B- LES POLITIQUES DES AUTORITES LOCALES LOUGATOISES
Pendant très longtemps, l'émigration lougatoise
s'est heurtée à la sourde oreille de la part des autorités
locales. Ce mouvement qui, depuis près de trois décennies, gagne
en importance grâce aux revenus transférés et à ces
incidences démographiques était, peu ou pas pris en compte dans
les actions de développement local. Au moment où les
revenus migratoires dans le département de Louga
atteignent 20 milliards par an et constituent l'une des principales sources de
revenus de nombreuses familles, l'émigration n'est que très peu
prise en compte dans le PRDI de Louga. Si le développement fulgurant de
l'urbanisation de la ville de Louga, dont la cause principale semble être
liée aux impacts de l'émigration, a attiré l'attention des
autorités administratives vers les années 80, la réaction
des autorités locales elle s'est faite désirée. Ce n'est
que vers la deuxième moitié des années 90 que quelques
velléités de politiques en faveur des émigrés ont
été initiées par la mairie de Louga.
Quant au Conseil Régional, des premiers efforts en faveur
des émigrés ont été menés par
l'équipe mise en place depuis l'alternance intervenue en 2000.
B-1/ La Mairie
Pendant très longtemps, il y a eu peu d'actions en
faveur des émigrés. Ce n'est qu'après la création
d'un Conseil Supérieur pour les Sénégalais de
l'Extérieur que les émigrés ont commencé à
être impliqués dans les plans de développement.
Le Président Abdou Diouf évoquait « les
multiples facteurs qui concourent à ce que les émigrés
soient des acteurs privilégiés du développement de notre
pays. L'attachement qu'ils gardent à leur patrie, leur sens de la
solidarité, leur générosité, l'expérience et
la formation dont ils bénéficient au cours de leur séjour
en dehors de nos frontières et, aussi, l'épargne que beaucoup
d'entre eux réunissent, les désignent tout
particulièrement pour remplir ce rôle éminent »
(Kébé, op. cit.). L'Etat, de même que les
collectivités locales, ont le devoir de les encourager. C'est ce qui a
inspiré Madame A. Mb. Ndiaye, alors maire de la commune, d'initier un
programme de logement en faveur des émigrés de la
localité. Ainsi, face à la forte demande des
émigrés en terrains de construction, la mairie avait
initié un programme de distribution de parcelles dans la zone de Keur
Serigne Bara. Ce fut le seul programme destiné spécifiquement aux
émigrés et qui n'a malheureusement pas eu de suite.
Depuis lors, certaines actions sont entreprises, mais sans
implication majeure des émigrés. En effet, l'émigré
lougatois étant fortement ancré dans les mentalités
villageoises qui accordent peu de confiance aux autorités - politiques-
ce qui rend presque caduque toute action entre eux. Cependant la mairie attend
beaucoup de ces émigrés, surtout dans la facilitation des accords
de coopération entre les collectivités
locales des pays d'accueil de ces émigrés et la
ville de Louga. C'est d'ailleurs sous l'intermédiation des
émigrés que s'est tissé un accord de coopération
entre la Commune de Louga et la ville de Turin en 2007. Le Conseil
Régional, quant à lui reste plus sensible au rôle que les
émigrés doivent jouer dans le développement local.
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