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La participation de la femme à la vie politique au Tchad:1933-2003

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par Eugène Le-yotha Ngartebaye
Université Catholique d'Afrique Centrale - Maîtrise en Sciences Sociales option Sciences Juridiques et Politiques 2003
  

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§ 2 Les contraintes d'ordre politico institutionnel

Le Tchad, proclamé République le 28 novembre 1958, accède à la souveraineté nationale et internationale le 11 août 1960. Depuis cette date, il connaît une évolution institutionnelle et politique.

En effet, après l'indépendance, une vie politique marquée par le pluralisme régnait au Tchad (Supra ch. I). Ce pluralisme politique ne dure que deux (02) ans, car en 1962, le président Tombalbaye, par un arrêté, mettait fin au multipartisme pour instaurer le parti unique. Le climat politique et social se dégrada du jour au lendemain.

En effet, en février1975, un coup d'État militaire renversa le président Tombalbaye et installa les militaires au pouvoir.

A partir de cette date, le Tchad entra dans un enlisement politique fait de guerres civiles et de violences politiques. La vie politique fut dominée par les militaires qui ne pouvaient souffrir une présence féminine jugée inopérante pour des rébellions. Les femmes se retrouvèrent exclues du partage du pouvoir. Ce climat ne permit pas l'exercice des libertés publiques.

Ce climat politique délétère ne pouvait permettre d'asseoir des politiques publiques encore moins d'avoir des cadres législatifs et réglementaires pouvant permettre à la femme un épanouissement. En effet, les régimes qui se sont succédés n'étaient que de courtes durées et étaient beaucoup portés à régler leurs dissensions internes.

Dans cette atmosphère de violence politique et de terreur, la femme `'sexe faible'' n'avait pas voix au chapitre ; elle se trouvait confinée à son rôle d'épouse et de mère. C'était comme ci la conjoncture socio-économique, culturelle et le cadre institutionnel s'étaient ligues pour lui ôter toute chance de participer à l'action politique. Mais l'amorce de la démocratisation vint lui offrir certains atouts.

S II - LES ATOUTS

L'amorce du processus de démocratisation en cours en Afrique dans la décennie 1990 laisse apparaître des opportunités institutionnelles (§2) pour l'expression politique des femmes, longtemps restées en marge de la gestion des affaires de l'État. Cette situation vient renforcer les mutations socio-économiques (§1) que connaît le Tchad nouveau producteur de pétrole.

§1 - Les mutations socio-économiques et culturelles

Le monde ne cesse de connaître de transformations, et le Tchad ne peut échapper à ce phénomène ; celui-ci explique le changement du statut socio-économique (A) et culturel (B) de la femme tchadienne, permettant ainsi son entrée dans la vie publique.

A -Les transformations socio-économiques

Le Tchad reste sans doute l'un des pays d'Afrique Centrale à avoir connu très tôt un enlisement politique aux conséquences désastreuses pour le développement socio-économique.

En effet, à la suite des événements de 1979, beaucoup de citoyens se sont retrouvés sans emploi - surtout les fonctionnaires - car l'État, l'unique pourvoyeur d'emploi, était quasiment inexistant. Le pays était divisé en deux parties : le Nord et le Sud. On assista à une désorganisation totale du tissu social, car les chefs de famille, en général, des hommes, ne pouvaient plus assumer leurs responsabilités ; un nouvel environnement s'était imposé, auquel il fallait s'adapter.

Les femmes furent les premières à s'adapter à ce nouveau mode de vie en se faisant embaucher comme domestiques dans les familles les plus nanties, ou en se livrant aux petits commerces de produits vivriers.

Le rôle de chef de famille se trouva ainsi inversé : les femmes devinrent les véritables chefs de famille.

Pour faire face à leurs nouvelles tâches, les femmes s'adonnèrent à plusieurs activités d'auto promotion (pari-vente, djoukournouma, azouma) et prirent une part très active aux associations de tontines.

Les tontines, comme le souligne Alain Henry « est une porte d'entrée dans la société (...). Elle est la forme première de la phase publique »54(*).

La floraison et la multiplication des tontines féminines constituent, selon l'étude de Domaya Dakoumandje réalisée à Moundou55(*), des structures d'autonomisation des femmes. A travers elles, elles oeuvrent pour leur intégration sociale, leur autonomie financière et leur auto-promotion.

