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La cohésion sociale en France et au Maroc

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par Othman GAGA
Université Mohammed V Souissi - Licence en gestion, option: finance des entreprises 2008
  

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2. Chapitre II : La Cohésion sociale en France

P

armi les sociétés ayant entrepris la voie de l'industrialisation, la France fait pâle figure. Ce n'est, en effet, que soixante-quinze ans après l'Angleterre, qu'elle a connu son véritable démarrage industriel. Cet état de fait renseigne sur un retard qui portera

préjudice à l'économie française. La fin des trente glorieuses, vers la moitié des années soixante-dix, sonne la fin de la croissance soutenue. Une nouvelle donne commence alors, l'hégémonie des pays occidentaux commence à s'effriter tandis que de nouveaux pays commencent à s'imposer sur la scène économique internationale comme le Japon, La Corée du Sud et la Chine... Dans cette conjoncture, La France est touchée de plein fouet, elle perd de sa compétitivité surtout dans le domaine du textile et de l'électronique.

Cette crise économique est lourde de conséquences. Son impact sur le niveau social est alarmant. En effet, le chômage est devenu structurel et de longue durée. La flambée des prix a eu pour effet la baisse du pouvoir d'achat. La vague d'immigration, qui a débuté dès les années soixante, a donné naissance à une nouvelle génération exclue souffrante d'une crise d'identité et d'énormes inégalités sociales. L'absence de la croissance économique a limité l'action de l'Etat en matière d'aides sociales. On comprend donc mieux pourquoi les français sont peu optimistes à l'égard de leur futur : 34% des français seulement sont optimistes sur le sort que connaîtront leurs enfants4. A l'état actuel, La crise économique a donc engendré une crise sociale profonde dont les inégalités sociales, discriminations raciales, logement insalubre et le chômage des jeunes sont les principaux éléments. L'ascenseur social semble céder la place au « descendeur » social. Il convient de signaler que La cohésion sociale en France court un grand danger. Que fait alors l'Etat pour sortir de cet abîme ?

Curieusement, l'Etat français ne lésine guère sur les moyens, plus de 30 %5 de sa richesse est orienté vers la protection sociale. C'est décidemment l'usage de cette somme considérable qui laisse à désirer. C'est attribuable essentiellement d'une part à des plans et des stratégies qui ne s'inscrivent pas dans la continuité, les politiques sociales changent avec chaque gouvernement, et d'autre part à un protectionnisme mal placé et à l'atonie de l'Etat en matière de politique sociale. En effet : « Quatre erreurs majeures ont été commises :

4 Source : INSEE.

5 Source : Plan de Cohésion Sociale.


· avoir oublié que l'emploi était le fruit de la rencontre d'une offre et d'une demande et que l'une et l'autre devaient s'organiser et se prévoir ; la France n'a que très peu investi dans ce domaine, alors que cet investissement est l'un des plus rentables de tous ;

· avoir considéré l'emploi comme un stock donné à partager, plutôt que comme le fruit sans cesse recomposé de l'activité et de l'inventivité humaines ;

· avoir organisé le contingentement de la population active et la protection systématique de l'emploi existant plutôt que son augmentation et sa rotation ;

· avoir fait du traitement social du chômage la réponse ultime au manque de travail, alors qu'il ne peut s'agir que d'un moyen de retour progressif vers l'emploi des personnes qui en sont le plus éloignées. » (Plan de la Cohésion Sociale, 2004)

Depuis 2005, plusieurs plans sont élaborés pour remédier à ces problèmes : le plan de la cohésion sociale, espoir banlieues, grenelle de l'insertion. Nous allons voir un à un le contenu de ces plans.

Il est important de signaler que les inégalités sociales, en France, sont concentrées dans des régions spécifiques : les banlieues.

2.1. Le Plan de Cohésion Sociale6 :

L

e PCS est entré en vigueur le 18 janvier 2005 sous l'égide de Jean-Louis Borloo7, alors ministre de l'Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale. Le mot d'ordre étant de préparer l'avenir et créer des conditions propices à une croissance soutenue,

la priorité est donc accordée aux jeunes. D'une durée quinquennale, le plan se répartit en vingt programmes qui s'articulent autours de trois axes, à savoir :

o L'emploi

o Le logement

o L'égalité des chances.

