A-2/ Effondrement de l'agriculture
Les problèmes qui se posent aux agriculteurs lougatois
ne sont pas récents, et touchent à la fois les cultivateurs de
produits vivriers et les producteurs de cultures commerciales, en particulier
d'arachides. Depuis toujours, les méthodes de culture pratiquées
sont très simples. La plupart des agriculteurs se contentant de cultiver
leurs modestes lopins de terres au moyen de simples outils manuels, sans
pratiquement aucun engrais ou aide extérieure.
Bien que le secteur agricole fasse vivre plus de 60 % de la
population sénégalaise et représente 18 % du produit
intérieur brut, il ne bénéficie que de 10 % des
investissements de l'Etat17. Dans le département de Louga,
70% de la population évolue dans le secteur agricole. Pendant plusieurs
dizaines d'années, y compris du temps de la colonisation
française, le secteur des arachides s'est taillé la part du lion
du financement agricole public. En effet, depuis l'indépendance en 1960,
presque toute la formation technique, les subventions et les services de
vulgarisation agricole fournis par l'État ont été
axés sur la production arachidiére.
Cette mobilisation de moyens n'a toutefois pas permis
d'améliorer considérablement les conditions de vie dans les zones
rurales, même dans les principales régions productrices
d'arachides. La fin de la garantie des prix au producteur de l'arachide par la
France au début des années 1970, la dégradation des
terres, les aléas pluviométriques, la mise en oeuvre d'une
politique de prix défavorable aux producteurs ruraux et l'apparition
de
16 Tout autour on voit une Grande Mosquée et
des maisons à terrasse carrelées à l'architecture
espagnole, des boutiques...
17 DR-DR Louga
produits concurrents comme le soja sur le marché
international ont constitué autant d'entraves au développement de
l'économie arachidiére (Ly El H. mars 1999).
Vers le milieu des années 80, le Gouvernement
sénégalais a commencé à adopter de nouvelles
politiques économiques à la demande du Fonds Monétaire
International (FMI) et de la Banque mondiale. Ces politiques ont eu pour effets
de réduire les services de vulgarisation agricole et de supprimer
progressivement la subvention des intrants. Trop pauvres pour acheter comptant
les engrais dont ils avaient besoin, de nombreux paysans qui ont dû
emprunter de l'argent au début de la saison des semailles, se sont
retrouvés lourdement endettés lorsque les précipitations
étaient insuffisantes ou que le cours de leurs produits avaient
fortement baissé.
Dans la région de Louga, le sol s'est
érodé ou s'est acidifié. Les vagues de sécheresse
successives ont frappé très durement la région à la
fin des années 70 et au début des années 80, aggravant la
dégradation de l'environnement et la paupérisation des villages
de la région. Ces conditions climatiques défavorables,
entraînant par une production agricole déjà très
insuffisante, ont conduit à une situation de quasi-famine dans la
plupart des campagnes du pays.
Tableau 7: Evolution des superficies et de la
production agricoles dans le département de Louga
Année
|
Arachide
|
Mil
|
Niébé
|
Maïs
|
Manioc
|
Spfcie
|
Prdt
|
Spfcies
|
Prdt
|
Spfcies
|
Prdt
|
Spfcies
|
Prdt
|
Spfcies
|
Prdt
|
1994
|
52.665
|
27.544
|
24.865
|
3.183
|
13.921
|
4.872
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1995
|
32.276
|
32.563
|
25.694
|
6.521
|
12.761
|
5.104
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1996
|
44.412
|
28.786
|
35.075
|
66.029
|
16.739
|
2.745
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1997
|
35.146
|
6.889
|
19.162
|
24.091
|
22.249
|
2.915
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1998
|
21.296
|
9.583
|
38.732
|
77.049
|
23.444
|
4.789
|
-
|
-
|
-
|
-
|
1999
|
27.012
|
13.236
|
36.090
|
10.827
|
42.390
|
10.755
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2000
|
57.842
|
41.935
|
53.837
|
15.075
|
33.165
|
10.248
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2001
|
77.148
|
52.461
|
30.123
|
4.067
|
27.090
|
12.516
|
96
|
58
|
-
|
-
|
2002
|
71.638
|
17.965
|
37592
|
1.466
|
43.664
|
5.851
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2003
|
38.734
|
21.063
|
19096
|
859
|
33.136
|
10.284
|
42
|
-
|
47
|
235
|
2004
|
10.649
|
34.756
|
94.061
|
24.371
|
71.685
|
15.166
|
2.051
|
430
|
2.250
|
1.130
|
2005
|
-
|
10.341
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Spfcie = superficie en hectares Prdt = production en
tonnes
Source : DR-DR Louga
L'examen du tableau 7 révèle les variations de
la production des différentes spéculations. Par exemple, pour
l'année 1997, la production arachidiére était que de
seulement 6 889 tonnes alors que l'année précédente elle
se chiffrait à 28.786 tonnes dans le département. Les autres
années de faible production ont été enregistrées
dans presque toutes les productions. Cela vient confirmer la faible
productivité du secteur agricole due en partie à
l'appauvrissement des sols et à la baisse et/ou
l'irrégularité de la pluviométrie. Par ailleurs, la
diminution de la main d'oeuvre agricole résultant de l'émigration
et de l'exode rural joue un rôle important dans l'explication de la
faiblesse des rendements en rapport avec les superficies mises en culture.
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