L'auto-promotion est la capacité pour un individu ou une population à prendre conscience d'une situation non satisfaisante de son milieu, à en analyser les causes et les conséquences, puis à envisager des solutions pour résoudre ses maux (améliorer ou changer) en comptant sur ses propres forces.

Mais puisque les tontines à elles seules ne peuvent suffire à une large auto-promotion, les femmes se tournent aujourd'hui beaucoup plus vers le crédit pour développer leurs activités.

L'accès au crédit au Tchad est facilité par plusieurs organismes oeuvrant pour le développement : Volonteers in Technical Assistance/Projets d'Entreprises (VITA/PEP), les Coopératives d'Épargne et de Crédit (COOPEC), le Bureau d'Études de Liaison d'Action Caritatives pour le Développement (BELACD) ... etc.

Ces organismes contrairement aux banques qui, pour l'octroi de crédits exigent beaucoup de conditions, se retournent vers les femmes qui exercent des activités informelles pour leur octroyer des crédits afin de les aider à participer activement au développement. Ainsi, il a été démontré dans l'étude : « Femmes Crédits et Développement : l'action de VITA/PEP à N'Djaména au Tchad »56(*), qu'avec le crédit, les femmes sont capables de faire de grandes choses, de transformer leur monde et d'être de véritables actrices du développement. Mais l'effectivité de la participation au développement doit aussi s'observer dans les mentalités culturelles.

B - Les transformations culturelles

Dans la mesure où les femmes sont impliquées dans l'infrastructure institutionnelle ou procèdent de règles socialement acceptées et pratiquées par la société, les freins à la progression des femmes en politique sont pour la plupart d'ordre structurel : ainsi en est-il de l'idéologie traditionnelle que ni la politique coloniale ni, ensuite, le système législatif national, n'a supplantée. Toutefois, eu égard aux mutations qui ont cours dans la société tchadienne, on note une ouverture d'esprit conduisant à une évolution des représentations que se font les hommes à propos de la femme. C'est pourquoi, la fille qui, hier recevait juste une éducation pour son foyer, est aujourd'hui inscrite dans les établissements scolaires au même titre que les garçons comme en témoigne le taux de scolarisation des jeunes filles qui est de 36,74% au cours de l'année 2001-200257(*). Et l'on peut constater cette scolarisation des filles à partir du tableau ci-dessous.

 

Indicateurs

94-95

95-96

96-97

97-98

98-99

 

Total des effectifs

547.696

491.493

786.537

680.909

839.931

Effectifs scolaires

Filles

177.897

194.599

278.064

233.224

308.625

 

Proportion des filles

32,48%

32,50%

35,35%

34,25%

36,74%

 

Garçons

369.799

396.894

508.473

447.685

563.25

Source : Service Statistique Scolaire du Ministère de l'Éducation Nationale.

Il apparaît, à la lecture du tableau, que l'on accorde de plus en plus d'attention à la petite fille car elle est un maillon du développement.

Cette ouverture permit à la femme d'être aussi compétitive sur le marché de l'emploi. C'est ainsi que l'on constate 11% de femmes dans le secteur public58(*).

L'accès à l'éducation a été un facteur déterminant qui a aidé les femmes à améliorer leur présence dans le cadre institutionnel.

* 54 HENRY A. : Tontines et Banques au Cameroun : les principes de la société des amis, paris, Karthala, 1991, p. 105.

* 55 DAKOUMANDJE D. : 1997-1998 Les femmes et les tontines en milieu urbain : le cas de la ville de Moundou au Tchad, UCAC-CY mémoire de Maîtrise en Sciences Sociales 1999, 95p

* 56 MBAIPEUR N : Femme, crédits et développement : l'action de VITA/PEP à N'Djaména au Tchad, Mémoire de Maîtrise en socio-Anthropologie, UCAC-ICY, juillet 2002.152p,.

* 57 Source : service des données statistiques du Ministère de l'Education Nationale. La scolarisation des filles va grandissant comme en témoigne ce tableau ci-dessous.

* 58 Précisons que ce chiffre date de 1993, jusque là aucun autre recensement n'a été fait pour nous permettre de voir l'évolution ; toutefois nous signalons qu' aujourd'hui, on rencontre plus de femmes travailleuses tant du côté du secteur public que privé.

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