3.
Hypothèses
L'analyse des interrogations ci-dessus exprimées
suscite en nous des hypothèses qui peuvent affermir ou non notre
conviction au cours et après la recherche.
Premièrement, le cadre institutionnel offre une
certaine garantie et sécurité financière pour les
mères SOS afin qu'elles puissent prendre affectivement les enfants en
charge.
Deuxièmement, certaines mères SOS n'ayant jamais
conçu adopte les enfants dans tous les sens du terme, ce qui fait
naître de l'affection entre les deux partenaires que sont la mère
SOS et les enfants.
4. Objectifs
A cette recherche sont assignés deux types d'objectifs
à savoir l'objectif général et les objectifs
spécifiques.
- Objectif général :
L'objectif général de notre recherche est de
comprendre et d'expliquer le modèle SOS d'accueil familial ou de prise
en charge des enfants au Village d'enfants SOS.
- Objectifs spécifiques :
Pour atteindre cet objectif général, il
faudrait :
1- Evaluer le modèle de prise en charge des enfants SOS
au Village d'Enfants Lomé.
2- Evaluer l'éducation des mères SOS pour
devenir des mères institutionnelles ou professionnelles
3- Ressortir la place et les responsabilités des
mères SOS dans le système SOS.
4- Etudier les rapports qu'elles entretiennent respectivement
avec les enfants SOS et leurs propres enfants.
CHAPITRE II. CADRE
CONCEPTUEL
1. Revue de la
littérature
Dans cette partie de notre travail, il importe de situer notre
thème par rapport aux ouvrages que nous avons consultés au cours
de l'élaboration de notre travail et qui peuvent nous apporter un plus.
En effet nous parlerons de la prise en charge des orphelins et
abandonnés sur le plan mondial, en Afrique et au Togo dans le but de
cerner le phénomène sur tous les plans.
Notons pour commencer que le modèle de prise en charge
des enfants en détresse, des orphelins et des abandonnés ne
date pas d'aujourd'hui.
Selon l'ouvrage de HERMANN GMEINER intitulé
« les Villages d'Enfants SOS »1986 « Bien que
le projet d'éduquer des enfants orphelins et abandonnés dans les
institutions de type familial ne fut réalisé à grande
échelle qu'à notre époque, l'idée ne date pas
d'aujourd'hui ».
Ainsi mis à part diverses formes et infrastructures de
prise en charge (couvents, confréries...) la prise en charge
concrète des orphelins, n'apparut qu'au 17e siècle. Le
premier orphelinat fut crée en 1822 sous le nom de la ``Maison des
pauvres orphelins'' sur l'initiative de Gertrude Cougnotte. Il s'agit ici avant
tout d'une oeuvre de charité qui évolue d'un accueil mixte des
orphelins à une admission exclusive de garçons.
C'est ainsi que vers la fin du 17e siècle,
August Herman Francke avait essayé, à Halle, de placer des
orphelins dans des familles d'ouvriers, car il ne put trouver suffisamment de
familles compétentes. Il fut contraint de recourir aux orphelinats
existants, bien qu'il les considère comme inadapté à la
prise en charge des enfants sans foyer. Certes, les orphelinats pouvaient
assurer l'alimentation, l'instruction et la formation de leurs pupilles, mais
ils ne pouvaient pas, comme nous le savons aujourd'hui, exercer la formation
vitale de la famille. Disons que l'effort de Francke se portaient moins vers
l'intégration des orphelins dans la société que vers leur
``sauvetage au profit de Dieu''. Johann Heinrich Pestalozzi voulut,
contrairement à Francke, élever des orphelins dans sa propre
famille et en accueillit plusieurs au Neuhof, en Suisse. Il construisit plus
tard un orphelinat à Stan pour y héberger des enfants sans
soutien et sans refuge. Mais il ne rencontra que peu de compréhension de
la part des pouvoirs publics et de la population. Il n'avait rien du
génial organisateur qu'avait été Francke, dont Reble a pu
écrire : ``Sa personnalité exceptionnelle réussissait
tout à la fois une profonde pitié, une dignité de pasteur,
une érudition alliée à un dynamisme, une finesse d'homme
du monde, un sens des affaires et un talent d'organisateur''. (Histoire de la
pédagogie, 1962 :120)
Pestalozzi atteint sa véritable dimension quand il
affirme qu'il faut examiner le problème des ``Pauvres'' dans le cadre
social général d'une époque. Ses efforts en faveur des
enfants pauvres et orphelins vont dans le sens d'une pédagogie sociale,
il part de l'idée que la famille est le seul milieu favorable à
l'éducation au sens large du terme. Ceci étant il s'ensuit que
l'éducation dispensée par l'assistance publique devrait
s'inspirer de l'éducation familiale, ou du moins s'en rapprocher. A ce
propos, Pestalozzi (1801 : 226) écrit : « A vrai
dire, j'ai voulu démontrer que l'éducation familiale
présente des avantages que l'éducation collective devrait obtenir
par initiative car ce n'est qu'en imitant la première que la seconde
peut avoir quelque valeur pour le genre humain. ». L'auteur a donc
fait progresser l'assistance publique de la pédagogie type ``sauvetage
individuel'' vers la pédagogie sociale. Ce système
socio-éducatif est centré sur la famille, intime
communauté de vie au sein de laquelle l'individu se sent
protégé et aimé.
