est principalement fondée sur les comptes
d'exploitation des entreprises.
La différence d'appréciation entre les deux
concepts renseigne sur le poids des politiques économiques dans la
viabilité des entreprises et donc leur influence sur la solidité,
dans une logique de comparaison internationale, de la base productive
nationale.
Pour apprécier le niveau de performance des 243
entreprises du recensement industriel 2002 et plus tard mesurer l'impact des
APE, un échantillon de 34 entreprises industrielles (fabriquant des
biens échangeables) a été analysé. Cet
échantillon est constitué des entreprises manufacturières
fabriquant des produits soumis à la concurrence des importations.
En règle générale, la
productivité (le rapport de la valeur ajoutée au volume d'emploi
permanent) varie de 0 à 30 millions de francs cfa par an avec une
prédominance de moins de 10 millions par an.
De l'observation des données de rentabilité
(mesurée par le ratio du coût total de production à la
valeur des ventes), il ressort que 6 entreprises n'auront été
rentables ni en 2001 ni en 2002 contre 22 qui auront été
rentables les deux années de suite. Entre ces deux extrêmes, 4
entreprises non rentables en 2001 l'ont été en 2002 et 2
rentables en 2001 ont perdu leur rentabilité en 2002.
Les résultats de cette estimation de la
compétitivité internationale donnent un total de 13 entreprises
en 2001 et 14 en 2002 à la fois rentables et compétitives . Il
ressort que près des deux tiers des entreprises de l'échantillon
ne sont pas compétitives et rentables à la fois. Dans le
même temps, près de la moitié des entreprises rentables ne
sont pas compétitives, 11 sur 24 entreprises en 2001 et 12 sur 26 en
2002. Environ 7 entreprises ne sont ni rentables ni compétitives.
Impact de l'APE sur la protection
Dans l'échantillon de 34 entreprises, les taux de
protection tarifaires vont de la déprotection totale (TPE
négatif) à la surprotection (pour des TPE de plus de 100%).
Pour l'essentiel, les TPN sur extrants passeront de 22.5%
à 2.5% dans le cadre de l'application de l'APE, à l'exception
d'une dizaine d'activités pour lesquelles les situations sont variables.
Dans le même temps, les TPN sur intrants vont diminuer passant de 7.5
à 2.5% lorsqu'ils seront importés de l'UE ou de la
sous-région ou tout au moins de l'UEMOA.
On assistera à une relative baisse de la protection
effective (TPE).
· 2 des 13 entreprises déprotégées
en 2002 seront protégées, à cause essentiellement de leurs
importations d'intrants de l'UE. Il s'agit de l'industrie du tabac et d'une
entreprise de produits plastiques
· 10 des 21 protégées seront
déprotégées, évoluant dans les secteurs de
l'agro-alimentaire (4), de l'industrie métallique (3), de la chimie (2)
et du plastique (1). Ces entreprises devront faire face à une
concurrence accrue.
· 11 entreprises resteront protégées,
dans les secteurs agro-alimentaires (3), chimie (2), coton-textile (3), peau
(1), pharmacie (1) et plastique (1). Ces entreprises récupèrent
au niveau des intrants ce qu'elles perdent par la déprotection de leurs
produits.
Impact sur la compétitivité des secteurs
industriels
Pour mesurer l'impact de l'APE sur la
compétitivité, on établit d'abord l'indice de coût
unitaire avant et après APE pour ensuite mesurer la variation de cet
indice. Cette variation constitue le véritable indicateur de mesure de
l'impact de l'APE.
Appliquée aux données des 34 entreprises, la
méthodologie de l'indice de coût unitaire donne 15 entreprises
dont la situation s'améliore, 8 qui ne voient aucune modification dans
leur situation et 11 qui voient leurs conditions se détériorer
.
Des 15 entreprises qui étaient compétitives avant
APE:
· 8 améliorent leur compétitivité
par une exploitation judicieuse de leurs avantages comparatifs, 3 dans
l'agro-industrie, 2 dans la chimie, 2 dans la fabrication métallique et
1 dans le textile
· 2 conservent leur niveau de compétitivité
sans changement, 1 dans les peaux et cuirs, 1 dans les articles plastiques
· 5 perdent leur compétitivité soit par
gaspillage d'intrants (échangeables ou non échangeables) et/ou
pour des coûts élevés des facteurs de production, 2 dans
l'industrie agro-alimentaire, 1 coton, 1 métallique et 1 peaux et
cuirs.
Avec l'APE, 4 entreprises qui n'étaient pas
compétitives vont le devenir, essentiellement par une baisse du prix des
matières premières importées, 2 entreprises de chimie et 2
d'articles plastiques. Trois entreprises améliorent leur situation sans
pour autant devenir compétitives.