B/ LES EFFETS DU CONTEXTE ECONOMIQUE ET DES POLITIQUES
D'AJUSTEMENT STRUCTUREL
Les causes économiques sont celles qui font la plus
grande unanimité entre les spécialistes des migrations, quel que
soit le niveau explicatif retenu. Les chercheurs reconnaissent que la
rationalité économique explique en grande partie les
comportements des individus dans leur propension à émigrer.
Les systèmes précapitaliste et capitaliste
apparus après la révolution industrielle, la pauvreté et
la misère dans certains pays sont des raisons qui ont provoqué un
nombre assez conséquent de crises. Ces crises liées à une
augmentation du chômage, à la détérioration des
conditions de vie, à l'insécurité croissante, ont pour la
plupart provoqué l'émigration des peuples souffrants.
L'émigration répond souvent à un besoin
économique. En effet, en plaçant son voyage sous le signe de
l'épargne, le concerné ne peut pas manquer de s'intégrer
davantage dans la dynamique économique moderne. Les problèmes de
développement et la crise économique sont parmi les premiers
facteurs de l'ampleur des migrations internationales dans tout le
Sénégal et dans la région de Louga en particulier.
Au début des indépendances, le contexte
économique du Sénégal était largement
influencé par le modèle néo-colonial de croissance.
L'activité était administrée par l'Etat et surtout sur la
commercialisation et la transformation de l'arachide. La plus grande partie des
terres cultivées était consacrée à l'arachide.
Jusqu'à la fin des années 60, la croissance de
l'économie liée en grande partie à la croissance de
l'agriculture, s'est accélérée jusqu'à atteindre
3%. Mais le début des années 70 correspond au déclin de
l'agriculture. Le renversement des tendances de l'agriculture et de
l'économie sénégalaise marquée par une stagnation
des surfaces cultivées, une dégradation des terroirs, la fin des
prix de soutien français à l'arachide (les exportations
deviennent soumises aux cours mondiaux) sont à l'origine de
déséquilibres structurels importants. A cela s'ajoute, comme
l'évoque Gilles Duruflé (1988), dans L'ajustement structurel
en Afrique, le fait que « la logique de création et de
distribution des revenus déconnectés de la sphère de
production a pour effet d'entretenir
la croissance de la consommation de façon relativement
indépendante de l'évolution des ressources, qui, elles, stagnent
».
Cette stagnation et cette fluctuation de l'économie
arachidiére et du secteur primaire ont des conséquences directes
sur l'ensemble des activités : le pouvoir d'achat a été
durement touché en ville, et plus encore en milieu rural. En campagne,
l'agriculture suit les variations erratiques de la pluviométrie. Cette
période correspond au début de la péjoration climatique au
Sahel, se traduit également dans le bassin arachidier. Le monde rural
lougatois, dont la subsistance tenait aux cultures sous pluie culture, sera
fortement touché. C'est dans ce contexte de crise de l'économie
sénégalaise que les institutions financières
internationales vont mettre en place les PAS.
Face a la dégradation sévère des finances
publiques (baisse de recettes d'exportation), les autorités
sénégalaises ont adopte en novembre 1979 un Plan à moyen
terme de Redressement Economique et Financière (PREF) et font appel au
FMI et à la Banque Mondiale. Ces deux institutions, à travers les
objectifs visés, posent comme condition, la réduction à
court terme des déséquilibres de la balance des paiements et du
besoin de financement extérieur de l'Etat.
Les résultats, pour les moins obtenus par les PAS au
Sénégal depuis 1979 sont une concentration des revenus plus
accrue, au détriment de la justice distributive, et parfois
également, de l'efficacité économique. On assiste à
la marginalisation et à la paupérisation de certaines couches
importantes de la population, à la campagne et en ville.
Les populations lougatoises qui avait trouvé une
solution à la crise du monde rural à travers l'exode rural se
retrouvèrent à nouveau contraintes à de nouvelles
stratégies d'adaptation. En 1981, l'instauration du visa de sortie du
territoire nationale, n'a pas empêché les populations de
s'orienter vers l'émigration internationale. En effet « la
déclaration des droits de l'homme ratifiée par les Etats
européens, a permis à ces derniers de tenter d'harmoniser leurs
politiques avec la création de l'espace Schengen, derrière lequel
ils se cachent volontiers pour mettre en place une politique de immigration ou
une législation complexe permettant ou non aux étrangers de
s'installer dans le pays d'accueil » (Kébé Nd. M. 2006 -
2007). Les pays européens, malgré leurs
politiques de fermeture, vont constituer les nouveaux pôles
d'accueil de ces populations à la recherche d'opportunités.
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