Auxiliaires médicaux et médecins africiains au Togo sous domination coloniale: 1884-1960( Télécharger le fichier original )par Zinse Emmanuel MAWUNOU Université de Lomé - Maitrise 2006 |
2 - Leurs rôles sociauxLes guérisseurs traditionnels dont nous venons de faire l'inventaire jouaient différents rôles dans leurs collectivités et cela leur attribuait un véritable prestige social. 2-1- Les moyens d'intervention Les guérisseurs traditionnels sauvaient la vie des patients par les vertus des plantes ; ce qui faisait qu'ils étaient de grands botanistes. Dans leurs interventions, ils faisaient également usage des pouvoirs spirituels pour décanter et savoir les origines des maladies et comment les guérir. Le prêtre de son côté est le protecteur de sa communauté ; il est le bouclier de son entourage. Quant au devin il s'appliquait, grâce à ses pouvoirs mystiques, à la recherche des causes de la maladie et dans certains cas même de la mort. Il rendait les oracles et faisait souvent des prescriptions en indiquant les remèdes ou les sacrifices spécifiques dans la composition desquelles entrant toujours les plantes. 2-2- Leur prestige social Aux yeux de leurs populations, les guérisseurs traditionnels avaient un prestige sans partage. En effet, étant considérés comme dignitaires et représentants des divinités locales, les différentes communautés dans lesquelles ils étaient les élevaient au sommet du mysticisme dans la sphère de leur localité. Certains mêmes dépassaient leur environnement social et avaient une influence régionale. Sur cet aspect, voici ce que nous a confié AKLOBESSI1(*) : « Les « Bokonon » et les « Hounon » étaient et demeurent pour nous ce que peut être un parapluie pour celui qui est pris par un orage. Ils nous protègent et nous délivrent des attaques étrangères (...). Certains mêmes voyagent très loin pour chercher des solutions à leurs problèmes auprès des guérisseurs renommés ». Il est à souligner que le prestige de ces guérisseurs relève de deux éléments que nous tenons ici à évoquer. D'abord ils étaient ceux qui étaient à même de sauver une personne d'un mauvais sort qui lui avait été jeté ; et parfois tout un village est « couvert » et « sauvé » ainsi par les sorciers bienfaiteurs. Peut-être en guise de reconnaissance, de témoignage de respect pour eux ils avaient petit à petit acquis une considération qui se métamorphosa en une grande valeur qu'est le prestige qu'ils avaient . Ensuite, ce prestige proviendrait aussi sans aucun doute de leur aptitude à rentrer en contact avec les esprits et recevoir de ces derniers consignes et des recommandations pour la masse populaire. Ainsi, leur niveau de mysticisme était un véritable élément qui caractérise leur considération et leur rang social. C'était de cette manière que dans la société traditionnelle togolaise les maladies étaient éliminées, cela bien entendu par le savoir-faire d'une frange de la société qui en avait la vertu : ainsi avaient-ils toute la considération que cela exigeait. Toutefois, cette valeur qu'avaient les guérisseurs traditionnels avait été secouée par l'intrusion coloniale allemande à partir de 1884. * 1 Adepte du culte « Vodou » communément connue sous Da Vodou. Interviewée le 11-03-06 à Aklakougan, 56 ans. |
|