1.2. Axe économique :
Comme on l'a vu précédemment, les individus,
dans les sociétés modernes, ne sont plus semblables. Ils sont
certes tous différents, mais il est possible de les grouper, selon la
convergence de leurs intérêts, dans des classes sociales.
Celles-ci sont conditionnées par la division du travail,
c'est-à-dire, le rapport aux moyens de production.
Si les classes sociales n'existaient autrefois qu'à
l'Etat embryonnaire, ce n'est qu'avec l'avènement de
l'industrialisation, et avec elle le mode de production capitaliste, qu'elles
ont réellement pris corps. Plus précisément, vers la fin
du XVIII siècle, début XIX siècle. On distinguait alors
deux classes fondamentales : la bourgeoisie et le prolétariat. La
première détenait les moyens de production tandis que la
deuxième n'avait que sa force de travail à vendre pour
survivre.
Le mot prolétariat est d'origine latine
désignant à l'époque de l'empire romain : la plus basse
classe, celle qui est dépourvue de tout. Engels le définit comme
étant : « la classe des travailleurs modernes salariés
qui ne possède aucun moyen de production et est réduite à
vendre sa force de travail. » (Marx-Engels, 1848) . La
première classe prolétaire est apparue en Grande-Bretagne, pour
la simple raison qu'elle est le premier pays à avoir pris la voie de
l'industrialisation. En effet, l'évolution technique a permis la
construction de nouvelles machines sophistiquées, à
l'époque, dont le coût était hors de portée pour la
majorité de la population, elles étaient donc un apanage
réservé à une minorité. Les travailleurs furent
obligés de se séparer de leurs anciens instruments de production
devenus vétustes pour travailler pour le compte des propriétaires
des nouvelles machines. De surcroît, la révolution agricole, qui a
nécessité une privatisation des terres communales concomitante
d'une croissance démographique, a eu pour effet une ruée massive
des paysans pauvres vers les villes. Ce qui a représenté une
manne de main d'oeuvre pour l'industrie naissante. Les ouvriers vivaient dans
un marasme profond, les conditions de vie étaient miséreuses. Les
femmes et les enfants étaient obligés à travailler pour
survivre. Peu à peu, en prenant conscience de leur vie de misère.
La masse ouvrière s'est unie en vue d'améliorer leurs
conditions de vie. L'affrontement entre le prolétariat
et le patronat fut âprement réprimé. Mais grâce
à leur nombre important, la bourgeoisie était forcée de
leur céder quelques avantages. D'ailleurs, le XX siècle
n'était que le théâtre de cette lutte acharnée.
La classe bourgeoise, quant à elle, peut être
définie comme l'ensemble des personnes qui détiennent des moyens
de productions, autrement dit, un capital productif. Elle est sans nul doute la
classe qui a su le mieux tirer profit du mode de production capitaliste. En
effet, à l'origine le mot bourgeois désignait un habitant de la
ville. Les bourgeois étaient, pour la plupart, des riches
commerçants qui ont fait fortune avant la « révolution
» industrielle, est qui ont investi après dans l'agriculture,
l'industrie et les banques. Ils ont eu, de ce fait, un rôle important
dans la société. De nos jours, c'est la bourgeoisie
financière qui exerce un rôle hégémonique.
Réunie dans des trusts, holding et autres entreprises multinationales.
Elle a désormais la mainmise sur l'économie mondiale. Pour
résumer, une citation d'Adam Smith s'impose : « Dans une
société de cent mille familles, il y en aura peut-être cent
qui ne travailleront pas et qui, cependant, soit par la violence, soit par
l'usage de l'oppression légale, absorberont une quantité de
travail social supérieure à celle de dix mille familles. Le
partage du revenu du travail lui-même, après un tel
détournement de fonds, ne sera pas effectué réellement en
proportion du travail de chaque individu ; au contraire, ce seront ceux qui
travailleront le plus qui toucheront le moins ».
Par ailleurs, le développement du capitalisme a permis
l'essor du secteur tertiaire. Et avec lui l'émergence d'un très
grand nombre de salariés travaillant dans la gestion ou
l'administration, concernant le secteur public, et qui n'ont aucun lien direct
avec la production. Ce type de salariés ne peut former en aucun cas une
classe sociale proprement dite, car il est de nature « instable ». En
effet, pour la plupart d'entre eux leur condition est proche de celle de la
classe ouvrière tandis que d'autres ont les mêmes
intérêts que la bourgeoisie comme les directeurs d'usine, hauts
fonctionnaires, etc. Ils sont même compris parmi la petite bourgeoisie.
Pour exister, ils doivent s'allier soit avec la bourgeoisie soit avec le
prolétariat.
Ce pendant, depuis le XIX siècle plusieurs facteurs ont
remodelé les sociétés industrielles. En effet,
l'époque des trente glorieuses accoucheuses d'une augmentation du
pouvoir d'achat ouvrier, la démocratisation de l'éducation ainsi
que des produits de consommation, l'évolution technologique qui a
nécessité une main d'oeuvre qualifiée et
relativement bien payée, l'expansion du secteur
tertiaire etc.. Tous ces facteurs, pour un bon nombre de sociologues et
d'économistes tels que Alexis de Tocqueville et Henri Mendras, semblent
avoir dilués la classe laborieuse. Les sociétés tendent
alors vers une « moyennisation », c'est-à-dire,
l'élargissement de la classe moyenne, et donc le rapprochement du niveau
de vie au sein des sociétés. Toutefois, force est de constater
que les inégalités sociales fusent encore tous azimuts. La
cohésion sociale est plus que jamais menacée.
Face à cette réalité, l'Etat est
placé au coeur des débats. Comment entend-il agir pour maintenir
la cohésion sociale ? Est-il neutre ? Ou bien Est-il influencé
par telle ou telle classe sociale ?
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