Tableau 4 : Répartition des femmes
demandeuses d'asile selon la situation matrimoniale
Situation matrimoniale
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Mariée
Divorcée
Veuve
|
07
02
04
|
53,84 %
15,38%
30,76%
|
Total
|
13
|
100%
|
Sources : Enquêtes sur le terrain/Mars
2007
Ce tableau révèle une prédominance des
femmes mariées qui représentent les 53,84%, un fort taux de
veuves (30,76%) deux divorcées et l'inexistence de femmes
célibataires dans notre échantillon.
Des études ont montré que beaucoup de femmes ont
perdu leurs maris dans les théâtres de combat et se voient
obligées de chercher refuge ailleurs pour ne pas subir le même
sort (Clotilde, 2001). Le choix d'un âge de départ assez
avancé pour nos cibles (25ans) pourrait expliquer l'absence de
célibataires dans l'échantillon. Ce choix se justifie par un
besoin de notre part d'avoir affaire à des femmes responsables
3.1.5 : Le niveau d'études
Le niveau d'études permet de découvrir le
degré d'émancipation d'une personne. C'est un critère
déterminant dans l'étude des conditions de vie mais aussi de
l'insertion économique et sociale.
Tableau 5 : Répartition selon le niveau
d'études
Niveau d'études
|
Effectif
|
Pourcentage
|
.
|
|
|
Certificat de fin d'études
élémentaires
|
02
|
15,38%
|
BEPC
|
06
|
46,15%
|
Baccalauréat
|
03
|
23,07%
|
Etudes supérieures
|
02
|
15.38
|
Total
|
13
|
100%
|
Source : Enquêtes sur le terrain 2007-05-22
Ce tableau révèle le niveau d'instruction assez
appréciable de notre échantillon. En effet, il n'y a aucune
analphabète dans ce groupe alors que 02 ont le certificat de fin
d'études, 06 le B.E.P.C. et 03 le baccalauréat. 11 sur les
13 ont au moins le BEPC qui est au Sénégal l'équivalent du
BFEM et que les 05 ont au moins le Baccalauréat. D'ailleurs, c'est fort
de leurs niveaux d'instruction que ces femmes ont choisi la ville pour s'y
installer par opposition aux réfugiés ruraux. Le
réfugié urbain est donc un individu pour qui « sa fuite
vers le pays d'accueil est un acte réfléchi et
organisé ; il est plus instruit et plus ambitieux que ne le sont
les réfugiés ruraux » (Mayer, 1984)
3.1.6 -Le nombre d'enfants mineurs en
charge
Cette caractéristique trouve son utilité en ce
qu'elle éclaire davantage les charges supplémentaires qui
alourdissent la situation socio économique de notre population cible
à savoir les femmes demandeuses d'asile.
Tableau 6 : Répartition des femmes
demandeuses d'asile selon le nombre d'enfants en charge
Nbre Personnes interrogées
|
Garçons
|
Filles
|
Total
|
01
|
02
|
02
|
04
|
02
|
02
|
03
|
05
|
03
|
01
|
03
|
04
|
04
|
00
|
03
|
03
|
05
|
02
|
01
|
03
|
06
|
03
|
01
|
04
|
07
|
01
|
02
|
03
|
08
|
02
|
01
|
03
|
09
|
-
|
-
|
-
|
10
|
01
|
00
|
01
|
11
|
03
|
02
|
05
|
12
|
01
|
03
|
04
|
13
|
02
|
01
|
04
|
Total
|
20
|
23
|
43
|
Source : Enquête sur le terrain
Le nombre d'enfants moyen en charge atteint difficilement
cinq. Dans la plupart des cas, il tourne autour de 03 parfois 04. Ce nombre
relativement faible par rapport à nos réalités africaines
trouve son explication dans le fait que nous avons affaire à des femmes
cultivées capables de choisir le nombre d'enfants qu'elles
désirent. Aussi, les difficultés dans lesquelles elles vivent
peuvent aussi les obliger à avoir moins d'enfants. D'ailleurs beaucoup
d'entre elles nous ont affirmé avoir fait leurs enfants au niveau de
leurs pays d'origine. Cette Mauritanienne témoigne :
11-43 : « Les dures conditions
d'existence à Dakar nous obligent à entretenir le moins d'enfants
possible. C'est pourquoi j'ai opté pour la planification familiale
malgré moi. »
3.2 Description des conditions de vie des femmes
demandeuse d'asile
Nous allons aborder successivement les conditions dans
lesquelles elles satisfont leurs problèmes de logement, de santé,
d'éducation de leurs enfants, les différentes activités
qu'elles mènent pour vivre l'habillement et enfin de nourriture.
