PREMIERE PARTIE
RAPPELS PHYSIOLOGIQUES
Les tissus adipeux sous-cutanés représentent 50
% de la masse grasse totale [35, 40, 43, 44]. Sa
détermination peut se faire par la mesure des plis cutanés,
c'est-à-dire, on mesure l'épaisseur du pli cutané par une
pince à pli cutané (adipomètre), au niveau des faces
postérieure et antérieure du bras ; au niveau de l'ombilic,
de l'omoplate, de la hanche, de la face antérieure de la cuisse.
Ainsi, la mesure du pli cutané sert à mesurer le
tissu adipeux ou masse grasse (plus communément appelée graisse).
Cette graisse est la substance située entre la peau et les muscles. Elle
sert d'isolant, de protection et de réserve énergétique
[35].
Le principe de la méthode (c'est-à-dire la
mesure du pli cutané) est que l'épaisseur de la graisse
sous-cutanée reflète la masse grasse totale de l'organisme
[4, 5, 20].
Cette masse grasse peut être mesurée directement
ou indirectement par déduction à partir de la mesure de la masse
maigre [26]. Le poids est un élément important
de la performance sportive, mais pour parler de perte ou de gain de poids, il
faut différencier la masse maigre de la masse grasse.
En fonction du sport pratiqué, la masse grasse
(déterminée par la mesure des plis cutanés) a plus ou
moins d'importance, bien que d'une manière générale, dans
la plupart des sports, le sportif ait intérêt à avoir la
masse grasse la plus basse possible.
On distingue [35] :
? les sports à catégorie de poids comme le boxe
ou le judo où il faut ajuster son poids à sa catégorie.
Cet ajustement ne peut toutefois se faire que longtemps à l'avance, les
pertes de poids juste avant une compétition jouant surtout sur la
déshydratation ;
? les sports où l'esthétique corporelle a une
grande importance comme la gymnastique, l'athlétisme ou le patin
à glace ;
? les sports nécessitant de bonnes facultés en
aérobie comme le cyclisme, la course à pied. Dans ces cas, la
réduction de la masse grasse améliore les performances.
En médecine du sport, on agit surtout sur la masse
grasse pour la surveillance de l'évolution de la composition du poids
corporel. Les chiffres moyens de masse grasse en pourcentage sont
pour :
? sujet adulte moyen : 15 à 20 % chez
l'homme ;
? sujet adulte moyen : 20 à 25 % chez la femme
Pour un sujet sportif :
? 5 à 13 % chez l'homme ;
? 12 à 20 % chez la femme [27, 44].
De plus, la recherche clinique sur la mesure de la masse
grasse (par la technique des plis cutanés) et sa distribution doit
être aussi développée afin de définir
l'obésité sur des éléments plus
précis ; notamment chez l'enfant.
Ainsi, l'obésité correspond à une
augmentation excessive de la masse grasse de l'organisme dans une proportion
telle, qu'elle peut avoir une influence sur l'état de santé
[15].
I - ETUDE DE LA COMPOSITION CORPORELLE
La composition corporelle correspond à l'analyse du
corps humain (ou animal) en compartiments. Ceux-ci ont un intérêt
particulier en fonction de la discipline médicale
considérée [4, 5, 46].
Par exemple, en médecine du sport, mesurer le poids ne
suffit pas à comprendre comment améliorer la performance d'un
segment de membre au cours d'un exercice spécifique. Déterminer
la masse musculaire de ce segment est plus rationnel. De la même
manière, au cours d'une stratégie de réduction
pondérale chez un obèse, il peut être intéressant de
vouloir cibler une perte de masse grasse et d'épargner la masse
musculaire ou de certains organes. Dans ce cas, la mesure du poids ne suffit
pas [4, 5, 6, 20].
De plus, le corps est constitué
d'éléments de densité et de nature très
différentes (graisses, os, protéines, eau, etc...). La proportion
de chaque élément est remarquablement constante (pour un homme
normal) [4, 41].
I.1. - DÉFINITION DES COMPARTIMENTS
L'étude de la composition corporelle fait appel
à des modèles et des systèmes de représentation du
corps humain [4, 13, 41].
I.1.1. - Le modèle
anatomique
Le modèle anatomique est plus ancien et sépare
le corps en différents tissus (tissu musculaire, tissu adipeux,
organes...). Le modèle anatomique est un modèle descriptif qui
permet de comprendre l'organisation spatiale des différents constituants
et leur niveau d'interconnexion. Les progrès de l'imagerie
médicale, avec la tomodensitométrie et la résonance
magnétique nucléaire, ont renouvelé l'intérêt
de ce modèle.
