B/ LES INVESTISSEMENTS DANS L'IMMOBILIER
Certes, l'émigration des lougatois vers l'Europe et les
Etats-Unis a entraîné différentes transformations sociales,
économiques, spatiales. L'immobilier demeure le secteur de
prédilection des investissements des émigrés. Ce choix des
émigrés pour leur investissement est lié à des
enjeux divers :
*le rôle symbolique et pratique d'être
propriétaire d'une maison, de se loger, de loger sa famille ;
* la sécurité de l'investissement et les
possibilités de rentabilisation locative ;
* les démarches administratives sont limitées pour
les émigrés ayant un niveau d'instruction assez bas ;
* la facilité de gestion des investissements immobiliers :
le montant du loyer est connu d'avance.
A Louga, la valeur foncière du sol s'est
considérablement accrue au fil des années. La forte demande de la
part des émigrés en constitue la raison principale. Dans les
quartiers de la commune, les terrains se vendent à des prix pouvant
atteindre plusieurs millions. Cette situation se retrouve même en milieu
rural où à Niomré les terrains de 300 à
400m2 qui longent la route principale coûtent jusqu'à
10 000 000 FCFA33. La demande étant supérieure
à l'offre, cela favorise la spéculation foncière qui
atteint des niveaux jamais égalés. Dans les quartiers centraux de
la commune de Louga, nous dit Monsieur Wade, agent au service des impôts
et domaines34, une parcelle de 300m2 peut coûter
jusqu'à 25 000 000 FCFA. Pour les émigrés, la terre n'est
que le support d'une future mise en valeur immobilière qui sera
destinée soit à l'habitation de l'émigré
lui-même ou de sa famille, soit à la location. La valeur locative
reste plus ou moins élevée selon le
33 Enquêtes personnelles, 2007
34 Entretien du 17 avril 2007
standing de l'immeuble. Elle varie entre 50 000 et 200 000
FCFA par mois dans la commune. Cette possibilité de rentabilisation sans
beaucoup de difficultés pousse donc les émigrés à
privilégier se secteur.
Les investissements dans l'immobilier ne sont pas toujours
localisés dans le département. En effet une étude de
l'impact de l'émigration lougatoise a montré que beaucoup
d'investissements dans l'immobilier sont réalisés à Dakar
où les possibilités de gains sont plus importantes. A Dakar, le
quartier de Fadhia au Parcelles Assainies, ressemble à une enclave
lougatoise. La majorité de construction appartiennent à des
émigrés lougatois.
Somme toute l'orientation quasi exclusive des investissements
des émigrés lougatois vers le secteur de l'immobilier ne saurait
remettre en cause les retombées économiques. On ne peut
négliger les retombées directes de l'immobilier, son rôle
moteur dans la relance des autres secteurs est réel. Les emplois induits
par le bâtiment se renouvellent d'un chantier à l'autre. Une
kyrielle de nouveaux métiers dans les bâtiments
bénéficie des retombées de la manne financière
émigrée investie dans le secteur. L'investissement immobilier est
un investissement à forte intensité de main-d'oeuvre. Les
artisans et commerçants engagés dans la production de
matériaux entrant dans la construction de maisons ont vu leurs affaires
se développer. Le commerce de matériaux de constructions
importés d'Italie, de France ou d'Espagne assure la
prospérité de beaucoup de commerçants
L'accumulation financière issue des investissements
immobiliers permet de s'ouvrir vers d'autres secteurs d'investissement. En
effet l'orientation de l'investissement migrant vers le secteur de l'immobilier
n'est remise en cause que par quelques velléités d'investissement
de quelques uns d'entre eux dans le commerce import-export de véhicule,
de pièces détachées, de matériaux de construction,
de services. La part de l'agriculture demeure encore très faible.
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