A-2/ L'émigré : acteur du
développement local ?
Dans toutes les zones à forts taux d'émigration de
ses fils le débat reste le même : les revenus
transférés par ces derniers font-ils de ceux-là des
acteurs du développement ? Les points de vue divergent et le
débat s'enrichit. Pour les pays d'émigration, les transferts
monétaires des émigrés demeurent l'un des principaux
facteurs avancés pour expliquer leur politique migratoire, en plus de la
réduction du chômage et la possibilité de permettre aux
familles d'émigrés d'avoir une vie économique
décente. Dans le contexte de la décentralisation, le
développement local prend beaucoup plus de relief et
devient l'affaire de tous. L'importance numérique des
migrants dans le département de Louga explique pourquoi cette
association entre migration et développement est devenue une
réalité sociale, économique et politique. L'existence dans
les pays d'installation d'associations de solidarité et d'entre aide
entre migrants originaires d'un même terroir a été un
puissant facteur incitatif aux projets de développement. A l'origine ces
projets étaient focalisés sur des investissements sociaux
(construction de mosquée, de poste de santé, d'école,
etc.) mais ils intègrent de plus en plus les autorités dans la
définition des projets pour un développement homogène.
Dans l'autre camp, dont les discours sont relayés par
les pays d'accueil de ces émigrés, la perte des bras les plus
valides constitue une entrave forte au développement des pays de
départ. Malgré les remises transférées, il existe
de moins en moins sur place des ressources humaines nécessaires pour
créer les conditions idoines au développement. Le
développement ne se résume pas à une affaire de «
financement » mais il faut des ressources humaines capables de bâtir
leur terroir et de permettre son essor. Actuellement personne ne remet en cause
le fait que les émigrés lougatois engagent un certain nombre
d'actions individuelles, avec pour objectifs l'amélioration de leur
situation familiale. De même, les associations d'émigrés
comme le Self Help, l'association des émigrés de Niomré,
sont autant d'acteurs qui participent à la réalisation de projets
à l'échelon local. La construction de centre de santé, de
salles de classes, d'édifices religieux contribue au
développement de ses localités.
Cependant, l'apport monétaire des
émigrés, qui est systématiquement mis en avant, peut jouer
un rôle incontestable en matière de développement local ;
mais il ne peut avoir une portée véritable que s'il est
intégré dans le cadre d'une planification homogène visant
un aménagement réfléchi, qui intègre ces
émigrés en tant que vrais acteurs du développement. Les
collectivités locales doivent jouer ce rôle.
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