Chapitre 2: LES PRINCIPAUX SECTEURS D'INVESTISSEMENT
DES EMIGRES
Dans ce chapitre il ne nous est pas possible de fournir des
statistiques sur les investissements des émigrés. Le
caractère informel de se secteur a rendu infructueuse nos tentatives
dans ce domaine. L'objectif sera de déceler les mécanismes et les
motivations qui poussent les émigrés à investir dans tel
ou tel secteur.
Les rapatriements de fonds effectués par les
émigrés et les effets multiplicateurs sur les revenus constituent
une ressource essentielle pour les foyers qui les reçoivent. Les
suppléments de ressources mises à leur disposition font des
émigrés des agents de développement local et international
(Fall A. S. op. cit.) Agissant en liaison avec des associations fondées
sur la communauté d'origine, les émigrés lougatois
participent à des activités économiques qui aident
à intégrer leur localité dans l'économie nationale
voire mondiale.
Plusieurs études ont montré que de nombreux
migrants originaires de l'Afrique de l'Ouest contribuent à la mise en
place d'infrastructures économiques, sociales, religieuses et
culturelles dans leur pays d'origine (OCDE, op. cit. ). Ces initiatives, sont
prises par le biais d'associations, de familles ou individuellement. Les
émigrés ont investi dans l'amélioration et la
diversification du patrimoine immobilier, dans le secteur tertiaire, et dans
une moindre mesure dans l'agriculture au niveau local.
A- DOMAINE D'INVESTISSEMENT DES EMIGRES LOUGATOIS
Le principal souci de l'émigré lougatois est de
fournir une source de revenus à sa famille restée au pays. En
plaçant son voyage sous le signe de l'épargne,
l'émigré doit cependant satisfaire à des obligations
liées, entre autre, à l'entretien de sa famille. Certaines
études30 révèlent que plus de 80% des envois
des émigrés sont destinés à la consommation
(dépenses quotidienne, factures, cérémonies...).
Malgré cela l'émigré cherche également à
assurer une stabilité et un bien être des siens en
réalisant des investissements. Ces investissements, bien que difficiles
à cerner, sont principalement
30 Voire Tall S M, Ndiaye M
orientés vers l'immobilier et le secteur tertiaire des
services. La prolifération des activités commerciales dans le
département de Louga témoigne du dynamisme de ces
investissements. L'agriculture quant à elle, ne bénéficie
que très peu de ces ressources financière. A travers nos
enquêtes on sent nettement la volonté d'investir de certains
émigrés. Cependant, de nombreuses contraintes se dressent devant
eux pour l'accomplissement de leurs projets. En illustration, l'Association des
émigrés de Niomré détiendrait plus de 800 000 000
FCFA de capital31. Mais le faible niveau d'instruction et le manque
de confiance32 empêchent la valorisation de cet argent.
Tableau 18: Domaines d'investissements des
émigrés
SECTEUR
|
DOMAINE
|
POURCENTAGE
|
POURCENTAGE CUMULE
|
IMMOBILIER
|
Achat de terrain
|
38,13
|
66,52
|
Construction
|
28,39
|
TERTIAIRE
|
Import export
|
5,55
|
24,69
|
Boutique magasin
|
6,79
|
Cyber, télécentre
Salon de coiffure
|
3,70
|
Matériaux de
construction
|
8,65
|
AGRICULTURE
|
Maraîchage
|
3,70
|
5,55
|
Elevage
|
1,85
|
AUTRES
|
|
3,23
|
3,23
|
|
100%
|
100%
|
Source : enquêtes personnelles, 2007
Le tableau 18 montre qu'une bonne partie des investissements
des émigrés lougatois est dirigée vers l'immobilier. La
sécurité de l'investissement que procure le secteur de
l'immobilier est un atout considérable pour l'émigré. Le
secteur tertiaire commence également à se développer. A
ses débuts l'investissement était plutôt orienté
dans l'import export de pièces détachés et de
matériels électroménagers. Aujourd'hui ce sont
31 Chiffres communiqués par le président
de l'association Ousmane Kanté. Entretien du 06 avril 2007
32 Il est très difficile pour ces
émigrés, après avoir travailler dur sans aucune aide, de
confier leur argent à un inconnu.
plus les boutiques d'habillement, les
télécentres et les salons de coiffure qui attirent
l'investissement avec l'apparition des femmes comme gérantes. La vente
de matériaux de construction connait également un
développement fulgurant. L'agriculture est le parent pauvre de
l'investissement des revenus migratoires. Le secteur n'attire que 5% des
investissements dans une zone composée de plus de 70% de ruraux. D'une
manière plus détaillée, nous avons :
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