1.2. Champ d'étude
La démarche de notre travail va consister à
rendre d'abord le village dynamique, c'est-à-dire montrer que le village
est une dynamique du point de vue des hommes et des modes de vie (culture).
Puis voir le contact avec notre et la vision de l'administration coloniale
d'abord et contemporaine ensuite. Il nous importe également de voir le
brassage des populations, ainsi que les atouts des cultures internes et
externes. Notre étude s'inscrit donc dans la perspective d'une
spécialisation du domaine de « l'anthropologie culturelle ».
Si l'on considère les variations culturelles comme étant un
problème fondamental et inhérent à toute
société humaine, il est donc important de voir les
transformations imposées par la colonisation depuis la deuxième
moitié du XIXe siècle.
Toutefois, notons que notre étude s'inscrit dans le
domaine de l'anthropologie sociale et culturelle. En effet, l'anthropologie
sociale et culturelle est un pan de l'anthropologie générale,
laquelle se charge d'analyser les sociétés humaines. C'est dans
cette optique que Claude Lévi-Strauss affirme : «
l'anthropologie culturelle et l'anthropologie sociale couvrent exactement le
même programme, l'un partant des techniques et des objets pour aboutir
à l'activité sociale (...) rendant possible et conditionnant la
vie en société, l'autre partant de la vie sociale pour descendre
jusqu'aux choses sur quoi elle imprime sa marque et jusqu'aux activités
à travers lesquelles elles se manifestent » 1.
En effet, lorsque nous abordons le champ de changement
culturel, il y a, de facto, les écoles qui sont interpellées.
C'est le cas du structuro-fonctionnalisme de Alfred Reginald Radcliffe-Brown.
Pour lui, la culture est un élément de la structure sociale, un
aspect de la réalité sociale (A natural science of
society), car il ne peut y avoir de signification sans relation. De
même, Marcel Mauss pense que la culture est un phénomène de
société qu'il qualifie de « physiologique », en ce sens
qu'elle est la traduction de la façon dont cette société
s'exprime et, pour lui, le mot est une abstraction méthodologiquement
dangereuse, parce qu'on ne peut opposer « l'être social » et la
culture, l'homme n'étant pas concevable sans sa culture. Ainsi, le
structuro-fonctionalisme est l'étude des organisations des
1 Claude Lévi-Strauss, Introduction
à l'ethnologie, Paris, p.17.
structures sociales plus que les représentations, des
idéologies et de la culture. C'est donc en référence d'une
telle école de pensée que nous allons mener notre
étude.
1.3. Intérêt anthropologique
Il s'agit dans cette partie de montrer en quoi l'étude
que nous entamons intéresserait la science en général et
l'anthropologie en particulier. Si le Dictionnaire Universel définit
l'anthropologie comme étant l'étude des cultures des
différentes collectivités humaines (institutions, structures
familiales, croyances, technologie...), pour Lévi-Strauss, elle est
« la connaissance globale de l'homme, dans toute son extension
historique et géographique ; aspirant à une connaissance
applicable à l'ensemble du développement humain depuis les
hominidés jusqu'aux races modernes ; et tendant à des
conclusions, positives ou négatives, mais valables pour toutes les
sociétés humaines, depuis la grande ville moderne jusqu'à
la petite tribu mélanésienne. »2
Ainsi, notre étude dont le thème est La
dynamique villageoise : 150 ans de transformation de Issala dans la
Boumi-Louétsi, revêt un intérêt majeur en ce sens
qu'elle se propose de fournir des explications relatives aux variations
culturelles que connaissent nos sociétés traditionnelles. Il
s'agit ici de montrer comment se font les mutations socioculturelles des
peuples, comment sont perçus et gérés ces principaux
changements survenus pendant cette période d'une part. Cette
étude pourrait intéresser de nombreuses entités
administratives, des institutions et organisations non gouvernementales
préoccupées par la question des changements culturels.
D'autre part, l'autre intérêt que peut susciter
cette étude est son caractère globalisant. A travers cette
étude, nous serons obligatoirement amené à
présenter la population du village Issala, c'est-à-dire, les
véritables descendants de Paul du Chaillu et ceux qui ont
immigré. Enfin, étant donné que les cultures sont des
réalités mouvantes, notre étude pourrait contribuer
à fournir à l'anthropologie des connaissances nouvelles sur les
modifications, les logiques et les comportements des peuples de cultures
différentes au Gabon ; influencé par le type d'espace dans lequel
ils ont évolué.
Nous pensons objectivement que cette étude pourrait
offrir à l'anthropologie l'occasion d'explorer des nouvelles pistes de
réflexion qui pourraient mettre en lumière, à partir de la
discipline ethnologique, les formes de pensée, les modes de vie et les
pratiques culturelles de l'heure.
2 Claude Lévi-Strauss, Anthropologie
structurale : les structures élémentaires de la
parenté, Paris, p.388.
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