3.2.1 Les conditions de logement
Elles portent sur le statut de résidence, le type de
logement et le nombre de chambres, le montant du loyer et les
difficultés rencontrées pour payer le logement et enfin les
difficultés en matière de logement.
a) le statut de résidence
Toutes les femmes demandeuses d'asile interrogées sont
des locataires. Même si à leur arrivée au
Sénégal, elles ont été hébergées soit
par des compatriotes ou des bienfaiteurs ; elles ont toutes fini par
devenir locataires. Ce phénomène trouve son explication dans
l'inconfort et la surcharge de dépenses qu'elles créent chez les
familles d'accueil. Voici le témoignage d'une congolaise :
(7.26) « A mon arrivée à Dakar en
2003, j'ai été hébergé par un compatriote que j'ai
rencontré par hasard dans la rue. Nous étions cinq mes trois
enfants, mon mari et moi à partager une même chambre avec une
autre famille de quatre membres.Cette promiscuité nous a obligé
à chercher une autre chambre après deux
semaines ».
b) le type de logement et le nombre de chambres
Elles habitent pour l'essentiel dans des maisons modestes au
niveau des quartiers populaires comme Grand Dakar, Médina, Grand Yoff,
etc.
A l'intérieur de ces maisons qu'elles partagent
toujours avec d'autres locataires ou même avec les propriétaires,
elles y occupent une chambre parfois deux au maximum avec tout ce que cela
comporte comme promiscuité et insécurité. Le
témoignage de cette libérienne est choquent :
3.9 « nous occupons deux
chambres à Grand Yoff l'une pour mon mari, mon plus jeune enfant et moi,
l'autre pour des deux filles et un garçon. Nous avons comme voisins plus
d'une quinzaine de garçons qui se partagent les trois autres chambres
à la maison. A plusieurs reprises mes filles ont échappé
à des tentatives de viol. S'y ajoute que c'est une maison qui n'a
même pas de portail. C'est vraiment difficile (silence). Au pays, nous
avions deux maisons une dans la capitale Monrovia et l'autre en
campagne ».
Ces propos complètent ceux d'une Rwandaise :
8-36 « nos voisins locataires
Sénégalais nous traitent de tous les maux sans oublier les
propriétaires des maisons qui profitent des retards de paiement pour
nous soumettre à des chantages et autres harcèlements sexuels
terribles. Certains nous assimilent à tout simplement des
prostituées (visage renfrogné) ».
c) Le montant du loyer et les difficultés
rencontrées dans le paiement
Le constant a été unanime que la location
coûte chère à Dakar. Ainsi, les chambres varient entre
15 000f à 40 000f chez les femmes interrogées qui
disent éprouver toutes les peines pour honorer leurs engagements
à la fin du mois. Pour cette Mauritanienne :
11. 3 l'égoïsme et le refus de
compréhension des propriétaires de maisons constituent des motifs
de stress assez intenses chez nous. Dés le 05 de chaque
mois, ce sont des menaces, des réprimandes et des paroles
déplacées de toutes sorte ».
