3.1.2. L'effet de l'Aide sur la réduction de la
pauvreté
Pour comprendre l'effet de l'aide sur la réduction de
la pauvreté, certains auteurs ont invoqué son impact sur la
croissance économique : si l'aide contribue à la croissance et
que la croissance contribue à la réduction de la pauvreté,
alors l'aide permet de lutter contre la pauvreté. Cependant, ce
raisonnement repose sur l'hypothèse que l'aide n'a pas d'effet direct
sur la pauvreté et que son effet passe essentiellement par la
croissance. Cette approche est remise en cause par les résultats d'un
certain nombre d'études, qui soulignent un effet direct de l'aide sur
des indicateurs de développement humain, ou encore un effet indirect qui
passe par d'autres canaux que celui de la croissance. Ainsi par exemple,
Burnside et Dollar (1998) analysent l'effet de l'aide sur la baisse de la
mortalité infantile, un indicateur de bien-être des populations
très fortement corrélé au niveau de pauvreté et
dont les données sont disponibles pour de nombreux pays. Leur
étude économétrique suggère que dans un bon
environnement de politiques économiques, l'aide permet de réduire
la mortalité infantile. Plus récemment, Gomanee et al (2003)
mettent en évidence une influence positive de l'aide sur l'indicateur de
développement humain et sur la réduction de la mortalité
infantile, l'effet qui passe par le financement de dépenses publiques
favorables aux plus pauvres. Il faut toutefois rappeler que
des résultats sensiblement différents ont
été mis en évidence par Mosley et al. (1987) et Boone
(1996), dont les analyses économétriques suggèrent
l'absence d'effet de l'aide sur la mortalité infantile. Enfin, Kosack
(2003) souligne que l'aide n'a un effet sur l'indicateur de
développement humain que dans les régimes
démocratiques.
3.2. L'analyse de Collier et Dollar sur la relation Aide et
réduction de la pauvreté.
Collier et Dollar (2001, 2002) développent un
modèle d'allocation d'aide dont l'objectif est de maximiser la
réduction de la pauvreté. Leur modèle se fonde sur deux
idées : (i) l'aide a un effet positif sur la croissance dans les pays
ayant mis en place de bonnes politiques économiques (Burnside et Dollar,
1997, 2000); et (ii) la croissance entraîne une réduction de la
pauvreté (Ravallion et Chen, 1997 ; Dollar et Kraay, 2000). Leur analyse
réside alors dans l'idée suivante :
« Pour maximiser la réduction de la pauvreté,
l'aide devrait être allouée aux pays ayant de graves
problèmes de pauvreté et de bonnes politiques économiques
».
L'allocation géographique de l'aide qui permet de
maximiser la réduction de la pauvreté est identifiée par
les auteurs en égalisant, pour tous les pays receveurs, le nombre de
personnes sortant de la pauvreté grâce à un dollar
supplémentaire d'aide.
Pour procéder à cet exercice de maximisation de
la réduction de la pauvreté par l'allocation d'aide, Collier et
Dollar doivent mesurer d'une part l'effet marginal de l'aide sur la croissance
et d'autre part l'effet de la croissance sur la réduction de la
pauvreté.
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