2.1.1. L'emploi :

Le marché de l'emploi subit de graves dysfonctionnements engendrant à la fois un chômage de longue durée et des secteurs « pénuriques » comme la restauration, en effet les employeurs de ce secteur faute de ne pas trouver de main d'oeuvre font appel à celle des immigrés clandestins. S'inspirant du modèle de la « Flex-sécurité » danoise, Le PCS veut réconcilier la fluidité du marché du travail avec la sécurité économique des citoyens. Pour ce faire, une logique de réinsertion est substituée à celle de l'assistanat. Onze programmes y sont consacrés, qui se déclinent comme suit :

+ Afin de lutter contre l'éclatement des dispositifs français d'intervention en faveur des chômeurs, et d'optimiser le service rendu au demandeurs d'emplois ainsi qu'aux entreprises. 300 maisons de l'emploi seront créées, tout au long de cinq ans, réunissant en son sein les différents agents de la politique de l'emploi fédérés au sein d'une structure juridique : Le GIP ( groupement d'intérêt public). Ainsi, un dossier unique du demandeur d'emploi sera mis en place en vue de faciliter les démarches et l'accompagnement des demandeurs d'emploi. En contrepartie, ces derniers devront faire preuve de leur bonne foi en cherchant constamment du travail tout en participant activement au programme de formation. Si tel n'est pas le cas, des sanctions « justes et graduées » devront être prononcées pour crédibiliser le dispositif.

6 Toutes les données présentées sont relatives à l'année 2004, date de l'élaboration du PCS.

7 Actuellement ministre de l'Etat, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du territoire.

+ S'agissant du taux d'emploi des jeunes, le constat est sans appel. En effet, il est de 26% en France contre 55% en moyenne en Europe. L'ANPE recense 430 000 de jeunes demandeurs d'emploi. 150 000 sortent annuellement du système éducatif sans diplôme dont environ 60 000 sans aucune qualification. Le PCS se propose d'accompagner 800 000 jeunes dans le cadre du « Contrat d'avenir ». Ledit contrat est un accompagnement personnalisé pour une période d'un an pouvant être renouvelée jusqu'à l'accès définitif à l'emploi durable. Chaque jeune a un référent qui l'aide à définir son projet professionnel et le suit sur tous les plans : logement, transport et santé. De plus, Les « plates-formes de vocation » permettent l'orientation des jeunes vers les « métiers du plein-emploi » en passant des tests par simulation ou analogie8. Les 800 000 jeunes auront trois voies d'accès à l'emploi :

La répartition des 800 000 jeunes

100 000

350 000

350 000

"500 000 apprentis, étudiants de métiers"

Emploi marchand

Fonction publique par alternance

+ En France, 1 000 000 d'entrepreneurs ont des PME, des petits commerces ou travaillent dans l'artisanat. Cependant vue la situation démographique, leur nombre chutera de moitié au cours de la décennie qui vient. La question se pose alors sur la transmission de ces centaines de milliers d'entreprises. « L'alternance sera, dans les années à venir, la meilleure voie pour devenir patron dans notre pays [la France] »( Plan de la Cohésion Sociale PCS, 2004). Le PCS compte, pour combler ce vide, sur la formation en alternance. Le programme est appelé « 500 000 apprentis, « étudiants des métiers » ». L'objet est de rendre cette formation pourvoyeuse d'emploi. Plusieurs

8 Mis au point par l'ANPE

moyens sont mis en place notamment l'aide au logement et la création des campus des métiers pouvant délivrer aussi bien des CAP (certificat d'aptitude professionnelle) que des diplômes d'ingénieur.

+ Pour (r)établir l'égalité des chances dans la fonction publique, le PCS mise sur la PACTE ( parcours d'accès à la fonction publique territoriale, hospitalière et d'Etat). Cette dernière est une formation alternée en service public au service des jeunes issus des quartiers sensibles. Aucun nouvel emploi ne sera créé, le PCS usera uniquement des 120 000 fonctions libérées annuellement par les départs à la retraite. Il convient aussi de signaler que ces postes ne concernent que les jeunes sans qualification ni diplômes.