Une Libérienne affirme même que
4. 15 Pour échapper à la furie de mon
bailleur, je suis parfois obligée de lui faire les yeux
doux ! ! ! Eh bien je ne trouve pas d'autres solutions, sinon
il va me mettre dehors (rires de mépris) pourtant c'est un notable
très respecté dans le quartier
d) Les difficultés rencontrées en
matière de logement
Ces difficultés tournent autour de la cherté du
loyer, du manque de compréhension des propriétaires de maison, de
la promiscuité des logements. A cela s'ajoute la cohabitation souvent
difficile avec les autres locataires sénégalais.
Les difficultés de cohabitation sont surtout
décriées par les ressortissantes des pays anglophones qui ont de
réels problèmes de communication avec leurs voisins
immédiats. Cette idée a été confirmée par
Latsouk Gnilane Diouf (1998) dans son mémoire de fin d'études
à l'E.N.D.S.S. lorsqu'il affirme que toutes les anglophones qu'il a eu
à rencontrer éprouvent de réelles difficultés de
cohabitation avec leurs voisins.
Les avances et autres harcèlements sexuels dont ces
femmes subissent régulièrement méritent une attention
particulière. Cette Ivoirienne résume toutes ces
difficultés en une seule :
1-2 «L'absence de statut de réfugié
fait que nous sommes tout le temps obligées de tout accepter car une
fois à la police et que tu n'as pas de papiers en règle c'est
soit la prison, ou le refoulement à la frontière. Voilà
tout le problème».
3.2.2 La santé
Cette partie traite des maladies les plus fréquentes,
les lieux de consultation et les appuis reçus de même que les
difficultés rencontrées en matière de santé.
a) Les maladies les plus
fréquentes
Les femmes à l'étude ont vécu plusieurs
chocs psychologiques, assisté à des meurtres en série de
proches, parfois victimes de viol. Ce qui fait qu'elles souffrent avec leurs
familles de troubles de comportements, largement ignorées des
populations autochtones.
Une Burundaise raconte
11. 5: Parfois, il m'arrive de
rester deux jours ou même à souffrir sans pouvoir dire exactement
ou est ce ça fait mal quand je me rappelle de la mort par une agression
sauvage de ma famille par une bande d'enfants armés de fusils d'assaut.
Je ne sais pas comment j'ai survécu, j'ai eu tort de ne pas mourir
(pleurs).
Aussi, il y a des maladies tropicales comme le paludisme, les
maux de ventre, les dermatoses qui sont aggravées par la
promiscuité dans laquelle elles vivent.
b- Les lieux de consultation
Le centre social de Rebeuss géré le H.C.R.
demeure le lieu de consultation le plus fréquenté par les
demandeurs d'asile et leurs familles. La principale raison est que les
consultations y sont gratuites et certains médicaments
génériques offerts gratuitement. Il y a aussi la structure de
santé Saint-Martin gérée par la CARITAS qui offre des
premiers soins gratuits aux femmes bénéficiaires du P.A.R.I.
Les centres de santé et hôpitaux publics comme
privés leur sont difficilement accessibles du fait de la cherté
des soins qui y sont dispensés par rapport à leur pouvoir
d'achat.
Aussi leur non prise en charge sanitaire par le H.C.R. les
rend vulnérables à toutes les maladies.
c- Les appuis reçus et les
difficultés rencontrées en matière de santé
Comme appui en matière de santé, les femmes
demandeuses d'asile reçoivent des soins de base au niveau du B.O.S qui
les oriente au niveau du centre social de Rebeuss qui leur fournit gratuitement
des médicaments génériques. Il y a aussi l'intervention de
l'église catholique à travers le P.A.R.I. qui oriente les femmes
au niveau du centre de santé Saint-Martin pour une prise en charge de
certaines maladies.
Comme difficultés rencontrées en matière
sanitaire, nous pouvons citer une absence totale d'accompagnement psychosocial
de ces femmes qui ont souffert de tant de traumatismes, leur non prise en
charge par le H.C.R. en ce qui concerne les maladies nécessitant des
soins intensifs et la cherté des hôpitaux.
