APPROCHE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
Chapitre 1. Cadre théorique
Section 1. Objet et champ de l'étude
1.1. Objet d'étude
L'anthropologie a pour ambition de comprendre l'unité
de l'homme à travers la diversité des moyens qu'il se donne pour
objectiver un monde dont il n'est pas dissociable. Dans cette optique, notre
étude a pour objet de montrer l'évolution socioculturelle des
peuples d'Afrique Noire, en général, et du Gabon en particulier,
notamment du village Issala, depuis près d'un siècle et demi. La
préoccupation première qui guide notre réflexion est de
présenter la civilisation occidentale comme étant la base des
changements socioculturels ; de la « modernisation » des peuples
d'une part, mais aussi comme cause d'acculturation et de l'exode rural des
sociétés traditionnelles d'autre part. Tout ceci se
matérialise par des pratiques et des comportements que les hommes
expriment au quotidien dans ce petit village. D'où la
nécessité de comparer la situation actuelle à celle
vécue par Paul du Chaillu. Mais nous ne voulons pas simplement comparer
; nous voulons comparer pour savoir et comprendre ce qui se passe. À ce
titre, il nous importe de nous frotter aux autres, car le problème de
l'anthropologie est justement de savoir quelle est la situation ancienne et
celle d'aujourd'hui.
Rappelons que Issala est un regroupement de villages jadis
traversés par Paul du Chaillu lors de son second voyage entre 1863 et
1865. C'est un village bilingue où cohabitent les Masango et les
Banzebi. Il est situé à 45 km de Lébamba et est
régi par l'administration départementale de la
Boumi-Louétsi dont le chef lieu est Mbigou.
En menant cette étude, nous attendons retrouver
certains sites et villages explorés par du Chaillu sur les
itinéraires qu'il a empruntés dans la région de la
Ngounié au cours de ses deux voyages (1855-1859 et 1863-1866). Nous
aimerions procéder à l'interview systématique des
habitants des différents villages visités dans cette
région, afin de retracer l'histoire des lieux et de leurs populations
dans le but de faire ressortir la dynamique sociale villageoise près de
150 ans après. Les témoignages de nos informateurs pourront avoir
pour but de faire le point actuel sur les habitudes sociales, les rites encore
en cours, les modes alimentaires, les connaissances de la faune et de la flore.
À notre avis, c'est autant de thèmes d'une importance capitale en
anthropologie, qu'il était important de comparer avec les descriptions
effectuées par Paul du Chaillu.
La reconnaissance des villages de du Chaillu a
été grandement facilitée par la reconstitution
cartographique de Annie Merlet, la revue systématique que ce même
auteur a réalisé en rapport avec tous les
évènements vécus par notre explorateur sur les
différents sites qu'il a visités ; et également par
l'Afrique sauvage mis en forme par Raymond Mayer.
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