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L'implication de la communauté internationale dans les processus de démocratisation en Afrique. Le cas du Cameroun

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par Jean Marcel ILUNGA KATAMBA
Université de Kinshasa - Graduat 2004
  

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B. L'intérêt national

Depuis la fin de la guerre froide, les pays occidentaux sont obnubilés par le souci d'influencer le cours de la dynamique politique africaine. Une observation scrupuleuse de cette obsession amène tout chercheur averti à se demander si telle démarche ne s'inscrit pas dans le registre du calcul égoïste dont la finalité serait la promotion et/ou la préservation de l'intérêt national des intervenants.

A en croire Marcel MERLE, la recherche des intérêts constitue l'un des principaux ressorts de l'activité des hommes pris individuellement, des classes sociales, des groupements professionnels ainsi que des Etats ou groupes d'Etats((*)22). Maurice DUVERGER est quant à lui d'avis que « l'idéalisme occidental n'est souvent qu'un moyen de dissimuler la défense des intérêts matériels très précis »((*)23). Hans MORGENTHAU va plus loin en affirmant que seul l'intérêt national, défini en terme de puissance, constitue le levain de la politique internationale((*)24).

Ces diverses affirmations sont confirmées par des déclarations de deux grandes personnalités occidentales. D'abord, le général Charles de GAULLE a par une formule restée légendaire, déclaré que «les Etats n'ont pas d'états d'âmes, ils n'ont que des intérêts ». Enfin, le président américain Bill CLINTON, se voulant plus éloquent et surtout plus direct que son prédécesseur français estime pour sa part que « la défense de la liberté et la promotion de la démocratie dans le monde entier ne sont pas seulement le reflet de nos valeurs les plus profondes, elles sont aussi d'une importance vitale pour nos intérêts nationaux»((*)25).

Par conséquent, on est en droit de conclure que l'implication de la communauté internationale dans le processus de démocratisation africain tend prioritairement à sauvegarder un intérêt national. Ce dernier peut-être défini comme un « ensemble des avantages matériels et/ou immatériels qui importent à un Etat dans le déploiement de son action au sein ou en dehors de ses frontières»((*)26).

Dans ce travail, il n'est question d'analyser que l'intérêt des acteurs étatiques dans le cadre d'une intervention unilatérale et non concertée. Sur ce, une constance demeure. Tout d'abord, il s'agit dans la plupart des cas envisagés de l'omniprésence de la puissance vainqueur de la guerre froide, les Etats-Unis, après la chute de l'hégémonie soviétique. Ensuite, selon que l'Etat envisagé est francophone ou anglophone, on retrouve respectivement la France ou la Grande-Bretagne. Enfin, il y a l'ancien colonisateur ou le principal partenaire économique de l'Etat en cause((*)27).

Sur base de cette constance, l'on peut noter qu'en RDC, la Belgique intervient en tant qu'ancienne puissance coloniale, la France en tant que puissance hégémonique en Afrique francophone et les Etats-Unis en tant que leader mondial. Au Cameroun, les Etats-Unis interviennent en tant que « leader mondial », et la France en tant que puissance hégémonique en Afrique francophone, ancienne métropole et le plus grand partenaire économique((*)28).

Signalons par ailleurs que la présence de ces deux Etats dans la politique camerounaise ne se fait pas sans certaines tensions perceptibles. En fait, tant bien que mal, la France cherche, par tous les moyens, à sauvegarder son « pré-carré » hérité de la conférence diplomatique de Berlin de 1885. Par un jeu obscur de clientélisme, par des calculs égoïstes dont seuls les diplomates du Quai d'Orsay maîtrisent l'inconnu, les données, la formule et la marche à suivre, la France cherche après ses déboires dans la région des Grands Lacs, de ne pas rejoindre le camp des grandes puissances de la conférence de Berlin reléguées depuis près de sept décennies dans un rôle de moindre importance, nous avons cité l'Allemagne et l'Italie.

De l'autre coté, en raison du leadership mondial qu'ils croient devoir assurer, les Etats-unis d'amerique dénient à la France la légitimité de parrain de ses ex-colonies. C'est dire que quatorze années après la chute du mur de Berlin, les deux anciennes puissances alliées de la guerre froide sont confrontées dans une sorte de paix froide((*)29). Derrière les sourires de façade, ces deux pays se livrent une féroce lutte d'influence autour du golfe de Guinée, de Dakar à Abidjan.

En conclusion, la politique étrangère des intervenants sur la scène politique africaine ne recouvre pas seulement l'idée de solidarité entre les peuples basée sur l'exportation du modèle libéral de la démocratie, mais recouvre aussi l'idée de recherche d'un intérêt national à caractère politique, économique, stratégique, militaire et autres. Toutefois, la motivation politique ne suffit pas pour justifier l'intervention, il faut en rechercher les fondements juridiques.

* (22) M.MERLE, cité par M.D. EBOLO, « L'implication des puissances occidentales dans le processus de démocratisation en Afrique : analyse des actions américaine et française au Cameroun(1989-1997) », in polis/RCSP, Volume 6 Numéro 2/1998, p.31.

* (23) ) M.DUVERGER, Introduction à la politique, coll. Idées, Paris, Gallimard, 1964, p.127.

* (24) HANS MORGENTHAU, cité par M.D.EBOLO, op.cit, p.31.

* (25) Cité par M.D.EBOLO, op.cit, p.23.

* (26) M.D.EBOLO, op.cit, p.31.

* (27) G.BASUE BABU-KAZADI, op.cit, p.249.

* (28) Il convient de souligner la particularité du passé colonial camerounais. Colonie allemande au XIXiième siècle, le Cameroun sera partagé entre les britanniques et les français avant la fin de la première guerre mondiale. Les deux puissances se verront octroyées par la SdN la mission de préparer les camerounais à l'autonomie. En application de cette option, l'indépendance de la partie francophone est proclamée le 1ier janvier 1960. Cependant, aucun moyen d'accéder à la souveraineté internationale n'était ouvert à la partie du Cameroun sous administration britannique. En effet, par la résolution 1350(XIII) du 13 mars 1959, l'Assemblée générale des N.U. recommandait que des plébiscites séparés soient organisés dans les parties septentrionale et méridionale du Cameroun sous administration britannique. La question est la même dans les deux parties du territoire : une indépendance par rattachement au Nigeria ou à la République du Cameroun. Les plébiscites séparés sont organisés les 11 et 12 février 1961. Dans la partie septentrionale, les partisans du rattachement au Nigeria l'emportent, alors que le résultat inverse est obtenu dans la partie méridionale. Le rattachement de cette dernière à la République du Cameroun sera concrétisé par une constitution fédérale adoptée le 1ier septembre 1960. La dénomination du pays devint alors République unie du Cameroun. Pourtant, cette réunification n `apportera pas de modification significative aux relations privilégiées que le Cameroun avait déjà nouées avec la France. La faible autonomie des provinces prévue par la constitution a fini par disparaître totalement sous l'action centralisatrice du président Ahmadou AHIDJO, par ailleurs très lié aux intérêts français et à la firme ELF. Ce denier a notamment imposé le franc CFA comme monnaie nationale au détriment de la livre sterling. En février 1984, Paul BIYA, successeur d'Ahmadou AHIDJO à la présidence, supprima l'adjectif unie accolé au nom du pays qui devint, dès lors, la République du Cameroun. Pour les responsables des mouvements anglophones, cette modification constitua l'acte final du processus d'annihilation historique de leur identité particulière.

* (29) Froide pour l'occident, chaude pour l'Afrique au Darfour et à l'Est de la RDC.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius