Impact du micro crédit sur l'activité economique: cas pratique AL Amana( Télécharger le fichier original )par Rabie Daraiche Université polydiscipiniaire de Tetouan - licence en science economique et gestion 2007 |
Chapitre 1 : L'apparition du système du Micro-Crédit sur la scène internationaleLa logique financière tient les personnes démunies à l'écart du circuit bancaire parce qu'elles sont fragiles. Les besoins de ces populations ne sont pas couverts par le circuit classique. Cette exclusion financière constitue un obstacle important pour les personnes désireuses de créer leurs activités indépendantes et donc de trouver de leurs citoyennetés économiques. Le nouveau concept du Micro-crédit s'adresse donc aux personnes n'ayant pas accès au système financier classique. La compréhension du développement du concept du Micro-crédit réside dans son histoire. Section1 : L'historique de Micro-créditI- La genèse du Micro-crédit
On a l'impression que tout a commencé en Février 1997 quand s'est tenu à Washington le premier Sommet mondial du Mico-crédit, sous le patronage de l'ex-président Bill Clinton. En réalité, même si en ne parle du Micro-crédit que depuis ces vingt dernières années, il s'inscrit, en revanche, dans une histoire un peu plus longue. L'histoire de Micro-crédit remonte aux années 18401(*). Mais il fut redécouvert dans les années 1970, cent ans après la naissance de la première coopérative d'épargne-crédit initiée par Raiffeisen. Il est donc difficile d'en accorder la paternité au professeur Yunus. F.W. Raiffeisen lança en 18482(*), Rhénanie, la première coopérative de crédit pour lutter contre l'usure qui surchargeait les paysans. Contrairement aux Monts-de- Piété3(*) remontant au Moyen-âge en 1462, les coopératives d'épargne et de crédit ne sont pas des entreprises de prêt sur gage mais de véritables intermédiaires financiers. La première raison de cette coopérative était la prise en compte des pratiques usuraires. Ici comme ailleurs, les paysans empruntent, en argent ou en nature, surtout dans les mois qui précèdent la récolte, à un commerçant, à un préteur professionnel, à des taux exorbitants pouvant atteindre 50 à 100% pour une durée qui n'importe pas mais qui est toujours courte. La coopérative avait pour premier but d'offrir des cautions mutuelles aux banques afin que ses membres puissent évoluer vers la collecte de l'épargne pour pouvoir prêter directement à leurs membres. Elles furent à l'origine de toutes les banques mutualistes d'Europe. II- Le modèle Grameen-BankLa conception du Micro-crédit fut redécouverte avec la création de la Grameen-Bank, une banque rurale bénéficiant d'un statut spécial, au Bangladesh 19764(*). Après une terrible famine, un professeur d'économie à Chittagong au Bangladesh, sa ville d'origine. Lors d'une séance de travaux pratiques d'un cours d'investissement, il a proposé à ses étudiants d'interroger les fabricants de tabourets en bambou des plus proches villages. Un échantillon de 42 femmes parmi les plus pauvres ont besoin de 27 Dollars au total pour développer leur activité de l'artisanat or toutes les banques refusent de financer ce type faible montant à des clients a priori insolvables. Yunus a déclaré en honte de cette situation et prête la somme de sa poche. En permettant aux producteurs d'acheter d'avance le bambou sans subir les variations importantes de prix, elles réussissent à créer des emplois et à rembourser intégralement Yunus. Cette visite sur le terrain lui suggère de mettre au point un système de crédit non usurier pour sortir ses compatriotes de la misère. Malgré ses réussites, il ne parvient pas à convaincre des banques traditionnelles de s'y investir. C'est ainsi qu'il lance, lui-même en octobre 1983, la Grameen-bank (Grames signifie rural Bengali) appelée familièrement « banques des pauvres ». Le gouvernement Bengali y contrôle 10% du capital, le reste appartient aux emprunteurs. Au début, Grameen-Bank prêtait aussi bien hommes qu'aux femmes étaient minoritaires en raison de la peur d'emprunter. En six ans, les gestionnaires arrivent à équilibrer le nombre des clients et de clientes. Avec l'expérience, ils trouvèrent plus intéressant de prêter aux femmes qu'aux hommes, car celles-ci avaient une vue à long terme et quand leurs revenus augmentaient, c'étaient les enfants qui en profitaient les premiers. C'est ainsi que la priorité a été donnée aux femmes et qu'en 1996, 94%les clients Grameen-Bank étaient des femmes. En 1994, Grameen-Bank comptait 854 agences et plus de 100.000 membres. En 1995, 12.000 personnes y étaient employées. En outre, M.Yunus, a constaté que l'aide internationale à son pays revient dans les pays donateurs sous forme de contrat, qu'un quart est employé à payer des cadres issus des pays bailleurs de fonds et que le reste profite aux cadres locaux, et on conclut que rien ou presque ne parvient à ceux qui en ont le plus besoin. Donc l'aide internationale n'a pas beaucoup d'incidences sur les pauvres qui en ont le plus besoin. Qu'ils soient issus d'Asie, d'Afrique ou d'Amérique, les pauvres restent exclus des circuits bancaires. Grâce au Micro-crédit, ils peuvent enfin avoir accès à des prêts et participer à la vie économique du pays. C'est alors que lui vient l'idée de donner aux pauvres une chance de devenir « capitaliste ».il a mit au point avec son argent personnel, un système de crédit totalement nouveau avec les paysans qui vivent autour de son université, le crédit solidaire. Les prêts (l'équivalent de 50 dollars) sont attribués à des individus appartenant à des groupes de cinq personnes « comme les cinq doigts de la main » avec la caution solidaire de tous les membres. Si l'une des femmes ne remboursait pas à l'échéance, le groupe devait le faire à sa place. Si non, il était privé de tout autre crédit postérieur.
