2.2.4. Limites :
Le RSA se décline comme un projet innovateur, auquel
incombe la restructuration totale du système des prestations
inhérentes à l'insertion professionnelle dans le but de vaincre
les séquelles de deux décennies de politiques sociales qui ont
« paralysé » l'économie française. Il
est donc clair que cette restructuration a un coût, lequel était
estimé, au départ, par les auteurs du RSA à 3
jusqu'à 4 milliards d'euros.
Toutefois, le président de la république n'a
promis que 1 à 1.5 milliards d'euros pour le RSA. Le reste sera
financé par le redéploiement partiel de la prime pour l'emploi
[PPE] qui ne coûte pas moins de 4.2 milliards d'euros. De surcroît,
les travailleurs bénéficiant du RSA devraient toucher 1.1
à 1.2 fois le SMIC contre 1.4 Fois le SMIC pour les travailleurs
bénéficiant du PPE. Ce plafond du PPE sera révisé
à la baisse afin de pouvoir financer le RSA. Cette réduction
n'est pas sans conséquence quand on sait qu'un foyer sur quatre, soit
8.1 millions de foyers fiscaux, bénéficie de la prime pour
l'emploi. Ainsi, peut-on s'accorder le bénéfice du doute quant
aux bien-fondés du RSA. Serait-il un simple calcul politique dont
l'objet est d'alléger les dépenses budgétaires de l'Etat
français ?
Par ailleurs, la conception de l'insertion professionnelle
française s'appuie sur l'uniformité devant l'emploi, ce qui est
totalement aberrant. En effet, pour certains l'éloignement de la
sphère professionnelle n'est que temporaire en raison des aléas
de la vie. Cependant d'autres y sont exclus d'une manière plus
structurelle pour plusieurs raisons telles que l'handicap, des situations
familiales ou sociales totalement intenables. Il est vrai que la
première catégorie n'a besoin que d'une simple politique active
et ciblée de l'emploi. Seulement, la seconde a besoin de la protection
et de la reconnaissance de la société. Malheureusement, il
paraît que le RSA tourne le dos à la deuxième
catégorie. Cela va sans dire que tout un pan de la cohésion
sociale est bafoué.
2.3. Espoir banlieues, Une dynamique pour la France :
L
es banlieues en France sont la parfaite illustration de la
menace qui guette la cohésion sociale. Elles sont
considérées comme des zones urbaines qui concentrent la
marginalisation et l'exclusion sociales. En effet, la violence, le
chômage, les
difficultés scolaires, l'économie souterraine sont
les traits saillants des banlieues, ces dernières semblent être de
plus en plus détachées du reste de la société
française.
Avant de traiter le projet de réforme « Espoir
Banlieues, une dynamique pour la France ». Il est nécessaire de
retracer l'histoire des banlieues afin de déceler la complexité
économique et sociale de celles-ci.
Étymologiquement, la banlieue désignait le
territoire situé dans un rayon d'une lieue (ancienne mesure de distance
qui correspond environ à 4 Km) autour de la ville et qui était
soumis au « ban », c'est-à-dire à la juridiction de
ladite ville. Le ban peut avoir trait aussi à une condamnation à
l'exil, au bannissement du lieu que sont les centres-villes. A l'état
actuel, la banlieue peut être définie comme étant une zone
périphérique urbanisée entourant une grande ville. En
France, ce terme est apparue pour la première fois à Paris, puis
s'est généralisé à toutes les grandes
agglomérations.
Le terme « banlieusard » désignant un
habitant de la banlieue a aussi une connotation assez péjorative :
« Depuis longtemps, la qualité de banlieusard est plus
attribuée que revendiquée, et elle comporte une connotation de
distance sociale autant que spatiale. Le train de banlieue n'évoque pas
le summum de la vitesse et du confort ; le pavillon de banlieue ne constitue
pas l'archétype d'un habitat de qualité » (Jean-Claude
BOYER, 2000)
Le développement des banlieues est étroitement
lié à celui des centres-villes et aux moyens de communication qui
permettent de les relier. Il donne lieu à des mouvements de va- et-vient
pendulaires quotidiens de populations résidant en
périphérie et venant travailler dans le centre de
l'agglomération. Ces mouvements sont assurés en grande partie par
des trains de banlieue. Les banlieues sont donc cantonnées au rôle
de dortoir.
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