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Bis Repetita Placent : la collection comme mode de construction de la cinéphile

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par Stéphanie POURQUIER
Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse - Master Sciences de l'Information et de la Communication 2007
  

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B- Le retour en arrière

Nous avons vu que la collection d'un objet culturel engendrait un « regard oblique » plutôt que critique sur cet objet, et, de fait, sur soi-même. Plus qu'un retour en arrière sur l'histoire de la consommation que nous avons pu avoir de tel ou tel objet, il s'agit d'un vrai travail de réminiscences. C'est cette « analyse sauvage » effectuée par les jeunes femmes lors des entretiens. Un « objet culturel » tel que Dirty Dancing n'est pas seulement le déclencheur d'un imaginaire d'adolescentes et ce n'est pas seulement un « idéal temporaire » : nous pouvons le reconsidérer d'une manière beaucoup plus pragmatique grâce aux entretiens que nous avons effectués, c'est à dire comme un prétexte à communication.

Outre les moments d'union et de réunion entre les jeunes femmes évoquées, l'objet-film fétiche de salon peut aussi être, peut apparaître comme, le symbole d'un

77 TISSERON, Serge, Réalité ou Fiction, comment faire la différence ? in Les bienfaits des images, Odile Jacob, Paris, 2002, 258 p.

moment particulier partagé qui force la jeune femme à se rappeler de tel ou tel passage de sa vie :

Combien de fois avez vous vu Dirty Dancing ??

« A peu près ...euh... alors comme j'étais plus jeune, j'ai pas de souvenirs temporels exacts, mais je pense l'avoir vu au moins une vingtaine de fois...en fait, pour resituer exactement, mes parents sont divorcés et donc a cette époque là, je faisais une semaine chez ma mère , une semaine chez mon père, voilà...le dimanche, c'est là qu'on intervertissait chez l'un ou chez l'autre, et le dimanche, chez ma mère, tout les 15 jours, je regardais Dirty Dancing... voilà... pour les conditions de visionnage... c'est ça, c'est toute seule dans mon salon, je crois que ma mère et mon frère déguerpissaient, enfin, j'ai pas le souvenir qu'ils regardaient ça avec moi...et bon, je peux les comprendre parce que... parce que peut être la première fois ça les as amusés et ensuite p'têtre plus et voilà... c'était euh..Oui, le film du dimanche... »

Sophie, 25 ans

Lors de son entretien, Sophie nous a expliqué que pour comprendre sa pratique de visionnage de Dirty Dancing, elle devait nous expliquer sa situation familiale. Selon elle, selon sa subjectivité, cette situation familiale serait la cause, l'élément déclencheur de son acte de collection. On retrouve dans cet entretien l'importance du contexte familial et la nécessité de reformer indirectement un lien social « rassurant » ; la manière dont Sophie pense avoir imposé son film fétiche à sa famille témoigne du sentiment d'avoir à reformer sa place au sein de la cellule familiale. Dans la mesure où cette donnée qu'on peut qualifier d'"empirique" alimente la formation de la trajectoire personnelle, et dans le cas qui nous intéresse de l'identité culturelle et cinématographique, elle devient essentielle. C'est ce que souligne aussi Daniel Bertaux : « le recours aux récits de vie s'avère particulièrement efficace, puisque cette forme de recueil de données empiriques colle à la formation de trajectoire ; elle permet de saisir

par quels mécanismes et processus des sujets en sont venue à se retrouver dans une situation donnée (...)78 »

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