3-2-3- l'éducation des
enfants
Nous allons voir d'abord les types d'établissement
fréquentés et le niveau d'étude des enfants, ensuite le
financement des études des enfants et les soutiens reçus et enfin
les problèmes rencontrés en matière d'éducation.
a-Les types d'établissement
fréquentés et le niveau d'études des enfants
Les enfants des femmes demandeuses d'asile fréquentent
presque tous les établissements d'enseignement public. Sur la
totalité des femmes avec qui nous avons discuté, seule une
à une de ses enfants en classe de CM2 qui étudie dans le
privé. La scolarité est assurée par son parain. Selon une
rwandaise, les raisons suivantes motivent le choix de l'étude
publique :
7-19 : ce n'est pas un choix
mais une nécessité. D'ailleurs même être dans le
public est un luxe pour ces enfants parce qu'il a fallu beaucoup de
négociations et l'aide du B.O.S. pour qu'on les accepte dans ces
écoles. La raison est qu'ils n'ont pas un statut légal dans le
pays. Et le droit à l'éducation ? Qu'est-ce qu'on en
fait ?...
Une autre sierra léonaise abonde dans le même
sens :
4-26 : Pour contourner
l'obstacle des papiers, je me suis fais couvrir par l'église pour
pouvoir scolariser mes enfants, et beaucoup ont fait comme
moi ».
En ce qui concerne les niveaux d'études des enfants,
nous avons pu constater que l'essentiel est à
l'élémentaire. Rares sont ceux qui dépassent le
CM2.
Cette mauritanienne trouve l'explication suivante
5-12 le système
éducatif qui n'est pas le même que celui de la Mauritanie, ensuite
il y a le problème de la langue de travail qui est ici le
français alors que chez nous c'est l'arabe donc la différence est
énorme..
Ce même problème est décrié aussi
par toutes les femmes venant des pays anglophones comme cette
libérienne.
3-13: nos enfants, avant de pouvoir
suivre en classe ont trois grands obstacles à franchir : d'abord la
langue de travail, ensuite réussir l'intégration sociale et enfin
déjouer les moqueries et autres quolibets de leurs camarades de classe
qui les traitent de « niakk » parfois sous l'oeil
complice de la maîtresse ou du maître de classe.
Tout de même, certains enfants parviennent à
dépasser l'élémentaire pour arriver dans le moyen, le
secondaire et même parfois à l'université. Mais ce sont des
cas très rares. Par contre, ils sont très nombreux au
lycée ou à l'université, les élèves ou
étudiants dont les parents ont le statut officiel de
réfugié et qui bénéficient de bourses
d'études de la part du H.C.R.
b- Le financement des études et les
appuis reçus
Les enfants de ces femmes demandeuses d'asile n'ont droit
à aucun soutien à titre de scolarité, ni de la part du
H.C.R., ni de l'Etat sénégalais. Toutes les femmes
interrogées déclarent soutenir à elles seules avec leurs
maris la scolarité de leurs enfants à l'exception de cette
congolaise
7-29 : Mes deux enfants ont
à deux reprises reçu gratuitement des fournitures de la part de
l'O.N.G. CARITAS.
c-Les problèmes rencontrés en
matière d'éducation
Sur ce point, tous les avis sont convergents à savoir
que la promiscuité dans les familles, les incompréhensions dans
les écoles, la question du transport, et les problèmes de
financement des études par les parents eux-mêmes ne facilitent pas
la réussite scolaire.
Mais le problème le plus sérieux est
noté chez les enfants des femmes venant de pays non francophones. En
effet, toutes les femmes interrogées sur la question ont affirmé
que leurs enfants, hormis, ceux qui ont commencé leurs études ici
au Sénégal ne vont à l'école que parce qu'on ne
peut pas les laisser dans les maisons sans rien faire.
Cette libérienne semble trouver la solution :
3-14 En tant
qu'ex-enseignante, j'ai décidé de faire reprendre aux deux plus
jeunes, le cours d'initiation.
