Partie 2 - Qualification de l'offre
Le schéma que je propose se veut pratique. En effet,
l'acheteur a étudié dans la partie précédente, les
contraintes dont son organisation devait faire face dans un projet d'offshore
outsourcing. En étudiant les contraintes internes et externes,
l'acheteur a une vision globale de la situation. L'objectif est alors de
trouver la solution qui sera le plus adapté aux contraintes
exprimées. Ce choix se fera par élimination successive, pour
aboutir à la solution la plus adaptée. Voici ci-dessous un
schéma permettant d'illustrer la marche à suivre.
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ENSEMBLE DES POSSIBILITE
Mode d'offshore outsourcing
Global Sourcing
Solution retenue
CRITERES
CRITERES
Sélection du fournisseur
1. Mode d'offshore outsourcing
Ce que j'appelle le « mode d'offshore outsourcing »
correspond au mécanisme d'Offshore Outsourcing choisi. Trois modes
différents pour l'externalisation et pour la délocalisation
cohabitent.
Externalisation :
Sur site (Niveau 1).
Il s'agit du degré le plus faible d'externalisation.
L'équipe est détachée dans les locaux du client. Les gains
associés sont donc réduits à cause des frais de
déplacement, d'hébergement,...
Front / Back Office(Niveau 2).
Une partie de la prestation est effectuée sur le site
du Client et le reste dans les locaux du prestataire. Ce mode d'externalisation
permet d'assurer des gains financiers tout en ayant des contacts directs avec
le client.
Le Centre de service (Niveau 3).
La prestation est effectuée par un prestataire externe,
dans les locaux de ce prestataire. Il s'agit du degré le plus important
d'externalisation puisque le prestataire a la charge complète de la
prestation. Le prestataire peut ainsi mutualiser les compétences entre
différents clients, la prestation n'étant plus facturée
par jour mais en fonction des besoins.
|
Délocalisation :
Les définitions des termes peuvent varier d'un auteur
à l'autre. Les écarts de définitions ont peu d'importance
sur l'analyse, seule la cohérence des éléments est
importante. Malgré tout, comme définit dans la première
partie, une prestation est considérée comme
délocalisée dès qu'elle est effectuée en dehors de
la zone géographique du client.
Near-nearshore (Niveau 1).
Il s'agit d'une délocalisation très proche du
client, le plus souvent les délocalisations en province, dans le
même pays que le client. La langue y est identique, mais le client
profite des salaires et des coûts de structure réduits.
Nearshore (Niveau 2).
Il s'agit d'une délocalisation proche du client. Pour
un client français, cela veut dire en Europe du Sud (Espagne, Portugal),
Afrique du Nord (Maroc) et Europe de l'Est (Roumanie, Bulgarie, Pologne). La
communication est facilitée car la culture est proche, et les distances
sont faibles.
Offshore (Niveau 3).
Il s'agit d'une délocalisation lointaine. Les exemples
sont nombreux et il y a peu de points communs entre ces pays. La langue peut
être identique ou différente de celle du client, comme la culture
ou la distance. Dans ce type de délocalisation, pour un client
français, les pays les plus couramment cités sont l'Inde bien
sûr, l'Ile Maurice, le Vietnam, le Sénégal, le
Brésil ou la Chine.
|
Cette étude est basée sur une vision
centrée sur l'Europe. Ainsi le concept de délocalisation est
relatif au pays du client. Ainsi, le Nearshore pour les Etats-Unis correspond
au Mexique et au Canada. Pour l'Inde, certains prestataires locaux
délocalisent en Nearshore au Vietnam, en Chine ou à Singapour.
Ainsi, l'analyse doit être adaptée en fonction de la situation
géographique de l'organisation, dans le cas contraire.
Le lient entre l'éloignement géographique et la
diminution des coûts ou la disponibilité de ressources
supplémentaires n'est pas automatique. Plus un pays est proche d'une
zone développée et plus les coûts y sont
élevés, car ce pays profite des échanges entre les deux
pays et le jeu de l'offre et de la demande a tendance à égaliser
les prix relatifs entre les pays7.
7 Voir Modèle Heckscher - Ohlin - Samuelson
Ainsi, les pays les plus proches de l'Europe de l'Ouest sont
plus cher que les pays plus éloignés, qui ne profitent pas des
échanges avec l'Europe. La réalité est bien sûr
beaucoup plus complexe et intègre une multitude d'autres facteurs
(niveau d'éducation, instabilité politique, économique et
sociale, lien diplomatique, barrière commerciale,...) qui font que deux
pays, même proche, n'acquière pas forcement le même niveau
de vie.
