3.2.1. Mesure de l'effet marginal de l'Aide sur la
croissance économique
Dans la logique de l'analyse de Burnside et Dollar, l'effet
sur la croissance d'un dollar supplémentaire d'aide dépend de la
qualité des politiques économiques et du montant d'aide
lui-même.
En effet, Collier et Dollar estiment une équation de
croissance de la forme :
(1) g = â 0 +
â1X + â2P
+ â3A + â
4 A + â5AP
où X représente l'ensemble des conditions
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exogènes, P les politiques économiques et
A l'aide en proportion du PIB. Alors, la contribution marginale de
l'aide à la croissance, ga, peut s'exprimer :
(2) g a
=â3+2â4A+â5P
L'effet marginal de l'aide sur la croissance est au coeur de la
détermination d'une allocation d'aide maximisant la réduction
de la pauvreté. Leur conclusion selon laquelle l'effet de l'aide sur
la croissance dépend de la qualité de l'environnement
économique a toutefois fait l'objet
de nombreuses critiques. Ces critiques soulignent notamment que
le coefficientâ5, qui est au
coeur de l'allocation optimale de l'aide, est susceptible
d'être biaisé pour diverses raisons: méthode d'estimation
inadaptée, présence de points aberrants, mauvaise
spécification du modèle.
Cependant, la présence du montant d'aide dans la
contribution marginale de l'aide à la croissance est liée au
terme d'aide au carré dans l'équation de croissance. Collier et
Dollar (2001, 2002) introduisent cette variable pour tester l'hypothèse
de rendements marginaux décroissants de l'aide, hypothèse
essentielle pour leur analyse. Sans elle, en effet, l'allocation optimale de
l'aide consisterait d'abord à allouer toute l'aide au pays dans lequel
elle est le plus efficace, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de pauvres dans
ce pays, puis de passer au pays suivant. Une telle allocation serait
confrontée à la question de son réalisme politique.
L'existence de rendements marginaux décroissants de
l'aide ne fait cependant pas l'objet d'un consensus. La robustesse empirique de
la variable d'aide au carré a été mise en cause par de
nombreux auteurs notamment Hansen et Tarp (2001). La spécification de la
relation aide- croissance pose d'ailleurs certains problèmes dans
l'analyse même de Collier et Dollar, puisque si les auteurs mettent en
évidence un effet significativement négatif de l'aide au
carré, le coefficient de l'aide est, quant à lui,
non-significativement négatif. Ce résultat remet en cause
l'hypothèse de rendements décroissants qui nécessite
conjointement un effet positif de l'aide et un effet négatif de son
carré, tous deux devant être significatifs.
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