Lorsque le premier crédit sera remboursé, une autre femme pourra emprunter à son tour, et ainsi de suite. Quand toutes auront emprunté et remboursé, elles pourront emprunter un peu plus. Cette formule est basée sur un groupe dont les membres se connaissent bien. La méthode de Grameen-Bank s'adaptait parfaitement à la situation des zones rurales du Bangladesh. Il montre donc que les pauvres et notamment les femmes de paysans sans terre sont « un bon risque bancaire », c'est-à-dire que les pauvres, n'ayant pas d'autres alternatives, font pour rembourser correctement leur crédit, si on sait s'adapter à leurs conditions petits crédits avec des montants progressant régulièrement si le remboursement s'effectue intégralement, etc.) . Il est à notre que ce modèle de crédit de groupe solidaire a été importé dans les autres pays. Dans ce cadre, on peut poser une question. Pourquoi le Micro-crédit peut surmonter avec succès les obstacles liés à la discision d'octroi de crédit? Selon madame Nowak, cette caution pratiquée par l'association pour le droit à l'initiative économique (ADIE) a un double rôle incontestable5(*). D'une part, elle permet de vérifier que les emprunteurs sont honorablement connus dans leur milieu et que des amis ou voisins sont prêts, le cas échéant, à les aider dans la réalisation de leur projet. D'autre part, elle sert de moyen de pression en cas de non remboursement de crédit. En effet, en cas de défaillance, les procédures de recouvrement sont très rares puisque du fait des faibles montants des prêts, chercher à se faire rembourser peut occasionner des coûts équivalents à la somme due6(*). On a vu quelques avantages du groupe solidaire, malgré ces avantages considérables, la pratique du groupe n'est pas l'abri de toutes les critiques. L'idée du groupe solidaire est idéale. Mais la pratique montre que la chose n'est pas aussi simple7(*). Dés lors que le groupe est constitué de manière artificielle, la pression sociale ne peut plus jouer son rôle. L'étude du Micro-crédit parait plus important puisqu'il permet de mieux comprendre la réponse à la question précédemment posée. En effet, l'opération de Micro-crédit gère le risque de crédit non par la pratique de sûreté réelle mais par la création de groupe solidaire. Il s'agit d'une technique de « crédit de groupe solidaire ». Le critère de proximité est pris en compte pour l'évaluation de crédit. Le critère de proximité est pris en compte pour l'évaluation de crédit. Enfin, le succès du Micro-crédit est lié à la technique qui donne des motivations à l'emprunteur de rembourser les crédits, ce qui montre que la probabilité de remboursement de crédit par les clients des opérateurs du Micro-crédit est beaucoup plus grande que celle des clients de banques classiques. C'est une technique dite de « crédit progressif ». * 1 JAQUES ATTALI, « la micro-finance, aujourd'hui », le rapport moral sur l'argent dans le monde, éd 2006, (p.153) * 2 LAURENT LHERIAU, précis de réglementation de la micro-finance, tome I : le droit financier et la micro-finance, 2005, (p. 19) * 3 Pour une histoire des Monts-de-piété et du crédit Municipal, voir le site Internet du crédit Municipal de paris: www.créditmunicipal.fr * 4 Le site officiel de la Grameen-Bank (en anglais): www.Grameen-info.org * 5 MARIA NOWAK, on ne prête (que) aux riches, 2005, (p 147) * 6 DAVID VALLAT, « la finance solidaire : un champ d'application varié », le rapport moral sur l'argent dans le monde éd, 1998, (p. 510) * 7 GUERIN, « micro- finance dans les pays du Sud : quelle comptabilité entre solidarité et pérennité ? », Rev, Eco. Fin 2001, (p.148) |
|