La référence à la notion de tissu permet
certaines approches quantitatives. Ainsi pour un sujet (idéal de
référence) : le muscle squelettique représente 40% du
poids corporel ; le tissu adipeux 20% ; la peau 7% ; le foie et
le cerveau 2,5%, le coeur et les reins 0,5% [41].
Il y a une conception anatomique séparant les tissus
dits maigres ou masse maigre (MM) du tissu adipeux parfois aussi appelé
abusivement masse grasse (MG).
La masse maigre (MM) est composée principalement des
muscles, des visières et des os.
La masse grasse (MG) des tissus où se trouvent les
cellules de réserve des lipides : les adipocytes.
Classiquement, on dit que la masse maigre (MM) dépense
de l'énergie mais pas la masse grasse (MG). Cette vision est trop
grossière dans la masse maigre (MM), certains tissus ne dépensent
pas ou très peu d'énergie (tissu osseux) et dans la masse grasse
(MG), les adipocytes sont des cellules, et à ce titre, elle
dépense de l'énergie. Ainsi il est préférable de
limiter le terme masse grasse à la partie graisseuse du tissu adipeux
[4, 13].
I.1.2. - Le modèle biochimique [1, 2,
41]
Le modèle biochimique sépare les composantes de
l'organisme en fonction de leurs propriétés chimiques : eau,
lipides, (extraits par les solvants organiques), protéines, glucides et
minéraux.
Ainsi l'azote corporel correspond presque uniquement aux
protéines, le calcium et le phosphore à l'os, le carbone aux
lipides, les glucides étant comparativement très peu abondants
[41].
Le potassium est presque uniquement intracellulaire et le
sodium extra-cellulaire [41].
Les données biochimiques directes sur la composition
corporelle de l'organisme sont cependant très limitées. Elles
reposent sur deux études effectuées sur quelques dizaines de
cadavres. C'est de ces travaux qu'ont été observées la
densité moyenne de la masse grasse et de la masse maigre, l'hydratation
moyenne du corps humain, paramètres qui ont servi de
références à différentes méthodes
d'étude de la composition corporelle. Le tissu maigre a une
densité de 1,10g/cm3 à 36°C alors que le tissu
gras à une densité de 0,90/cm3
[44].
I.1.3. - Les modèles
physiologiques
Ces modèles permettent d'introduire la notion de
compartiment ou de masse. Un compartiment regroupe des
composants corporels fonctionnellement liés entre eux,
indépendamment de leur localisation anatomique ou de leur nature
chimique. En nutrition, les modèles physiologiques les plus
utilisées sont : [3, 4, 20, 41].
I.1.3.1. Les modèles à deux
compartiments [3, 4, 41]
C'est le modèle le plus simple et le plus
utilisé [1]. Il oppose la masse grasse et le reste, la
masse non grasse abusivement nommée masse maigre.
La masse grasse correspond
aux triglycérides stockés dans les adipocytes, quelle que soit
leur localisation anatomique ; ce compartiment est virtuellement
dépourvu d'eau.
La masse maigre correspond
à la somme de l'eau des os, des organes, en excluant la partie grasse.
La masse maigre est essentiellement constituée d'eau. Le rapport entre
l'eau et la masse maigre définit l'hydratation de la masse maigre.
I.1.3.2. - Le modèle à trois
compartiments
Ici la masse maigre est séparée en :
? masse cellulaire active (MCA) qui
correspond à l'ensemble des cellules des différents organes et
muscles. L'intensité du métabolisme de cette masse
détermine les besoins énergétiques de l'organisme. Cette
masse constitue l'essentiel des protéines de l'organisme [4, 5,
13, 41] ;
? l'eau extracellulaire qui correspond
à l'ensemble des lipides interstitiels et au plasma. Elle constitue la
masse liquidienne facilement inchangeable pour le fonctionnement normal de
l'organisme. Elles s'ajoutent à l'eau intracellulaire pour constituer
l'eau corporelle totale : VIC = VT - VEC [41].
? VIC : volume d'eau intracellulaire
? VT : volume d'eau totale
? VEC : volume d'eau extracellulaire
? Le troisième compartiment est la masse
grasse.
I.1.3.3. - Le modèle à quatre
compartiments [41]
Un compartiment supplémentaire est introduit dans la
masse maigre, par rapport au modèle à trois
compartiments :
? la masse minérale osseuse qui
correspond aux cristaux de phosphates tricalciques du squelette. Cette masse
constitue l'essentiel de la masse minéral de l'organisme sous forme de
calcium [41].
Schéma des compartiments corporels
d'après BROZEK [10, 11]
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