Le second impact est l'offre et la demande. La distance a un
léger impact sur ce point puisque plus le centre est loin et moins le
nombre d'entreprise capable de gérer ce type de projet est important, et
donc plus la demande est faible. Ainsi, certaines zones encore bon
marché car les sociétés capables de s'y implanter sont
encore peu nombreuses. A l'inverse, d'autres pays, comme le Maroc, font face
à une inflation très importante des coûts de production,
car la demande y est très forte, puisque le pays est facile
d'accès, avec peu de décalage horaire et une population jeune
parlant arabe, français et espagnol. L'Inde est une exception puisque la
demande y est très forte alors que ses clients sont situés loin,
principalement aux Etats-Unis et en Europe de l'Ouest.
Une fois définis les différents modes de
délocalisation et d'externalisation, il convient de l'appliquer à
la matrice de faisabilité. La matrice améliorée
présentée ci-dessous intègre le mode d'externalisation,
dans la partie supérieure de la case et le mode de
délocalisation, dans la partie inférieure de la case. En fonction
de la position du cercle « Délocalisation » et «
Externalisation », la matrice donne la meilleure combinaison concernant le
projet à mettre en place.
|
Délocalisation
|
Externalisation
|
Niveau 1
|
Near-nearshore
|
Front Office
|
Niveau 2
|
Nearshore
|
Front / Back Office
|
Niveau 3
|
Offshore
|
Centre de service
|
2
1
Impacts Externes
3
Front Office
|
Front/Back Office
|
Centre de service
|
Near-nearshore
|
Nearshore
|
Offshore
|
Front Office
|
Front/Back Office
|
Front/Back Office
|
Near-nearshore
|
Nearshore
|
Nearshore
|
Front Office
|
Front Office
|
Front Office
|
Near-nearshore
|
Near-nearshore
|
Near-nearshore
|
1 2 3
Impacts Internes
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Externalisation
Délocalisation
Cette phase de l'étude est importante car les
résultats de celle-ci conditionnent le pays de localisation ainsi que
les éléments pour le choix du prestataire. Ce type d'étude
est souvent réalisé par l'équipe en charge du projet de
sourcing mais de façon informelle et non structurée. Par exemple,
l'acheteur imagine facilement qu'une prestation nécessitant beaucoup de
communication (spécification vague,...) sera difficile à mener
dans un centre de service en Inde. Cet outil permet de systématiser
cette analyse et de la baser sur des éléments concrets.
L'ensemble de ces modes d'offshore outsourcing décrit
ci-dessus se combinent. Ainsi, il est possible d'avoir à l'extrême
un centre de service en near-nearshore (un centre de service en province) ou
à l'inverse d'avoir des équipes offshore sur site («
équipe volante »).
2. Global Sourcing : analyse macro
Le Global Sourcing consiste à exploiter l'offre mondiale
des facteurs de production. Cette stratégie peut être
adaptée à la production de service. Concrètement, le
Global Sourcing consiste à faire des arbitrages entre les pays
basés sur un certains nombres de critères
(disponibilité des ressources, coûts et
évolution du marché, stabilité,...). Ces arbitrages
doivent fournir des éléments pour la localisation du sourcing.
Dans la démarche présentée, cette analyse
est conditionnée par les résultats du choix du mode d'offshore
outsourcing, et particulièrement du mode de délocalisation
retenu. En effet, si l'analyse conseille de faire le sourçage de la
prestation en near-nearshore, il est inutile d'étudier les
capacités disponibles en Afrique du Sud.
Je propose une grille d'analyse permettant, quelle que soit la
zone ou le mode de délocalisation, de juger de la bonne localisation de
la prestation. Ainsi, cette analyse est adaptée pour le choix d'une
région, d'un pays ou même d'une ville.
J'ai pu distinguer quatre macro-critères que permettant
d'évaluer une zone géographique : l'impact sur le coût,
l'impact sur la qualité, l'impact sur la pratique du business et la
connaissance de la zone par le client.
Voici quelques exemples de critères tirés de la
grille d'analyse développée.
Impact Coût :
Différentiel de salaire et de frais de structure.
Coût des télécommunications.
Fiscalité.
Evolution de l'offre et de la demande.
Impact Qualité :
Spécialisation dans le type de prestation
souhaité.
Qualité de la main d'oeuvre et de la formation.
Certification.
Nombre de ressource qualifiée dans le pays et potentiel
de développement. Qualité des infrastructures (aéroports,
routes, télécommunication).
Impact pratique du business :
Facilité de communication et différences
culturelles. Stabilité politique et économique.
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Volonté de la zone (rôle moteur du gouvernement
régional, national ou local,...). Législation, bureaucratie et
corruption.
Connaissance du pays :
Présence du client. Expérience du client.
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