PREMIERE PARTIE
L'EMERGENCE D'UN EMBRYON D'AUXILIAIRES MEDICAUX AU TOGO
SOUS LA COLONISATION ALLEMANDE : 1884-1914.
La vie passe d'abord par la santé, dit-on. Cette
santé avait pendant longtemps été la préoccupation
de la population togolaise pendant les temps immémoriaux ; cela par
le biais des certains éléments de cette même population.
C'est dire que le traitement des maux dont souffrent les Togolais n'est pas
d'actualité ; elle avait une source très lointaine dans
l'histoire avant même que le contact entre Européens et Togolais
ne soit noué. Même après qu'il y eût ce contact, ce
traitement avait continué sous d'autres formes. Ainsi, comment avait
commencé à se former cette catégorie socioprofessionnelle
des auxiliaires médicaux, allemande de 1884 à 1914 ?
La réponse à cette question s'appréhende
en deux volets. D'abord, nous ferons l'état des lieux avant 1884,
période au cours de laquelle ce furent ceux que nous appellerons
« les maîtres de la médecine traditionnelle »
qui étaient les principaux agents qui s'occupaient de la santé de
leurs frères. Ensuite, à partir de 1884, l'arrivée des
Allemands donna un nouveau ton à l'action médicale. Mais avant de
venir en détail sur les Allemands et leur oeuvre sanitaire au Togo,
comment les « Togolais » s'en prenaient dans la
société précoloniale ?
CHAPITRE PREMIER : Les guérisseurs
traditionnels togolais avant 1884
Un fait est très important à souligner dans
cette partie : avant 1884 on ne peut pas évoquer le nom TOGOLAIS
puisque le TOGO n'existait pas avant cette date. Utiliser ce terme avant cette
année relève par conséquent d'un pur par anachronisme que
nous sommes pourtant obligé d'accepter pour la commodité de ce
travail (Gayibor 2002 : 7).
Dans cette société togolaise, les maladies,
malédictions, mauvais sorts et autres trouvaient leurs traitements. Qui
étaient alors ceux-là qui détenaient cette médecine
dite traditionnelle et comment arrivaient-ils à ces fins ?
1 - Les maîtres de la médecine
traditionnelle
Les populations africaines et précisément
togolaises n'avaient pas attendu l'arrivée des Européens pour se
soigner. Chaque communauté, chaque village, même les coins les
plus enclavés avaient des guérisseurs et des féticheurs
qu'on appelle généralement les médecins traditionnels.
Leur pratique médicale est ce que nous appelons «la médecine
traditionnelle ».
La médecine traditionnelle est l'ensemble de toutes
les connaissances pratiques explicables ou non, pour diagnostiquer,
prévenir ou éliminer un déséquilibre mental ou
social en s'appuyant exclusivement sur l'expérience vécue et
l'observation transmise de génération en génération
oralement ou par écrit (Alonou 1994 : 41).
Le guérisseur traditionnel est une personne reconnue
par la collectivité dans laquelle il vit comme compétente pour
dispenser les soins de santé, grâce à l'emploi des
substances végétales, animales et minérales et autres
méthodes basées sur le fondement socioculturel et religieux aussi
bien que sur les connaissances, comportements et croyances liés au
bien-être physique, mental et social ainsi qu'à l'étiologie
des maladies et invalidités prévalant dans la collectivité
(Alonou 1994 : 9)
.
Ainsi donc, la société traditionnelle togolaise
disposait d'un éventail très large de guérisseurs comme
nous le démontrerons à travers quelques
éléments.
1-1- Le sorcier
Il est le détenteur incontesté de tous les
pouvoirs maléfiques, le jeteur de sorts. Il passe dans la
catégorie des guérisseurs parce qu'il est capable de
détruire ses propres sorts et ceux de ses autres confrères
sorciers moyennant un tribut.
Habituellement, on reconnaît deux catégories
principales de sorciers pour l'ensemble du territoire : ceux de bonne foi
et ceux mal intentionnés.
Seuls les premiers nous intéressent dans la mesure
où, dans certains cas ils combattaient les seconds.
1-2- Le féticheur ou
prêtre
Le féticheur est avant tout prêtre d'une
divinité. Il est l'ennemi principal des sorciers mal intentionnés
en fonction de son rôle social que nous verrons plus loin. Il passe aussi
pour un excellent guérisseur quand ses connaissances et sa sagesse lui
en offrent le talent. Il peut être à la fois prêtre, sorcier
de bonne foi, devin et guérisseur plus ou moins renommé.
1-3- Le devin
Il porte aussi l'appellation de voyant. Il existait dans
toutes les collectivités traditionnelles du Togo. Il y en avait de
plusieurs catégories avec des techniques variées.
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