3.2.4. Les conditions de
travail
Il s'agit d'étudier les différentes
activités que mènent ces femmes pour vivre, leurs revenus moyens,
leurs autres sources de revenus et enfin les difficultés
rencontrées dans le travail.
a- Les différentes activités
menées
Pour survivre, ces femmes demandeuses d'asile sont
obligées de mener des activités en adéquation avec leurs
savoir et savoir-faire. Signalons qu'il s'agit, en tout cas pour ce qui
concerne notre échantillon de femmes toutes instruites et dont la
plupart ont eu à occuper des postes au niveau des administrations de
leurs pays respectifs.
Cependant, une fois au Sénégal le contexte
change. C'est pourquoi elles s'activent toutes dans l'informel allant de la
coiffure à la teinture en passant par le petit commerce d'articles comme
des chemises ou Tshirt ou même de denrées alimentaires.
Cette congolaise, ancienne infirmière
diplômée déclare :
7-29 : faute de pouvoir trouver
un contrat de travail au niveau des structures de santé du fait de ma
situation juridique, je me contente de mon petit commerce qui constitue un
appoint décisif dans l'entretien de la famille.
C'est sur ce même ton de résignation qu'a
répondu une ivoirienne de 33 ans titulaire d'un Master II en droit
international de l'environnement
1-5 : faute de mieux, je me
consacre à la restauration.
Il en est de même pour cette autre sierra
léonaise ancienne secrétaire de direction :
2-10 : Je me suis reconverti
par la force des choses en teinturière et coiffeuse, des techniques que
j'ai apprises ici même grâce au H.C.R.
b-Les revenus moyens
Les revenus que ces femmes tirent de leurs activités
sont dérisoires par rapport à leurs charges. Pour elles,
l'essentiel de leurs revenus est destiné à leur nourriture, au
moment où la location et les autres frais de scolarité et de
santé sont présents.
Cette sierra léonaise confirme :
2-11 : Mes revenus mensuels tournent autour de 35000
à 45000F; elles atteignent rarement 50000F alors que la location
à elle seule me revient 30000F.Je ne sais pas ; je ne sais vraiment
pas comment je parviens à tenir depuis 6ans que je suis au
Sénégal. Heureusement que je ne me suis jamais livrée
à la prostitution.
Ce sort est partagé par toutes les femmes
rencontrées qui déclarent en moyenne pouvoir gagner
jusqu'à 2000F par jour.
Par contre, c'est avec amertume que nous confie cette
libérienne, veuve et mère d'une fille :
9-61 : C'est triste à
raconter mais je vous avoue que je suis obligée de me prostituer pour
vivre, et je ne suis pas la seule. La grande majorité des femmes
demandeuses d'asile se livre à cette pratique. Elles ne vous le diront
jamais mais c'est ça. Ce ne sont pas ces histoires de commerce ou de
teinture qui les font vivre. »
Ce même son de cloche a été repris par
une autre ivoirienne
6-29 : ce qui est
plus grave, c'est que c'est une prostitution clandestine ; elles n'osent
pas se faire consulter dans les structures de santé de peur d'être
arrêtées.
Notons que ces propos n'ont pas été
démentis par les autres femmes mais elles disent n'en faire pas
partie.
c-Les autres sources de
revenus
Ce sont les revenus autres que ceux issus du travail des
femmes demandeuses d'asile. Ce sont soit l'apport des enfants, du mari, des
voisins, des compatriotes, etc.
Pour les femmes rencontrées, seules celles qui vivent
avec leurs maris ont reconnu disposer d'autres sources de revenus assez
conséquentes. Elles sont constituées de deux mauritaniennes et
d'une congolaise Le reste étant constitué de femmes
mariées mais vivant seules, de divorcées et de veuves. Elles
reçoivent de la part surtout de leurs compatriotes à travers les
associations des communautés des appuis financiers en cas
d'extrême nécessité.Cette même idée a
été reprise par le H.C.R. (1994) qui affirme
que : « Une famille monoparentale a beaucoup de
difficultés à subvenir aux besoins des enfants. Un parent absent
signifie moins de protection et de soins, moins de nourriture et de revenus,
une perte de compétences et une surcharge de
travail ».D'où l'importance de la vie en couple dans ces
situations.