+ A la base le Revenu Minimum d'Insertion (RMI) et l'Allocation de Solidarité spécifique (AS S) étaient des allocations ayant pour but la reconduite des chômeurs vers le marché du travail. Cependant, avec le temps ils semblent s'éloigner de leur mission. Pour combler ces lacunes, le PCS a mis en place un nouveau contrat : « le contrat d'activité » présenté comme étant un accompagnement personnalisé systématique et sur un contrat de travail aidé. C'est un double contrat, en effet, le bénéficiaire, qui doit être allocataire du RMI et de l'ASS, passe un contrat avec le référant, représentant de la collectivité publique en charge du dispositif, et un avec l'employeur. La durée du contrat est de deux ans pouvant être prolongée d'une année. Vers la fin du contrat le bénéficiaire a droit à une qualification, à une VAE (validation des acquis de l'expérience) ou bien à une attestation de compétences.

+ L'économie solidaire lutte contre l'exclusion par l'insertion via l'activité économique. En effet, 73 % des bénéficiaires sont en emploi et 3% en formation. Mais elle est caractérisée par une fragilité financière. Le PCS s'est assigné la mission d'épauler ce secteur afin de mener à bien sa mission. Le montant d'aide est révisé à la hausse de 66 millions d'euros en 2005, et 100 millions d'euros en 2007.

+ Pour les chômeurs de longue durée de plus de 26 ans, le PCS prévoit : la fusion des différents crédit afférents aux contrats aidés dans une seule enveloppe. Ces contrats sont accompagnés d'une formation qualifiante.

+ La législation qui a trait au marché du travail est complexe et rigide pouvant entraver la création d'emploi. Le PCS prévoit à cet égard une modernisation du dispositif législatif par le biais d'une négociation interprofessionnelle dont les thèmes principaux sont :

o La gestion sociale des restructurations

o L'emploi des seniors

o La santé et la sécurité au travail

o La sécurisation des règles régissant les relations individuelles et collectives de travail.

o L'évolution de la législation sur la durée du travail

o La modernisation du financement du paritarisme.

+ Dans sa quête de 250 000 emplois, le PCS mise sur les services aux particuliers, un secteur en plein essor qui a l'avantage d'être à l'abri de la concurrence internationale. Ainsi, une réduction des barrières à l'entrée sur le marché des services aux particuliers est prévue dans le but d'inciter la création d'emploi.

+ 46% des entreprises sont créées par des chômeurs (35%), d'allocataires de l'ASS (4%) ou du RMI (7%). Le taux de survie de ces entreprises est supérieur à la moyenne nationale en France. Afin d'encourager ces jeunes et inciter d'autres à entreprendre, le PCS s'est mis comme objectif d'atteindre 100 000 créations d'emplois par des chômeurs entrepreneurs sur cinq ans par trois séries de mesures :

o Renforcer l'accompagnement des demandeurs d'emploi créateurs d'entreprises.

o Faciliter l'accès au crédit.

o Prolonger, dans certaines conditions, le bénéfice des aides du dispositif ACCRE (aide aux chômeurs créateurs et repreneurs d'entreprises)

+ « le travail des femmes est une triple nécessité : pour les femmes, pour l'économie et pour la société ». cependant il convient de souligner que les femmes ont plus de difficulté d'accès à l'emploi et sont souvent victimes de multiples discriminations. Le PCS a l'ambition de porter à 60 % le taux d'activité des femmes entre 15 et 64 ans, conformément à l'objectif affiché lors du sommet de Lisbonne en 2000. cinq mesures sont alors mises en oeuvre :

o Mesures en faveur des PME : créer une aide au remplacement lors d'un congé maternité, aider les PME à prendre les dispositions nécessaires à l'égalité professionnelle.

o Supprimer les incidences de la maternité sur l'évolution de la carrière des femmes et réduire les inégalités de rémunération.

o Lever les obstacles à l'accès à la formation et l'apprentissage.

o Valoriser l'activité des femmes.

o Dynamiser le retour à l'emploi et la création d'activité par les femmes.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein