III. Place des Achats dans l'offshore outsourcing
1. Offshore outsourcing et maturité Achats
Le niveau de maturité du service achats a un rôle
central dans la réussite d'un projet de sourcing offshore outsourcing.
Elle doit avoir les compétences requises pour ce type de projet. Ces
compétences comprennent, en premier lieu, les bases nécessaires
à l'exécution de tous projets achats (maîtrise du processus
achat, connaissance en droit des contrats, compétence de
négociateur,...) mais aussi la maîtrise de certaines
compétences spécifiques à ce type de projet.
Voici une liste des compétences que la fonction achats
doit acquérir pour pouvoir mener un projet de sourcing en offshore
outsourcing.
Connaissance de l'offshore outsourcing.
La capitalisation des expériences de dossier d'offshore
outsourcing est une première étape dans l'acquisition d'un
savoir-faire dans ce domaine. Les acheteurs ont souvent une expérience
dans l'externalisation. La partie délocalisation est souvent plus
difficile à intégrer et requière des compétences
spécifiques. Cela implique de posséder des outils, comme des
bases de données pour les tarifs, des benchmarks, une cartographie des
prestations,...
Compétences spécifiques - Externalisation :
Connaissance métier :
Le fait de bien connaître la prestation est un
pré-requis quand il s'agit de traiter un dossier d'externalisation, et
donc d'offshore outsourcing. Il ne s'agit pas d'avoir des acheteurs
spécialistes mais ils doivent connaître suffisamment la prestation
pour pouvoir apporter de la valeur lors des rencontres avec les clients
internes et les fournisseurs.
Connaissance du marché :
Il est important que l'acheteur connaisse son marché
fournisseur, l'offre disponible et les spécificités de chaque
prestataire, l'évolution du marché, les impacts
réglementaires,...
Compétences spécifiques - Délocalisation
:
Langue et travail en milieu multi culturel :
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Le Sourcing mondial est aujourd'hui une réalité.
Les distributeurs et les industriels n'hésitent plus à
s'approvisionner en Chine ou en Turquie. Dans le cas de l'offshore outsourcing,
maitriser plusieurs langues et pouvoir s'adapter aux autres cultures est une
nécessité. Bien que l'anglais soit devenu obligatoire pour
intégrer une société importante, la réalité
est que de nombreuses personnes sont incapables de communiquer en anglais.
De plus, l'acheteur d'offshore outsourcing doit pouvoir
comprendre la culture ainsi que le contexte économique et politique d'un
pays ou d'une région, pour être efficace dans son sourcing et la
négociation.
Connaissance en commerce international :
L'acheteur doit être capable de comprendre les
problématiques liées au commerce international comme les risques
de change, les éléments influençant l'offre et la demande,
le droit international,...
Rôle des achats dans l'organisation :
Il s'agit d'un point dont l'acheteur n'est souvent pas
maître, en tant qu'individu. Mais le rôle des achats, comme la
vision qu'en ont les autres services, sont des éléments
importants. Ce rôle ne s'appuie pas forcement sur les points
précédents, car la fonction achat est prise ici dans son
ensemble. Ainsi, même si la maturité dans l'offshore outsourcing
est moyenne, le reste de l'organisation aura confiance dans une direction des
achats de qualité.
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Différents modes de Sourcing existent. Le mode de
Sourcing utilisé par l'acheteur responsable d'un projet d'achat en
offshore outsourcing dépend de sa maturité achats pour ce type de
projet. Ces différents modes sont différents niveaux
d'externalisation, non pas de la prestation d'offshore outsourcing, mais du
Sourcing en lui-même.
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Prestataire « nationale »
Intermédiaire
(cabinet spécialisé,...)
Prestataire local (SSII indienne,...)
I.P.O. (International Purchasing
Offices)
Complexité du schéma de Sourcing
Prestataire « nationale » : il s'agit du
schéma le plus souvent mis en place aujourd'hui et aussi le plus facile
à gérer. Les prestataires « nationaux » proposent
d'ailleurs souvent dans leur offre d'exécuter une partie de la
prestation en offshore outsourcing. Depuis peu, les clients demandent parfois
qu'une partie ou la totalité de la prestation soit
exécutée en offshore outsourcing, et intègre cette demande
dans le cahier des charges.
L'interlocuteur, que ce soit pendant l'appel d'offre, la phase
de négociation, la phase de contractualisation ou durant la vie du
projet est français. Il n'y a donc pas de risque
d'incompréhension liée à la langue ou la culture. De plus,
la négociation se fait le plus souvent dans la monnaie du client et avec
un contrat basé sur le droit du pays du client. Cela facilite les
transactions, et limite le besoin en compétences supplémentaires
(connaissance en finance ou en droit international). Enfin pendant la vie du
projet, l'interlocuteur est le prestataire basé dans le pays du
client.
Malgré tout, le gain financier associé est assez
limité. D'abord parce que le prestataire supporte la plupart des
risques de l'offshore outsourcing, et que cette prise de risque se monnaye.
Mais aussi, parce que le manque de connaissance du marché de
l'offshore
outsourcing de la part du client, ne permet pas une comparaison
efficace des offres (peu de données disponibles sur les salaires
locaux,...).
Intermédiaire : ce schéma consiste
à utiliser un intermédiaire spécialisé (cabinet de
conseil, freelance,...) qui possède les connaissances du marché
ainsi que les compétences manquantes à la Direction des
Achats.
Ainsi, le client mène ses premiers projets d'offshore
outsourcing avec une société locale, en profitant des
compétences externes pour diminuer le risque. Les intermédiaires
sont souvent neutres et sont payés soit au forfait, soit en fonction des
gains. Ils ont donc intérêt, contrairement à la solution
précédente, à faire diminuer le coût de la
prestation. Le cabinet peut ensuite épauler le client pendant
l'exécution de la prestation.
Cette solution est souvent coûteuse et doit être
considérée comme un investissement de la Direction des Achats
pour acquérir les compétences manquantes.
Prestataire local : Il s'agit de directement
contractualiser avec un prestataire local.
Ce schéma est souvent risqué, le client
supportant tous les risques de l'offshore outsourcing. L'acheteur doit donc
avoir une maitrise parfaite des différentes composantes de l'offshore
outsourcing en terme d'achat car les risques sont de natures diverses :
évaluation de la société, risque de change, risque
juridique,...
Enfin, un investissement des Achats relativement
conséquent est nécessaire pour ce type de projet, que ce soit en
temps mais aussi en moyens (déplacement, communication,...). Cela
s'adresse donc à des projets ayant une taille significative justifiant
ce type d'investissement.
Les gains financiers sont assez importants, puisque ce
schéma limite le nombre d'intermédiaire. De plus, elle permet
d'obtenir des informations stratégiques, comme les niveaux de salaire
sur place réellement appliqué par les prestataires, leur
évolution, etc.
International Purchasing Offices : A l'image de
l'industrie, quand le client possède un volume suffisant de prestations
en offshore outsourcing, il devient intéressant pour lui de disposer
d'une structure spécialisée spécifique à ce type
d'achats.
Les acheteurs de l'I.P.O. doivent avoir un profil très
international (maitrise de plusieurs langues, expérience réussie
à l'international,...), pouvoir suivre les tendances du marché et
les besoins internes, et être très mobile. Enfin, ils doivent
maitriser l'ensemble des problématiques liées à l'offshore
outsourcing.
Les avantages d'un I.P.O. sont nombreux et ce schéma
permet des gains financiers importants puisque le client passe directement par
le prestataire local. De plus, les risques sont limités puisque la
structure maitrise ce type de problématique.
La limite est que compte tenu de l'investissement (nombreux
frais de déplacement, de structure, spécialisation de l'acheteur,
nature des profils, frais de formation,...), il convient à des
entreprises ayant un fort besoin dans ce domaine.
A noter que, les certaines sociétés indiennes
ont un statut particulier. En plus, d'être des SSII implantées en
Inde et donc ayant un réel savoir-faire dans ce pays, certaines
s'implantent de plus en plus dans les pays des clients. Aujourd'hui certains
acteurs indiens rivalisent avec les SSII occidentales. L'exemple de Wipro qui a
récemment acheté la SSII américaine Infocrossing pour
environ 600 millions de dollars montrent bien l'émergence de ces
sociétés. TCS est par exemple présent en Uruguay, au
Brésil, en Chine, au Chili, en Australie, au Royaume Unis, au Japon et
en République Tchèque. Il s'agit d'un double développement
pour à la fois se rapprocher de ses clients mais aussi développer
des centres de service en dehors de leur frontière. Infosys, autre poids
lourd indien, emploie un cinquième de son effectif hors d'Inde.
Ainsi, ces trois sociétés peuvent être
à la fois consultées en tant que prestataires nationaux, compte
tenu de leurs implantations dans les pays du client, mais aussi en tant que
prestataires locaux. L'exemple d'ABN Amro, qui a choisi trois
sociétés indiennes (TKS, Patni et Infosys) pour la gestion de son
informatique, marque d'ailleurs bien l'émergence d'une véritable
offre indienne, en dehors de l'Offshore Outsourcing et deviennent des vrais
concurrents des SSII européennes ou américaines.
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