d--Les difficultés rencontrées en
matière de travail
Les femmes demandeuses d'asile rencontrent
énormément de difficultés pour effectuer correctement
leurs activités. La principale est liée à l'absence de
statut officiel de réfugié qui les met dans une situation
d'inconfort total. Une burundaise confirme :
11-57 : je n'ose pas rentrer
chez moi au-delà de 21 heures car si par malheur je tombe sur un rafle
ça va se compliquer davantage pour moi. Les gens ne connaissent pas le
récépissé que nous délivre la C.N.E.R. .
Une autre sierra léonaise d'ajouter.
8-36 : Dans le cadre de mon
commerce, il m'est arrivé à plusieurs reprises qu'une personne me
prenne mes marchandises et refuse de me payer mon argent sans que je puisse le
contraindre en rien.
Aussi, il y a le problème de la prostitution
clandestine à laquelle se livrent beaucoup de ces femmes pour pouvoir
survivre. Ce fait, au-delà de son caractère immoral par rapport
à la dignité humaine pose un autre problème de
santé publique avec le risque de propagation des infections sexuellement
transmissibles et en particulier du VIH/SIDA. En effet, des études ont
montré l'effet multiplicateur qu'engendrent les conflits armés
dans la propagation du SIDA avec les viols systématiques, les
prostitutions forcées, l'esclavage sexuel, etc. (Clotilde, 2001).Or, la
majeure partie de ces femmes sont entrées sur le territoire national
à travers les frontières terrestres sans aucun test de
séropositivité, d'où le danger qu'elles constituent en se
livrant à la prostitution clandestine.
3-2-5- L'habillement
Nous allons étudier le mode d'habillement, puis la
fréquence de l'achat des habits, ensuite les appuis reçus en
matière d'habillement.
a- Le mode d'habillement
L'habillement constitue un élément important
dans la détermination des besoins de base chez un être humain.
Ainsi, les femmes interrogées déclarent toutes
préférer les modes d'habillement de leurs pays d'origine. Mais,
compte tenu de leurs situations financières délicates, elles sont
obligées de se rabattre sur les habits locaux. De l'avis d'une
mauritanienne :
13-74 : Nous portons des habits
locaux parce qu'ils sont plus à la portée de nos bourses,
seulement il y a beaucoup de ces habits qui ne répondent pas aux normes
édictées par la religion musulmane en matière
d'habillement..
b- La fréquence de l'achat des
habits
Pour toutes les femmes avec qui nous avons discuté,
l'habillement ne constitue pas à leurs yeux une priorité. Raison
pour laquelle la question de la fréquence ne se pose pas tellement
à leur niveau. Tout dépend de la situation financière du
moment. Mais pour cette sierra léonaise :
7-27 : Nous profitons des périodes de
préparation des fêtes pour comme Noël, Pâques, la
Tabaski entre autres pour bénéficier de la baisse des prix
occasionnée par les soldes.
c- Les appuis reçus en matière
d'habillement
La majorité des femmes n'ont jamais reçu
d'appui en matière d'habillement. Les rares privilégiées
à en avoir bénéficier le doivent à la CARITAS
à travers le .PA.R.I. C'est le cas de cette rwandaise mariée et
mère de trois enfants.
Il y a aussi des appuis en habillement entre personnes d'une
même communauté comme le fait d'offrir une jupe ample à une
femme de forte corpulence ou une robe serrée à une dame de petite
taille.
d- Les difficultés en matière
d'habillement
L'habillement demeure l'un des domaines où les femmes
demandeuses sont confrontées à moins de problèmes. Cela
s'explique par la prolifération dans tout Dakar des marchés
hebdomadaires où l'on peut trouver des vêtements à la
portée de toutes les bourses. Cependant, l'impossibilité pour
elles de pouvoir toujours disposer des habits provenant de leur pays d'origine
crée un grand vide en elles et les éloigne davantage des
leurs.
|