2.4. Test de stabilité (Test de Chow Breakpoint)
L'un des critères les plus important pour l'estimation
d'un modèle est qu'elle doit rester valable pour des données
autres que celles qui ont été utilisées lors de
l'estimation. Ce critère
est celui de la constance des paramètres. Pour cela
nous avons utilisé le test de Chow Breakpoint pour l'année 1994.
Cette année est importante car la dévaluation a permis à
l'économie sénégalaise de renouer de nouveau avec la
croissance et les secteurs sociaux comme la santé et l'éducation
sont pris en compte.
Les résultats du tableau ci-dessous montrent que le
modèle est stable car les valeurs de Probability sont supérieures
à 5%. Donc La dévaluation n'a pas entraîné
d'instabilité au niveau de la croissance, de l'investissement, des
importations, des dépenses gouvernementales, de l'éducation et de
la santé.
Tableau 14 : Test de Chow Breakpoint
Modèle
|
Système 1
|
Système 2
|
Equations
|
1.1
|
1.2
|
1.3
|
1.4
|
2.1
|
2.2
|
F-statistic
|
2.436010
|
3.401313
|
1.327557
|
0.658642
|
0.640480
|
1.717192
|
Probability
|
0.114712
|
0.067121
|
0.308727
|
0.660439
|
0.673232
|
0.218202
|
2.5. Interprétation des résultats
L'Aide est efficace lorsque le coefficient est significatif et
positif. Donc il sera traité dans cette partie que l'impact de l'Aide
sur la croissance, l'investissement, les importations, les dépenses
gouvernementales, la santé et l'éducation.
Relation : Aide et Taux de croissance
économique
L'Aide a un impact positif et significatif sur le taux de
croissance. Ainsi, une augmentation d'un point du ratio Aide/PIB contribue
à une amélioration du taux de croissance économique de
0,73. Cet effet est expliqué par le fait que l'Aide est allouée
au niveau de l'investissement productif qui a un impact direct sur la
croissance économique. Ce résultat est en nette conformité
avec les travaux de Morrissey et al qui trouvent un coefficient de (0,17) entre
l'Aide et le taux de croissance des pays de l'Afrique subsaharienne.
Relation: Aide et Investissement
L'Aide a un impact positif et significatif sur
l'investissement du Sénégal. D'où une augmentation de
l'Aide de 10% entraîne un accroissement des investissements de 3,3%.
Alors le principal facteur déterminant de l'impact de l'Aide sur la
croissance apparaît à travers l'investissement. Ce constat se
justifie car le Sénégal bénéficie de projets
financés par l'Aide comme le Programme Sectorielle de Transport II (PST
II). Ces investissements d'infrastructures ont un impact direct et à
court terme sur le taux de croissance économique.
Relation: Aide et les Importations
L'Aide a un impact positif et significatif sur les
importations. Un accroissement de l'Aide de 10% entraîne une augmentation
des importations de 3,5%. Ce résultat s'explique du fait que la plupart
des bailleurs lorsqu'ils financent un projet, ce sont leurs propres agences
d'exécution qui prennent le projet en main. Il y a aussi l'intervention
des spécialistes des donateurs tout au long du cycle de vie du
projet.
Relation : Aide et les dépenses
gouvernementales
L'Aide a un impact significatif et positif au niveau des
dépenses gouvernementales. D'où l'augmentation de 10% de l'Aide
contribuerait à une amélioration des dépenses publiques de
1,48%. Ce résultat se justifie car d'après les dernières
estimations, le Sénégal bénéficie de 60% d'appui
Budgétaire. Ce genre de financement, même s'il a tendance à
gagner du terrain dans les pays en développement afin de résoudre
les problèmes de procédures des bailleurs, mais est une porte
ouverte à la corruption.
Relation: Aide et les dépenses en
santé
L'Aide est très efficace au niveau du secteur de la
santé. Ainsi, un accroissement de l'Aide de 10% aura pour
conséquence d'augmenter les dépenses en santé de 1,48%. Ce
résultat est en parfaite corrélation avec les programmes de
santé privilégiés par les bailleurs comme le programme
VIH/sida, le programme de lutte contre le paludisme, et le Programme
Décennal Intégré de la Santé (PDIS) qui a permis
à l'équipement des hôpitaux et la construction de poste de
santé dans les villages les plus reculés. L'Aide contribue
à financer la mise en place de nouveaux établissements de
santé, la formation du personnel et le lancement de campagnes
d'information. Mais aussi, à travers le Plan National de
Développement Sanitaire (PNDS) mis en place pour la période
1998-2007 à la suite d'une large concertation ayant impliqué tous
les échelons de la pyramide de santé, l'Etat vise principalement
l'amélioration du bien-être des populations par la
réduction de la mortalité notamment infanto-juvénile et
maternelle, de la morbidité, des invalidités, etc.
Malheureusement ces projets souffrent d'un suivi à long terme et de la
qualité du personnel que l'Etat est incapable de gérer sans
l'appui des donateurs.
Relation : Aide et les dépenses en
éducation
L'Aide est très efficace au niveau du secteur de
l'éducation. Une augmentation de l'Aide de 10% entraîne un
accroissement des dépenses en éducation de 19,6%. Ce secteur est
privilégié par les bailleurs surtout la Banque Mondiale, l'Union
Européenne et l'Agence Canadienne.
En effet, le Sénégal bénéficie du
Programme Décennal de l'Education et de la Formation (PDEF). Ce
programme a permis la construction de lycées, de salle de classes,
l'amélioration de la qualité de l'enseignement, le renforcement
des bibliothèques ...
Nos résultats sont en conformité avec les
conclusions de Morrissey et al (2002). Cependant, d'après une
étude récente de Clémens, Radelet et Bhavnani (2004)
aboutit que l'impact de l'Aide sur la croissance dépend du type d'aide
reçue. L'aide pour les catastrophes, les urgences et les efforts de
secours humanitaires, y compris l'aide alimentaire ont une corrélation
négative avec la croissance. L'aide à la protection de la nature
et aux réformes démocratiques a une faible corrélation sur
la croissance. Ce type d'aide est appelé « aide à effet
tardif ». Et enfin, l'aide à la construction d'infrastructure,
routes, systèmes d'irrigation, centrales de production
d'électricité et de ports, influe assez rapidement sur la
croissance. C'est cette « aide à effet rapide » que le
Sénégal a tendance à bénéficier.
Pour conclure, d'après notre analyse ci-dessus nous
pouvons dire que l'Aide a contribué efficacement à la croissance
économique du Sénégal à travers l'investissement,
les importations (vérification de l'hypothèse 1) mais pour les
dépenses publiques même si l'Aide y contribue efficace n'est pas
un élément de la croissance. L'aide a permis à
l'amélioration du bien être de la population (vérification
de l'hypothèse 2) sur la période 1980-2003.
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