L'aide alimentaire monétisée quel impact sur le développement social et économique : Le cas du Niger( Télécharger le fichier original )par Aymar Michael MBENZE NZICOUD Institut Universitaire de Technologie de Bordeaux 3 - DUT en Gestion du Développement et l'Action Humanitaire 2007 |
TROISIEME PARTIEIV-TENTATIVE DE REPONSE AUX HYPOTHESESHypothèse 1 L'insécurité alimentaire permanente ou temporaire justifie la monétisation de l'aide alimentaire apportée au Niger. L'insécurité alimentaire au Niger, nous l'avons vu, n'est que la résultante de plusieurs facteurs naturels et organisationnels qui jusqu'aujourd'hui n'a trouvé de solution qu'a travers l'aide alimentaire internationale distribuée de façon gratuite dans les situations d'urgence et vendue sur les marchés locaux dans les situations moins urgentes mais qui nécessite souvent une assistante dans la durée. Ceci nous amène à dire que notre hypothèse n'est pas validée, car, elle comporte deux types de réponses qui semblent se permuter tout en étant complémentaire : l'aide d'urgence pour répondre à l'insécurité alimentaire temporaire avec des distributions gratuites et l'aide alimentaire programme (ou continue) pour répondre à l'insécurité alimentaire chronique qui gangrène le pays.
Cas d'urgence : En effet, l'exemple du Niger nous montre que le caractère urgent de la crise nécessitait de distribuer l'aide, et non de la vendre sur les marchés. La pauvreté des ménages ajoutée au contexte de la pénurie alimentaire favoriserait la croissance des taux de morbidité et de mortalité. A ce sujet le consensus est quasi-total entre les différents acteurs de l'humanitaire sur la gratuité des denrées en situation de grise aigue. La position de la FAO par exemple sur la question est sans appel : « L'aide alimentaire fournie pendant les périodes d'urgence...la majeure partie des produits alimentaires livrés aboutit à une consommation additionnelle et il n'y a guère de fuites de produits vers les marchés. Ces livraisons d'aide alimentaire n'ont guère d'effet sur les prix marchands, la production nationale ou les importations commerciales mais servent un important objectif humanitaire... »14(*) Il nous apparaît clairement que, en situation de crise alimentaire aigue, comme celle connue par le Niger en 2005, l'insécurité alimentaire temporaire ne saurait justifier la monétisation de l'aide alimentaire apportée au Niger. Cas chronique : L'insécurité alimentaire chronique au Niger, nous l'avons vu, date des années 70, cette situation provenant de causes naturelles et humaines déstabilise l'organisation paysanne et touche le poumon de l'économie Nigérienne : l'agriculture. Avec une population qui croît à une vitesse exponentielle, les moyens de base de production alimentaire ne suffisent plus à nourrir les ménages. L'aide alimentaire programme est la solution principale pour remédier à cette situation. Comme nous l'avons évoqué plus haut, au Niger, l'aide alimentaire programme est une aide qui transite à la fois sur le marché international - fusse t-elle dans les condition autres que celles du marché - et, cette aide est revendue dans les marchés locaux dans le but de stabiliser les prix des céréales et les rendre accessible aux ménages dans le besoin. Ici l'aide n'est pas distribuée gratuitement pour ne pas créer de dépendance au sein de la population, car, distribuer gratuitement l'aide pour répondre à une situation chronique c'est distribuer gratuitement la nourriture aux populations tous les mois de l'année et tous les ans. Non seulement les moyens ne s'y prêtent, mais aussi, cela ne favoriserait pas le développement du pays et serait un frein à l'épanouissement des zones rurales. D'un autre point de vue, l'argument qui consiste à créer un fond de contrepartie susceptible d'être utilisé dans les projets de développement - même s'il est discutable - peut être un élément important pour justifier la monétisation de l'aide alimentaire. Vu sous cet angle, en effet, nous pouvons confirmer que l'insécurité alimentaire permanente justifie la monétisation de l'aide alimentaire apportée au Niger. Hypothèse 2 Les décisions d'orientation politiques en matière de production agricole au Niger sont étroitement liées à l'aide alimentaire internationale. Cette hypothèse est validée pour la simple raison que la place de l'aide alimentaire dans la politique alimentaire du Niger est considérable. En effet, le pays étant dans une situation quasi constante de déficit alimentaire, le rôle que joue l'aide pour dénouer la situation pèse sur les décisions politiques de production agricole de façon directe et indirecte. Pendant les crises alimentaires, certains fermiers nigériens dans le tourment de la faim vendent leurs terres et leurs semences puis se dirigent vers les grands centres urbains comme Niamey pour espérer y trouver du travail. Dans la majorité des cas les terres revendues ne sont pas utilisées exclusivement pour l'agriculture mais bien pour des constructions habitables par manque de moyens pour acheter des semences. Les orientations politiques du pays en faveur de l'aide permettent de fournir aux cultivateurs des nouvelles semences afin de garantir leurs productions au cours de l'année. C'est en cela que les décisions d'orientation politique de production agricole du Niger sont étroitement liées à l'aide alimentaire internationale. Hypothèse 3 Le soutien aux exportations de l'aide alimentaire dans les pays donateurs profite plus à ces derniers qu'aux potentiels bénéficiaires. A cette hypothèse nous tenteront de donner deux réponses, car, il nous a semblé qu'elle pouvait être perçu de différente manière, donc, ce serait impertinent de répondre de façon absolue. Même si les solutions apportées par l'aide alimentaire internationale sont importantes pour les populations souffrantes d'une crise alimentaire quelle qu'elle soit, les soutiens aux exportations pourrait cependant être sujet à controverse. Il s'agit de savoir si l'aide apportée est liée ou pas. Aide alimentaire liée : Dans les cas où les sociétés d'Etat ou des ONG qui reçoivent de leurs pays des subventions pour le transport de l'aide alimentaire, lient à cette aide d'autres produits destinés à être vendu sur les marchés locaux des pays bénéficiaires, de tout évidence cette activité semble aller en leur faveur. D'abord le fait de se débarrasser des excédents qui, autrement auront un coût s'il fallait le détruire sur place, ensuite le fait d'écouler une partie de ces excédents vers des marchés locaux des pays bénéficiaires à des prix défiants toutes concurrence avec le risque de déséquilibrer lesdits marchés. Autrement dit on résout un problème en apportant d'autres problèmes : on apporte l'aide d'une main et on marchande avec l'autre. Dans ce cas bien précis, nous ne voyons de bénéfices pour les populations que de façon aléatoire. Celui qui est l'heureux gagnant c'est en fait le donateur. C'est en cela que nous pouvons soutenir l'idée selon laquelle le soutien aux exportations de l'aide alimentaire dans les pays donateurs profite plus à ces derniers qu'aux bénéficiaires potentiels. Aide non liée : Lorsque l'aide n'est liée à aucun autre produit, les effets des subventions apportées aux sociétés d'Etat pour le transport des produits peut être considérés comme étant positifs et bénéfiques, d'abord pour les bénéficiaires et ensuite pour le pays donateur. De ce fait, nous ne pouvons pas valider cette hypothèse qui s'oppose à cette réalité. * 14 Dossier politique commerciale de la FAO, N°8 L'aide alimentaire dans le contexte des marchés internationaux et nationaux et du cycle de Doha |
|