La SNFAR du SENEGAL : Appui à la mise en oeuvre des Dispositifs de Formation des ruraux par la Demande( Télécharger le fichier original )par Abdourahmane FAYE Université des Sciences Sociales de Toulouse 1 - Master 2 Pro Ingénierie de la Formation et des Systèmes d'Emplois 2008 |
1 - 2 : L'agriculture pourvoyeuse d'emplois :Sur cette fonction de génération d'emplois et de revenus, ainsi que celle de la gestion des terroirs, les chiffres et les faits se passent de commentaires. ï Les ruraux sont pauvres à 65% contre 50% pour les villes et 42% pour Dakar (DSRP2. Point 21) ï La pauvreté rurale explique pour 65% la pauvreté du Sénégal pour une population de 55% du total. Tandis que Dakar, pour près du tiers de la population, ne contribue que pour 18% à la pauvreté. ï Les terroirs ruraux se dépeuplent et se dégradent pendant que les villes se bidonvillisent et se nourrissent d'importations alimentaires. ï 200.000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail pour un disponible d'emplois qui n'excède pas 50.000 postes répartis en 15.000 pour le public et 35.000 pour le privé formel. La grande majorité de ces jeunes à insérer provient de familles agricoles et rurales peu préparées pour les métiers urbains et très tentés par l'émigration clandestine. *Source : Document d'Orientation IPAR 2007 1 - 3 : La fonction d'exportation et de fournisseuse de devises :Sur les exportations, la part de l'agriculture a atteint aujourd'hui la portion congrue. *Source : Document d'Orientation IPAR 2007 Ces statistiques qui donnent « froid dans le dos » reposent la problématique de la souveraineté alimentaire du pays et remettent la question agricole au coeur des enjeux de développement économique, social et culturel national. Ces contre-performances, attribuables certes à la faiblesse des exploitations agricoles, résulteraient aussi d'une politique agricole inefficace. 2 - Les éléments d'explication :Le riz, principal facteur explicatif de cette dépendance alimentaire, est dans une situation de paradoxe vu les chiffres qui suivent. · 1600 km de fleuve ; 2 barrages installés pour un objectif d'aménagement de 400.000 ha · Potentiel irrigable : 240 000 hectares (le bassin du fleuve Sénégal couvre 289 000 km²) · Superficies aménagées : 94 000 hectares · Superficies exploitables : 64 000 hectares (où la maîtrise de l'eau est encore possible) · Surfaces cultivées : 35 à 40 000 hectares (tous systèmes confondus) · Production de riz : 85 000 tonnes (début 60), jusqu'à 200 000 T (2002-2004) · Importations annuelles : 630 000 tonnes de riz, et 240 000 tonnes de blé La facture annuelle d'importation du riz s'élève à 150 milliards de CFA équivalant à 2 points en moins sur notre taux de croissance du produit intérieur brut qui est tombé à 2,1% en 2006 contre une moyenne de 5% depuis 1999. Pourtant aux niveaux actuels de rendements moyens de 4 tonnes à l'hectare cette importation correspond à l'emblavement de 60.000 ha, ou la moitié en doublant les rendements (ce qui est déjà le cas chez certains rares producteurs). Il faut noter aussi que sur les 40.000 ha cultivées 10 à 15.000 sont abandonnées chaque saison faute de remboursement du crédit bancaire par les exploitants, qui leur bloque l'accès aux intrants. Derrière ce paradoxe du riz se profile par conséquent une double question de capacités des riziculteurs, de leurs organisations et institutions représentatives à accroître les rendements, et à influencer les choix d'investissements publics (financements, aménagements) en faveur de la production. Plus généralement, l'écrasante majorité des structures rurales de production est constituée par l'exploitation agricole familiale qui fournit l'essentiel de la production agricole. Ce type d'exploitation de petite taille (1 à 2 ha), se reproduisant par fragmentation, faute de moyens d'investissements et de diversification, refoule ses actifs, jeunes et sans qualification, vers les secteurs urbains structurés auxquels ils ne sont pas préparés. Les politiques antérieures ont toujours utilisé ce type d'exploitation comme un outil pour augmenter les productions de rente en leur fournissant des intrants et des formations techniques. Sans vision de la transformer et la moderniser en organisant son processus de coordination au marché. Il en a résulté des gains de productivité fragiles qui n'ont pas résisté aux chocs exogènes (sécheresse, pétrole, libéralisation des marchés, etc.) fréquents qui anéantissent les efforts des producteurs. Ces politiques ont ainsi favorisé l'exploitation agro-industrielle d'exportation qui est très minoritaire (2%), coûteuse et non rentable. L'alibi étant le reproche qui est fait à l'agriculture familiale d'être incapable de moderniser l'agriculture sénégalaise car jugée trop archaïque. Ce clivage s'est accentué depuis 2000 avec le régime de l'alternance dont les tenants sont très marqués par cette vision productiviste de l'agriculture d'entreprise basée sur des capitaux et de la main d'oeuvre salariée, tournée vers l'exportation. Tandis que de leur côté, les Organisations de Producteurs ruraux prônaient la transformation et la modernisation progressive des exploitations paysannes à travers i) le développement d'activités non agricoles en milieu rural, ii) l'insertion de la main d'oeuvre excédentaire dans l'économie urbaine, iii) des réformes foncières et iv) une politique hardie de formation agricole et rurale. Les 2 positions étaient si tranchées que les rédacteurs de la LOASP1(*) ont dû se résoudre à les faire coexister dans la même Loi, sans qu'aucun choix clair et tranché ne puisse être opéré. Il faut reconnaître que dans un contexte de lutte contre la pauvreté, et pour la sécurité alimentaire, où l'Etat joue les premiers rôles, à travers de nombreux et coûteux projets et programmes de développement, cette vision paysanne est plus réaliste et plus conforme, mais elle peine à s'imposer. Le problème se situe par conséquent non pas tant dans la recherche de rendements élevés mais dans une vision à promouvoir et des choix à opérer pour un type d'agriculture. Il s'agira ensuite de définir des orientations et priorités à mettre en oeuvre pour réaliser les objectifs de rendements et de sécurité alimentaire. Une telle démarche n'a de sens que si les rôles sont bien répartis entre les différentes parties prenantes au processus de réalisation des objectifs économiques. Pour être efficace, elle doit se recentrer sur les préoccupations des producteurs ruraux, exprimées par eux-mêmes en toute connaissance de cause. L'enjeu de la production s'étend à (se déplace vers) la capacité des producteurs à formuler et exprimer leurs opinions et positions ; cette capacité devient un objet de professionnalisme. * 1 Loi d'Orientation Agro Sylvo Pastorale votée en juin 2004 |
|