Depuis 30 ans, la France a été la scène
d'une multitude de « plans banlieues » qui n'ont été
que des séries de mesures éparses, totalement
incohérentes, et surtout sans traitement de fond des conditions qui sont
à l'origine des problèmes des banlieues. Malgré l'ampleur
des financements, la situation est telle que les résultats
escomptés n'ont pas été au rendez-vous. Pis encore, la
situation s'est au contraire aggravée.
Le plan « Espoir banlieues » se fixe deux principaux
objectifs :
o Un contrat « donnant-donnant » qui épaule
uniquement les habitants qui veulent s'en sortir. Les droits doivent aller de
pair avec les devoirs. En cela, rien n'est faisable sans l'impulsion et la
responsabilisation des personnes bénéficiaires des politiques
publiques.
o La Réinsertion de tous les quartiers dans la
République. En effet, la banlieue ne doit plus être un ghetto
urbain, culturel ou mental, mais elle doit, au contraire, devenir comme le
reste du territoire.
En effet, pour atteindre ces objectifs une série de
démarches seront prévues. Le ministère de la ville n'est
plus le seul tenu responsable des problèmes des banlieues.
Désormais tous les ministères sont mobilisés, chacun dans
son domaine aura un objectif à remplir pour réduire
l'écart cumulé des « quartiers sensibles » par rapport
au reste du territoire. En effet, les membres du gouvernement seront
mobilisés jusqu'au 30 juin 2008 en faveur des quartiers sensibles.
Chaque ministre présentera un programme de travail qui porte sur une
durée de trois ans visant à réduire les écarts
structurels entre les quartiers et le reste de la France.
Le plan « Espoir Banlieues, une dynamique pour la France
» dispose d'une grande mobilisation de la part du gouvernement. Ce qui va
lui permettre de développer une série de mesures qui tente de
satisfaire les différentes attentes des habitants des banlieues.
Lesdites mesures peuvent s'articuler autour de cinq volets :
+ L'éducation
+ L'emploi
+ Le financement des initiatives locales + La
sécurité
+ Le transport
2.3.2.1.1. L'éducation
L'éducation dans les banlieues reflète à
bien des égards la situation lamentable de ces quartiers.
L'éducation prioritaire [ZEP] instaurée dans ces zones n'a eu
guère l'effet souhaité sur celles-ci. En effet, prenons quelques
chiffres qui témoignent de cet échec : les familles qui disposent
des ressources transfèrent leurs enfants vers d'autres
établissements. A la fin, 90% d'élèves sont
défavorisés et 80% d'élèves sont d'origine
étrangère, c'est dire l'image dont pâtie les écoles
faisant partie de l'éducation prioritaire « En France,
après 25 années de politique d'éducation prioritaire,
certains enfants cumulent encore tous les facteurs de réussite, et
d'autres tous les facteurs d'échec. » Que prévoit donc
le plan « Espoirs Banlieues » pour donner à l'éducation
en banlieue ce qu'elle mérite ?
En premier lieu, 30 sites d'excellence seront
créés dans les quartiers prioritaires. L'objet est de faire d'une
pierre deux coups, en effet, d'une part l'amélioration des conditions
d'enseignement et d'apprentissage et d'autre part redorer le blason des
établissements scolaires. Ces établissements seront
jumelés avec des établissements d'enseignement supérieur
de renom ou des entreprises. Parmi les 30 sites figureront au moins six
lycées professionnels qui seront labellisés « lycée
des métiers ». Ces sites regrouperont des classes d'élites
regroupant les élèves les plus brillants de chaque niveau et
bénéficiant d'un enseignement d'excellence similaire à
celui des meilleurs établissements. Ils pourront développer des
filières à options prestigieuses (à titre d'exemple des
filières bilingues et internationales) ou des enseignements à
horaires aménagés favorisant les activités parascolaires
telles que les pratiques sportives ou artistiques.
Afin de favoriser une vie scolaire de qualité, un
renforcement de l'encadrement sera effectué dans ces
établissements par la mise en place d'une équipe de soutien, ses
missions principales seront la définition des démarches
pédagogiques appropriées et assistance des équipes de
direction dans l'élaboration de partenariats. En plus de cela, une
banque de stages
sera mise en place et sera gérée par
l'équipe éducative, en lien avec des entreprises partenaires. Ce
dispositif évitera les discriminations de toute sorte susceptibles
d'évincer les élèves du fait de leur adresse ou de leur
origine.
Cependant, il faut noter que 150 000 élèves
sortent de l'école chaque année. Pour cette catégorie de
jeunes, les sites d'excellence ne lui seront pas d'une grande utilité.
C'est pour cette raison que le nouveau plan tente de généraliser
l'école de la deuxième chance. Cette dernière dispense une
formation de remise à niveau dans les savoirs fondamentaux (s'exprimer
en français, compter, outil informatique...), en alternance avec des
stages en entreprise, sur une durée maximale de 48 mois. Elle propose
à chaque jeune un parcours individualisé, le temps de construire
un projet professionnel et d'acquérir les savoirs et les
compétences nécessaires à sa réalisation.
L'objectif étant de déboucher sur une intégration durable
dans l'emploi, les deux tiers des jeunes qui y passent accèdent au bout
d'un an à un emploi ou une formation.