Pour sa part Johann Heinrich Wichern fut le premier à
recueillir des jeunes vagabonds dans sa ``rude maison'' à Hambourg. Il
créa ensuite des maisons et des villages-refuges pour y abriter des
groupes de 12 à 14 garçons constitués en ``familles'' sous
la conduite d'un ``frère''.
Chaque famille habite une petite maison construite en partie
par les jeunes eux-mêmes. Wichern s'élevait contre les
regroupements d'enfants dans des institutions ou des foyers de masse. Dans ce
que lui-même appelle les villages-refuges, il amorça la ``vie
communautaire de plusieurs familles regroupées par affinités''
parce que estimait-il, ``si tant est que l'on puisse imiter la famille
authentique, celle-ci correspond à la communauté humaine
originelle établie par Dieu. Elle permet à tout un chacun
d'exercer la plénitude de ses droits, d'être entouré
d'affection et d'être comblé sur le double plan matériel et
moral (Wichem, 1963, P 253). Les institutions collectives par contre, ne
peuvent pas offrir assez de sécurité, d'affection et de joie de
vivre.
Eva Von Tiele-Winkler poursuivit l'oeuvre amorcée par
Wichern. Pour sa part elle fonda des ``foyers d'enfants'' où des groupes
de 10 à 15 enfants des deux sexes, du nourrisson à l'apprenti,
étaient placés sous la garde d'une diaconesse appelée
``petite-mère''. Il était tout à fait exceptionnel que
cette ``maman-soeur'' fit l'objet d'une mutation.
Francke, Pestalozzi, Wichern, Eva Von Tiele- Winckler pour ne
citer que ceux-ci appartiennent à ces pionniers de la pédagogie
qui, inlassablement et en dépit de nombreux avis divergents dans
l'opinion publique, ont démontré qu'il est possible de venir en
aide à presque tous les enfants frappés par le destin.
L'idée faisant son chemin dans le temps et dans l'espace on assistait
à la création de plusieurs institutions
spécialisées qui continuent cette oeuvre salvatrice de prise en
charge des enfants en situation difficile : orphelins et / ou
abandonnés. Nous prenons à témoin Terre des hommes,
Pouponnière, les affaires sociales et Villages d'enfants SOS qui bien
sûr retiendra particulièrement notre attention dans cette
étude.
Au regard des littératures existantes sur la question
de la prise en charge des enfants en détresse, on est porté
à croire que tout a été déjà fait. Seulement
la recherche scientifique est perpétuelle et, dans le domaine de
l'étude sociologique, chaque réalité sociale apparente
cache une réalité sociologique (Durkheim E. 87).
La particularité du présent travail
réside essentiellement dans le fait que son auteur soit le premier
observateur extérieur à analyser la prise en charge des enfants
en détresse par les mères SOS au Village d'Enfants SOS.
En Afrique comme au Togo, la littérature sur la prise
en charge des enfants en détresse sous tous ses vocables est presque
parcellaire ou inexistante. Aussi faut-il signaler que la littérature
internationale sur la prise en charge des enfants en détresse a
opéré en mettant l'accent sur l'historique de la prise en charge
sans aborder à fond la problématique particulière du
rôle des mères institutionnelles qui est un rôle très
délicat. Nous disons délicat dans la mesure où la plupart
de ces mères sont gouvernées par une certaine dualité de
vie. Elles sont à la fois mère génitrice sensibles
à leur progéniture et mères institutionnelles
chargées de prendre soin de ceux qu'elles n'ont pas engendré
elles-mêmes. Notre étude se propose être une nouvelle piste
de recherche sur la prise en charge des enfants en détresse en mettant
justement l'accent sur le rôle délicat que joue les mères
institutionnelles dans ce domaine.
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