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Bis Repetita Placent : la collection comme mode de construction de la cinéphile

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par Stéphanie POURQUIER
Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse - Master Sciences de l'Information et de la Communication 2007
  

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B- L'importance de la musique

La musique... C'est quelque chose qui te reste ancré dans la tête pendant longtemps, je pense que c'est ce qui marque le film ! Alison, 21 ans

La bande originale d'un film est sans doute le premier objet connexe, le premier dérivatif du film à être commercialisé. Aujourd'hui, certains artistes ou certains groupes se font connaître ou accroissent leur notoriété en participant à une bande originale, qui sera diffusé à la radio. le groupe Aaron s'est par exemple fait connaître en interprétant le titre phare du film de Philippe Lioret Je vais bien, ne t'en fais pas119. De même, parmi des chansons extraites de films qu'on retrouve encore sur les ondes Eye of the Tiger du groupe Survivor, qui appartenait à la bande originale de Rocky III. Si certains films reprennent des chansons déjà connues, d'autres apparaissent comme des tremplins pour

118 Nous avons vu que nous pouvions conférer le titre d'amulette au film fétiche de salon, du fait de sa fonction identitaire et rassurante. Même si le film accompagne symboliquement le parcours des spectatrices, il faut rappeler que les spectatrices ont un rôle actif, du moment où elles « choisissent » leur film culte ou l'affichage d'une photo. Il y a quelque chose de l'homo faber dans l'intervention de l'individu, puisque qu'on peut considérer que l'affichage, la mise en exposition du symbolique contribue à la construction identitaire de la personne, à la fois être organique et inorganique.

119 Le titre phare de la BO, intitulé U-Turn (Lili) est diffusé actuellement. Il est d'autant plus poignant pour les personnes ayant vu le film que dans la fiction, c'est un titre écrit pour l'héroïne. Cette chanson, le thème du film, apparaît alors comme un personnage à part entière.

des musiciens. Ainsi, le jeune groupe avignonnais Makali commence à se faire connaître depuis sa participation à la bande originale du film de Ridley Scott, Une Grande Année (USA, 2006). Plus que de l'illustration sonore, la musique est un élément incontournable, dont on se souvient, qu'on partage et qu'on diffuse au même titre que le film lui-même.

La musique, c'est donc important pour toi ?

Oui, très. Parce que c'est ce qui conditionne en partie ton état d'esprit... Si tu as à une musique, au moment où ça fait peur, et que tu entends, je ne sais pas moi... Le ruisseau... Forcément, c'est beaucoup plus décontracté, alors que c'était pas du tout ça dans la scène ... Non, il faut que ça corresponde, soit que tu aies la musique qui corresponde au film, par exemple dans un thriller psychologique, avec un truc un peu travaillé... Pas à la Yann Tiersen... Plutôt vachement de trucs, sans paroles... Vraiment, des mélodies, des choses comme ça... soit, il faudrait que la musique soit complètement décalée, à l'inverse de ce que tu vis dans le film... Ben justement, il y avait une scène un peu comme ça dans Les jolies choses, une scène de grève, et il y avait une musique de boîte à bijoux, tu sais les boîtes à bijoux que tu ouvres... Eh bien, je trouve que ça te marque d'autant plus comme une musique, d'autant plus que le morceau est complètement décalé par rapport à ce que tu vois sur les images, à ce qui est présenté sous les yeux... La musique, ça me permet de me remémorer des scènes, et de me rappeler... Des fois, même sans avoir à acheter le CD ou quoi, parfois, tu entends la musique qui est passée dans un film et hop... Tu as une vieille réminiscence et tu te rappelles, tu ne sais plus forcément dans quel film c'était, tu ne te rappelles des fois plus du titre mais tu te souviens de tel ou tel acteur est en fait, tu as juste en mémoire la scène en fait, et c'est comme ça que tu retrouves des moments qui t'ont marqué...

Hélène, 23 ans

(...) La musique... Je connais... Je connais le titre de certaines chansons... Je sais, qu'il y avait une chanson chantée par Patrick Swayze, « She's like the Wind », il y avait « Hungry Eyes » aussi... Il y a aussi beaucoup de chansons d'Ottis Redding... Donc c'est vrai que la BO... Elle est tellement riche... Et puis, on l'écoutait aussi dans les boums ! Tu vois, tous les slows qui nous passaient... Ouais, les slows... En plus, les musiques de

films, à cette époque... C'était ce qu'on écoutait le plus comme musique...

Amélie, 29 ans

La musique fait partie intégrante du film, davantage dans Dirty dancing puisque la musique sert de support à l'action (la danse) et à l'histoire. La bande originale de ce film a connu beaucoup de succès puisque la chanson (I've had) the time of my life ( chantée par Bill Medley et Jennifer Warnes) a reçu en 1988 l'Oscar de la meilleure chanson de film. En 2007, la chanson She's like the wind chantée par Patrick Swayze passe encore sur les ondes. Ce qui est caractéristique de Dirty dancing, c'est que les titres des chansons et/ou le nom des interprètes sont connus, et sont cités de manière anecdotique au même titre que le souvenir d'une scène ou d'une réplique.

Pour le 20e anniversaire du film, un CD anniversaire a été commercialisé, regroupant à la fois le DVD du film et la bande originale. Il semblerait que les producteurs du film aient été sensibilisés à l'immense succès de la musique, et au fait qu'elle continue à être "d'actualité". Jacqueline Nacache souligne l'importance de la musique de films à Hollywood : " cependant, bien que le cinéma hollywoodien et créer un « concept » de musique de film, sa spécificité apparaît ailleurs, dans la façon dont il sait faire parfois de la musique un élément non plus redondant mais dominant 120» (p.89). Dirty dancing n'est pas le seul film qui a marqué les esprits par sa bande originale, les spectatrices interrogées citent Bodyguard, Grease, Top Gun, Ghost... Autant de films dont on retrouve les thèmes à la radio, en illustration sonores (reportages) ou dans les compilations de musiques de films.

La bande originale est donc un moyen d'intégrer l'univers d'un film au quotidien. Mais pour le producteur du film, c'est également un moyen à la fois de diffusion et de consommation qui se met au service de l'objet cinématographique. Nous pouvons alors la considérer comme un indicateur de l'importance du film dans l'univers de la personne qu'il évoque. La bande originale, appartient à l'espace privé dans son mode de réception, nous pouvons donc considérer que cet élément est révélateur d'une cinéphilie parallèle, parmi tous les éléments du film que le spectateur s'approprie. La cinéphilie domestique

120 NACACHE, Jacqueline, Le film hollywoodien classique, Armand colin, cinéma 128, Paris, 2005, 128p.

devient un mode de consommation, un aspect de la culture cinématographique révélateur des nouvelles tendances, d'un mode de comportement qui a évolué au fil des années sur lequel il convient de nous interroger.

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