Le succès des écoles de la deuxième
chance peut donc apporter un appoint solide au plan « Espoir Banlieues
». En effet, le développement des écoles de la
deuxième chance profitera en priorité aux quartiers les plus
difficiles. L'objectif est d'accueillir 15 000 à 20 000 jeunes à
l'horizon 2012, avec une école par région comportant au moins un
site par département, et autant de places que nécessaire
là où les besoins existent. En outre, en mettant en place un
système d'intervention précoce à l'égard des jeunes
en situation d'échec, Les Ecoles de la deuxième chance pourront
accueillir des jeunes dès 16 ans, c'est-à-dire à
l'âge où beaucoup d'entre eux décrochent et quittent le
système scolaire.
Afin de pérenniser ce projet, il est nécessaire
de sécuriser son financement. Pour cette raison, les ressources des
écoles de la deuxième chance seront accrues par une extension de
la possibilité faite aux entreprises de les financer par la taxe
d'apprentissage, au titre de la « catégorie A » du « hors
quota » (soit la part de la taxe d'apprentissage destinée
habituellement à financer les formations correspondant au BEP, CAP et
baccalauréat). Cette ressource consolidera de manière
décisive le financement du dispositif.
Par ailleurs, Certains facteurs nuisent à la
réussite scolaire des jeunes de banlieue, comme les difficultés
dans leur vie familiale ou dans leurs conditions de logement (problèmes
conjugaux des parents, familles monoparentales, appartement exigu...). Dans des
situations
pénibles et invivables, ces enfants ou adolescents
sont livrés à eux-mêmes et quittent, dans la plupart des
cas, l'école. Et si tel n'est pas le cas, ils ne pourront guère
développer leurs capacités pleinement. Le travail éducatif
entrepris dans leur établissement est en grande partie perdu et leur
milieu familial est impuissant à les aider. Pour lutter contre cette
injustice, le plan de la cohésion sociale a crée les internats de
réussite éducative proposant un cadre de vie et de travail
adapté, rassurant et stable avec des conditions d'encadrement et de
soutien optimales. Cependant, leur nombre et leur capacité d'accueil
sont insatisfaisants. De plus, ils ne sont pas bien répartis sur le
territoire français. Afin de rectifier le tir, le plan « Espoir
banlieue » table sur 4 000 places créées au sein des
internats de réussite éducative dans l'espace de trois ans en
s'appuyant sur des établissements aussi bien publics que privés,
en créant de nouvelles places dans des collèges en reconstruction
et en transformant des places existantes au sein d'internats publics et
privés en places d'internat de réussite éducative et en
garantissant une bonne couverture du territoire par le
rééquilibrage de l'offre vers le grandes villes.
L'échec de la politique de sectorisation et de la
politique d'éducation prioritaire a entraîné la
constitution de véritables « ghettos » scolaires, y compris
dans les écoles primaires. L'école en banlieue manque cruellement
de mixité sociale. Ainsi, « pour un trop grand nombre de ces
enfants, l'école primaire représente leur première
expérience de l'échec. » (Présidence de la
république française, 2008) L'échec s'installe d'une
façon précoce et crée un sentiment de «
relégation ». Les chances de rattrapage d'une mauvaise
scolarité au primaire sont très minimes. La moitié des
élèves qui sortent du système éducatif sans
qualification ont redoublé avant leur entrée au collège.
Le haut conseil de l'éducation a d'ailleurs rappelé, dans son
rapport de 2007 sur l'école primaire, que « les chances
d'accomplir une scolarité sans heurt et conduisant à une
qualification sont très fortement liées au niveau initial des
compétences en cours préparatoire. »
L'école primaire constitue donc dans les quartiers
défavorisés le socle qui peut faire perdurer ou non l'ensemble du
système scolaire. La nécessité d'explorer de nouvelles
pistes se manifeste avec acuité pour que les enfants soient mis sur le
chemin de la réussite dès l'école primaire. Tous les
chercheurs et experts se sont convenus à dire qu'une solution innovante
et efficace dans ce domaine serait de disperser les élèves en
difficulté dans
différents établissements, plutôt que de
continuer à les regrouper ensemble comme le fait la politique
d'éducation prioritaire depuis une période de 25 ans.
Dans ce sens, Le « busing
» consiste à déplacer les élèves
scolarisés dans un établissement caractérisé par un
fort échec scolaire dans d'autres écoles de la même ville
afin de leur donner la possibilité de découvrir un autre
environnement social et scolaire. Chaque matin, le transport scolaire («
busing ») amène les enfants dans leur
nouvelle école, et les ramène le soir. Le «
busing » sera expérimenté pendant
trois ans avec des élèves de CM 1 et CM2 provenant
d'écoles primaires des quartiers prioritaires. Les enfants
concernés ne seront plus captifs de leur environnement immédiat
et la mixité sociale à l'école deviendra une
réalité. Cette expérimentation s'inspirera notamment des
regroupements pédagogiques intercommunaux existant dans les zones
rurales, en particulier celle menée à l'école primaire de
la Saulaie à Oullins (Rhône), depuis 2004 celle-ci envoie ses
élèves, une fois leur année de CE1 achevée, vers
d'autres établissements à proximité.